Au cœur de la zone industrielle Ouest de Rennes, Stirweld vient de franchir une étape décisive. En 2024, la PME bretonne du soudage par friction malaxage a mis en service une nouvelle unité de production qui change d’échelle et confirme un positionnement à l’international, tout en consolidant ses racines locales. Derrière ce déploiement, un modèle économique clair, un brevet différenciant et une stratégie export déjà solide.

Nouvelle capacité industrielle à rennes : cap sur la production fsw

Installée route de Lorient, l’usine rennaise s’étend sur 700 m² dont 430 m² d’atelier dédiés au prototypage et aux préséries. Sur site : deux centres d’usinage de haute précision et un robot industriel polyvalent intégrant des outils FSW, permettant à la fois essais, démonstrations, industrialisation et accompagnement client.

Le FSW, processus de soudage à l’état solide, assemble des métaux tels que l’aluminium sans les porter à la fusion. Résultat : moins de défauts métallurgiques, des assemblages plus robustes et un contrôle accru de la qualité. L’énergie consommée est plus faible qu’en soudage par fusion et la répétabilité plus élevée, deux atouts déterminants pour l’aéronautique, l’électromobilité et le spatial.

Stirweld mise sur une différenciation technologique déterminante : une tête de soudage FSW brevetée, adaptable à la majorité des machines-outils standards. Pour ses clients industriels, cela réduit le capex et les temps d’intégration. L’entreprise annonce un coût d’équipement divisé par dix par rapport aux solutions FSW traditionnelles, ce qui abaisse la barrière à l’entrée pour de nombreuses PME et ETI.

Le soudage par friction malaxage (FSW) se caractérise par l’absence de fusion : un outil rotatif malaxe la matière et crée une soudure à l’état solide. Cette approche limite les déformations et le retrait, points critiques en assemblage aluminium.

Côté normes, la série ISO 25239 décrit les exigences relatives au procédé FSW pour l’aluminium et les alliages d’aluminium (préparation des bords, paramètres, qualification). Pour un directeur d’usine, cela se traduit par des procédures de contrôle qualité spécifiques, des data logs plus riches (température, efforts, vitesse) et la montée en compétence d’opérateurs sur l’analyse de cordons et l’inspection non destructive.

Une tête FSW brevetée et compatible machines standards

L’atout stratégique de Stirweld : une tête FSW adaptable sur des centres d’usinage conventionnels. Concrètement, cela permet de transformer un parc machine existant en atelier FSW sans investissement massif dans une cellule dédiée. À la clé : intégration simplifiée, amortissement accéléré et standardisation des opérations de production.

Un financement de 6 millions d’euros pour accélérer l’international

En juillet 2024, Stirweld a bouclé un tour de table de 6 millions d’euros. Le tour associe Epopée Gestion, Bpifrance via le French Tech Seed, et les historiques Breizh Up et Pertinence Invest (Les Echos, sept.

2024). Objectif : accélérer le déploiement mondial, ouvrir quatre filiales et recruter 30 nouveaux collaborateurs.

Au-delà du capital, la valeur de ce financement réside dans la crédibilité industrielle apportée par des investisseurs familiers des transitions énergétique et industrielle. Pour une technologie d’atelier comme le FSW, qui suppose un accompagnement applicatif et des certifications, la présence d’investisseurs institutionnels sécurise les plans d’expansion et la R&D.

La traction commerciale justifie cette montée en puissance : 80 % du chiffre d’affaires provient de l’export, et Stirweld revendique plus de 170 clients actifs à l’international. Dans ce contexte, l’ouverture de bureaux de proximité est un levier clé pour raccourcir les cycles d’adoption et l’assistance technique sur site.

French Tech Seed et effet de levier

Le dispositif French Tech Seed opéré par Bpifrance cible des innovations technologiques à fort potentiel. Dans le cas de Stirweld, il facilite le passage du démonstrateur au déploiement international et renforce la capacité d’investissement en industrialisation et qualification procédés. Pour une solution d’atelier, ce soutien est décisif afin de structurer la montée en cadence et l’assistance client multi-pays.

Le coût d’un équipement FSW dédié peut freiner l’adoption. Le montage sur machine standard soulage le capex et oriente la décision vers une valorisation TCO globale : réduction des reprises, moindre consommation énergétique, cadence stable et taux de non-conformités en baisse.

Pour un directeur financier, l’équation devient favorable si la tête FSW entraîne une diminution des rebuts et des temps d’arrêt, tout en mutualisant les ressources (même opérateur, même maintenance). L’impact comptable ressort alors sur la marge et sur la rotation des actifs.

Emplois et tissu local : impacts chiffrés en bretagne

Stirweld emploie 39 collaborateurs, dont 36 à Rennes. La nouvelle usine vise à augmenter la capacité de prototypage et de production, avec des recrutements ciblés en mécanique, industrialisation et software d’atelier. La direction affiche une stratégie claire : croissance internationale, ancrage régional maintenu.

La PME structure sa chaîne d’approvisionnement autour d’un réseau de fournisseurs situés à moins de 200 km. Ce choix soutient l’activité locale, réduit les temps de cycle et diminue l’empreinte carbone associée au transport. Pour les clients grands comptes, la traçabilité et la réactivité gagnent en robustesse.

Ce modèle s’inscrit dans la dynamique de réindustrialisation bretonne, portée par un rebond de l’emploi industriel observé entre 2020 et 2023, et par des investissements orientés vers les technologies propres et les matériaux légers. Les usines de nouvelle génération privilégient l’automatisation flexible, le contrôle en ligne et l’ingénierie de procédés.

Fonds vert 2025 : des guichets pour l’industrie territoriale

La DREETS Bretagne a ouvert en 2025 un appel à projets Territoires d’industrie en transition écologique, adossé au Fonds vert. Les projets industriels structurants, avec impacts environnementaux et socio-économiques locaux, peuvent y trouver des leviers de cofinancement (DREETS Bretagne, 2025). Stirweld, par son ancrage rennais et son positionnement low-carbon manufacturing, s’inscrit dans la logique de ces dispositifs.

Des fournisseurs situés à proximité limitent les transports amont, réduisent les stocks tampons et sécurisent les délais. En phase d’industrialisation, l’itération rapide entre bureau d’études, atelier et sous-traitants est cruciale pour valider outils et paramètres FSW. Ce maillage régional renforce la résilience en cas de tension sur les chaînes globales.

Applications sectorielles et références clients

Le cœur de marché de Stirweld se situe dans des secteurs aux exigences élevées : aéronautique, spatial, naval, défense, transport électrique et énergies renouvelables. En particulier pour l’aluminium et ses alliages, le FSW offre des assemblages robustes à masse réduite, facteurs de sobriété énergétique et de durabilité.

Pour les batteries et modules de refroidissement dans l’électromobilité, la soudure à l’état solide limite les défauts associés aux cycles thermiques, avec des bénéfices sur l’étanchéité et la répétabilité. Dans l’aéronautique et le spatial, la qualité structurale et la tenue en fatigue des cordons FSW représentent un avantage compétitif.

Exemple avec arianespace

Arianespace travaille sur des ensembles mécaniques sensibles aux déformations et à la tenue en fatigue. Le FSW, en réduisant les contraintes thermiques, favorise la stabilité dimensionnelle et des cordons homogènes. La précision de trajectoire et de pression sur l’outil FSW est déterminante pour ces géométries critiques. L’intérêt pour l’intégration FSW tient autant à la qualité métallurgique qu’à la répétabilité sur lots.

Tesla : stratégie et résultats

Dans l’univers des véhicules électriques, la maîtrise de l’assemblage aluminium influe directement sur la masse et la sécurité. Sur des caissons, dissipateurs et éléments de pack batterie, le FSW permet d’atteindre des performances de résistance mécanique cohérentes avec les cycles thermiques réels d’usage, tout en limitant les retraits. L’approche favorise une industrialisation robuste et une cadence stabilisée.

Au global, Stirweld qualifie sa base installée à plus de 170 clients et un mix export de l’ordre de 80 %. L’entreprise ne communique pas de chiffre d’affaires, mais l’intensité de l’export et l’extension de son parc clients attestent d’une traction internationale soutenue sur la technologie.

Le contrôle de la qualité FSW s’appuie sur une combinaison de procédures procédés et d’inspection. Les paramètres de soudage (efforts, température, vitesse) sont enregistrés en continu. Côté contrôle, les industriels mobilisent des essais destructifs (macrographies, traction) et des méthodes non destructives comme l’ultrason. Cette traçabilité process est un atout pour les secteurs certifiés.

Déploiement à l’étranger : detroit, stuttgart et les prochaines implantations

Pour se rapprocher de ses marchés cibles, Stirweld a ouvert une filiale près de Détroit afin d’adresser l’automobile et l’aérospatial américains. En Europe, une entité a été créée à Stuttgart, écosystème majeur pour l’ingénierie de précision et l’automobile. Deux autres filiales sont planifiées à court terme, l’une en Europe, l’autre en Asie hors Chine et Japon.

Le choix de ces localisations est cohérent avec la stratégie d’applications. Détroit concentre les besoins en batteries, caissons et éléments de châssis aluminium. Stuttgart agrège équipementiers, robotique, métrologie et écoles d’ingénieurs. Ces hubs offrent un accès direct à des cycles d’homologation courts et à des chaînes d’essais locales.

Cette montée en puissance s’inscrit dans un marché mondial des technologies de soudage avancées en croissance, porté par l’allègement matière et la transition vers des procédés sobres. Stirweld cherche à capter cette dynamique en combinant propriété intellectuelle, compatibilité machines et proximité commerciale.

Les applications FSW touchent parfois des industries sensibles. Les entreprises françaises doivent gérer la conformité à la réglementation export control (UE et pays de destination), la classification potentielle de technologies duales et les clauses contractuelles spécifiques à la défense. L’implantation locale simplifie la conformité en relief, mais renforce les obligations de compliance multi-juridictions.

Cadre légal et fiscal : cir, propriété intellectuelle et normalisation

Stirweld se positionne comme start-up innovante au sens économique, avec une activité de R&D continue sur le procédé et l’outillage. En France, les dépenses de R&D éligibles peuvent bénéficier du crédit d’impôt recherche pouvant aller jusqu’à 30 % sur le périmètre prévu par la loi, un levier utile pour amortir l’effort d’innovation.

La propriété intellectuelle constitue un pilier de sa stratégie : une tête FSW protégée par brevet, pensée pour s’adapter sur des plateformes machines répandues. Sur un marché de niche à forte exigence technique, la defensibilité IP soutient la valorisation et les partenariats industriels, en particulier pour les licences et la distribution.

Côté normalisation, la référence à l’ISO 25239 structure la qualification des procédés FSW sur aluminium. Elle clarifie la documentation requise, la qualification opérateur et machine, et le contrôle des paramètres pendant la production. Les secteurs aéronautique et spatial imposent en outre des métier standards et audits périodiques qui requièrent une maîtrise fine du process.

Norme ISO 25239 : implications opérationnelles

La norme encadre la préparation des bords, la gestion des paramètres, la qualification procédés et les contrôles. Pour l’industriel, cela signifie : fiches paramètres documentées, procédures d’essais réguliers, et archivage des données de production. L’objectif est double : répétabilité et traçabilité des cordons pour des applications critiques.

Fondée en 2017 par Laurent Dubourg et Gilles Sevestre, Stirweld a d’abord développé son outillage FSW et son expertise d’intégration sur machines standard. Progressivement, la société a élargi ses services à l’industrialisation, la formation et le support procédés. Son positionnement actuel : une offre complète combinant têtes FSW, process engineering et accompagnement qualité.

Technologies à venir : ia d’atelier, capteurs et contrôle en boucle fermée

La feuille de route technologique inclut des investissements en capteurs et en logiciels d’analyse des signaux process, voire des briques d’IA pour optimiser les paramètres et corréler en temps réel effort, température et qualité du cordon. Ces orientations, envisagées par la direction, restent à confirmer au rythme des annonces officielles et des déploiements industriels.

Sur le terrain, la valeur proviendra d’un contrôle en boucle fermée : diagnostic automatique, prévention de défauts et adaptation dynamique de la vitesse, de la pénétration ou de la pression d’outil. L’objectif est clair : réduire la variabilité, fiabiliser la cadence et abaisser les coûts d’inspection.

La montée en puissance des méthodes d’inspection non destructive intégrées en ligne permettra d’aller plus loin. Pour des secteurs certifiés, la capacité à corréler les données de production avec des critères qualité quantifiés est un atout majeur lors des audits et requalifications.

Face à des procédés de fusion classiques, le FSW se distingue sur l’aluminium par une tenue mécanique supérieure dans bien des cas, une moindre déformation et une consommation énergétique réduite. En revanche, la préparation est plus exigeante, l’outillage doit être rigoureux et l’inspection adaptée. Sur des productions répétitives, cet arbitrage tourne souvent en faveur du FSW.

Gouvernance et ancrage breton assumés

La direction, emmenée par Laurent Dubourg, réaffirme la volonté de grandir depuis Rennes tout en accélérant à l’international. L’usine route de Lorient matérialise ce choix. La proximité avec les écoles d’ingénieurs, le réseau de sous-traitance et un bassin de compétences en mécatronique fournit une base favorable pour les recrutements.

Ce positionnement renforce aussi la marque employeur : projets à forte technicité, brevets, et missions internationales. La trajectoire de Stirweld séduit d’autant plus qu’elle s’inscrit dans des filières stratégiques, de l’aéronautique à l’électromobilité, aux avant-postes de la transition industrielle.

Oscars d’Ille-et-Vilaine : reconnaissance locale, vitrine nationale

La distinction obtenue aux Oscars d’Ille-et-Vilaine pour l’innovation souligne l’apport de Stirweld au territoire. Au-delà de la communication, ce type de récompense facilite le dialogue avec les clusters industriels et les acheteurs grands comptes, en apportant une validation tierce de la proposition de valeur technologique.

Cap sur les marchés en tension de capacités

Plusieurs filières industrielles peinent à absorber la demande de pièces aluminium à forte contrainte qualité. Les programmes aéronautiques et la montée en cadence de l’électromobilité créent des goulots d’étranglement sur l’assemblage et l’inspection. Des solutions scalables et économes en énergie, capables de se greffer sur des parcs machines existants, ont un rôle structurant à jouer.

Le pari de Stirweld tient à cet arbitrage : capitaliser sur un brevet et un savoir-faire procédés, tenir la qualité au meilleur coût, et se rendre disponible localement via des filiales ciblées. Ce mix techno-industriel, renforcé par la levée de fonds de 2024, crée un effet de levier sur l’adoption du FSW dans des secteurs critiques.

Une trajectoire ouverte pour la pme rennaise

L’équation économique de Stirweld se clarifie : une offre modulaire et brevetée, un site rennais qui densifie les capacités, et un réseau international en construction. Avec un financement de 6 millions d’euros en poche et des implantations à Détroit et Stuttgart, l’entreprise se donne les moyens de transformer l’essai à l’échelle mondiale tout en consolidant l’emploi local.

Dernier regard

Entre ancrage territorial et déploiement international, Stirweld illustre une voie industrielle française alliant technologie, compétitivité et sobriété, avec le FSW comme vecteur d’une réindustrialisation à la fois exigeante et pragmatique.