L'innovation de Doctor.One redéfinit le suivi des patients chroniques
Découvrez comment Doctor.One renforce la télésanté avec un financement de 4 millions d'euros pour une approche asynchrone.

+4 millions d’euros et une acquisition en 2025 : la healthtech européenne Doctor.One bouscule les codes de la télésanté en misant sur l’asynchrone. Au-delà de l’innovation technique, l’enjeu est économique et organisationnel pour les systèmes de soins, en particulier en France, où les maladies chroniques pèsent lourd dans les dépenses de santé et exigent des parcours durables et adaptés.
Une accélération post-pandémie, mais un modèle synchrone sous tension
La crise sanitaire a validé l’utilité de la télésanté, surtout via des consultations vidéo en temps réel. Ce mode synchrone a élargi l’accès aux soins, mais il demeure tributaire de la présence simultanée du médecin et du patient. Dans la prise en charge chronique, ce format montre ses limites : il ne capture ni la granularité des symptômes entre deux rendez-vous, ni les ajustements de traitement au fil des semaines.
Les chiffres de santé publique rappellent l’ampleur du défi. Plus d’un Européen sur deux vit avec au moins une pathologie chronique, ce qui impose des modèles de suivi au long cours et plus souples, capables d’encourager l’adhésion thérapeutique et de prévenir les décompensations.
De surcroît, l’optimisation des ressources médicales est une nécessité budgétaire pour les systèmes nationaux. Les approches fondées uniquement sur la visioconsultation risquent d’engorger les plannings sans créer la continuité dont ont besoin les patients.
Autrement dit, la télésanté de première génération a ouvert la voie. L’étape suivante consiste à décloisonner le suivi pour le rendre modulable, réactif et centré sur l’évolution réelle des patients, notamment diabétiques, en oncologie ou en neurologie. C’est là que l’asynchrone change la donne.
Synchrone : rendez-vous simultané patient-médecin, limité par la disponibilité. Asynchrone : échanges décalés dans le temps via messages, données de suivi ou questionnaires intelligents. L’intérêt économique : l’asynchrone fluidifie la charge médicale, permet des interventions ciblées, et stabilise les parcours chroniques en limitant les consultations inutiles.
L’asynchrone change l’équation du suivi chronique
L’approche asynchrone repose sur des micro-interactions entre les consultations physiques, qu’il s’agisse de messages, de retours automatisés ou de partages de biométries. Ce mécanisme crée un filet de sécurité entre deux visites, sans imposer un créneau fixe à l’équipe soignante. Les cliniciens gèrent les alertes et priorisent les cas cliniquement pertinents, ce qui optimise le temps médical tout en augmentant la fréquence des points de contact utiles.
Pour les patients chroniques, cette modalité encourage l’adhésion en s’adaptant au quotidien. Les traitements sont mieux suivis, les effets indésirables repérés plus tôt, et les ajustements peuvent être effectués sans attente d’un rendez-vous programmable.
D’un point de vue financier, la promesse est claire : réduire le recours évitable aux urgences et aux hospitalisations en intervenant en amont. Pour les payeurs et les établissements, c’est un levier de soutenabilité et de qualité.
Bon à savoir : ce que recouvre une micro-interaction médicale
Une micro-interaction regroupe de courts échanges utiles au suivi :
- Un message patient signalant un symptôme ou un effet indésirable.
- Un questionnaire ciblé sur l’observance ou l’évolution d’un score clinique.
- Une donnée transmise par un dispositif connecté analysée de façon différée.
- Une recommandation de l’équipe soignante envoyée en temps décalé.
Le cumul de ces micro-interactions constitue un continuum de soin qui comble l’intervalle entre consultations.
Qui est doctor.one : positionnement, traction et premiers résultats
Fondée à Varsovie en 2021, Doctor.One cible le suivi chronique avec une plateforme asynchrone pensée pour relier médecins et patients entre deux visites présentielles. La société revendique des déploiements en Europe et près de 500 000 micro-interactions médicales, matérialisant l’usage soutenu de l’outil dans la vraie vie. L’objectif est d’outiller les praticiens pour qu’ils puissent orchestrer des cohortes de patients sur la durée, tout en hiérarchisant les priorités.
Doctor.one : stratégie et résultats
La plateforme s’adosse à une logique d’accompagnement continu. Les professionnels suivent l’évolution clinique à partir de signaux courts et structurés.
Les retours collectés montrent une amélioration perçue de la qualité des soins par 81 % des médecins participants et un NPS de 93, indicateur de satisfaction et de recommandation très élevé. Ces résultats s’expliquent par l’effet de continuité, l’anticipation des complications et une meilleure compréhension des trajectoires individuelles.
Programme sclérose en plaques : enseignements d’un pilote
Dans un pilote mené sur la sclérose en plaques, Doctor.One rapporte des signaux positifs. Au-delà du suivi des symptômes, l’asynchrone créerait un canal d’intervention rapide en cas de dégradation ou d’effets secondaires. En pratique, cette approche favorise des ajustements thérapeutiques plus réactifs et un accompagnement quotidien, deux facteurs clés dans une pathologie aux évolutions parfois imprévisibles.
Le Net Promoter Score varie de -100 à +100. Au-delà de 50, on considère un niveau de recommandation très fort. Un NPS de 93 traduit une adhésion exceptionnelle des utilisateurs, rare dans la santé. Il reflète l’utilité perçue et la simplicité d’usage par les médecins et patients interrogés.
Alliances pharmaceutiques et gouvernance des données sous rgpd
Doctor.One a sécurisé des collaborations avec des laboratoires internationaux, Novartis, Novo Nordisk, Merck et AstraZeneca, autour d’un enjeu commun : maximiser l’adhésion au long cours pour des traitements de maladies chroniques. Les industriels y voient un moyen de renforcer la relation patient-médecin entre les consultations hospitalières, avec une dynamique d’éducation thérapeutique et de repérage précoce des signaux de non-observance.
Novo nordisk : suivi du diabète et interactions ciblées
Selon les déclarations relayées, la solution est utilisée pour le suivi des patients diabétiques. L’intérêt est double : améliorer l’observance et harmoniser la communication patient-équipe soignante entre deux consultations. Le canal asynchrone permet de traiter des questions ponctuelles, d’ajuster des conseils de mode de vie, et de repérer des dérives de glycémie sans mobiliser systématiquement une visio.
Collaborations multi-aires thérapeutiques
Au-delà du diabète, la plateforme est utilisée dans des aires à fort enjeu économique telles que l’oncologie, la neurologie et l’endocrinologie. Les partenaires peuvent accéder à des données anonymisées pour analyser l’observance ou optimiser des protocoles de suivi, avec un cadre de conformité au RGPD. Pour les laboratoires, c’est un outil de real-world evidence pour mieux comprendre les usages en vie réelle et contribuer à l’amélioration des parcours approuvés par les cliniciens.
Gouvernance de la donnée : garde-fous indispensables
Points de vigilance pour les plateformes de suivi asynchrone :
- Anonymisation ou pseudonymisation effective des données utilisées à des fins d’analyse.
- Base légale et information des patients sur les traitements de données et leurs droits.
- Contrats de sous-traitance alignés avec le RGPD, incluant des clauses de sécurité et d’auditabilité.
- Mesures de cybersécurité robustes et tests réguliers pour limiter les risques d’accès non autorisés.
Ces exigences conditionnent la confiance des patients et la pérennité des déploiements à l’échelle.
Ia et consolidation : l’acquisition de doctor dok et la feuille de route produit
Pour muscler sa brique technologique, Doctor.One a acquis en 2025 Doctor Dok, un développeur spécialisé en IA appliquée à la santé. Cet apport vise l’automatisation de certaines tâches, des triages intelligents et une analyse prédictive des trajectoires afin d’identifier en amont les patients nécessitant une intervention humaine. L’IA doit rester assistive et explicable pour s’intégrer sans friction aux pratiques cliniques.
Cette orientation s’inscrit dans une dynamique publique européenne et française en faveur de l’innovation en santé. Les autorités soutiennent la montée en puissance de l’IA et de l’exploitation des données de santé, avec une attention particulière à la qualité scientifique, à la sécurité et à la protection des droits des patients. En France, une stratégie nationale IA en santé a été annoncée pour accélérer la recherche et l’innovation (Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, 2025).
Trois leviers opérationnels se distinguent :
- Priorisation des messages et alertes pour cibler les cas à risque.
- Personnalisation des questionnaires et rappels selon l’historique du patient.
- Analyse des tendances pour anticiper les décompensations ou les abandons de traitement.
À condition d’être transparente et contrôlée, l’IA améliore l’efficience clinique sans remplacer le jugement médical.
Financement de 4 millions d’euros et plan d’expansion européenne
Doctor.One a réalisé une levée de 4 millions d’euros en seed, menée par YZR Capital avec la participation d’Impact Ventures et d’investisseurs existants. Les priorités d’allocation portent sur le renforcement produit et IA, et l’implantation dans trois marchés cibles : Allemagne, Espagne et Royaume-Uni. L’annonce a été relayée à la mi-septembre 2025 par des médias spécialisés en innovation et financement de startups (FrenchWeb et TechFundingNews, 17-19 septembre 2025).
Pour les investisseurs, l’attractivité du modèle tient à l’équation économique : un suivi asynchrone pouvant réduire les coûts évitables, améliorer l’adhésion et apporter des preuves en vie réelle, éléments précieux dans l’évaluation de la valeur. L’accès au marché dépend toutefois de l’intégration aux workflows cliniques et de la reconnaissance progressive par les payeurs des bénéfices médicaux et organisationnels.
Chiffres à retenir sur l’asynchrone de Doctor.One
- Année de création : 2021.
- Micro-interactions médicales : près de 500 000 enregistrées.
- Qualité perçue : 81 % des médecins rapportent une amélioration des soins.
- Satisfaction : NPS de 93.
- Seed : 4 millions d’euros, chefs de file YZR Capital et Impact Ventures.
- Déploiement : accélération prévue en Allemagne, Espagne et Royaume-Uni.
Marché français : leviers publics et cadre d’adoption
En France, l’essor des dispositifs médicaux numériques est encouragé par des appels à projets et des financements ciblés. Dans le cadre de France 2030, un appel du Grand Défi dédié au bien vieillir a été ouvert le 21 mai 2025.
Parallèlement, le ministère pilote des programmes de recherche qui soutiennent l’innovation et la validation clinique de solutions numériques. Ces dispositifs créent un environnement propice aux acteurs de la télésanté et du suivi chronique.
Pour une entreprise comme Doctor.One, le marché français représente une opportunité sous conditions. La plateforme doit démontrer une intégration fluide aux systèmes hospitaliers, garantir la conformité RGPD et documenter l’impact médico-économique sur des populations cibles.
L’arbitrage des payeurs reste centré sur la valeur démontrée, la réduction des recours évitables et l’amélioration de l’observance. Enfin, la confiance des professionnels dépendra de la transparence des algorithmes et de la traçabilité des décisions assistées par IA.
Points structurants pour un déploiement national :
- Protection des données : RGPD, minimisation des données, information des patients, sécurité.
- Interopérabilité : standards reconnus pour l’échange d’informations médicales.
- Évaluation clinique : preuves d’efficacité et d’utilité clinique sur les pathologies ciblées.
- Acceptation des professionnels : ergonomie, intégration au dossier patient, support.
- Modèle économique : démonstration d’économies et d’amélioration des indicateurs de qualité.
Cette checklist favorise des projets pilotes robustes, préfigurant une adoption plus large.
Ce que les entreprises de santé peuvent en retenir
L’asynchrone se positionne comme un prolongement naturel de la pratique clinique, avec des retombées attendues sur la qualité et l’efficience. Les premiers résultats partagés par Doctor.One montrent un potentiel d’amélioration mesurable de l’expérience et des parcours. Les collaborations avec l’industrie pharmaceutique et l’intégration d’une brique IA confirment la maturité du modèle pour des aires thérapeutiques exigeantes.
Reste à transformer l’essai à grande échelle. L’enjeu pour les acteurs du marché français est de combiner preuves d’usage, conformité irréprochable et intégration opérationnelle, tout en s’alignant sur les dispositifs publics de soutien à l’innovation. Si ces conditions sont réunies, le suivi asynchrone pourrait devenir, d’ici quelques années, un standard pour les maladies chroniques à forte charge médicale et économique.
Le virage vers l’asynchrone ne remplacera pas la médecine en face-à-face, il l’augmente en lui redonnant du temps médical là où il est le plus utile.