À Pont-de-Buis et Châteaulin, le Groupe Salaün bascule un cran plus loin dans l’électromobilité. Le voyagiste finistérien, acteur historique du tourisme, déploie des véhicules électriques pour ses commerciaux et renouvelle ses autocars de grand tourisme. Objectif affiché : réduire les émissions, tout en sécurisant la qualité de service et la sécurité opérationnelle pour ses clients et ses équipes.

Capex verts chez Groupe Salaün : 24 VE et 10 autocars Euro 6

Le Groupe Salaün, fondé en 1932, muscle sa feuille de route climat avec des investissements tangibles dans ses moyens de transport. Deux mouvements structurants se détachent :

  • 24 voitures électriques Peugeot destinées aux équipes commerciales, soit 23,3 % de la flotte automobile remplacée.
  • 10 autocars de grand tourisme intégrés au parc, dont des double-étages, tous conformes à la norme Euro 6.

Ces acquisitions s’accompagnent de nouvelles infrastructures. Le groupe a installé 10 bornes de recharge supplémentaires sur ses sites de Pont-de-Buis et Châteaulin, qui s’ajoutent aux 4 déjà opérationnelles. La direction n’a pas communiqué le montant total de l’opération, mais le périmètre confirme une montée en puissance progressive, portée par une logique de RSE appliquée à l’usage.

Véhicules électriques Peugeot : priorisation des usages commerciaux

La bascule vers l’électrique cible d’abord les déplacements professionnels des forces commerciales. L’angle choisi est pragmatique : électrifier des trajets courts à moyens, fréquents, avec un ancrage territorial fort. Le parc de bornes est dimensionné pour absorber cette première vague, avec une montée en densité sur des sites relais clés du Finistère.

La direction l’assume : réduire l’empreinte carbone des trajets quotidiens constitue une priorité stratégique. Sans dévoiler de CAPEX précis, l’entreprise met l’accent sur une logique de coûts totaux de possession à horizon pluriannuel, en misant sur la maîtrise des coûts d’usage et une image de marque alignée aux attentes environnementales des clients corporate et leisure.

Autocars de grand tourisme Euro 6 : sécurité et sobriété intégrées

La modernisation du parc autocars se traduit par des véhicules de dernière génération, équipés de technologies embarquées :

  • régulateurs de vitesse adaptatifs et systèmes d’assistance au freinage,
  • caméras de surveillance,
  • dispositifs ADAS pour la sécurité active.

Au-delà de la sécurité, ces systèmes permettent une conduite plus économe et plus régulière, favorable à la baisse de la consommation. La conformité Euro 6 est un jalon clé : elle réduit fortement les émissions de polluants locaux par rapport aux générations anciennes et participe à une trajectoire bas carbone sans rupture de service pour le grand tourisme.

Chiffres à retenir : cap d’accélération confirmé

Le groupe structure sa transition avec des jalons mesurables :

  1. 24 véhicules électriques Peugeot livrés, à usage principalement commercial.
  2. 23,3 % de la flotte automobile remplacée par de l’électrique.
  3. 10 nouveaux autocars grand tourisme, norme Euro 6.
  4. 10 nouvelles bornes de recharge, pour un total de 14 points sur Pont-de-Buis et Châteaulin.
Métriques Valeur Évolution
CA exercice 2024-2025 (Groupe) 294,58 M€ N/A
Véhicules électriques acquis 24 Déploiement initial
Part de flotte auto remplacée 23,3 % N/A
Autocars grand tourisme intégrés 10 Renouvellement de parc
Bornes de recharge en service 14 (10 nouvelles + 4 existantes) Capacité accrue
Effectifs 560 salariés (France et Belgique) N/A
Réseau d’agences 162 N/A

Empreinte carbone et gains attendus : quels ordres de grandeur

Les bénéfices environnementaux découlent de deux leviers complémentaires :

  • Le passage à l’électrique sur les trajets du quotidien, avec un mix électrique français peu carboné, réduit les émissions à l’usage. En France, le passage à un VE permet en moyenne une baisse substantielle par rapport à l’essence ou au diesel, sous réserve de l’empreinte de fabrication et du profil de recharge. L’ADEME signale des gains significatifs lorsque l’alimentation provient majoritairement de sources décarbonées.
  • Le passage à des autocars Euro 6 abaisse fortement les émissions de polluants locaux. Les rapports européens associent cette norme à des réductions atteignant jusqu’à 90 % pour les particules fines et les oxydes d’azote par rapport à des générations plus anciennes.

Dans la pratique, la baisse d’empreinte carbone découlera des kilométrages basculés vers l’électrique, du taux de remplissage des autocars, des modes de conduite rendus plus sobres par les ADAS, et du pilotage énergétique du groupe. L’investissement dans des bornes internes constitue un levier additionnel pour fiabiliser la recharge, maîtriser les coûts d’énergie et limiter les kilomètres de détour.

La méthode la plus robuste retient une approche « du puits à la roue » et intègre :

  • le mix électrique de recharge,
  • les pertes liées au chargeur et au réseau,
  • la consommation réelle selon le profil de route et de conduite,
  • l’empreinte de fabrication amortie par kilomètre.

En B2B, on considère souvent des fenêtres de consommation en heures creuses et la mise à jour annuelle des facteurs d’émission. La comparaison avec le thermique doit inclure les cycles urbains et périurbains, souvent plus favorables au VE.

Cadre français et européen : la trajectoire Salaün s’inscrit dans la SNBC

La stratégie du groupe colle aux priorités publiques. En France, le transport représente 31 % des émissions nationales de GES, principal contributeur, et la circulation routière a reculé de 1,6 % en 2023 par rapport à 2022, reflétant des efforts d’optimisation de mobilité et d’efficacité énergétique au niveau national (données officielles du ministère publiées le 3 octobre 2025 et de la plateforme nationale environnementale).

À l’échelle des politiques, la feuille de route climat structure la décarbonation des flottes via l’électrification, l’amélioration des standards moteurs et la sobriété des déplacements. Cela se traduit pour les transporteurs par une montée des investissements dans les véhicules propres et les équipements de sécurité active.

Objectifs nationaux 2030 et neutralité 2050

La Stratégie nationale bas-carbone vise une baisse de 28 % des émissions du secteur des transports d’ici 2030, par rapport à 2015. En projection à 2050, les scénarios de l’ADEME décrivent plusieurs voies compatibles avec la neutralité carbone, dont l’électrification massive des flottes et des améliorations continues des normes moteurs. Pour un opérateur de tourisme, les arbitrages portent sur la combinaison optimale entre renouvellement de parc, infrastructures de recharge et pratique de conduite sobre.

Règlementations pour véhicules lourds : implications opérationnelles

Pour les autocars, la conformité Euro 6 agit à deux niveaux :

  • sanitaire avec la réduction des NOx et particules en circulation réelle,
  • économique avec l’accès facilités aux zones à faibles émissions, la réduction potentielle des coûts de maintenance et une meilleure valeur résiduelle sur le moyen terme.

Couplées aux ADAS, ces motorisations permettent une exploitation plus régulière et plus sûre. La valeur ajoutée est sensible sur les lignes régulières et le grand tourisme, où la consommation lissée par l’assistance à la conduite soutient le bilan carbone et le coût du kilomètre.

Euro 6, mode d’emploi pour les autocars

Ce que change la norme en exploitation quotidienne :

  • Réduction notable des polluants locaux par rapport aux générations antérieures.
  • Compatibilité renforcée avec les exigences urbaines et interurbaines, notamment pour l’accès aux zones contraintes.
  • Synergie avec les ADAS pour améliorer la qualité de conduite et réduire la variabilité de consommation.

RSE structurée : label Réunir RSE et leviers SAF dans la chaîne de valeur

La démarche ne se limite pas à l’achat d’équipements. Salaün Autocars vise l’obtention du label Réunir RSE d’ici 2026, un référentiel porté par un réseau de PME du transport, centré sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. Cet alignement structure l’organisation et les indicateurs, avec une logique d’amélioration continue.

Le groupe rappelle aussi des partenariats avec des compagnies aériennes engagées dans l’usage de carburants durables d’aviation (SAF). Ces initiatives agissent en amont et en aval des prestations touristiques, pour verdir la chaîne de valeur sans rompre la continuité de service. L’enjeu consiste à documenter les gains en émissions évitées et à articuler ces actions avec les attentes des voyageurs et des collectivités.

Feuille de route 2025-2030 : renouvellement complet de la flotte

Le groupe se projette sur un renouvellement complet de sa flotte à l’horizon 2025-2030, en cohérence avec la SNBC. La progression a déjà commencé avec l’intégration d’autocars Euro 6 et la bascule électrique sur la flotte commerciale. La poursuite de cette trajectoire dépendra des rythmes d’amortissement, de la disponibilité technologique et du développement des infrastructures de recharge multi-sites.

Sur le plan opérationnel, le calibrage des itinéraires, la maintenance et la formation à l’éco-conduite seront des leviers déterminants pour maximiser les gains. La démarche labelisée aidera à fiabiliser cette montée en maturité, par une gouvernance RSE plus outillée et des retours d’expérience partagés.

Trois familles d’indicateurs s’avèrent structurantes pour un transporteur :

  • Carbone : intensité gCO2e/km par segment, taux d’électrification, taux de remplissage.
  • Énergie : kWh/100 km et l/100 km, profil horaire de recharge, part énergétique basse émission.
  • Sécurité : incidents évités via ADAS, formation des conducteurs, maintenance prédictive.

Un pilotage trimestriel, croisant données télématiques et données financières, permet de lier sobriété et performance économique.

Qui est Groupe Salaün : empreinte économique et ancrage en Bretagne

Le Groupe Salaün est un tour-opérateur et voyagiste basé dans le Finistère. Créé en 1932, il a bâti un réseau de 162 agences et emploie 560 salariés en France et en Belgique.

Pour l’exercice 2024-2025, son chiffre d’affaires atteint 294,58 millions d’euros. Membre de l’association Produit en Bretagne, il revendique un ancrage territorial fort, prolongé par des initiatives de reforestation en Bretagne et à Madagascar.

La trajectoire actuelle prolonge un socle de démarches environnementales déjà engagées. Elle se distingue toutefois par l’intégration d’actifs roulants moins émetteurs et par des investissements en infrastructures. En filigrane, la logique industrielle est claire : réduire l’empreinte carbone tout en garantissant la continuité de service à grande échelle.

Réseau d’agences et emplois : effets régionaux

Avec un maillage d’agences dense et une activité de transport structurante, l’impact local est double. Sur l’emploi, l’entreprise consolide des postes dans le Finistère et au-delà. Sur l’activité, la modernisation de la flotte crée des besoins en maintenance qualifiée, en compétences électriques et en gestion énergétique des sites, via des bornes de recharge supervisées.

Les retombées attendues portent aussi sur l’attractivité client. Un tourisme organisé autour de véhicules plus propres et plus sûrs améliore la proposition de valeur, en phase avec les attentes croissantes des voyageurs pour des solutions à moindre impact.

Lecture économique : TCO, efficacité énergétique et qualité de service

Du point de vue financier, le mouvement de Salaün appelle une lecture TCO plus que purement CAPEX. Les éléments décisifs sont :

  • la consommation et le coût au kilomètre en usage réel,
  • le taux d’utilisation des bornes internes pour mieux maîtriser l’énergie,
  • la maintenance conditionnelle et prédictive des véhicules,
  • la valeur résiduelle attendue des autocars Euro 6 et des VE à horizon d’amortissement.

La modernisation ne doit pas dégrader la qualité de service. L’intégration d’ADAS et l’électrification des trajets commerciaux sont ici des marqueurs. Les premières réduisent la variabilité de consommation et renforcent la sécurité. Les secondes, si elles sont adossées à une capacité de recharge adaptée, permettent de sécuriser la disponibilité tout en abaissant le coût d’usage.

À l’échelle gouvernance, la structuration par un label RSE et la remontée d’indicateurs standardisés améliorent la prévisibilité économique du projet. La dynamique de flotte devient un actif à part entière, urbaine et interurbaine, où la sobriété énergétique se convertit en différentiel compétitif durable.

Infrastructures de recharge : points de vigilance pour les flottes

Pour des opérateurs multi-sites, trois paramètres font la différence :

  • Dimensionnement des bornes par rapport aux profils de tournée et aux créneaux horaires.
  • Supervision et gestion de l’énergie pour lisser les pics de consommation et prioriser les recharges critiques.
  • Interopérabilité avec la télématique de flotte pour intégrer la recharge aux plannings opérationnels.

Des jalons publics qui confortent la dynamique privée

Le cap pris par Salaün résonne avec les orientations françaises et européennes. Les données publiques indiquent la prédominance des transports dans les émissions nationales, la baisse récente de la circulation routière et l’existence de scénarios de neutralité carbone où l’électrification et les standards moteurs jouent un rôle pivot. Ces éléments de contexte renforcent la lisibilité des investissements engagés et sécurisent leur horizon d’utilité, à condition d’une exécution rigoureuse.

La combinaison électrification ciblée du quotidien, autocars Euro 6 pour le grand tourisme et gouvernance RSE portée par un label sectoriel crée une trajectoire cohérente. Elle répond à la fois aux contraintes réglementaires et aux attentes du marché, sans renoncer à la performance opérationnelle.

Ce que change cette trajectoire pour le tourisme breton

La recomposition de la flotte Salaün donne un signal clair au marché du tourisme en Bretagne et au-delà. En misant sur des actifs roulants moins émetteurs et des outils de conduite plus sûrs, le groupe ouvre la voie à une offre de mobilité mieux alignée aux attentes environnementales des voyageurs, des entreprises clientes et des territoires d’accueil.

Reste l’enjeu de la profondeur de déploiement et de l’industrialisation de la mesure d’impact. Si les jalons actuels se confirment, l’effet d’entraînement pourrait dépasser l’échelle régionale et inspirer d’autres opérateurs de tourisme. Le rendez-vous est pris pour 2026 avec l’objectif de labellisation et pour 2030 dans le cadre de la SNBC, avec à la clé un modèle de mobilité touristique plus sobre et plus robuste.

La transition s’ancre dans la durée lorsqu’elle conjugue équipements, infrastructures et gouvernance mesurable.