À Montpellier, Sanofi officialise le 15 octobre 2025 l’ouverture d’un Centre d’Excellence translationnel consacré aux maladies auto-immunes et inflammatoires. L’initiative s’appuie sur un partenariat structurant avec l’IHU Immun4Cure, le CHU de Montpellier, l’INSERM et l’Université de Montpellier. Premier site d’un réseau de six TCOE que le laboratoire projette de déployer, ce noyau R&D doit accélérer la preuve de concept clinique et renforcer la dynamique MedVallée.

Montpellier, nouveau pivot immunologie chez Sanofi

Sanofi choisit Montpellier pour lancer son premier Translational Center of Excellence dédié à l’immunologie. L’objectif est clair : raccorder la recherche fondamentale à l’évaluation clinique précoce, en s’appuyant sur des cohortes de patients et une gouvernance partagée entre acteurs hospitalo-universitaires et industriels. Cette implantation renforce la stratégie de clusterisation MedVallée, qui ambitionne de faire de la métropole un pôle de santé globale de rang international.

Le groupe pharmaceutique, qui prévoit un chiffre d’affaires de 46,1 milliards d’euros en 2025 et compte 88 000 salariés, annonce que Montpellier est le premier site opérationnel d’un maillage de six TCOE à l’échelle mondiale. La focalisation sur les pathologies auto-immunes répond à un enjeu médical et économique de premier plan, ces maladies affectant une part significative de la population et mobilisant des ressources hospitalières considérables.

Chiffres clés du projet montpelliérain

Informations consolidées sur la nouvelle plateforme R&D de Sanofi à Montpellier.

  • Date d’annonce : 15 octobre 2025.
  • Positionnement : premier TCOE de Sanofi, sur un total prévu de six.
  • Partenaires : IHU Immun4Cure, CHU de Montpellier, INSERM, Université de Montpellier.
  • Objectif thérapeutique : maladies auto-immunes et inflammatoires.
  • Portefeuille initial : huit candidats-médicaments orientés vers le centre.
  • Horizon contrat : partenariat de cinq ans, avec perspective de prolongation.
  • Ressources locales : environ 1 000 collaborateurs sur le site montpelliérain de Sanofi.

Gouvernance et périmètre scientifique du TCOE

Le centre montpelliérain doit servir de pont rapide entre l’idéation scientifique et la validation clinique précoce. Sanofi met en avant une approche translationnelle centrée sur la preuve de concept au plus près du patient, en mêlant analyses de données, biomarqueurs et itérations rapides sur les protocoles. Le périmètre scientifique couvre des pathologies telles que la sclérose en plaques, le lupus et la polyarthrite rhumatoïde.

Ces maladies sont lourdes pour les systèmes de soins et l’économie. Selon des estimations rapportées à l’OMS, environ 5 % de la population mondiale est touchée, avec des coûts élevés et des prises en charge au long cours. L’ambition du TCOE : réduire l’incertitude en amont, mieux segmenter les patients et sécuriser la transition vers les essais cliniques.

Gouvernance : comité commun de 10 membres

La supervision des opérations repose sur un comité de gouvernance commun de 10 membres, composé de représentants des partenaires académiques et de Sanofi. Ce cadre décisionnel vise à fluidifier les arbitrages scientifiques, l’accès aux cohortes et les priorisations d’essais précoces. Il s’agit d’un levier clé pour éviter les silos entre disciplines, accélérer les validations et partager les retours terrain.

Aires thérapeutiques prioritaires

  • Immunologie clinique : choix d’indications à fort besoin médical non couvert, ciblage des sous-populations via biomarqueurs.
  • Inflammation : intégration de données longitudinales pour affiner les stratégies thérapeutiques.
  • Approches combinées : petites molécules et biomédicaments, selon la maturité des cibles et la réponse patient.

Le raisonnement translationnel s’appuie sur un aller-retour continu entre laboratoire et clinique. Les hypothèses issues de la biologie des systèmes et de l’IA sont prototypées plus tôt chez des patients soigneusement phénotypés, puis réinjectées dans la découverte pour affiner les cibles, la posologie et les critères de succès. Objectif : moins d’échecs tardifs et une meilleure sélection des candidats avant les phases coûteuses.

IHU Immun4Cure : ancrage académique et accès patients

L’IHU Immun4Cure, labellisé par l’État en 2023, fédère le CHU de Montpellier, l’INSERM et l’Université de Montpellier. Il met à disposition des équipes cliniques spécialisées en immunologie et des infrastructures pour la collecte d’échantillons, la constitution de biobanques et l’exploitation d’outils d’IA. Cette architecture facilite l’accès à des cohortes de patients et la production de données biomédicales de haute qualité, essentielles pour fiabiliser les preuves de concept.

L’IHU Immun4Cure : périmètre et label 2023

Dirigé par le Dr Christian Jorgensen, l’IHU mobilise 300 cliniciens et chercheurs autour des immunothérapies et de l’exploration des mécanismes de l’auto-immunité. Son rôle dans le partenariat : apporter l’expertise clinique, la rigueur méthodologique des essais et la profondeur des données patient, pendant que Sanofi met à disposition ses plateformes technologiques et sa capacité d’industrialisation.

Dr Christian Jorgensen : alliance clinique-technologique

Le Dr Jorgensen souligne l’originalité du dispositif : « C’est une collaboration unique entre une structure académique comme Immun4Cure et Sanofi, qui compte un grand nombre d’immunothérapies au stade précoce. Nous apporterons le côté clinique et Sanofi l’accélération technologique, afin de développer une thérapie correspondant à chaque patient. » (Boursorama, 15 octobre 2025)

Pour les entreprises, ce type d’accord s’apparente à un contrat de réduction du risque : plus la qualité des données et des cohortes est élevée, plus l’incertitude diminue dans les choix d’investissements cliniques. Le TCOE met ainsi à profit l’échelle industrielle de Sanofi et la capacité d’outillage d’un IHU pour piloter des itérations rapides.

MedVallée agrège établissements de soins, laboratoires, startups et écoles autour d’ambitions communes en santé globale. L’arrivée du TCOE renforce l’effet de cluster : accès aux talents, partage d’infrastructures et visibilité internationale. À la clé, un meilleur arrimage entre recherche clinique et industrie pour capter projets et financements dans l’Hexagone.

Plateformes Sanofi : de l’IA aux biomédicaments

Sanofi mobilise à Montpellier ses laboratoires de bio-informatique et ses outils d’IA pour l’analyse avancée des données cliniques et omiques. Le groupe combine sa maîtrise des petites molécules et des biomédicaments avec des approches de médecine de précision afin d’accélérer la sélection des cibles et d’optimiser les plans de développement.

L’enjeu est connu de tous les acteurs pharmaceutiques : réduire les délais et les incertitudes, dans un secteur où le risque d’échec en clinique reste élevé. Sanofi affirme vouloir « dérisquer » l’amont du développement en s’appuyant sur des partenaires hospitalo-universitaires impliqués très tôt.

Jacques Volckmann : dérisquer l’amont du développement

Pour Jacques Volckmann, vice-président R&D France de Sanofi, la valeur ajoutée du TCOE réside dans la capacité à franchir plus vite des étapes critiques de validation : « Le développement d’une nouvelle solution thérapeutique est très long : jusqu’à quinze ans pour arriver à un nouveau médicament. C’est aussi risqué, et de nombreuses approches n’aboutissent pas faute d’avoir su transformer le sujet de recherche en développement clinique.

Or, avec le TCOE, nous allons dérisquer nos approches grâce à un partenaire très en amont du développement clinique. »

Sanofi à Montpellier : effectifs et actifs R&D

Le site montpelliérain de Sanofi emploie environ 1 000 collaborateurs. Il concentre des compétences transverses en biologie, chimie, data science et opérations cliniques précoces. Ces ressources locales doivent favoriser des boucles courtes entre intentions scientifiques et exécution d’études, tout en capitalisant sur la proximité avec le CHU et l’IHU.

Tout projet clinique implique un cadre strict : consentement, minimisation des données, pseudonymisation et gouvernance des accès. En France, les projets de recherche utilisant des données de santé doivent se conformer à La RGPD et aux référentiels nationaux, avec des contrôles possibles par la CNIL. Le TCOE ne déroge pas à ces principes, qui conditionnent l’acceptabilité des innovations.

Investissements, calendrier clinique et objectifs mesurables

Sanofi porte l’investissement principal pour la mise en route du TCOE. Le budget de 20 millions d’euros sur dix ans de l’IHU Immun4Cure, financé par l’État via des programmes de recherche, constitue un socle utile pour les volets académiques et l’outillage méthodologique. Ces programmes structurants soutiennent l’innovation en santé par des appels à projets nationaux et des coopérations ciblées, comme rappelé par les communications ministérielles de juin 2025.

Côté pipeline, Sanofi a identifié huit candidats-médicaments susceptibles d’être orientés vers Montpellier. La première étude clinique a démarré récemment, avec un investissement de plusieurs millions d’euros.

Selon le groupe, deux autres études pourraient suivre rapidement. Le contrat de partenariat est de cinq ans pour des raisons juridiques, avec la volonté affichée d’une prolongation au-delà de cette période initiale afin d’intégrer les enseignements des premières années.

Angel Cedazo-Minguez : objectif -20 % sur le temps clinique

Angel Cedazo-Minguez, responsable mondial des TCOE chez Sanofi, précise les ambitions sur les délais : « Tout dépend de la maladie visée, mais nous espérons réduire de 20 % le temps de développement clinique, soit deux années sur un programme de dix à douze ans. » (MyPharma Editions, 15 octobre 2025)

Pour le groupe, l’enjeu est double. D’une part, augmenter la probabilité de succès des candidats en clinique. D’autre part, optimiser l’allocation du capital en accélérant les go/no go sur des critères de réponse précoce, avec un impact direct sur la structure de coûts et la vitesse d’accès au marché des innovations.

Les IHU sont adossés à des établissements hospitalo-universitaires et bénéficient de financements publics compétitifs au travers d’appels à projets. Les budgets couvrent infrastructures, biobanques, plateformes omiques et coordination clinique. Cet effet de levier public attire des cofinancements privés et des partenariats industriels, en particulier pour la recherche translationnelle où la démonstration clinique précoce est déterminante.

Effets attendus sur la médecine de précision et l’économie montpelliérain

Le TCOE est conçu pour accélérer la médecine de précision en immunologie. En exploitant des volumes croissants de données réelles et des modèles d’IA, l’équipe vise à identifier des biomarqueurs de réponse, mieux stratifier les patients et réduire les échecs en phase clinique. De tels progrès peuvent changer la trajectoire de développement des immunothérapies et améliorer l’efficience du capital investi.

Sur le plan territorial, l’initiative conforte l’attractivité de Montpellier pour les talents et les entreprises du secteur santé. La région Occitanie s’appuie déjà sur un écosystème actif en infectiologie et en biologie, avec des références nationales comme les Centres nationaux de référence pilotés par l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées, utiles à la structuration des réseaux scientifiques même s’ils sont distincts du projet montpelliérain. La dynamique pourra attirer des partenaires internationaux en recherche translationnelle et renforcer le deal flow local.

À l’échelle financière, l’ouverture du TCOE s’inscrit dans la stratégie d’innovation de Sanofi, coté sur Euronext Paris. Sans préjuger de l’impact boursier, ce positionnement renforce la lisibilité R&D du groupe pour les investisseurs orientés sur des plateformes différenciantes et des programmes à haute probabilité de succès clinique.

IHU-entreprise : partage de valeur et propriété intellectuelle

Ce type de partenariat suppose un cadre rigoureux sur la propriété intellectuelle, l’accès aux données et la valorisation des résultats. Classiquement, les accords prévoient un partage des droits selon la contribution scientifique et financière, un plan de gestion des données et des mécanismes de gouvernance pour arbitrer la publication des résultats. À Montpellier, l’architecture conjointe doit fluidifier ces sujets sans déroger aux exigences éthiques et réglementaires.

Avant toute inclusion de patient, un essai clinique en France doit obtenir les autorisations de l’ANSM et l’avis favorable d’un Comité de protection des personnes (CPP). Les protocoles sont évalués sur le bénéfice-risque, la méthodologie, l’éthique et la protection des données. Cette double instruction encadre la conduite des études et sécurise la participation des patients.

Les maladies auto-immunes présentent une hétérogénéité clinique et moléculaire qui fragilise les essais classiques. Les designs adaptatifs, la stratification par biomarqueurs et les analyses longitudinales sont mieux armés pour capturer des signaux de réponse précoces. C’est précisément ce que vise un TCOE : apprendre vite, documenter les sous-types et éviter l’attrition tardive.

Risques, conformité et jalons à surveiller

La collaboration n’efface pas les défis. Le taux d’échec en clinique reste structurant, y compris pour des programmes avancés.

Les partenaires mettent donc l’accent sur des premières preuves de concept finement instrumentées et des critères robustes de priorisation. Côté conformité, les sujets éthiques, données et protection des participants demeurent centraux, avec des contrôles réglementaires réguliers.

Trois jalons méritent une vigilance particulière au cours des prochains mois :

  • Déroulé des trois premières études associées au TCOE et publication d’éléments de readout précoce.
  • Transfert industriel des résultats positifs vers des programmes cliniques de phase ultérieure.
  • Évaluation conjointe par les partenaires à l’issue de la période initiale de cinq ans, en vue d’une prolongation.

Selon des analyses publiées le 15 octobre 2025, la démarche place Montpellier sur la carte internationale de la recherche translationnelle en immunologie, avec un potentiel d’emplois qualifiés et d’investissements additionnels, sans chiffrage officiel à ce stade.

Ce que ce TCOE change pour l’écosystème français

Avec l’IHU Immun4Cure et les acteurs hospitalo-universitaires, Sanofi fait de Montpellier un site pilote pour la mise à l’échelle de la recherche translationnelle en immunologie. L’équation proposée — accès patients, IA, plateformes omiques, gouvernance commune — vise à réduire l’incertitude et à améliorer la valeur clinique des projets dès l’amont.

Au-delà du site, ce modèle peut stimuler l’ensemble de la chaîne santé en France en attirant des partenariats internationaux et des programmes à haute intensité scientifique. Reste à confirmer, sur les premiers readouts, la capacité à délivrer les réductions de délais et les gains de qualité promis, dans le respect des exigences réglementaires nationales.

Premiers résultats à suivre, avec un intérêt de marché et de patients déjà au rendez-vous.