Quels sont les enjeux du financement de M2care en 2025 ?
M2care, venture studio lyonnais, obtient 26 M€ pour créer des startups healthtech, accélérant l'innovation en santé.

La healthtech française gagne en puissance. M2care, le venture studio lyonnais adossé à l’écosystème Mérieux, confirme un tour de financement porté à 26 millions d’euros. L’arrivée au capital du fonds French Tech Accélération 2, géré par Bpifrance dans le cadre de France 2030, change d’échelle la cadence de création de startups, avec des objectifs clairs et un pipeline déjà amorcé.
Capitaux nouveaux et feuille de route : 26 m€ pour accélérer
Officialisée début septembre 2025, la montée à 26 M€ apporte à M2care une capacité de tir renforcée pour industrialiser son modèle de création de jeunes pousses en santé. French Tech Accélération 2 agit ici comme investisseur de référence, aux côtés d’actionnaires déjà présents, dont Mérieux Développement, l’Institut NAOS des sciences de la vie, le Crédit Agricole Centre Est et plusieurs family offices.
La trajectoire d’utilisation des fonds est assumée : huit nouveaux projets doivent être lancés d’ici fin 2026, avec un accompagnement sur-mesure des équipes fondatrices et un accès aux expertises de l’écosystème Mérieux. L’ambition est de faire passer plus vite les innovations de laboratoire à l’hôpital puis au marché, en intégrant très tôt les enjeux réglementaires, industriels et de remboursement.
Ce montage capitalistique a une signification macroéconomique. Il met en résonance les objectifs nationaux de souveraineté sanitaire et de relocalisation d’actifs stratégiques avec un dispositif privé qui sait transformer la science en entreprises. Le message adressé aux investisseurs comme aux cliniciens est limpide : les technologies de santé doivent franchir plus rapidement les points de passage critiques, de la preuve de concept à l’adoption clinique.
French Tech Accélération 2 et France 2030 : repères utiles
FTA2 est un fonds géré par Bpifrance, dédié au soutien d’investisseurs et d’opérateurs qui accélèrent l’hypercroissance de startups technologiques en France. Il s’inscrit dans France 2030, plan d’investissement d’État visant les secteurs stratégiques, dont la santé et le numérique, avec un budget global de 54 milliards d’euros pour réindustrialiser et innover à grande échelle (Mission French Tech).
Dans un venture studio healthtech, les capitaux ne servent pas uniquement au financement des filiales. Ils couvrent aussi des briques critiques : recrutement d’entrepreneurs en résidence, plateformes d’essais cliniques et de réglementaire, outils d’industrialisation et de qualité, accompagnement au marquage CE, préparation à l’accès au marché et au remboursement. Cette intégration permet de réduire les délais et d’abaisser le risque d’exécution sur les premières phases.
Paramètres de l’opération et rôle des investisseurs
L’entrée de FTA2 au capital positionne Bpifrance comme ancre institutionnelle du tour, renforçant la crédibilité du studio auprès d’autres capitaux, français et européens. Les investisseurs historiques demeurent mobilisés, assurant une continuité stratégique et une capacité à réinvestir si les jalons sont franchis.
Sur le plan de la gouvernance, ce type d’opération s’accompagne généralement d’un calendrier de jalons de performance techniques et cliniques, d’une structuration des droits de suivi et d’une priorisation sectorielle par cohorte. Sans divulguer de termes spécifiques, la présence d’un acteur public-privé comme Bpifrance favorise des standards élevés de reporting, de compliance et d’impact.
Un venture studio adossé à l’institut mérieux
Créé au sein de l’écosystème de l’Institut Mérieux, M2care se situe à la jonction de la finance, de la recherche et de l’hôpital. Basé à Lyon, le studio assemble des compétences entrepreneuriales et scientifiques pour co-fonder des startups avec des chercheurs, cliniciens ou ingénieurs porteurs de technologies.
Le studio s’apparente à un hybride entre fonds et incubateur, mais avec une logique d’exécution interne très marquée. Les projets bénéficient d’une équipe d’entrepreneurs en résidence, d’un réseau international de partenaires et d’un accès privilégié à des environnements d’essais. Le modèle favorise la cohérence entre concept scientifique, usage clinique et applications industrielles, condition clé pour limiter l’érosion de valeur entre la R et la mise à l’échelle.
Qui est m2care et comment le studio opère
M2care identifie des besoins cliniques non satisfaits, travaille avec des porteurs de projets issus du monde académique ou de l’industrie et co-construit des startups dotées de plans cliniques et réglementaires réalistes. Les ressources sont mutualisées aux débuts puis dédiées à mesure que le risque technique recule. Chaque projet est pensé pour adresser un marché pertinent dès la France, avec une possibilité de déploiement en Europe et aux États-Unis.
Ce modèle s’avère pertinent en santé, un terrain où la preuve clinique, l’interopérabilité et la production pèsent autant que l’ingénierie. La valeur du studio est d’anticiper ces verrous, plutôt que d’y répondre après coup, au prix de retards et d’une consommation de cash accrue.
L’écosystème mérieux en chiffres et en actifs
Adossé à la galaxie Mérieux, M2care évolue aux côtés d’acteurs comme bioMérieux et Mérieux NutriSciences, mais aussi Transgene ou Mérieux Université. L’Institut Mérieux affiche en 2024 un chiffre d’affaires de 4,7 milliards d’euros et environ 23 000 collaborateurs à l’échelle mondiale. bioMérieux publie un chiffre d’affaires de 3,7 milliards d’euros en 2023, selon les documents financiers officiels.
Au-delà des chiffres, l’atout décisif réside dans la combinaison diagnostics, bioproduction, essais et formation, qui constitue un environnement d’essai et d’erreur propice à la translationalité, de la recherche aux applications patient.
Incubateur, accélérateur, venture studio : ce qui change vraiment
Un incubateur accueille un projet et lui fournit un cadre. Un accélérateur propulse une startup existante avec un programme intense et des mentors.
Le venture studio conçoit, cofonde et finance dès l’amorçage, avec des ressources opérationnelles internes. En santé, cette dernière approche peut raccourcir d’un à deux ans le temps jusqu’aux premières validations cliniques, lorsque la gouvernance est rigoureuse et les filières industrielles accessibles.
Lyon cumule des atouts : forte tradition en biologie et vaccins, ancrage industriel en diagnostic, présence des HCL et de laboratoires universitaires de premier plan. L’écosystème y est suffisamment dense pour capter des talents et tester des innovations directement dans les établissements de soins, tout en restant plus accessible que certains pôles métropolitains sur le plan des coûts et de la compétition pour les profils rares.
Trois premiers dossiers cliniques passés en production
La promesse du studio se mesure à sa capacité à faire émerger des cas concrets. Trois projets sont déjà engagés avec les fondateurs, à des stades adaptés à une trajectoire clinique. Leur point commun : une orientation patient assumée et des bénéfices d’usage clairement identifiés pour les soignants.
Previa medical : prévenir la dégradation clinique à l’hôpital
Previa Medical développe un dispositif médical numérique pour anticiper les urgences hospitalières. L’outil s’appuie sur des algorithmes d’intelligence artificielle pour analyser en temps quasi réel les données des patients, identifier des signaux faibles et alerter les équipes avant la décompensation.
Les bénéfices attendus sont tangibles : réduction des passages non programmés vers des unités critiques, meilleure allocation des ressources et sécurisation du parcours, du service d’aval à la sortie. Pour réussir, Previa devra franchir les étapes classiques : évaluation clinique robuste, marquage CE en software as a medical device, documentation de la cybersécurité et intégration sans frictions dans les systèmes d’information hospitaliers.
Therasonic : l’ultrason au service des pathologies cérébrales
TheraSonic conçoit un dispositif basé sur les ultrasons destiné à améliorer l’adressage thérapeutique en neurologie. L’objectif est de cibler plus finement des zones cérébrales pour proposer des interventions moins invasives sur des pathologies comme certaines tumeurs ou la maladie de Parkinson.
La feuille de route inclut des études précliniques puis cliniques visant à démontrer l’innocuité, la précision du ciblage et le bénéfice clinique. Un dispositif de ce type se confronte à des exigences réglementaires élevées, avec des protocoles à conception adaptative potentielle pour mesurer finement le rapport bénéfices risques.
Rhovica neuroimaging : capteurs intelligents pour la neurocritique
Rhovica Neuroimaging travaille sur un cathéter de drainage ventriculaire intégrant des capteurs avancés. L’objectif est d’optimiser la prise en charge des patients en urgence présentant un risque d’augmentation de la pression intracrânienne, notamment après un traumatisme crânien.
Plus de granularité de mesure et un meilleur suivi en temps réel peuvent contribuer à des décisions thérapeutiques plus réactives. Ce type d’équipement requiert une maîtrise fine des risques d’infection, des exigences de biocompatibilité et de la fiabilité métrologique, qui seront autant de points de contrôle pour le passage à l’échelle.
Réglementation des dispositifs médicaux numériques
Les logiciels de santé revendiquant un bénéfice clinique tombent sous la réglementation des dispositifs médicaux. Ils exigent une évaluation clinique structurée, un système de management de la qualité et un dossier de cybersécurité.
Le marquage CE conditionne l’accès aux marchés européens. En France, l’adoption hospitalière suppose en outre l’interopérabilité avec les systèmes d’information certifiés et une gouvernance de la donnée solide.
Axes thérapeutiques ciblés et cas d’usage concrets
M2care se concentre sur des domaines où la densité d’innovation croise une charge de maladie élevée : cardiologie, dermatologie, ophtalmologie et neurologie. Cet ancrage n’est pas anodin. Il permet de construire des portefeuilles de solutions complémentaires, testables dans des centres cliniques partenaires et déployables à l’échelle nationale.
En cardiologie, l’enjeu concerne autant le dépistage précoce que la télésurveillance et l’aide à la stratification du risque. En dermatologie, l’apport du numérique se joue dans la détection assistée et le suivi longitudinal des traitements.
L’ophtalmologie est un terrain propice à des innovations facilitant le diagnostic rapide et la chirurgie guidée. La neurologie, enfin, combine des besoins majeurs en navigation thérapeutique et en monitoring.
La clé est de démontrer des résultats cliniques et des bénéfices économiques mesurables, en réduisant soit les complications, soit les durées de séjour, soit la consommation de ressources. Ces impacts créent le cadre de discussion avec les payeurs pour un accès au remboursement.
- Cardiologie : outils d’aide à la décision pour l’insuffisance cardiaque, télésurveillance et alertes précoces.
- Dermatologie : classification assistée des lésions, gestion des parcours chroniques.
- Ophtalmologie : diagnostics point of care, technologies adjuvantes au bloc opératoire.
- Neurologie : guidage non invasif, capteurs intelligents et ajustement temps réel.
Plusieurs chemins s’offrent aux innovations en dispositifs médicaux et logiciels : LPPR pour un remboursement pérenne, forfaits innovation pour générer de l’évidence en conditions réelles, ou dispositifs de prise en charge anticipée en santé numérique lorsqu’éligible. Chacune de ces voies impose une stratégie d’évaluation robuste, des indicateurs de résultat pertinents et une articulation étroite avec les recommandations de la HAS.
Ce volet accès au marché devra être anticipé projet par projet. Les trajectoires diffèrent sensiblement entre un cathéter implantable, un dispositif à base d’ultrasons et un logiciel de prédiction hospitalière. La capacité de M2care à standardiser une partie des processus d’évaluation et d’evidence generation sera déterminante pour respecter le calendrier annoncé.
Retombées économiques et souveraineté sanitaire
L’arrivée de capitaux publics-privés dans un studio d’innovation clinique répond à une logique d’amplification. Elle vise à accroître le nombre de preuves de concept converties en sociétés, tout en gardant la propriété intellectuelle, les emplois et la production le plus possible en France. Cette intensification est cohérente avec les priorités d’investissement fixées par la puissance publique pour la décennie en cours.
Les autorités économiques ont rappelé la nécessité de financer la quatrième révolution industrielle et les technologies de rupture à hauteur suffisante pour rivaliser avec les zones les plus capitalisées. Le plan France 2030 illustre cette volonté en injectant des moyens sur des filières stratégiques dont la santé, l’énergie et le numérique. En 2024, plus de cent projets ont été soutenus, ce qui témoigne d’un déploiement désormais tangible.
En miroir, l’effet d’entraînement local devrait se lire en emplois directs et indirects, en contrats d’essais cliniques, en transferts de technologie et en commandes industrielles. Des estimations sectorielles évoquent jusqu’à 500 emplois directs à l’horizon 2030 si les cohortes de projets atteignent leurs objectifs. La vraie métrique sera l’adoption clinique des solutions, qui conditionne la pérennité des emplois et la création de valeur.
Articulation avec les programmes d’hypercroissance
Le dispositif French Tech Next40/120 cible des startups à fort potentiel de croissance, en s’appuyant sur des indicateurs de performance et de levées. Les sociétés issues d’un venture studio comme M2care peuvent y prétendre à mesure qu’elles valident leur marché et leur traction. L’accès à ces programmes permet d’ouvrir des portes internationales et de professionnaliser la relation avec les investisseurs de croissance.
Signal faible mais significatif, ce tour participe aussi à repositionner la France sur des segments hautement techniques de la chaîne de valeur, où l’Europe est parfois dépendante d’importations. Sans tomber dans l’autarcie, favoriser des champions locaux sur des technologies critiques est un levier de souveraineté.
Gouvernance d’investissement et gestion des risques
Dans un portefeuille healthtech en phase d’amorçage, la maîtrise du risque réglementaire, de la qualité et des chaînes d’approvisionnement est structurante. L’entrée de FTA2 au capital introduit une exigence supplémentaire sur le suivi des jalons et la robustesse des processus, gage d’attractivité pour de futurs tours de table.
Le modèle de M2care repose sur une montée en charge progressive des ressources vers les projets qui franchissent leurs preuves techniques et cliniques. Cette mécanique ajuste le capital alloué, limite la dilution et concentre les moyens sur les candidats les plus prometteurs. La mutualisation des expertises réglementaires et cliniques au niveau du studio réduit les coûts unitaires et l’erreur de parcours.
- Propriété intellectuelle : sécuriser les brevets et la liberté d’exploitation dès l’origine, avec une stratégie internationale alignée sur les marchés cibles.
- Réglementaire : anticiper la classification du dispositif, le plan d’évaluation clinique et le périmètre de conformité qualité.
- Données et cybersécurité : bâtir des architectures conformes, interopérables et auditables, particulièrement pour les logiciels médicaux.
- Scale-up industriel : identifier tôt les partenaires de fabrication, la validation des procédés et la chaîne logistique.
- Accès au marché : construire la démonstration médico-économique qui parle aux payeurs, aux établissements et aux cliniciens.
Avant d’investir, un studio comme M2care examine au minimum : robustesse scientifique, lisibilité de la proposition de valeur clinique, analyse de la concurrence, statut des brevets, chemin réglementaire, faisabilité de la production, adéquation des briques technologiques avec l’usage, stratégie de remboursement et projection médico-économique. Cette grille conditionne la priorisation et la vitesse d’exécution.
Le soutien public ciblé n’exonère pas d’une discipline privée d’allocation du capital. Au contraire, il l’exige. Le succès sera jugé sur des critères concrets : nombres d’essais initiés et menés à terme, marquages obtenus, premiers revenus et trajectoires de remboursement. À ce titre, la transparence des jalons et la qualité du reporting seront scrutées.
Gouvernance des studios et droits des investisseurs
Les investisseurs attendent des mécanismes clairs : droits d’information, possibilité de suivi pro rata sur les filiales prometteuses, critères de go-no go en comité d’investissement, définition des milestones techniques et cliniques. Pour un studio santé, ces éléments se complètent d’engagements en qualité, éthique et sécurité des patients.
Ce que cette opération change pour la healthtech française
Le renforcement de capital de M2care s’inscrit dans un alignement rare entre besoins du terrain et politiques publiques. En réunissant un investisseur institutionnel, des partenaires industriels et des financeurs régionaux, le studio se donne les moyens d’accélérer un flux récurrent de projets à fort contenu clinique. Les annonces du 3 septembre 2025 viennent attester que la dynamique est engagée et que les premiers dossiers sont lancés sur des cas d’usage concrets, de l’hôpital au bloc opératoire.
Au-delà de M2care, l’opération éclaire une trajectoire pour l’écosystème : densifier les capacités d’exécution, mutualiser les expertises rares, et créer des parcours plus fluides du laboratoire au patient. Si les jalons sont tenus, cette approche peut faire émerger des acteurs différenciants sur des segments où la France dispose d’atouts, avec une capacité d’influence accrue sur la scène européenne et internationale.
En combinant capitaux, expertise clinique et discipline d’exécution, M2care illustre une voie pragmatique pour convertir la recherche française en entreprises de santé compétitives, au service des patients et de la souveraineté industrielle.