Climate Investment propulse ANYbotics vers de nouveaux sommets
ANYbotics, spécialisé dans les robots autonomes, obtient un investissement crucial de Climate Investment, renforçant son rôle dans plusieurs secteurs.

À Zurich, ANYbotics franchit un cap financier et industriel. En accueillant un nouvel investissement stratégique de Climate Investment, le spécialiste des robots quadrupèdes autonomes d’inspection consolide sa montée en puissance et élargit son empreinte dans l’énergie, les mines et les services publics. Au-delà des chiffres, c’est l’industrialisation des usages qui se confirme, avec des références exigeantes et des sites critiques.
Financements : CI entre au capital, cap au-delà de 127 M€
ANYbotics a obtenu un investissement stratégique de Climate Investment (CI), renforçant un tour déjà bien doté. L’entreprise, fondée en 2016 par Péter Fankhauser, Michael Neunert, Hannes Sommer et le professeur Roland Siegwart (ETH Zurich), dépasse désormais 127 M€ de capitaux levés grâce à l’arrivée de CI, un fonds positionné sur la transition énergétique.
Cette étape intervient après un tour significatif de 46 M€ en mai 2023. D’autres sources sectorielles évoquent un cumul au-delà de 129 M€ à la suite de l’opération CI, signalant l’accélération du déploiement international (FrenchWeb et StartupHub.ai).
Le nouvel investisseur rejoint un consortium déjà fourni : Aramco Ventures, Bessemer Venture Partners, NGP Capital, Qualcomm Ventures, Supernova Invest, Swisscom Ventures, TDK Ventures et Walden Catalyst Ventures. La présence de Supernova Invest, fonds français ancré dans la deeptech, ancre un lien concret avec l’écosystème national.
Sur le plan stratégique, l’entrée de CI résonne avec la mission d’ANYbotics : sécuriser les sites industriels à haut risque et standardiser l’inspection autonome. CI finance des solutions qui réduisent les risques sécurité et environnement, un terrain où les robots d’ANYbotics apportent des gains en prévention, en disponibilité des actifs et en fiabilité des données.
Tour de table : qui investit et pourquoi
Le tour réunit des fonds à l’ADN industriel et technologique :
- CI : thèse climat et sécurité des infrastructures énergétiques.
- Aramco Ventures, TDK Ventures, Qualcomm Ventures : capteurs, mobilité, connectivité et industrialisation.
- Bessemer, NGP Capital, Walden Catalyst Ventures, Swisscom Ventures : scale-up technologique et go-to-market global.
- Supernova Invest : passerelle deeptech avec la place française.
Objectif commun : accélérer des déploiements à grande échelle dans l’énergie et les process lourds, où la sécurité et la continuité d’activité priment.
Les montants annoncés par les startups suisses peuvent être en CHF ou en dollars. Le tour de mai 2023 est couramment cité à environ 46 M€ car il résulte d’une conversion indicative depuis une levée d’environ 50 millions dans une autre devise. Moralité : les totaux cumulés varient selon les taux au jour de l’annonce et les arrondis opérés par les médias.
Qui est ANYbotics : ancrage suisse et ADN industriel
Basée à Zurich, ANYbotics s’est spécialisée dès l’origine dans la robotique quadrupède pour l’industrie lourde. Ses robots ANYmal sont dimensionnés pour des environnements dangereux, peu accessibles aux opérateurs, avec une exigence de robustesse et un contrôle qualité au plus près des actifs.
La proposition de valeur repose sur trois piliers : mobilité tout-terrain, perception multi-capteurs, autonomie d’inspection. L’objectif : remplacer des rondes humaines répétitives, réduire l’exposition des équipes aux risques et fiabiliser la donnée collectée sur des sites complexes.
Le concept ANYmal : mobilité, perception et répétabilité
Les robots quadrupèdes ANYmal franchissent escaliers et obstacles, opèrent sur des surfaces irrégulières et maintiennent un plan d’inspection répétable. La plateforme embarque des capteurs pour détecter surchauffes, vibrations anormales ou fuites de gaz, avec une exploitation systématique des mesures, photos et spectres. Cette répétabilité sécurise la tendance des données et permet de déclencher des actions de maintenance ciblées.
Architecture logicielle : l’IA au service de l’autonomie
La pile logicielle mobilise l’IA pour la navigation autonome, l’évitement d’obstacles et l’analyse temps réel de ce que le robot perçoit. L’objectif n’est pas seulement de se déplacer, mais de planifier et exécuter des séquences d’inspection avec la granularité attendue par l’ingénierie maintenance.
Inspection autonome : de quoi parle-t-on concrètement ?
Une inspection autonome combine :
- Plans d’itinéraires et points de contrôle prédéfinis.
- Acquisitions multimodales : visuelles, thermiques, acoustiques, gaz.
- Traitements embarqués pour alerter en cas d’écart.
- Horodatage et traçabilité des missions pour la conformité HSE.
Finalité : passer du constat ponctuel à une surveillance continue avec des seuils d’alerte ajustés au comportement réel des équipements.
Feuille de route produit : vers l’Ex et le défi de l’ATEX
ANYbotics prépare ANYmal X, un robot quadrupède visant l’intervention en zones explosives. L’objectif affiché : répondre aux exigences des environnements soumis aux normes Ex, notamment les zones ATEX présentes dans l’oil and gas, la pétrochimie ou certains procédés chimiques. L’entreprise indique que le produit répondra aux normes strictes pour opérer en environnements à risque d’ignition, avec une attention portée à l’ensemble des sous-systèmes susceptibles de générer une étincelle.
Sur le plan opérationnel, la marche à franchir est autant technique que réglementaire. L’adoption à grande échelle dépendra de l’obtention des certifications requises et de la capacité à démontrer la conformité sur des sites réels, en intégrant les politiques HSE des opérateurs.
ATEX est la réglementation européenne encadrant l’utilisation d’équipements en atmosphères explosives. Elle coexiste avec des schémas de certification internationaux comme IECEx. Pour un robot mobile, les enjeux portent notamment sur :
- Températures de surface et limitation de l’énergie stockée.
- Composants électriques et électroniques intrinsèquement sûrs.
- Étanchéité, matériaux et prévention de l’électricité statique.
- Procédures de maintenance et traçabilité documentaire.
Conclusion pratique : sans certification adaptée, l’accès à certaines zones est interdit, quel que soit le niveau de performance du robot.
Déploiements clients : cas d’usage et terrains exigeants
ANYbotics revendique des déploiements dans l’énergie, les mines, les services publics et la métallurgie, avec des références sectorielles fortes. Des entreprises telles que bp, Equinor, ENI, Petrobras, Siemens Energy et SLB sont citées parmi les clients et partenaires. Les missions typiques englobent les rondes d’inspection, la détection d’anomalies et la collecte d’indicateurs sur des actifs dispersés ou isolés.
Northern Lights : CCS en Norvège avec Equinor, TotalEnergies et Shell
Sur le projet Northern Lights, coentreprise d’Equinor, TotalEnergies et Shell dédiée au captage et stockage de CO2 (CCS), les robots ANYmal opèrent sur un site non habité en permanence pour effectuer des inspections récurrentes. Les robots participent à la surveillance des installations et à la remontée d’analyses automatiques aux opérateurs, pour soutenir la sécurité des infrastructures et optimiser la disponibilité des équipements.
La capacité visée par Northern Lights est 1,5 million de tonnes de CO2 par an en phase initiale, avec une extension prévue à 5 millions de tonnes. Dans ce cadre, la robotique d’inspection facilite la supervision continue et l’accès aux zones déportées, contribuant à la fiabilité opérationnelle de la chaîne CCS.
Énergie et process : de bp à Petrobras, objectifs HSE et disponibilité
Dans l’upstream et le midstream pétro-gazier, l’apport principal reste la réduction de l’exposition humaine aux zones dangereuses et la capacité à standardiser les relevés. En aval, dans la pétrochimie et la métallurgie, le robot couvre des tâches répétitives, souvent en horaires décalés, avec une viscosité de données supérieure à des rondes manuelles épisodiques. Les cas d’usage incluent la vibration et l’acoustique sur équipements tournants, la thermographie des armoires ou torchères, et la détection de gaz dans des zones confinées.
Retour sur investissement : comment se structure le cas économique
Sans chiffres standardisables d’un site à l’autre, plusieurs leviers récurrents émergent :
- Heures évitées en zones à risque avec réduction des temps d’arrêt.
- Prévention d’événements grâce aux alertes précoces sur dérives mesurées.
- Qualité des données et traçabilité utiles aux audits et aux investigations HSE.
- Mutualisation : un robot couvre plusieurs familles d’actifs via des capteurs variés.
Ce cas économique s’améliore à mesure que les tournées s’allongent, que la répétabilité se stabilise et que l’écosystème capteurs s’enrichit.
Marché français : sécurité, conformité et opportunités industrielles
Pour les industriels en France, la promesse d’ANYbotics est double : élever la sécurité tout en automatisant une partie de l’inspection. La compatibilité avec les réglementations ATEX sera déterminante pour des secteurs tels que les terminaux gaziers, la pétrochimie, la chimie de spécialités ou encore certaines usines de traitement des déchets. L’arrivée d’un fonds comme CI, dont les partenaires déploient déjà la technologie, signale un marché prêt à industrialiser ces usages.
La présence de Supernova Invest parmi les investisseurs offre une passerelle avec la place française et ses référentiels de financement deeptech. Par ailleurs, le dynamisme de l’attractivité pays, illustré par les annonces du Sommet Choose France 2025 (40,8 milliards d’euros d’investissements et 53 projets), renforce les perspectives d’implantations et de partenariats technologiques sur le territoire, avec un intérêt marqué pour l’industrie et l’énergie.
Sur le volet innovation, l’initiative French Tech 2030 accompagne des lauréats deeptech dans la durée, un cadre de référence utile pour la robotique industrielle. ANYbotics n’est pas présentée comme lauréate de ces dispositifs, mais les thématiques d’industrialisation et de transition environnementale se recoupent avec l’agenda des grands donneurs d’ordre.
Sur les sites français, la conformité ATEX résulte d’une évaluation de risques, d’un zonage et d’un choix d’équipements certifiés. Les opérateurs doivent :
- Documenter les zones et les classes de température.
- Définir le référentiel de maintenance pour les équipements Ex.
- Former les équipes à la coactivité homme-robot en zone sensible.
- Mettre à jour les procédures HSE et plans d’intervention.
Conséquence : un robot non certifié Ex ne peut intervenir dans une zone classée, même à titre d’essai, sans dérogation explicite et mesures compensatoires validées.
France 2030 et deeptech : quels leviers pour les industriels
Sans référence à un projet spécifique, trois accès de valeur se dessinent pour les industriels :
- Cofinancement de briques technologiques via des appels à projets ciblés transition et numérique.
- Partenariats avec des startups et PME deeptech pour accélérer des preuves de concept.
- Normalisation et démonstrateurs sur sites pilotes afin d’anticiper la certification et l’acceptation HSE.
Objectif commun : réduire le temps entre le pilote et l’industrialisation, là où se joue l’avantage opérationnel de l’autonomie robotique.
Chaîne de valeur et modèle opérationnel : ce qui change dans l’inspection
Standardiser l’inspection robotisée transforme la chaîne de valeur :
- Capteurs et modules deviennent des actifs critiques du programme de maintenance.
- La donnée d’inspection évolue d’un format événementiel à un flux continu, utile à la surveillance conditionnelle.
- La coactivité homme-robot impose une ingénierie des procédures et la révision des habilitations.
Pour les sites français, la trajectoire la plus robuste consiste à intégrer progressivement le robot dans le plan de maintenance : d’abord des missions simples et répétitives, puis des tournées plus riches en capteurs et en logique décisionnelle, jusqu’à l’interface directe avec les GMAO et les SCADA.
Interopérabilité et gouvernance de la donnée
La valeur réside dans la consolidation des mesures sur le temps long. Les exploitants veilleront à l’intégration avec leurs référentiels d’actifs et aux métadonnées associées aux relevés.
Un socle d’API et des connecteurs vers les écosystèmes industriels faciliteront l’industrialisation. La gouvernance doit préciser qui qualifie les anomalies, qui paramètre les seuils et comment s’opèrent les escalades d’alerte.
Points de vigilance à adresser lors des consultations :
- Durcissement et mises à jour logicielles en environnements isolés.
- Chiffrement des flux et authentification des opérateurs.
- Journalisation des missions et gestion des logs en conformité HSE.
- Plan de secours en cas de perte de connectivité ou de panne capteur.
La robotisation d’inspection ne se limite pas au matériel : elle engage la résilience numérique du site.
Indicateurs à suivre d’ici 2026 : mesurer l’effet industriel
Pour les directions industrielles et financières, l’évaluation de la robotisation d’inspection passe par des indicateurs simples et comparables d’un site à l’autre :
- Taux de couverture des rondes par robot vs manuel, par zone et par famille d’actifs.
- Temps moyen de détection d’une anomalie critique, avant et après robotisation.
- Heures d’exposition humaine évitées en zones à risque.
- Qualité de la donnée : taux de mesures exploitables, répétabilité, dérives détectées.
- Temps de mise à jour d’un plan d’inspection et déploiement à l’échelle multi-sites.
À l’échelle du groupe, la diffusion des usages dépendra de deux catalyseurs : la certification Ex pour les zones ATEX et le maillage d’intégration avec les outils existants. La dynamique d’investissement en faveur d’ANYbotics, portée par CI et un consortium international, laisse penser que la consolidation de ces deux axes est en cours (The Robot Report).
Cap industriel et horizon proche : ce que les sites peuvent activer
Le signal envoyé par l’entrée de CI est clair : l’inspection robotisée devient un standard sur les sites complexes. En France, la combinaison d’un tissu industriel dense et d’un environnement d’innovation structuré crée des conditions favorables à l’industrialisation. Les équipes HSE et maintenance ont intérêt à cadrer des pilotes avec objectifs mesurables et modèles d’intégration progressifs.
Pour les opérateurs qui gèrent des zones ATEX, le prochain pivot sera l’accès à des robots conformes. La maturité technique d’ANYbotics, la qualité des partenaires et la consolidation financière renforcent la crédibilité d’une montée en puissance graduelle sur les sites les plus sensibles.
À suivre : la vitesse d’obtention des certifications et la capacité à déployer en série sur des actifs critiques feront la différence.