Comment Anywaves développe sa présence américaine ?
Découvrez comment Anywaves se positionne sur le marché US avec une filiale et des capacités industrielles locales.

Anywaves pose une pierre de plus dans son édifice international. L’équipementier toulousain d’antennes pour satellites installe une tête de pont aux États-Unis afin de réduire les délais d’accès aux clients et de sécuriser des contrats sur un marché décisif. L’initiative tombe au bon moment, alors que l’écosystème français du New Space se renforce et que la cadence industrielle s’accélère des deux côtés de l’Atlantique.
Offensive américaine d’anywaves : cap sur la proximité client
La société a officialisé la création de sa filiale Anywaves US, avec une ambition claire : rapprocher l’ingénierie et la production des grands donneurs d’ordres américains. L’objectif ne se limite pas à une représentation commerciale. Il s’agit d’implanter des capacités industrielles locales pour servir la demande des constellations et missions à orbite basse, en multipliant les points de contact avec intégrateurs et opérateurs.
Cette stratégie répond à un besoin bien identifié par les acteurs des constellations : raccourcir la boucle itérative entre spécification, prototypage, certification et livraison série. Un site de production américain est visé à l’horizon 2026, avec une montée en cadence calée sur les carnets de commandes nord-américains et la perspective de nouveaux programmes institutionnels.
Anywaves us : feuille de route industrielle
Le plan d’exécution s’appuie sur un modèle éprouvé en France. À Toulouse, Anywaves a mis en service une ligne d’assemblage dédiée à la série, dimensionnée pour les constellations. En 2024, l’entreprise a franchi le cap de la 1000e antenne livrée, jalon industriel important qui crédibilise la duplication du processus outre-Atlantique.
En parallèle, une nouvelle facilité de R et D et production a été ouverte en France. Elle sert de banc d’essai technologique et de source de procédés réplicables aux États-Unis. Cette organisation duale doit permettre de garder la maîtrise des briques critiques en France, tout en exploitant une chaîne d’assemblage locale au plus près du marché américain.
La feuille de route intègre des dossiers d’opportunités ciblés, dont l’évaluation d’un positionnement sur le programme européen de connectivité sécurisée Iris2. Pour un équipementier français, cette double exposition Europe États-Unis peut devenir un atout si la gestion des standards techniques et réglementaires est rigoureusement alignée.
Pourquoi le marché américain est décisif pour un fabricant d’antennes
Les États-Unis concentrent un mix unique : cadence de lancements élevée, budgets institutionnels massifs, densité d’intégrateurs satellites et cycles de décision rapides. Pour un équipementier RF, cela signifie des volumes potentiels supérieurs, une diversité d’architectures à qualifier, et des opportunités de co-développement au plus près des équipes systèmes. La présence locale améliore aussi la conformité réglementaire et le support en exploitation orbitale.
Le New Space impose une logique produit : volumes supérieurs, coûts unitaires optimisés, délais réduits. Les constellations en orbite basse exigent des antennes compactes, agiles en fréquence et robustes au rayonnement
. L’industrialisation série repose sur des lignes modulaires, des tests RF automatisés et une qualification composant stricte. La réplication de ces briques dans plusieurs pays permet d’amortir les aléas logistiques et réglementaires.
Gouvernance renforcée avec l’arrivée de nicolas hine
Pour piloter l’avancée américaine, Anywaves confie la direction d’Anywaves US à Nicolas Hine. Franco-américain, il a navigué dans des environnements de constellations et d’équipements de mission, avec des passages chez Mangata Networks, OneWeb Satellites, Zodiac Aerospace et Raytheon Technologies. Cette trajectoire hybride industrie opérateurs constitue un levier précieux pour accorder la technique à la logique business.
La mission inclut la supervision des activités américaines, le développement commercial et la sélection d’un siège nord-américain. Deux destinations sont à l’étude, la Floride et le Colorado, qui offrent chacune des écosystèmes spatiaux profonds, mais aux configurations industrielles et institutionnelles distinctes.
Nicolas hine : gouvernance et business development
Le mandat américain ne se résume pas à ouvrir une plaque. Il s’agit d’installer une organisation qui concilie agilité commerciale et compliance réglementaire, avec un maillage de partenaires techniques, des fournisseurs qualifiés et des relais institutionnels. La gouvernance doit aussi préserver l’ADN d’Anywaves, c’est à dire une excellence RF, une frugalité de masse et une fiabilité éprouvée en orbite.
Dans un marché où la qualification vaut autant que la performance nominale, le rôle du directeur général local sera d’aligner la roadmap produit avec les cycles de design des intégrateurs satellites et les jalons de sélection des agences. La proximité avec les centres de décision comme Washington, Denver, Los Angeles ou la Space Coast pèsera dans le calibrage final du site.
Floride : proximité de la Space Coast, accès aux bancs essais d’intégrateurs et à un vivier de talents orienté lancement, télécoms et instrumentation. Colorado : concentration d’acteurs défense et observation, proximité d’équipes de conception systèmes, relief favorable aux essais RF et héritage spatial de longue date. Variables clés : délais de recrutement, incitations locales, coûts immobiliers et cadence fournisseurs.
Chaînes d’assemblage et supply chain : dupliquer le modèle toulousain
La ligne d’assemblage toulousaine a été conçue pour la répétabilité et la traçabilité. Tests RF automatisés, métrologie resserrée et gestion de configuration outillée : autant de socles qui peuvent être clonés aux États-Unis avec des adaptations minimales. Cette duplication garantit des performances uniformes, des délais prévisibles et un service après livraison au plus près des satellites à intégrer.
L’objectif opérationnel est double. D’abord, absorber un volume croissant d’ordres tout en maintenant un contrôle qualité strict. Ensuite, répartir la charge pour réduire l’exposition aux goulets d’étranglement, qu’ils soient logistiques, douaniers ou liés à l’approvisionnement composant. Le choix de fournisseurs homologués sur deux continents sécurise la continuité.
Processus industriels : de la r et d à la série
La nouvelle facilité française joue le rôle de navire amiral technologique. Les briques critiques y sont déverrouillées avant transfert industriel
. Aux États-Unis, la chaîne d’assemblage capitalise sur ces validations, avec des adaptations locales de test et d’homologation. Le dispositif permet d’intégrer rapidement des itérations de design sans interrompre la production en cours, un atout majeur sur des programmes constellation aux cadences serrées.
Au-delà de la mécanique et du RF, la production série repose sur des logiciels d’essai, des bancs calibrés et une documentation sans ambiguïté. Le support produit doit aussi être pensé en amont : procédures d’intégration chez l’intégrateur satellite, formation client, et retours d’expérience en vol pour enrichir les prochaines itérations.
Iris2 : pourquoi les équipementiers RF sont concernés
Iris2, le programme européen de connectivité sécurisée, prévoit une architecture multi-orbite et une forte exigence cybersécurité. Pour un fabricant d’antennes, cela implique des exigences de sélectivité, d’agilité et de résilience aux interférences accrues. S’aligner tôt sur ces spécifications ouvre des opportunités en conception, qualification et maintenance pendant tout le cycle de vie orbital.
ITAR et EAR influencent la sélection de composants, la documentation technique et les schémas de test. Un design anticipant les classifications permet d’éviter des requalifications coûteuses. Les chaînes binationale et locale nécessitent des référentiels communs, une formation compliance dédiée et un pilotage contractuel clair avec les clients finaux pour éviter les frictions à l’export.
Écosystème français consolidé : du succès de cso-3 aux lauréats new space
La montée en puissance d’Anywaves s’inscrit dans un moment fort pour le spatial français. Le 6 mars 2025, le satellite d’observation militaire CSO-3 a été lancé avec succès depuis le Centre spatial guyanais par Ariane 6, un signal fort d’autonomie stratégique en observation et renseignement. L’effet de halo touche l’ensemble de la filière, équipementiers compris.
Parallèlement, l’État a désigné 30 nouveaux lauréats pour des projets New Space en juin 2025, confirmant le soutien aux innovations duales et à la montée en série des technologies de rupture. La filière française consolide ainsi sa capacité à travailler à la fois avec des programmes institutionnels et des opérateurs privés en constellation (source : DGE, juin 2025).
Effet d’entraînement sur la base industrielle et technologique de défense
Les succès institutionnels valident des standards élevés de qualité et de cybersécurité. Ils rejaillissent sur tout l’écosystème, en diffusant des méthodes, en tirant vers le haut la qualification fournisseur et en facilitant l’accès à la propriété intellectuelle protégée. Pour Anywaves, c’est une rampe de lancement supplémentaire pour des offres duales, compatibles civil défense, sur le marché américain.
La réussite d’un lancement à haute valeur stratégique crédibilise les chaînes de valeur associées : composants électroniques durcis, antennes hautes performances, logiciels de mission. Les procédures de qualification, très exigeantes, se diffusent dans la filière et contribuent à améliorer la robustesse des produits destinés aux constellations commerciales.
Cadre légal et fiscal transatlantique : ce qui change pour anywaves
Implanter une filiale et une production aux États-Unis suppose une maîtrise fine des cadres ITAR et EAR, des contrôles de réexportation et des obligations de reporting. Pour un fabricant d’antennes, ces exigences impactent la documentation technique, la sélection des composants et la gestion de la donnée test. L’architecture produit doit anticiper les classifications pour éviter les goulots réglementaires.
Sur le terrain fiscal, la structuration des flux intragroupe et la politique de prix de transfert deviennent clés. Il s’agit de répartir la valeur entre propriété intellectuelle située en France, activités d’ingénierie amont et assemblage local. La robustesse documentaire est indispensable en cas d’audit, d’autant plus dans un contexte où les chaînes de valeur se recomposent au rythme des programmes constellation.
Bon à savoir : ITAR et EAR, deux logiques complémentaires
ITAR régit les articles de défense et peut couvrir certaines charges utiles ou composants sensibles. EAR couvre une large gamme de biens à double usage. Pour un équipementier RF, cartographier précisément les listings et anticiper les red flags contractuels évite des délais sur les plannings d’intégration.
La constitution d’une filiale américaine dotée d’équipes locales et d’une capacité d’assemblage peut ouvrir la porte à certains appels d’offres, tout en préservant la propriété intellectuelle en France. La clé réside dans des accords clairs de licence interne, des procédures de cloisonnement de la donnée et un alignement contractuel avec les intégrateurs pour éviter les transferts non maîtrisés.
Choix d’implantation : incitations, talents et cycles de vente
Le débat Floride Colorado n’est pas uniquement géographique. Il met en balance des chaînes de valeur différentes, des bassins de talents spécifiques et des circuits de décision propres à chaque cluster. Les deux options offrent un accès privilégié à des intégrateurs majeurs, mais avec des spécialités et des tempos industriels qui peuvent influer sur la courbe d’apprentissage d’Anywaves US.
Floride : cap sur la space coast
La Floride s’impose par sa proximité avec la Space Coast, la densité d’acteurs du lancement et l’accès à des infrastructures de test et d’intégration. L’environnement est favorable aux cycles courts, aux démonstrations rapides et à la présence régulière d’équipes clients sur site. Pour une ligne d’assemblage d’antennes, la logistique export vers des intégrateurs basés sur la côte Est est un atout.
Le bassin de talents, alimenté par les besoins croissants des opérateurs et fournisseurs liés aux lancements, offre une main d’œuvre spécialisée en RF, mécanique de précision et assurance qualité. Reste à arbitrer les coûts immobiliers et la compétitivité salariale, qui varient fortement selon les comtés.
Colorado : centre de gravité défense et observation
Le Colorado bénéficie d’une tradition spatiale orientée défense, observation et navigation. La proximité d’équipes systèmes et de bureaux d’études renforce le dialogue technique. Pour des antennes hautes performances, cette fertilisation croisée entre design et intégration est déterminante dans les phases de qualification.
La présence de clients institutionnels ou duals y favorise des cycles de vente structurés, avec des exigences de sécurité renforcées. La topographie et l’écosystème universitaire facilitent le recrutement de profils RF avancés, un atout pour la montée en complexité des produits.
Et si la chaîne restait binationale
Rien n’empêche un schéma combiné : développement et industrialisation de référence en France, assemblage et tests finaux segmentés aux États-Unis, support client réactif sur chaque côte. Cette organisation répartit les risques, tout en offrant au client américain la proximité et la réactivité attendues.
Écosystème fournisseurs RF, délais de certification des bâtiments et bancs, disponibilité de laboratoires de mesure, coût d’assurance industrielle, qualité de la desserte fret aérien, attractivité pour cadres expatriés, et stabilité des incitations locales. Ces paramètres pèsent autant que le loyer facial dans la performance globale du site.
Qui est anywaves : trajectoire d’un équipementier toulousain
Née dans l’écosystème toulousain, Anywaves s’est spécialisée dans la conception et la production d’antennes spatiales compactes et robustes. La société s’est d’abord fait un nom par des performances RF crédibles en orbite et une capacité à passer de la pièce unique au petit lot, puis aux séries destinées aux constellations.
L’entreprise a structuré ses offres autour d’antennes adaptées à différentes bandes de fréquence et missions, avec un accent mis sur la masse, la compacité et la résilience au rayonnement. La progression jusqu’à la 1000e unité livrée en 2024 témoigne d’un passage réussi à l’échelle industrielle et d’une adéquation aux besoins des intégrateurs de satellites.
Avec la nouvelle facilité R et D en France et l’ouverture d’Anywaves US, la société vise une architecture industrielle bimodale. Rester un « fabricant concepteur » en France, tout en devenant un « assembleur qualifiant » aux États-Unis. Le tout avec un même référentiel qualité et une documentation harmonisée pour éviter tout décalage de performance.
Repères clés sur la trajectoire
Cap de 1000 antennes franchi en 2024, nouvelle capacité R et D et production en France en 2025, création d’Anywaves US en 2025, objectif de site de production américain en 2026. Cette séquence consolide l’assise européenne tout en ouvrant un accès direct aux programmes nord-américains.
Lecture économique : création de valeur et effets d’échelle
Le passage à une organisation binationale matérialise une stratégie de captation d’effets d’échelle. Chaque site focus sur son avantage comparatif : en France, la densité d’ingénierie et la maîtrise des procédés. Aux États-Unis, la cadence opérationnelle et la proximité d’intégrateurs, qui limitent la latence décisionnelle et renforcent la relation client.
Économiquement, l’implantation américaine réduit le coût total de possession pour les clients. Moins de transit, moins d’aléas douaniers, plus de flexibilité de scheduling. Côté productivité, la duplication de bancs de test et de procédures standardisées permet de lisser l’utilisation des capacités, un point crucial dans les creux et pics des constellations.
Sur les prix, l’alignement avec les cahiers des charges américains et la réduction des délais de qualification peuvent soutenir des marges plus stables, à condition de maîtriser les coûts fixes du nouveau site et d’optimiser le taux d’utilisation des lignes. L’indicateur clé sera le ratio OTD, on time delivery, couplé au PPM qualité.
Les volumes constellation fluctuent avec les fenêtres de tir, la maturité des satellites et les financements. Les équipementiers gagnants combinent lignes modulaires, stocks tampons de composants critiques, contrats cadres avec options de volume et polyvalence des opérateurs. La duplication de sites offre une marge de manœuvre supplémentaire pour réallouer la charge.
Ce que l’offensive d’anywaves dit du spatial français
L’annonce américaine d’Anywaves intervient dans une séquence où la filière française envoie des signaux forts, tant industriels qu’institutionnels. Le succès de CSO-3 et la sélection de 30 lauréats New Space en 2025 renforcent la crédibilité d’un modèle qui sait concevoir, qualifier et produire. Pour un équipementier, cette crédibilité est monnayable à l’international, y compris sur le premier marché mondial.
Reste la mise à l’échelle : une usine américaine opérationnelle en 2026, une gouvernance locale expérimentée et une supply chain binationale bien orchestrée. Si l’exécution suit, Anywaves pourrait devenir l’un des vecteurs de diffusion du savoir-faire RF français au cœur de l’écosystème spatial américain, au bénéfice d’une souveraineté industrielle mieux partagée (lancement CSO-3 réussi le 6 mars 2025).
En s’implantant aux États-Unis tout en consolidant ses bases françaises, Anywaves illustre la voie d’une industrie spatiale européenne capable d’allier excellence technique, agilité commerciale et discipline réglementaire, pour transformer les succès nationaux en positions durables sur les marchés mondiaux.