5,9 millions de cartes SIM restent cantonnées à la 2G ou à la 3G en France au deuxième trimestre 2025. C’est le signal d’alarme qui pousse les opérateurs et les entreprises à accélérer la migration, alors que l’extinction des anciens réseaux s’échelonne entre 2026 et 2029. Derrière ces chiffres, un enjeu très concret de continuité de service, de sécurité et de coûts pour l’économie française.

Calendrier des extinctions et pilotage par l’Arcep

Le retrait des réseaux 2G et 3G s’organise par opérateur, sous la vigilance du régulateur. L’objectif est double : libérer des fréquences pour la 4G et la 5G et réduire l’empreinte énergétique des infrastructures. Les jalons ne sont pas strictement homogènes, mais convergent vers une bascule quasi totale d’ici 2029 en métropole.

Dans ce cadre, l’Arcep a mis en place un suivi spécifique et renforce ses attentes en matière d’information client. Les entreprises comme les particuliers sont invités à vérifier la compatibilité de leurs terminaux et objets connectés et à planifier les remplacements sans attendre, afin de prévenir toute rupture de service.

Orange et SFR : jalons rendus publics

Selon les informations disponibles, Orange prévoit l’arrêt de la 2G fin 2025 et de la 3G en 2028. SFR programme l’extinction de la 3G en 2028 et de la 2G en 2029. Ces échéances structurent déjà les plans de migration des parcs d’objets connectés et des flottes mobiles d’entreprise.

Bouygues Telecom et Free Mobile : bascule progressive à partir de 2026

Pour Bouygues Telecom et Free Mobile, la transition s’organise de manière progressive dès 2026, avec des phases d’arrêt préparées et annoncées aux clients. Les détails fins d’extinction par zone peuvent varier et font l’objet de communications dédiées des opérateurs.

Arcep : coordination nationale et accompagnement des usagers

L’Arcep supervise ce calendrier national et encourage des plans d’accompagnement ciblés, en particulier pour les usages sensibles. Le régulateur invite les opérateurs à diffuser des messages proactifs, notamment auprès des professionnels dont les équipements critiques s’appuient encore sur la 2G ou la 3G.

Dates clés à retenir en France métropolitaine

  • À partir de 2026 : phases d’extinction progressive chez plusieurs opérateurs.
  • Orange : fin de la 2G fin 2025, fin de la 3G en 2028.
  • SFR : fin de la 3G en 2028, fin de la 2G en 2029.
  • Échéance ministérielle : mobilisation du secteur des ascenseurs pour anticiper la fermeture des anciens réseaux à partir du 31 mars 2026.

Impacts chiffrés sur les équipements : téléphones, objets connectés et ascenseurs

Au deuxième trimestre 2025, 5,9 millions de cartes SIM demeurent actives dans des terminaux limités à la 2G ou à la 3G/2G. Par rapport à l’année précédente, le recul atteint environ un tiers, signe d’une accélération de la migration mais aussi de l’ampleur du chantier restant à mener (Arcep, septembre 2025).

La répartition illustre deux réalités distinctes : 45 % de ces cartes équipent des téléphones et tablettes encore non compatibles 4G, tandis que 55 % alimentent des objets connectés dans des usages souvent invisibles pour le grand public, mais stratégiques pour la continuité de service en entreprise et pour la sécurité des personnes.

Métriques Valeur Évolution
Cartes SIM actives limitées 2G/3G (T2 2025) 5,9 millions -33 % en un an
Part téléphones et tablettes 45 % soit ≈ 2,7 millions Non communiqué
Dont terminaux 2G uniquement 1,6 million Non communiqué
Part objets connectés (M2M/IoT) 55 % soit ≈ 3,2 millions Non communiqué
Téléalarmes d’ascenseurs encore sur 2G ≈ 230 000 Non communiqué

Ascenseurs : téléalarmes à sécuriser

Environ 230 000 téléalarmes d’ascenseurs s’appuient encore sur la 2G. Sans adaptation, ces équipements critiques risquent l’interruption de service au rythme des extinctions. Le ministère chargé du Logement a appelé à la mobilisation du secteur et annoncé des évolutions réglementaires pour garantir la continuité, avec une communication datée du 5 septembre 2025 (Ministère de la Transition écologique, 5 septembre 2025).

Téléassistance et sécurité domestique

Les dispositifs de téléassistance au domicile de personnes fragiles, ainsi que les systèmes d’alarme ou de télésurveillance, figurent parmi les usages exposés. Dans ces cas d’usage, la migration doit être anticipée pour éviter toute rupture de liaison critique, notamment lors d’un appel d’urgence.

Capteurs industriels et flottes M2M

Dans l’industrie, nombre de capteurs M2M déployés lors des décennies précédentes n’intègrent pas nativement la 4G. Les parcs concernés couvrent des usages variés : télémétrie, supervision de sites, mesures environnementales ou suivi logistique. Les migrations s’organisent selon des cycles techniques et budgétaires, souvent pluriannuels.

  • Consulter les caractéristiques du terminal et vérifier la présence de bandes LTE ou la mention 4G/VoLTE.
  • Tester une carte SIM 4G/5G : si les débits restent inchangés et la voix bascule systématiquement en circuit commuté, l’équipement est probablement limité.
  • Pour les objets connectés, inspecter la documentation du module radio et la compatibilité réseau annoncée par le fabricant.

Points de vigilance pour les sites à enjeu de sécurité

  • Locaux techniques et sites isolés : vérifier les modems de remontée d’alarme et les passerelles historiques.
  • Ascenseurs et SSI : confirmer l’opérateur sous-jacent et la compatibilité 4G des boîtiers de signalisation.
  • Continuité voix : contrôler la gestion de la voix sur LTE si l’usage exige un canal vocal, sans retour à la 3G.

Sécurité, qualité de service et bilan énergétique : pourquoi fermer la 2G et la 3G

Les opérateurs avancent des arguments techniques et environnementaux. La sécurité réseau est renforcée en retirant des protocoles obsolètes.

La qualité de service s’améliore grâce à des technologies plus robustes, capables de gérer plus d’utilisateurs simultanés avec une latence réduite. Enfin, la fermeture des anciens réseaux libère des fréquences utiles à la 4G et à la 5G et permet une réduction de la consommation énergétique liée aux équipements vieillissants.

Ces paramètres convergent avec les objectifs de modernisation de l’infrastructure française. Toutefois, l’équation intègre une phase de cohabitation durant laquelle l’accompagnement des usagers demeure un facteur déterminant pour éviter des coupures sèches.

Les générations récentes améliorent les mécanismes d’authentification, de chiffrement et d’intégrité. Les protocoles de signalisation évoluent, les fonctions cœur de réseau sont mieux segmentées, et l’architecture permet de circonscrire plus finement les incidents. Concrètement, cela réduit la surface d’attaque et les risques de détournement ou d’écoute de la signalisation.

Effets attendus de la réallocation du spectre

  • Capacité accrue sur 4G et 5G grâce à des blocs de fréquences additionnels reconfigurés.
  • Amélioration de la couverture en zones peu denses via des bandes basses libérées.
  • Qualité voix et données renforcée pour les usages critiques et professionnels.

Entreprises : priorités de migration et gestion des risques opérationnels

Au-delà de l’aspect technique, la migration 2G/3G vers 4G/5G constitue un sujet de gestion des risques, avec des impacts sur les opérations, les contrats et le budget. Les sociétés disposant d’un parc IoT doivent arbitrer entre le remplacement des équipements, la mise à jour des modules radio, ou la substitution par des technologies alternatives lorsque c’est pertinent.

Auditer, prioriser, financer

La première étape consiste à cartographier le parc d’équipements et à identifier ceux dépendants de la 2G/3G. Les sites sensibles et les usages de sécurité doivent être traités en priorité.

Viennent ensuite les équipements à forte densité ou à coût d’accès élevé, où la planification logistique est déterminante. Côté financier, il est recommandé de lisser les CAPEX et de négocier des solutions clés en main avec les opérateurs ou intégrateurs.

Adapter les usages voix et données

La bascule nécessite d’anticiper la gestion de la voix. Pour les besoins vocaux, s’assurer du support des profils récents est indispensable, afin d’éviter les contournements par des technologies appelées à disparaître. Pour les flux données, vérifier les bandes compatibles et l’accroche réseau dans les zones d’exploitation prévues.

Contrats, conformité et SLA

Les équipes achats et juridiques doivent relire les contrats de connectivité et les engagements de service. Les SLA fondés sur la 2G/3G doivent être révisés, de même que les clauses d’obsolescence ou de changement technologique. La conformité aux exigences de sécurité doit être réévaluée à l’aune de la nouvelle architecture réseau et des risques résiduels.

  1. Inventaire des équipements et identification des dépendances 2G/3G.
  2. Criticité des usages et priorisation des sites à risque.
  3. Tests de compatibilité 4G, évaluation de l’accroche radio et de la voix sur IP si nécessaire.
  4. Planification des interventions et gestion des stocks de remplacement.
  5. Révision contractuelle des SLA et des clauses d’obsolescence technologique.
  6. Communication aux utilisateurs internes et formation des mainteneurs.

Dispositif de suivi public et transparence des données

Pour piloter la transition, l’Arcep a instauré en 2025 un observatoire trimestriel dédié aux cartes SIM limitées à la 2G/3G. L’outil permet de mesurer les progrès de la migration, d’éclairer les politiques d’information et d’ajuster, si nécessaire, les plans d’accompagnement, notamment sur les secteurs les plus exposés.

Le régulateur s’appuie également sur la plateforme Mon Réseau Mobile disponible sur data.gouv.fr, qui offre des données de couverture par opérateur et par technologie. Cette transparence est un levier utile pour objectiver les choix techniques des entreprises et vérifier l’adéquation des solutions déployées avec les zones d’usage.

Quels indicateurs suivre en priorité

Trois types d’indicateurs méritent une attention soutenue :

  • Volume résiduel de SIM 2G/3G : rythme de réduction et part d’usages critiques.
  • Qualité de service 4G/5G sur les sites d’exploitation : couverture et latence.
  • Incidents déclarés lors des phases d’extinction locale et plan de remédiation.

La publication régulière de ces données permet de piloter les plans de migration de manière factuelle, sans sous-estimer les goulots d’étranglement logistiques ni les délais de requalification technique dans les environnements contraints.

Données clés à surveiller au fil des trimestres

  • 5,9 millions de SIM limitées 2G/3G au T2 2025, avec une baisse d’environ 33 % sur un an.
  • 45 % rattachées à des téléphones ou tablettes, 55 % à des objets connectés.
  • ≈ 230 000 téléalarmes d’ascenseurs à migrer.

Derniers jalons à sécuriser avant 2029

La fermeture des réseaux 2G et 3G s’accélère et ne laisse qu’un horizon opérationnel restreint pour mettre à niveau les parcs. Les chiffres publiés montrent une dynamique de migration réelle mais encore incomplète, avec des secteurs sensibles à traiter sans délai. L’Arcep intensifie le suivi et encourage la pédagogie des opérateurs, tandis que les autorités publiques mobilisent les écosystèmes critiques, au premier rang desquels les ascenseurs.

Pour les entreprises, l’équation gagnante repose sur une gouvernance transverse entre DSI, directions industrielles, achats et juridique, et sur une feuille de route d’exécution pragmatique. Anticiper maintenant, c’est absorber la bascule sans rupture de service et tirer parti des gains de performance qu’apporte l’ère 4G/5G.

La transition est engagée : l’enjeu n’est plus de savoir si, mais de décider comment et à quel rythme se mettre à niveau.