+1,1 milliard de dollars en Série B et cap sur l’« IA souveraine » : Nscale change d’échelle. Annoncé en septembre 2025, ce tour record propulse la jeune pousse britannique au rang d’acteur central des infrastructures de calcul en Europe, avec l’ambition affichée de bâtir des capacités locales performantes et décarbonées pour les usages intensifs de l’IA.

Série B record pour Nscale : cap de 1,1 milliard de dollars et traction européenne

Nscale a levé 1,1 milliard de dollars, soit environ 1 milliard d’euros, lors d’un tour de Série B finalisé en septembre 2025. L’opération, présentée comme la plus importante pour une entreprise technologique britannique, a été menée par Aker ASA et a réuni un ensemble d’investisseurs industriels et financiers, notamment Sandton Capital, Blue Owl, Dell, Fidelity, G Squared, Nokia, NVIDIA, Point72 et T.Capital. Ce financement doit accélérer la mise en service de centres de données dédiés à l’IA, avec un accent affirmé sur la durabilité énergétique.

Ce tour de table matérialise un basculement stratégique pour le marché européen : face à la concentration des hyperscalers américains, des capacités de calcul massives émergent en Europe, au plus près des besoins réglementaires et énergétiques du continent. La communication officielle fait état d’une accélération du déploiement international, avec une priorité donnée aux sites à faible coût énergétique.

Aker ASA : chef de file et signal stratégique

En conduisant la levée, Aker ASA envoie un signal fort aux marchés. Historiquement ancré dans l’industrie et l’énergie, le groupe norvégien s’appuie sur son expertise pour accompagner un modèle où l’accès à une électricité compétitive et décarbonée devient un différenciateur majeur de performance et de coût total de possession pour l’IA.

NVIDIA, Nokia, Dell : l’apport des industriels du numérique

La présence de NVIDIA, Nokia et Dell dans le tour témoigne d’une logique d’écosystème. Les plateformes d’IA à grande échelle sont indissociables d’une chaîne complète de valeur : accélérateurs GPU, réseaux optiques, serveurs et services d’intégration. L’implication de ces acteurs conforte l’objectif de Nscale d’opérer une intégration end-to-end.

Les chiffres à retenir

1,1 milliard de dollars levés en Série B, « plus important tour pour une tech britannique » selon les sources sectorielles. Tour mené par Aker ASA, avec la participation d’investisseurs financiers et industriels dont NVIDIA, Nokia et Dell. Pipeline visé de 100 000 GPU d’ici 2026.

Modèle Nscale : un hyperscaler d’IA verticalisé, économe en carbone

Nscale se positionne comme un hyperscaler conçu pour l’IA et revendique une intégration verticale qui couvre les GPU, les réseaux, le stockage, les logiciels d’orchestration et les services managés. L’entreprise opère ses propres centres de données dans des régions où l’électricité est abondante, stable et compétitive, en particulier en Norvège.

Cette stratégie privilégie des zones alimentées par l’hydroélectricité, permettant à la fois une réduction de l’empreinte carbone et une maîtrise des coûts, tout en répondant aux impératifs européens de localisation des données et aux normes environnementales. Les solutions proposées visent à concilier performance de calcul et respect des cadres réglementaires.

Pour Josh Payne, fondateur et CEO de Nscale, l’ambition est claire : « Nous développons l’infrastructure qui soutiendra l’IA de demain. L’intelligence artificielle redéfinit déjà les modèles industriels, économiques et les stratégies nationales. Mais cette transformation ne peut s’opérer sans des fondements solides : des centres de données, des GPU et les logiciels capables de les orchestrer. »

Norvège : atout hydroélectrique et stabilité de coûts

La Norvège offre un mix énergétique majoritairement hydraulique et une disponibilité foncière favorable aux projets industriels. En s’y implantant, Nscale arbitre en faveur d’un coût de l’énergie compétitif et d’un faible contenu carbone, déterminants pour des charges intensives de calcul IA. Cette ancre énergétique est centrale dans la promesse de performance-prix de l’entreprise.

Intégration logicielle et orchestration

Au-delà du matériel, la valeur se joue dans l’orchestration des ressources. Nscale met en avant des couches logicielles destinées à optimiser la distribution de charges sur GPU, l’allocation dynamique, la gestion des interconnexions haut débit et la supervision. L’objectif est d’offrir une expérience proche du cloud public ultra-optimisé, mais avec des garanties de localisation et de conformité adaptées aux clients européens.

Pour des charges IA, le coût total de possession est dominé par l’énergie et le refroidissement. S’appuyer sur l’hydroélectricité permet de lisser la facture d’électricité sur la durée et de réduire l’empreinte carbone. Atout supplémentaire : l’adéquation avec les objectifs européens en matière d’énergie propre et de durabilité, un critère devenu clé dans les appels d’offres IT exigeant des preuves d’alignement réglementaire.

Stargate UK et Stargate Norway : des projets d’infrastructure ancrés localement

Nscale a officialisé plusieurs alliances structurantes. Le partenariat avec Microsoft, OpenAI et NVIDIA a mené au projet Stargate UK, conçu pour déployer des capacités de calcul adaptées aux exigences locales, avec un positionnement affiché sur la souveraineté. En parallèle, Stargate Norway a été lancé avec Aker ASA, présenté comme une première hyperscale IA européenne, localisée à Narvik.

À Narvik, le projet bénéficie d’un accord plurimilliardaire avec Microsoft pour l’équipement, tandis que Dell et Nokia apportent respectivement des briques d’infrastructure et des réseaux optiques. Selon un article daté du 25 septembre 2025, ces partenariats ont été signés récemment et viennent consolider la chaîne d’approvisionnement de Nscale pour accélérer les livraisons attendues en 2026.

Stargate UK : Microsoft, OpenAI et NVIDIA au cœur du dispositif

Stargate UK doit apporter des capacités de calcul IA localisées sur le sol britannique. La présence de Microsoft, OpenAI et NVIDIA répond à une double logique : accès à des accélérateurs à l’état de l’art et intégration aux logiciels et écosystèmes utilisés par les entreprises clientes. Le dispositif vise des performances de pointe, avec des garde-fous sur la gouvernance et la conformité locale.

Stargate Norway : Narvik et commande d’équipements à grande échelle

Situé à Narvik, Stargate Norway s’appuie sur l’électricité hydraulique locale et sur un accord d’équipements de grande envergure avec Microsoft. Cette infrastructure doit soutenir l’essor de services IA intensifs en calcul tout en s’arrimant au cadre européen environnemental. Le rôle de Dell dans la fourniture d’infrastructure et celui de Nokia dans les réseaux optiques illustrent la profondeur de l’intégration industrielle.

Dell et Nokia : le prolongement industriel de la chaîne de valeur

L’industrialisation d’un hyperscaler IA ne peut s’opérer sans des partenaires en capacité d’assembler, livrer et maintenir à grande échelle. Dell apporte l’outillage d’infrastructure et le savoir-faire d’intégration en data center. Nokia s’inscrit sur la brique réseau, critique pour les interconnexions à très haut débit entre racks GPU et pour la qualité de service aux clients finaux.

Une infrastructure dite « souveraine » renvoie à quatre axes : localisation des données, contrôle de l’accès, conformité aux normes locales et gouvernance des chaînes d’approvisionnement. Dans l’IA, cela se matérialise par le lieu d’implantation des data centers, l’encadrement des flux transfrontières et la maîtrise des dépendances techniques critiques. La terminologie varie selon les pays et les régulateurs.

L’approvisionnement en GPU : 100 000 unités ciblées d’ici 2026

Nscale indique viser un pipeline de 100 000 GPU NVIDIA à l’horizon 2026. Cette trajectoire reflète l’explosion de la demande liée aux modèles de fondation et à la formation de grands modèles de langage. Elle souligne aussi la tension persistante du marché des accélérateurs, où la disponibilité, la logistique et le financement des stocks sont des sujets clés.

Dans le même temps, les organisations européennes cherchant à entraîner, affiner ou déployer des modèles avancés ont besoin de garanties de capacité et de latence. L’objectif annoncé par Nscale vise à alimenter ces cas d’usage, du training au fine-tuning, jusqu’à l’inférence à grande échelle.

Objectif 100 000 GPU NVIDIA d’ici 2026

La sécurisation d’un tel volume implique une synchronisation fine entre fabricants, intégrateurs et opérateurs de data centers. Les calendriers de livraison conditionnent la disponibilité commerciale, la montée en charge et la structure de coûts des services. Le pipeline annoncé par Nscale s’inscrit dans cette équation industrielle, avec une montée en puissance attendue en 2026.

Files d’attente et CAPEX : lecture marché

Le marché des GPU demeure sous tension, avec des files d’attente concentrées sur les dernières générations d’accélérateurs. La conséquence pour les opérateurs est double : planifier très en amont les achats et dimensionner des infrastructures réseaux et électriques capables d’absorber les densités croissantes. Pour les clients, l’enjeu est d’assurer la continuité de leurs charges IA critiques avec des contrats de capacité adaptés.

Pour les clients européens : performance, conformité et proximité

Des centres en Norvège et au Royaume-Uni combinent latence acceptable à l’échelle régionale et ancrage réglementaire européen, avec une empreinte carbone maîtrisée. Les secteurs soumis à des exigences strictes sur la donnée valorisent des options d’hébergement et de contrôle renforcées, notamment pour des usages d’IA générative et de traitement de données sensibles.

Ce que Nscale met en avant côté clients

Positionnement officiel axé sur :

  • Performance de calcul avec des GPU NVIDIA en volumes importants.
  • Durabilité via l’hydroélectricité norvégienne et l’optimisation énergétique.
  • Conformité européenne et localisation des données adaptées aux besoins sectoriels.
  • Intégration verticale matériel-réseau-logiciel pour simplifier l’exploitation.

À haute densité GPU, la saturation réseau, l’ordonnancement des jobs et la fragmentation des clusters font perdre une part significative de performance utile. Les couches d’orchestration et de scheduling permettent d’augmenter l’occupation, de contenir les coûts et d’offrir une expérience stable aux équipes data et R&D.

Effets attendus en Europe et en France : souveraineté, énergie, financement public

Nscale s’inscrit dans une dynamique européenne de montée en puissance des infrastructures de calcul. Le modèle mobilise les atouts énergétiques scandinaves, assume la logique d’industrialisation de l’IA et répond à une demande croissante de proximité réglementaire. Pour les entreprises européennes, l’existence d’un hyperscaler local peut faciliter la conformité et réduire l’exposition à des dépendances hors zone.

En France, les signaux d’investissement sont au vert. Le Sommet Choose France 2025 a annoncé 40,8 milliards d’euros d’investissements étrangers dont une part destinée à l’IA, avec plus de 400 participants internationaux et 53 projets évoqués (économie.gouv.fr). La DGE dénombre 590 startups IA et 16 licornes en France, soutenues par des dispositifs publics et une enveloppe dédiée à l’IA qui dépasse 2 milliards d’euros dans le cadre des plans nationaux (entreprises.gouv.fr, France 2030).

Choose France 2025 : afflux d’IDE sur l’IA

Les annonces faites le 19 mai 2025 inscrivent la France parmi les destinations privilégiées en Europe pour l’IA et le numérique, ce qui peut créer des passerelles avec des opérateurs d’infrastructures comme Nscale. Les besoins en capacités de calcul de projets industriels et de recherche bénéficient d’un climat pro-investissement et d’une visibilité accrue.

Écosystème IA français : 590 startups et 16 licornes

L’augmentation du nombre d’acteurs et la densification des cas d’usage génèrent une demande soutenue en accélérateurs et en services d’infrastructure. Les besoins vont des environnements privés pour l’apprentissage à grande échelle jusqu’à des plateformes multi-locataires conformes aux réglementations sectorielles.

France 2030 : leviers pour l’infrastructure et le calcul

Les dispositifs publics orientés IA, cybersécurité et cloud permettent d’amorcer et de consolider des projets avancés, en particulier ceux nécessitant des ressources intensives. L’objectif est d’aligner la compétitivité avec des critères de durabilité et de souveraineté, un triptyque désormais incontournable pour les DAF et DSI.

Trois axes dominent les arbitrages d’infrastructure :

  • Protection des données et gouvernance conforme à la RGPD, avec clauses de localisation et de transfert maîtrisées.
  • Obligations sectorielles spécifiques, par exemple en santé ou finance, imposant des contrôles renforcés d’accès et de traçabilité.
  • Critères environnementaux intégrés dans les appels d’offres, incluant l’empreinte carbone et l’efficacité énergétique.

Gouvernance, calendrier et risques : la trajectoire opérationnelle vers 2026

La capacité de Nscale à tenir son cap dépend de trois chantiers. D’abord, l’exécution industrielle des déploiements de data centers et l’arrivée effective des lots de GPU.

Ensuite, l’interfaçage avec les partenaires déjà engagés, de la chaîne matérielle aux réseaux optiques. Enfin, la captation de la demande européenne, dont le profil s’étend de l’entraînement des modèles aux workloads d’inférence 24 heures sur 24.

Le jalon 2026, avec l’objectif de 100 000 GPU, implique logistique, recrutement d’expertises rares et sécurisation des interconnexions à très haut débit. Les annonces de partenariats signées fin septembre 2025 renforcent la chaîne d’approvisionnement et donnent de la visibilité sur le dimensionnement des sites. À mesure que les charges augmentent, la question du coût énergétique actualisé et des contraintes réseau devient un point de vigilance.

Équation économique : prix de l’énergie, capex et occupation

La soutenabilité du modèle repose sur l’optimisation de l’énergie achetée et de l’occupation des clusters GPU. Les contrats à long terme et l’efficacité de l’orchestration sont décisifs pour stabiliser le coût par heure GPU et offrir des engagements de service cohérents avec les budgets des clients. La demande est là, mais la compétitivité s’évalue sur la durée.

Chaîne d’approvisionnement : dépendances et sécurisation

La montée en charge suppose d’anticiper les délais d’approvisionnement et de diversifier les points de fragilité. La participation d’industriels au capital peut faciliter les arbitrages, mais ne supprime pas la pression sur les calendriers de livraison. Les projets Stargate, au Royaume-Uni et en Norvège, servent de hubs pour orchestrer cette montée en volume.

Principaux risques à suivre :

  • Tensions d’approvisionnement en GPU et équipements réseaux.
  • Variabilité énergétique et contraintes de raccordement électrique.
  • Complexité d’orchestration à très grande échelle, affectant la performance utile.
  • Conformité multi-juridictionnelle en cas de services transfrontières.

Pour les DAF et DSI français : enseignements immédiats à tirer

La levée record de Nscale consolide une alternative européenne crédible pour des charges IA lourdes. Pour les entreprises françaises, trois messages se dégagent : l’importance de sécuriser des capacités à l’avance, la valeur d’une localisation conforme aux exigences de contrôle des données et l’avantage économique de l’énergie décarbonée, désormais critère de compétitivité autant que d’ESG.

Au-delà de la performance brute, la différenciation se jouera sur la qualité de l’orchestration, la prévisibilité des coûts et la preuve de conformité. Dans cette phase d’industrialisation, les projets comme Stargate UK et Stargate Norway donnent le tempo d’un marché où disponibilité GPU, intégration réseau et énergie propre deviennent les nouvelles variables de la planification IT.

La bascule est engagée : l’IA à grande échelle se jouera aussi sur l’ingénierie d’infrastructure, la localisation et la maîtrise des chaînes d’approvisionnement.