La start-up Moïz booste son industrialisation avec 3M€
Moïz, start-up grenobloise, lève 3 millions d'euros pour industrialiser ses capteurs autonomes, révolutionnant l'IoT sans pile ni fil.

À Grenoble, Moïz franchit un cap avec une levée de 3 millions d’euros destinée à transformer un démonstrateur deeptech en produits industriels commercialisés. Montant, mix de financement et premiers partenariats industriels confirment un positionnement rare sur le créneau des capteurs autonomes pour l’IoT industriel, sans pile et sans fil. Place maintenant à l’exécution, entre industrialisation et accélération commerciale.
Levée de 3 millions d’euros : un financement hybride porté par grenoble angels
La start-up grenobloise Moïz, issue de la recherche académique, boucle un premier tour de table en septembre 2025. L’opération, menée par Grenoble Angels, s’appuie sur un noyau d’investisseurs régionaux et nationaux qui connaissent les contraintes des projets industriels hardware.
Selon des informations concordantes publiées par la presse économique locale, la levée agrège des acteurs complémentaires :
- Réseaux de business angels : Grenoble Angels (chef de file), les associations SAMBA et RVA (coordination Auvergne-Rhône-Alpes), ainsi que le réseau BADGE.
- Partenaires institutionnels et industriels : le fonds régional Crédit Agricole Alpes Développement (C2AD) et Rio Tinto via Rio Tinto Ventures.
- Effet de levier bancaire mobilisé auprès de Bpifrance, Crédit Agricole Rhône-Alpes (CERA), Banque Populaire Auvergne-Rhône-Alpes (BPAURA) et BNP Paribas.
Ce tour inclut 1,1 million d’euros en equity, le solde étant apporté sous forme de dette et d’aides, dont le soutien de Bpifrance via son programme d’aide au développement deeptech. Ce schéma hybride correspond aux besoins en capital et en financement d’équipements d’une technologie de récupération d’énergie intégrable sur des capteurs.
En pratique, l’adossement à des banques régionales, à un grand compte industriel et à des réseaux de business angels spécialisés sécurise le passage à l’échelle. Il réduit également le coût moyen du capital en combinant prise de risque en fonds propres et financement non dilutif, clef pour un dossier à intensité matérielle.
Lecture financière : equity, dette et soutien public
Moïz combine plusieurs sources de financement pour optimiser coût et rapidité d’exécution :
- Fonds propres : 1,1 million d’euros pour renforcer le bilan et financer l’amorçage industriel.
- Dette et instruments assimilés : effet de levier bancaire structuré avec plusieurs établissements.
- Aides deeptech : contribution de Bpifrance dédiée aux projets à forte intensité R&D.
Le détail par investisseur n’est pas communiqué publiquement. L’objectif affiché reste l’accélération de l’industrialisation et des premières ventes.
Un levier bancaire permet d’augmenter le volume de ressources mobilisées sans diluer davantage les fondateurs. Les banques apportent des prêts et lignes complémentaires, souvent adossés à des garanties publiques et à une visibilité sur les premières commandes. Pour un projet hardware, cela aide à financer achats d’équipements, outillages et pré-séries, zones traditionnellement sous-financées par la seule equity.
Industrialisation et calendrier commercial
La société annonce l’accélération de l’industrialisation de ses premiers produits afin de viser une commercialisation rapide, y compris hors de France. Objectif : passer du prototype au produit validé en environnement industriel, avec un plan d’exécution qui intègre qualification, durcissement et montée en cadence.
La levée de fonds permet d’amorcer la chaîne complète : sécurisation de la supply chain, mise en place des moyens de test et d’assemblage, et préparation d’un support client adapté aux sites industriels. L’enjeu est double : fiabilité dans la durée et simplicité d’intégration pour des capteurs destinés à être autosuffisants énergétiquement.
R&d et partenariats académiques
Moïz conserve un investissement soutenu en R&D pour préparer la prochaine génération de capteurs. L’entreprise collabore étroitement avec des laboratoires académiques, notamment l’Institut Néel (CNRS), afin d’explorer des procédés de récupération d’énergie thermique compatibles avec des wafers de silicium. Ce continuum labo-usine vise une industrialisation robuste, tout en restant au plus près de l’état de l’art scientifique.
Ces travaux doivent permettre d’optimiser le rendement de conversion d’énergie et d’améliorer les performances des capteurs dans des environnements exigeants, caractéristiques des sites industriels lourds. L’articulation avec les besoins de clients pilotes est prioritaire pour arrimer la feuille de route technique aux cas d’usage réels.
Go-to-market et premiers comptes industriels
La mise sur le marché s’appuiera sur des références industrielles déjà engagées avec la société. L’ambition internationale est clairement affichée, portée par des cas d’usage où l’autonomie énergétique des capteurs simplifie les déploiements multi-sites. Moïz vise une rentabilité d’ici deux ans, autour de 2027, selon des éléments relayés dans la presse régionale.
Le principe consiste à convertir une partie de la chaleur perdue en électricité pour alimenter l’électronique embarquée d’un capteur. Placé sur des équipements chauds ou à proximité de sources de chaleur, le module de récupération fournit une puissance suffisante pour la mesure, le traitement minimal et la transmission radio, supprimant piles et câblage. L’intérêt économique croît avec le nombre de capteurs et la difficulté d’accès pour la maintenance.
Synergies industrielles confirmées avec rio tinto
L’entrée de Rio Tinto Ventures au capital formalise une relation de travail initiée il y a plusieurs années. Cette alliance illustre un intérêt industriel concret pour la technologie de Moïz, en particulier dans l’aluminium produit par électrolyse, où la présence de chaleur résiduelle et la densité d’instrumentation offrent un terrain favorable.
Olivier Martin, directeur technique innovation chez Rio Tinto Aluminium, souligne : « Nous travaillons avec Moïz depuis 2021 et avons été séduits par les possibilités offertes par leur technologie, qui simplifie l’installation de nouveaux capteurs dans nos usines de production d’aluminium par électrolyse. » Cette prise de position appuie l’apport opérationnel attendu sur des lignes où l’ajout de câbles ou le remplacement de batteries constitue un frein majeur.
Exemple avec rio tinto aluminium
Chez un acteur de l’aluminium, le déploiement de capteurs autonomes peut réduire les arrêts liés à la maintenance des alimentations et lever des contraintes d’installation. Les infrastructures existantes deviennent plus instrumentées, sans travaux lourds ni gestion de stocks de piles. Au-delà du confort de déploiement, l’intérêt stratégique réside dans la multiplication de points de mesure pour optimiser procédés et performance énergétique.
Ce partenariat donne à Moïz une crédibilité de terrain. Dans l’industrie lourde, l’adoption passe par des démonstrateurs réussis et par l’intégration sans friction dans les standards de sûreté et de qualité. La présence d’un industriel au capital envoie un signal sur la maturité d’application et crée un canal d’apprentissage accéléré.
Les capteurs autonomes combinent trois briques : un module de récupération d’énergie (ici, la chaleur), une gestion d’alimentation très frugale et une électronique de mesure/communication à faible consommation. En pratique, l’énergie collectée est stockée temporairement puis délivrée à l’électronique lorsque la mesure et la transmission sont nécessaires. La performance tient à la fois au rendement de récupération et à l’optimisation énergétique de l’architecture du capteur.
Emplois et montée en puissance des équipes techniques
Pour soutenir l’exécution, Moïz annonce le recrutement d’une dizaine de collaborateurs dans les douze prochains mois, avec un accent sur la R&D. Les embauches sont orientées vers le renforcement des capacités d’industrialisation, de tests et de fiabilisation, indispensables pour franchir le jalon de la production série.
La proximité avec des laboratoires comme l’Institut Néel et des partenaires d’innovation offre un accès à des compétences de pointe et à des moyens de caractérisation avancés. L’objectif n’est pas seulement d’augmenter les effectifs, mais de structurer une chaîne technique capable de livrer un produit répétable, robuste et certifiable.
Objectifs opérationnels des recrutements
- Industrialisation : traduire les résultats de labo en procédés stables, reproductibles et compatibles avec les volumes visés.
- Fiabilisation : élargir les tests de vieillissement, chocs thermiques et compatibilité électromagnétique afin de sécuriser le déploiement sur site.
- Intégration produit : améliorer le design des capteurs pour faciliter l’installation et la maintenance zéro pile.
Ces recrutements épauleront également la documentation technique, la qualité et le support avant-vente, parties souvent sous-estimées mais déterminantes pour la conversion commerciale dans l’industrie.
Qui est moïz et d’où vient sa technologie
Fondée en 2020, Moïz naît de travaux conduits à l’Institut Néel (CNRS), avec une phase de maturation et d’incubation assurée par la SATT Linksium à Grenoble. La proposition de valeur est claire : alimenter des capteurs industriels en exploitant la chaleur perdue, afin d’éliminer piles et câbles. Autonomie, facilité d’installation et réduction des coûts de maintenance constituent le cœur du bénéfice client.
Cette approche répond autant à un impératif opérationnel qu’à une exigence environnementale. En supprimant l’usage de batteries dans des parcs comportant potentiellement des milliers de capteurs, la solution cible une réduction des déchets et des émissions associées. Elle favorise aussi une instrumentation plus dense, gage d’optimisation des procédés et de performance énergétique.
Écosystème deeptech grenoblois : leviers activés
Moïz s’inscrit dans un terreau d’innovation dynamique en Auvergne-Rhône-Alpes :
- French Tech 2030 : initiative nationale lancée en 2023 pour soutenir des innovations de rupture, notamment en deeptech.
- Choose France 2025 : 40,8 milliards d’euros d’investissements étrangers annoncés, dont une part significative dans l’industrie et les technologies vertes (DGE, mai 2025).
- French Tech Next40/120 : Moïz n’apparaît pas dans la promotion de juin 2025, mais bénéficie d’un écosystème d’accompagnement régional robuste.
L’articulation entre financements privés régionaux, appuis publics et partenariats industriels offre un cadre propice au passage à l’échelle de technologies hardware.
2027 en ligne de mire : rentabilité visée et points de vigilance
Moïz vise la rentabilité à l’horizon 2027, d’après la presse économique locale. Le cap est ambitieux, mais cohérent avec un plan qui combine industrialisation rapide, premiers comptes industriels et soutien deeptech. La présence d’investisseurs de proximité agiles et d’un industriel au capital renforce la crédibilité du calendrier.
Reste un chantier à piloter finement : la capacité à livrer des produits fiables à grande échelle, tout en maintenant l’avance technologique et en soutenant un effort commercial international. L’écosystème grenoblois et les dispositifs nationaux d’appui à l’innovation offrent un socle. À Moïz de transformer l’essai sur le terrain des usines.
La partie la plus difficile commence souvent après la levée : convaincre par l’exécution, capteur après capteur.