Heintz Transports transforme sa flotte avec le B100 à Saint-Avold
Heintz Transports lance une transition énergétique avec le B100 à Saint-Avold, visant 37 camions d'ici 2025 pour réduire les émissions.

À Saint-Avold, Heintz Transports passe la seconde sur l’énergie. Le transporteur mosellan lance une montée en puissance du B100 à base de colza français, avec un cap clair: verdir une partie de sa flotte pour maintenir sa compétitivité et répondre aux exigences climatiques. Une trajectoire assumée, chiffrée et déjà visible sur le terrain.
Heintz transports accélère la transition à saint-avold: profil et feuille de route
Créée en 1960 et solidement ancrée en Moselle, Heintz Transports s’affirme comme un acteur régional de référence du transport de marchandises. L’entreprise, qui réalise 25 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie environ 200 salariés, gère une flotte de 110 véhicules opérant en France et à l’international. Son plan interne Route 2030 structure désormais un virage énergétique progressif, articulé autour de l’efficacité opérationnelle et de la baisse des émissions.
Concrètement, le transporteur déploie le PUR100, un B100 fourni par Altens et issu à 100 % de colza cultivé en France. Vingt véhicules roulent déjà avec ce biocarburant. L’entreprise vise un tiers de la flotte convertie d’ici la fin 2025, soit environ 37 camions, pour une baisse estimée de 3 000 tonnes de CO₂ par an.
Heintz transports : stratégie et résultats
- Objectif 2025 : 37 véhicules au B100, avec une montée en charge progressive par segments de route et types de missions.
- Indicateurs environnementaux : jusqu’à -60 % d’émissions de gaz à effet de serre et -80 % de particules fines par rapport au diesel standard, selon les référentiels usuels des biocarburants de première génération.
- Arbitrage économique : surcoût d’exploitation estimé à 3 % dû à une consommation un peu plus élevée, compensé en partie par des dispositifs d’accompagnement et des demandes clients orientées bas carbone.
- Gouvernance du projet : suivi internalisé des données carburant, formation des conducteurs, contrôle qualité avec Altens.
Repères chiffrés à retenir
110 véhicules dans la flotte, 20 déjà au B100, objectif 37 fin 2025. Économie potentielle annoncée: 3 000 tCO₂/an une fois l’objectif atteint. Entreprise basée à Saint-Avold, 25 M€ de CA, environ 200 salariés.
Le B100 est un estérifié méthylique d’huiles végétales dédié aux moteurs diesel compatibles. La version PUR100 d’Altens est 100 % colza français et se destine à une utilisation exclusive sur des matériels adaptés ou recalibrés. Avantage clé : déploiement rapide sur des motorisations conventionnelles éligibles, avec un accompagnement technique structuré.
Déploiement du pur100: méthode, accompagnement et maîtrise opérationnelle
Heintz Transports a retenu une logique de déploiement incrémental plutôt que de basculer massivement. Ce phasage permet d’affiner les réglages, d’optimiser la maintenance et de diffuser les bonnes pratiques de conduite. À mesure que les indicateurs sont stabilisés, de nouveaux véhicules basculent au B100.
Le groupe Altens intervient à double niveau : technique et commercial. Côté technique, l’accompagnement se traduit par des audits sur site, la calibration des moteurs compatibles et des formations dédiées aux conducteurs et aux équipes d’atelier. Côté commercial, l’alignement porte sur les volumes livrables, le dimensionnement des cuves et la traçabilité environnementale liée aux livraisons.
Compatibilité et contraintes d’usage
- Parc éligible : véhicules offrant une compatibilité B100 d’origine ou via adaptation validée constructeur.
- Maintenance : suivi des filtres, analyses périodiques, gestion des températures de stockage.
- Exploitation : sélection d’itinéraires et de missions où le B100 présente le meilleur rendement environnemental et un coût maîtrisé.
Une trajectoire type comprend : diagnostic de compatibilité moteur, mise à niveau éventuelle (logiciel, composants), installation et sécurisation des capacités de stockage, formation des conducteurs à l’éco-conduite spécifique, pilotage des consommations et reporting fin par mission. Cette approche séquencée limite les risques de disponibilité et lève les irritants opérationnels.
Indicateurs environnementaux: gains attendus et lecture des métriques
Les biocarburants de première génération issus du colza affichent des réductions d’émissions jusqu’à 60 % en équivalent CO₂, lorsque l’évaluation est conduite sur l’ensemble du cycle de vie (du champ à la roue), et une baisse des particules fines d’environ 80 % à l’échappement par rapport au gazole conventionnel. Ces performances sont sensibles aux hypothèses utilisées: fourniture d’énergie agricole, rendements, logistique, et méthode de comptabilité carbone.
Heintz Transports s’appuie sur ces références pour structurer sa trajectoire, en ajoutant des leviers complémentaires: optimisation des itinéraires, renouvellement ciblé du parc, et futurs projets d’électrification partielle. Le tout vise -50 % d’émissions d’ici 2030, en cohérence avec la Stratégie nationale bas-carbone.
Au niveau macro, la hausse de la production d’énergie primaire en France a renforcé la place des renouvelables en 2023, point favorable à la diversification des carburants alternatifs (1 420 TWh, +13,3 % par rapport à 2022, source: SDES, édition 2024).
La comparaison s’effectue à performance énergétique équivalente, en intégrant toutes les étapes du cycle de vie : culture du colza, extraction, transformation, logistique, puis combustion. L’écart en % dépend de la méthodologie (facteurs d’émission, prise en compte ou non des changements d’affectation des sols, mix électrique, etc.). D’où des variations selon les référentiels employés.
Qualité de l’air: ce qui change côté échappement
Les baisses de particules fines et de certains polluants à l’échappement constituent un bénéfice immédiat pour les zones urbaines traversées par des poids lourds. La réduction des émissions toxiques locales est un levier de santé publique souvent sous-estimé dans l’évaluation des bénéfices des biocarburants.
Économie du projet: coût d’usage, leviers financiers et création de valeur
Le B100 induit une surconsommation estimée à 3 % par rapport au gazole. En pratique, l’impact sur le coût d’exploitation varie selon le profil d’usage, l’éco-conduite et le prix du carburant. Heintz Transports cadre ce surcoût par un pilotage fin des missions et par des discussions contractuelles avec ses clients sensibles aux indicateurs ESG.
En parallèle, l’entreprise explore les incitations disponibles pour amortir l’effort initial: soutien à la formation, à l’investissement en stockage, et programmes territoriaux orientés transition énergétique. L’objectif n’est pas seulement de compenser un écart conjoncturel, mais de renforcer la compétitivité à moyen terme en alignant la structure de coûts avec des exigences clients plus strictes en matière de reporting carbone.
Impact en moselle: emplois, filière colza et ancrage territorial
Le Grand Est a vu le secteur transport-logistique dépasser 20 000 emplois, avec une croissance de 2 % en 2023. Pour Saint-Avold et son bassin, l’adoption du B100 s’inscrit dans la dynamique de reconversion énergétique du territoire. La filière colza bénéficie d’une demande soutenue, la surface cultivée ayant progressé d’environ 5 % en 2024 pour répondre aux besoins en biocarburants.
À l’échelle locale, Heintz Transports irrigue l’écosystème par l’investissement dans des capacités de stockage, des formations métier et des flux réguliers vers des chargeurs régionaux. Ce maillage économique contribue à une transition pragmatique et rapide de la mobilité lourde.
Aides potentiellement mobilisables par un transporteur
Selon les régions et les dispositifs de l’État, un projet B100 peut s’appuyer sur :
- Subventions d’investissement pour équipements de stockage et distribution.
- Financements formation pour conducteurs et ateliers.
- Appels à projets territoriaux dédiés à la décarbonation des mobilités.
- Incitations fiscales liées aux carburants renouvelables, selon éligibilité et cadre en vigueur.
L’agrégation de ces leviers aide à contenir le surcoût d’usage et à sécuriser un retour sur investissement raisonnable, surtout lorsque les contrats clients intègrent des objectifs de performance carbone.
Normes et controverses: lignes de force du cadre français et européen
Le cadre de la transition des carburants évolue rapidement. Au niveau européen, plusieurs textes posent des repères structurants, en cohérence avec le paquet Ajustement à l’objectif 55.
Même si le règlement FuelEU Maritime cible le transport maritime, il illustre la priorité donnée aux carburants renouvelables à faibles émissions. Côté routier, les orientations nationales déclinent des trajectoires de décarbonation et encouragent la diversification des énergies.
Le débat technique, lui, s’intensifie. Des analyses relayées en 2025 par La France Agricole mentionnent une position critique attribuée à la DGE sur le potentiel du B100, estimé insuffisant pour la décarbonation des poids lourds à l’échelle nationale.
Des représentants de la filière biocarburants, dans des prises de position publiées en août 2025, contestent ce diagnostic et défendent la mobilisation immédiate du B100 et du HVO comme solutions transitoires efficaces. Entre ces lignes, un consensus se dessine pourtant: l’électrification est appelée à monter en puissance, tandis que les carburants alternatifs peuvent jouer un rôle d’accélérateur à court terme, notamment pour les trajets non électrifiables dans l’immédiat.
Pour un acteur de taille intermédiaire comme Heintz Transports, la stratégie gagnante reste hybride : combiner biocarburants, amélioration opérationnelle et options électriques quand elles deviennent pertinentes, en sécurisant l’approvisionnement et la traçabilité des réductions d’émissions.
La réduction observée à l’échappement ne résume pas le bilan climatique global. Les décideurs publics et privés s’appuient sur le cycle de vie pour intégrer la culture, la transformation et le transport du carburant. Les hypothèses retenues (productivité agricole, énergie utilisée, logistique) peuvent conduire à des résultats différents selon les études, d’où des lectures contrastées du bénéfice net.
2030 en ligne de mire pour heintz transports
La trajectoire adoptée par Heintz Transports coche plusieurs cases: réduction mesurable des émissions, mise à l’échelle maîtrisée, ancrage territorial et dialogue filière. En pariant sur le B100 PUR100 tout en préparant d’autres alternatives, le transporteur construit une position de coût et d’image susceptible de faire la différence auprès des chargeurs qui intègrent l’empreinte carbone dans leurs appels d’offres.
Rendez-vous en 2030: l’entreprise vise une baisse de 50 % de ses émissions. D’ici là, l’équation économique dépendra des volatilités prix, de l’offre d’énergies et des signaux réglementaires, dans un paysage où la diversification énergétique apparaît comme une assurance prudente autant qu’un avantage concurrentiel.
Cap franchi à Saint-Avold: la transition se joue désormais au kilomètre, au plein et au contrat.