Quelles perspectives pour la French Tech d'ici 2025 ?
Découvrez les avancées de la French Tech, ses défis et les objectifs du programme French Tech 2030 pour les startups.

Le pari d’un pays créateur de champions technologiques n’était pas gagné d’avance. Huit ans après l’élection d’Emmanuel Macron, la French Tech a changé d’échelle, tout en affrontant une conjoncture plus capricieuse. Les arbitrages du budget 2025 et la campagne de 2027 qui s’annonce redessinent déjà les lignes de force. L’écosystème se prépare, attentif aux signaux politiques et réglementaires.
Trajectoire 2017 à 2025 de la french tech : avancées réelles, points de vigilance
Le cycle inauguré en 2017 a installé un environnement plus lisible pour innover et investir. La trajectoire de l’impôt sur les sociétés ramené à 25 % et l’outillage pro-innovation ont compté. Le résultat est tangible : la France a vu émerger plus de 25 licornes depuis 2017, seuil symbolique franchi plus tôt que prévu et devenu désormais une base, non une fin.
Cette dynamique a toutefois connu des vents contraires : corrections de valorisations, resserrement du capital-risque, et réallocation budgétaire à l’échelle de l’État. Les signaux récents confirment une approche d’ajustement sans renoncement : effort budgétaire en 2025 du côté des dispositifs d’aide, maintien des outils stratégiques pour les technologies de souveraineté et l’industrialisation.
Au centre de cette architecture, French Tech 2030 agit comme une colonne vertébrale, connectée au plan France 2030 et dotée d’une gouvernance inter-administrations. L’objectif est clair : accélérer des innovations dites de rupture, des technologies émergentes et des solutions critiques pour la souveraineté européenne.
French tech 2030 : objectifs et calendrier
Lancé en 2023, le programme French Tech 2030 sélectionne chaque année une promotion de startups et scale-ups à fort impact stratégique. Les lauréats bénéficient d’un accompagnement intensif, d’un accès aux financeurs du plan France 2030 et d’un dialogue facilité avec l’administration et les grands acheteurs publics.
Deux jalons rythment l’année 2025. D’abord, l’appel à candidatures pour la promotion French Tech 2030 2025, ouvert jusqu’au 1er septembre, structure le dealflow stratégique.
Ensuite, un appel dédié à la souveraineté numérique publié par l’exécutif le 3 juillet 2025 cible les technologies et infrastructures critiques pour l’autonomie européenne. Les deux dispositifs signalent une priorité constante donnée aux briques technologiques déterminantes pour l’économie réelle.
Jalons et périmètre de French Tech 2030
French Tech 2030 s’inscrit dans France 2030 et vise à accélérer des innovations stratégiques, notamment en numérique souverain, décarbonation, santé, industrie et deeptech. L’appel 2025 est ouvert jusqu’au 1er septembre. L’appel souveraineté numérique 2025 a été publié le 3 juillet 2025 et cible les startups capables de renforcer les capacités critiques européennes.
Le French Tech Visa est un titre de séjour simplifié pour attirer talents étrangers, fondateurs et investisseurs dans l’écosystème français. Il réduit les délais et clarifie le cadre d’accueil.
Selon les retours de place, une part non négligeable de startups l’utilisent pour recruter des profils pénuriques, notamment en intelligence artificielle, cybersécurité et data engineering. Son accessibilité conditionne la capacité des scale-ups à exécuter rapidement leur feuille de route.
Scénario rn : souverainisme assumé et risques opérationnels sur l’immigration économique
Marine Le Pen, comme Jordan Bardella, revendique la protection des intérêts nationaux. La ligne est constante : valoriser l’excellence d’ingénierie française et corriger les fragilités structurelles que des licornes plus nombreuses ne suffiraient pas à masquer. L’État stratège, les achats publics mieux orientés et la préférence pour les capitaux français composent la matrice.
Le point de tension majeur touche l’immigration professionnelle. Une restriction des voies légales affecterait directement la capacité à attirer des profils rares.
France Digitale rappelle qu’environ un cinquième des startups recourt au French Tech Visa pour recruter ingénieurs et entrepreneurs non européens. C’est un enjeu de recrutement, de productivité et de time-to-market pour les sociétés en hyper-croissance.
Recrutement international : signaux d’alerte des startups
Sur X et dans les communautés de fondateurs, les messages convergent : pénurie de data scientists, scalabilité des équipes produit, guerre des salaires. Les débats restent des opinions, pas des faits établis, mais ils dessinent une conséquence pratique claire. Fermer ou compliquer l’accès aux talents reculerait le moment où les scale-ups atteignent une taille critique, et laisserait la place aux concurrents américains et asiatiques.
Sur le plan juridique, une politique migratoire plus stricte intensifierait la pression sur les procédures de mobilité intra-groupe, les délais de traitement préfectoraux et les critères de délivrance. Ce n’est pas un débat idéologique pour les entreprises, mais un sujet de continuité d’activité.
Ce que changerait un durcissement migratoire pour une startup
Trois impacts concrets, souvent sous-estimés par les dirigeants en hypercroissance :
- Allongement des délais d’embauche sur des postes critiques, avec conséquences sur la roadmap produit.
- Risque de délocalisation partielle de fonctions R&D ou data vers des hubs plus permissifs.
- Complexification des packages RH pour fidéliser les talents étrangers déjà en poste.
Au-delà des talents, l’option d’une politique industrielle plus protectionniste poserait un enjeu de conformité avec le droit européen. Réserver certains marchés ou aides à des acteurs strictement français doit s’articuler avec les principes de non-discrimination et de concurrence. Les arbitrages seraient donc à la fois politiques et juridiques, avec un délai d’exécution qui compte dans la vie d’une startup.
Édouard philippe : continuité pro-business et mode opératoire éprouvé
Édouard Philippe, Premier ministre de 2017 à 2020, reste identifié à la stabilité réglementaire et fiscale qui a bénéficié aux entreprises. À Matignon, la trajectoire de l’IS vers 25 % a été menée à son terme et l’attractivité pour l’Investissement Direct Étranger renforcée. Sur le numérique, sa grille de lecture met en avant big data, IA et nanotechnologies, avec une priorité donnée à la crédibilité industrielle.
Pour 2027, Philippe incarnerait une continuité de cap plus qu’une rupture, ce qui plaît aux investisseurs et aux filières qui planifient à cinq ans. Les interactions avec French Tech 2030 seraient naturelles : souveraineté numérique, cybersécurité, composants critiques, logiciels d’infrastructure, et les chaînes d’industrialisation nécessaires pour passer du prototype à la série.
Ce que pourrait contenir un plan philippe pour 2027
Sans dévoiler de programme détaillé, plusieurs axes probables se dessinent, cohérents avec ses positions passées :
- Stabilité fiscale sur l’IS et sécurisation des régimes d’actionnariat salarié pour fidéliser les équipes clés.
- Accélération de l’industrialisation des startups deeptech, connectée aux guichets France 2030 et aux commandes publiques.
- Attraction des centres R&D étrangers via une diplomatie économique active, pour ancrer les emplois qualifiés.
Sur la scène internationale, ce positionnement insiste sur un ancrage européen et sur l’ouverture aux alliances technologiques, en évitant le piège d’une dépendance unilatérale aux plateformes non européennes.
La France a ramené son taux normal d’IS à 25 % à partir de 2022, ce qui a contribué à une convergence avec les grands pays de l’OCDE. Ce cadre a été lisible pour les investisseurs, y compris dans la tech. À côté de ce taux standard, les dispositifs d’amortissement et de suramortissement, ainsi que le crédit d’impôt recherche, restent déterminants pour la compétitivité des projets innovants.
Gabriel attal : inclusion, ia et compétitivité internationale
Gabriel Attal a occupé successivement des responsabilités de premier plan au sein de l’exécutif et du Parlement. Son positionnement sur la tech met en avant l’innovation comme levier de puissance et la nécessité d’élargir les viviers de talents. À VivaTech 2025, le message a été direct : l’IA et les technologies émergentes décideront du rang des nations.
La tonalité Attal n’est pas celle d’un statu quo. En filigrane se dessine une volonté d’ouvrir davantage l’écosystème à des profils sous-représentés, notamment les femmes et les seniors, tout en alignant la compétitivité-coût et la compétitivité-qualité des startups face aux concurrents américains, indiens et chinois.
Vivatech 2025 : l’exécutif place l’ia au cœur du jeu
Le message porté lors de VivaTech 2025 a réaffirmé un principe simple : les pays qui maîtriseront l’IA de fondation, la cybersécurité et les infrastructures cloud conserveront leur souveraineté économique. Cette vision converge avec les priorités French Tech 2030 en matière de numérique souverain. Elle invite aussi à accélérer la montée en gamme des compétences, depuis l’université jusqu’à la formation continue.
Inclusion et performance : trois axes concrets pour les directions
Les chantiers qui montent dans les comités exécutifs de la tech :
- Pipeline de talents féminins en data et cybersécurité, via des partenariats écoles-entreprises et des politiques de promotion internes ajustées.
- Requalification des seniors vers des rôles de delivery, sécurité et gouvernance de l’IA, où l’expérience est un atout.
- Culture produit et sécurité dès la conception, afin d’abaisser les coûts globaux et d’accélérer les certifications.
Reste une interrogation classique en période préélectorale : l’équilibre entre ambition sociale et contraintes budgétaires. Le cadrage 2025 confirme que la tech est considérée comme stratégique, mais qu’elle contribue à l’effort global. La clé sera de préserver les instruments à effet de levier tout en rendant plus efficaces les aides.
La gauche en quête d’incarnation : climat, régulation et financement public
À gauche, la question n’est pas seulement celle d’un programme commun, mais de l’incarnation capable de porter un récit économique audible par l’écosystème. Les priorités structurelles sont connues : accélérer la transition écologique, soutenir les PME innovantes, mieux réguler les pratiques des grandes plateformes et renforcer les droits sociaux.
Pour la French Tech, ce scénario met en avant les filières greentech et agritech, la rénovation énergétique, les réseaux intelligents et les technologies d’économie circulaire. Il croise de fait le périmètre French Tech 2030, qui comporte un axe transition écologique et décarbonation. Les lignes de partage se situeraient sur le tempo de la régulation et son intensité, plutôt que sur la légitimité d’investir dans l’innovation.
Verdissement de l’innovation : compatibilité avec french tech 2030
French Tech 2030 cible déjà des technologies propres et des usages réduisant l’empreinte carbone. À l’échelle macro, une gauche au pouvoir pourrait orienter plus clairement la commande publique vers ces solutions, avec un prisme social renforcé dans les critères d’attribution. Pour les startups, l’enjeu serait double : accès au financement patient et pipeline de projets industriels suffisamment volumineux pour tenir la courbe d’apprentissage.
Le point d’attention demeure la lisibilité réglementaire. Un renforcement des obligations environnementales peut accélérer un marché, mais il exige des délais raisonnables et des normes stables. C’est la condition pour que les investisseurs privés amplifient l’effet des fonds publics, plutôt que de se mettre en retrait.
France 2030 finance des briques technologiques de long terme, de la batterie à l’hydrogène, en passant par les matériaux bas carbone et l’agritech de précision. Le pont avec la French Tech se fait via l’accompagnement au passage à l’échelle : mise en relation avec les grands donneurs d’ordre, facilitation des sites pilotes, articulation des aides avec les cycles d’investissement privés.
Cartes inattendues et spéculations raisonnables : profils et signaux à surveiller
Les scrutins se gagnent souvent par surprise. Plusieurs profils, plus ou moins déclarés, alimentent le débat public et les hypothèses de marché. Pour l’écosystème, l’enjeu est surtout d’identifier lesquels porteront une vision claire sur la souveraineté numérique, l’industrialisation et l’ouverture des talents.
Clara chappaz : continuité opérationnelle et boussole souveraineté
Ex-directrice de la Mission French Tech, Clara Chappaz a imprimé une logique d’exécution au service des startups et des scale-ups. Dans un entretien à l’automne 2024, elle a confirmé que la French Tech participerait à l’effort budgétaire 2025, sans renoncer aux priorités stratégiques. Cette ligne s’observe en 2025 avec le maintien des appels à projets, notamment celui dédié à la souveraineté numérique.
Une candidature de ce profil reste hypothétique. Elle illustrerait un ancrage technico-politique où l’arbitrage se fait moins sur des slogans, davantage sur les chaînes de valeur et les calendriers industriels. Dans cette perspective, l’impératif est la prévisibilité pour mobiliser capitaux, talents et sites industriels, pilier par pilier.
Dominique de villepin : regard international, souveraineté à clarifier
Ancien Premier ministre et figure diplomatique, Dominique de Villepin réapparaît régulièrement dans le débat public. Son atout serait une lecture internationale des enjeux, utile pour capter des investissements stratégiques et faire valoir une voix européenne sur la régulation des plateformes et des standards technologiques.
Le revers de la médaille tient à la souveraineté économique : le calibrage des partenariats et l’encadrement des cessions d’actifs sensibles en phase d’hypercroissance. La French Tech, via French Tech 2030, privilégie des trajectoires qui gardent une capacité de décision sur sol européen. L’équation à résoudre serait donc d’ouvrir sans se fragiliser.
Bruno retailleau : la droite sénatoriale face au défi du numérique
À droite, Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, incarne une ligne d’ordre budgétaire et de valorisation des ancrages territoriaux. Appliquée à la tech, cette approche pourrait favoriser des écosystèmes régionaux et les transferts de technologie vers les PME industrielles, avec une attention accrue à la sécurité et aux usages responsables.
Le test consisterait à concilier discipline des finances publiques et investissements d’avenir. Les choix à opérer porteraient sur la modulation des aides et la focalisation sur des technologies jugées critiques, en lien avec les priorités French Tech 2030. Le calibrage de la politique migratoire économique serait ici encore un marqueur déterminant.
Outils stratégiques préservés en 2025
Malgré l’effort de rationalisation des dépenses, les instruments pivots restent activés en 2025 : accompagnement French Tech 2030 des lauréats, focalisation sur la souveraineté numérique et articulation avec les guichets de France 2030. Les acteurs publics et privés confirment ainsi l’intérêt d’une continuité d’État sur les technologies critiques (réf. programme French Tech 2030).
Budget 2025 : ajuster sans déstabiliser la chaîne financement-innovation
L’enjeu budgétaire de 2025 est d’ajuster la dépense sans dégrader l’effet de levier public-privé qui a fait ses preuves. Les signaux donnés par la Mission French Tech à l’automne 2024 indiquaient une participation à l’effort, mais avec une volonté de sanctuariser les priorités souveraines. Les appels à projets 2025 confirment cette ligne.
Sur le terrain, les dirigeants observent trois points concrets. D’abord, la qualité de l’instruction et la lisibilité des critères, qui raccourcissent les délais. Ensuite, la coordination entre guichets, pour éviter la fragmentation des dispositifs. Enfin, la visibilité pluriannuelle, indispensable pour structurer des tours de financement et des sites industriels.
Chaînage public-privé : où la politique fait la différence
Quand l’État clarifie qu’il vise l’industrialisation d’innovations prioritaires et ménage une place à la commande publique, les investisseurs privés augmentent la taille des tickets et allongent l’horizon. À l’inverse, des signaux flous ou changeants produisent un « wait and see » coûteux. C’est précisément sur ce terrain que se jouent les différences entre projets politiques : stabilité, taille de la commande et ouverture des talents.
L’appel 2025 consacré à la souveraineté numérique vise les solutions d’infrastructure et les technologies structurantes : cybersécurité, cloud de confiance, logiciels d’infrastructure, composants, traitement des données sensibles et IA de fondation. Il s’adresse aux startups présentant des perspectives d’industrialisation et un potentiel d’impact européen. La priorité est de renforcer la capacité d’action autonome de l’économie et des administrations.
Ce que regardera l’écosystème d’ici 2027
Au-delà des personnalités, la French Tech jugera les offres politiques sur des critères très concrets. Les investisseurs et dirigeants scruteront la promesse d’une politique des talents lisible, d’un pilotage stable des dispositifs French Tech 2030 et France 2030, et d’achats publics capables d’ancrer les usines et les emplois en France. La légitimité de l’écosystème se joue dans ce triangle.
Le pays dispose d’atouts accumulés depuis 2017. Les prochains arbitrages diront s’ils seront consolidés ou fragmentés. Pour une économie tournée vers l’innovation, la prudence budgétaire n’est pas l’ennemie de l’audace, à condition de choisir clairement ses batailles et de tenir le cap sur la durée.
En somme, l’élection de 2027 arbitrera entre plusieurs récits économiques, mais l’essentiel est déjà posé : souveraineté technologique, talents et industrialisation seront les trois tests décisifs de crédibilité aux yeux de la French Tech.