Nommer André Kremer à Fessenheim assure la continuité opérationnelle
La nomination d'André Kremer à la direction de Fessenheim sécurise son passage à la phase de démantèlement, une étape cruciale.

Changement au sommet à Fessenheim, et pas à n’importe quel moment. La centrale alsacienne, à l’arrêt depuis 2020, s’apprête à basculer dans la phase industrielle de sa déconstruction. Avec la nomination d’André Kremer, 57 ans, à la direction du site, EDF verrouille la continuité opérationnelle pour une opération sensible, scrutée par les marchés, les autorités et les riverains.
Gouvernance de fessenheim: passage de témoin confirmé
EDF a officialisé la promotion d’André Kremer à la tête de la centrale de Fessenheim, dans le Haut-Rhin. Ancien directeur adjoint du site, il succède à Laurent Jarry, appelé à piloter le pôle exploitation logistique au sein de la Division du combustible nucléaire d’EDF, à Paris.
Ce choix interne privilégie la stabilité. Il intervient à l’orée d’une séquence technique où l’erreur n’a pas sa place. La direction du site doit orchestrer la montée en charge du démantèlement et maintenir un haut niveau d’exigence en matière de sûreté, de radioprotection et de performance organisationnelle.
Les priorités à court terme sont claires: clôturer les derniers jalons de préparation, valider les autorisations administratives restantes, sécuriser les marchés industriels et coordonner des équipes pluridisciplinaires. Le maître-mot est la continuité, tant sur le plan des savoir-faire que dans le dialogue avec les autorités de contrôle.
Qui est andré kremer
Profil discret, ancré dans l’opérationnel, André Kremer a évolué au sein du parc nucléaire d’EDF avant de devenir le numéro deux de Fessenheim. Sa connaissance fine des installations et des procédures de démantèlement est considérée comme un atout pour conduire une transition qui ne tolère ni approximations ni improvisation.
Dans ses nouvelles fonctions, il devient le point de convergence entre les exigences de l’Autorité de sûreté nucléaire, les engagements d’EDF, la mobilisation des industriels et l’attention des parties prenantes locales. Il devra aussi affiner la trajectoire des effectifs et des compétences pour accompagner la transformation du site.
Repères essentiels sur Fessenheim
Mise en service en 1977, deux réacteurs à eau pressurisée de 900 MWe chacun. Arrêts définitifs notifiés en 2020, par décrets publiés au Journal officiel pour les deux unités (source: Journal officiel, 2020).
Le site a franchi l’étape de déchargement du combustible et de préparation au démantèlement, avec une préparation évaluée à environ 95 % selon les derniers états de contrôle (source: ASN, rapport 2024).
Feuille de route 2025-2026: entrée dans la phase de démantèlement
La fin de l’année 2025 doit acter l’achèvement de la phase dite de pré-démantèlement, consacrée au traitement des équipements non nucléaires, au conditionnement d’installations, aux opérations de radioprotection et aux préparatifs logistiques. Le démantèlement industriel est attendu au début de l’année 2026, dans la séquence annoncée par EDF et confirmée par les autorités.
Cette phase structurante engage une multitude de chantiers: démontage d’équipements conventionnels, déconstruction par zones des circuits et matériels contaminés, segmentation et conditionnement, tri et évacuation des déchets vers les filières autorisées, puis décontamination des bâtiments. La gestion des itinéraires de déchets et la validation des jalons par l’ASN rythmeront le calendrier.
Parce qu’il s’agit d’un site historique et symbolique, la traçabilité et la transparence seront renforcées. Fessenheim doit tenir une trajectoire exemplaire en matière d’empreinte environnementale, de sécurité des intervenants et de restitution progressive des zones.
La phase de pré-démantèlement intègre la préparation des locaux, la caractérisation radiologique, l’isolement d’équipements, la mise en sécurité des systèmes, l’adaptation des zones de travail et la contractualisation des marchés industriels.
Le démantèlement commence avec les opérations sur les équipements nucléaires, la dépose des circuits et de la chaudronnerie concernée, la gestion des déchets issus des découpes, la décontamination des structures et, in fine, les travaux de déconstruction des bâtiments. Ces opérations s’effectuent sous contrôles successifs, et avec des procédés approuvés par l’ASN.
Les équipes de Fessenheim devront composer avec une équation industrielle exigeante: séquencer des travaux complexes, limiter les coactivités dangereuses, protéger les personnels et calibrer les périodes d’arrêt entre chantiers pour analyser les écarts éventuels. Dans ce cadre, l’ordonnancement et la gestion des interfaces sont déterminants pour tenir coûts et délais.
L’histoire industrielle de fessenheim
Plus ancien site du parc français lors de son arrêt définitif, Fessenheim a fonctionné plus de quatre décennies, apportant une contribution significative à la production bas carbone dans le Grand Est. Sa fermeture, décidée sur fond de recomposition du mix électrique, a ouvert la voie à l’un des plus grands chantiers de déconstruction de l’industrie nucléaire en France.
Cette transformation ne se résume pas à une page qui se tourne. Elle vient nourrir un corpus de retours d’expérience qui servira de référence pour la fin de vie d’autres installations, dans une logique d’amélioration continue des méthodes et des standards de sûreté.
Parcours et responsabilités d’andré kremer: une expertise de terrain
La trajectoire d’André Kremer au sein d’EDF illustre une montée en compétence sur des fonctions de proximité du cœur industriel. En tant que directeur adjoint, il a côtoyé au quotidien les enjeux du site: maintenance, sûreté, logistique, coordination avec les entreprises partenaires et pilotage des dossiers techniques avec les autorités.
Sa nomination s’accompagne d’un mandat clair: conduire la bascule d’un site en préparation à un site en déconstruction, sans baisse de niveau de sûreté. Il doit également consolider l’architecture contractuelle avec les prestataires, évaluer les besoins en compétences rares et réallouer les ressources en fonction des pics de charge.
- Sûreté et radioprotection comme colonne vertébrale de la planification.
- Coordination multi-métiers pour sécuriser les interfaces chantier.
- Gestion des déchets selon les filières d’évacuation et de stockage autorisées.
- Transparence renforcée à l’égard de la CLI et des parties prenantes locales.
Sur le plan managérial, une attention particulière sera portée à la stabilité des équipes et à la transmission des savoirs. Le rythme du démantèlement, par essence heurté, impose de lisser les cycles de recrutement ou de sous-traitance, pour réduire les risques de perte d’expérience opérationnelle.
La direction de site fixe le cap, arbitre les priorités, valide la planification et répond des engagements auprès du régulateur.
Les exploitants et chefs de chantier garantissent l’exécution fidèle aux procédures, la tenue des contrôles et la sécurité des zones.
Les prestataires spécialisés interviennent pour la découpe, le levage, la décontamination, la métrologie et la gestion des déchets, selon des marchés encadrés.
L’ASN et l’IRSN valident, contrôlent, expertisent, et imposent des correctifs si nécessaire, sur la base de référentiels établis.
Bilan de laurent jarry et nouvelle affectation au combustible
Après quinze années passées sur le site, Laurent Jarry quitte Fessenheim pour prendre la tête du pôle exploitation logistique à la Division du combustible d’EDF. Ce mouvement confirme la confiance du groupe dans un profil rompu aux environnements complexes et aux contraintes de sûreté.
Sous sa conduite, la centrale a franchi la quasi-totalité des étapes préparatoires à la déconstruction. Le site est annoncé comme prêt à 95 %, avec une évacuation majoritaire des combustibles usés et un jalonnement des opérations à venir. Dans un message d’au revoir, il s’est dit fier du travail accompli et confiant dans la capacité d’André Kremer à mener le chantier à bon port.
Laurent jarry: de fessenheim à la division du combustible
La nouvelle fonction de Laurent Jarry le place au cœur d’enjeux logistiques stratégiques pour EDF: acheminement, entreposage, gestion et optimisation des flux liés au combustible. Cette expertise, à l’intersection de la technique et de la supply chain nucléaire, est un levier critique pour l’ensemble du parc.
Chiffres et jalons clés
Deux unités de 900 MWe, soit 1 800 MWe installés lors de l’exploitation. Arrêts définitifs en 2020 avec décrets publiés pour chacun des deux réacteurs. La préparation au démantèlement est annoncée à 95 %, et la mise en route de la déconstruction est attendue au début 2026.
Les effectifs sur site se situent autour de 300 personnes, en évolution selon la progression des chantiers et l’appel à la sous-traitance spécialisée.
Cadre réglementaire et garanties de sûreté: obligations et contrôles
Le démantèlement d’une installation nucléaire ne commence pas par la première découpe. Il débute par un corpus d’autorisations: études d’impact, demandes encadrées, prescriptions de sûreté, contrôles préalables. À Fessenheim, ces éléments ont été engagés sous la surveillance de l’ASN et avec l’appui de l’IRSN.
À mesure que les chantiers progressent, l’exploitant consigne un suivi métrologique précis, trace les opérations de décontamination, documente le tri des matériaux et des déchets, et transmet ses résultats aux autorités. Chaque étape peut faire l’objet d’inspections inopinées et de demandes complémentaires.
Le cadre impose aussi un dialogue structuré avec la société civile. La Commission locale d’information joue un rôle d’interface, en relayant aux riverains la réalité des opérations et les mesures de surveillance environnementale. Les réunions publiques et publications périodiques renforcent la transparence.
Les déchets sont classés par niveau d’activité et de durée de vie. Les déchets de très faible activité suivent une filière dédiée, avec conditionnement et évacuation vers des centres autorisés. Les déchets de faible et moyenne activité à vie courte sont pris en charge selon les spécifications de l’ANDRA et des arrêtés applicables.
Les matériaux non radioactifs ou convenablement décontaminés peuvent être réemployés ou recyclés lorsque les seuils réglementaires le permettent. Le suivi analytique et documentaire est rigoureux, avec traçabilité de bout en bout.
Surveillance radiologique: outils et acteurs
Le site s’appuie sur des balises de surveillance, des prélèvements périodiques et des contrôles de dose cumulée pour les intervenants. L’IRSN publie des analyses, l’ASN examine les rapports et peut imposer des correctifs. EDF, pour sa part, porte la responsabilité d’exécution et d’alerte, selon un principe de défense en profondeur.
Les riverains et associations peuvent consulter des informations publiques sur l’état radiologique du site et de son environnement. La logique est simple: produire des preuves, avant, pendant et après les chantiers, pour attester de la conformité.
Effets économiques et trajectoires pour le territoire
La fermeture et le démantèlement de Fessenheim redessinent l’économie locale. À court terme, la demande en compétences industrielles reste soutenue, avec des besoins en radioprotection, levage, découpe, décontamination, logistique, métrologie et génie civil. Ce portefeuille d’activités bénéficie à un tissu d’entreprises régionales et nationales.
Pour les salariés, la question de la trajectoire professionnelle est centrale. Certains resteront sur site pour le démantèlement, d’autres poursuivront au sein du groupe ou dans la filière nucléaire. Les dispositifs d’accompagnement doivent soutenir la mobilité, la formation et la reconnaissance des acquis d’expérience.
Au-delà de la période de chantier, les collectivités locales travaillent avec l’État et EDF sur la reconversion des emprises. Des pistes émergent, qu’il s’agisse d’industries bas carbone, d’installations renouvelables ou d’activités liées au recyclage de matériaux. L’enjeu consiste à générer de l’activité pérenne et qualifiante.
Points d’attention pour l’écosystème économique
- Calendrier industriel susceptible de produire des pics d’activité, puis des creux, à anticiper par les entreprises locales.
- Compétences rares à sécuriser, notamment en radioprotection et en interventions sous contraintes radiologiques.
- Filières de déchets à dimensionner avec les prestataires agréés, selon un ordonnancement compatible avec les capacités nationales.
- Transparence comme facteur de confiance pour favoriser l’acceptabilité sociale et la fluidité des recrutements.
La mise en visibilité des marchés à venir peut constituer un puissant levier de mobilisation des PME et ETI, à condition que les cahiers des charges soient accessibles, que les délais soient réalistes et que les exigences de certification soient accompagnées. Pour le territoire, l’essentiel est de transformer le chantier en opportunité industrielle et en passerelle vers des activités d’avenir.
Dialogue public: refuser la polémique, privilégier les faits
La perspective d’un redémarrage a animé le débat public. Les positions officielles réitérées en 2025 ont tranché net, confirmant la trajectoire de démantèlement. Dans ce contexte, l’enjeu n’est plus de refaire l’histoire, mais de garantir un cap clair et suivi, étape par étape, avec des jalons vérifiés et communiqués.
Une gouvernance apaisée et lisible reste une condition de réussite. À Fessenheim, l’alliance d’une direction expérimentée, d’un contrôle exigeant et d’un écosystème industriel mobilisable garantit une exécution robuste, si les conditions de marché et de main-d’œuvre sont réunies.
La restitution d’un site nucléaire ne s’effectue qu’après déconstruction des installations, décontamination, contrôles et clôture documentaire. Elle peut être partielle selon les zones, puis totale à l’issue de la consolidation des preuves d’absence de risque radiologique. Le processus intègre des mesures contradictoires et des audits indépendants.
Pilotage industriel: priorités techniques et organisationnelles
Tout démantèlement repose sur trois leviers indissociables: l’ingénierie pour dimensionner les procédés, la supply chain pour sécuriser les fournitures et les capacités, l’exécution pour livrer selon le référentiel. À Fessenheim, ces briques doivent fonctionner de manière synchrone, avec un contrôle documentaire serré.
Côté procédés, la segmentation des matériels et l’extraction de pièces lourdes imposent une planification de levage millimétrée, avec préparation des accès, renforcement des structures si nécessaire, et recours à des gabarits adaptés. Chaque opération critique fait l’objet d’un plan de prévention et de modes opératoires validés.
Côté flux, le tri à la source et la réduction des volumes sont des facteurs clés. Limiter les déchets et optimiser les itinéraires d’évacuation réduisent les coûts, les délais et l’empreinte environnementale. L’anticipation sur les filières évite l’engorgement et les retards.
Côté sécurité, la coordination des coactivités, la maîtrise des rayonnements, la ventilation des locaux et la détection d’écarts s’appuient sur des mesures permanentes. La culture de sûreté est un actif immatériel, mais décisif pour éviter les incidents et maintenir la confiance des régulateurs.
Gouvernance du risque: anticipation et retour d’expérience
Les sites en déconstruction imposent une boucle d’amélioration continue. Chaque chantier apporte son lot d’enseignements, documentés et réinjectés dans les opérations suivantes. À Fessenheim, le suivi des indicateurs de sûreté, des écarts, des doses cumulées et des incidents évités doit constituer un outil de pilotage, pas seulement de reporting.
La ligne hiérarchique, jusqu’à la direction, doit encourager la remontée précoce des signaux faibles et faire primer la sûreté sur la productivité à court terme. Cette logique est valable autant pour les équipes EDF que pour les prestataires.
Itinéraire réglementaire et décisions publiques: cap confirmé
Le cadre décisionnel a été clarifié avec l’arrêt définitif des deux réacteurs en 2020. Les décisions publiques les plus récentes ont confirmé la voie de la déconstruction, rejetant les scénarios de remise en marche. Pour l’exploitant, la feuille de route se résume à une exigence: exécuter, prouver, rendre compte.
Les contrôles de l’ASN et les avis de l’IRSN participent à la robustesse de cette trajectoire. L’accès aux documents, les réunions de la CLI, les visites médiatiques encadrées et la communication sur les chantiers significatifs contribuent à un climat d’information continue. Cette transparence est aussi une assurance contre les incertitudes et les rumeurs.
Le calendrier d’entrée en démantèlement début 2026, présenté comme objectif de travail, fait désormais référence. Sa tenue dépendra de la fluidité des autorisations finales, de la disponibilité des ressources industrielles et de la capacité à absorber les aléas d’un site de cette taille.
Capacités nationales et coordination avec la filière
Fessenheim n’est pas un chantier isolé. La filière française du démantèlement nucléaire s’organise autour de capacités partagées, qu’il s’agisse de la métrologie, des filières de déchets, des sous-traitants spécialisés ou des équipements de levage lourd. Une coordination inter-sites évite la cannibalisation des ressources et stabilise les plannings.
Pour EDF, l’enjeu est d’optimiser l’utilisation de ces capacités tout en respectant les priorités de sûreté et les contraintes réglementaires, propres à chaque site. Fessenheim peut profiter d’un effet d’échelle, à condition de ne pas dégrader la qualité d’exécution.
Un leadership local au service d’une déconstruction sous contrôle
La nomination d’André Kremer à Fessenheim consolide un binôme gagnant: connaissance du terrain et cap stratégique clair. Avec l’ASN en vigie, l’IRSN en appui technique et la CLI pour relayer l’information, la centrale aborde une phase décisive. Les chantiers annoncés pour début 2026 mettront à l’épreuve la maturité opérationnelle accumulée depuis 2020.
Au-delà du site, l’enjeu est national: fiabiliser une méthodologie de déconstruction réplicable, combiner rigueur industrielle et transparence publique, et convertir un héritage industriel en socle pour de nouvelles activités. La capacité d’EDF à livrer un démantèlement exemplaire pèsera, demain, dans la conduite d’autres fins de cycle.
Avec un pilotage expérimenté, un dispositif de contrôle exigeant et une trajectoire industrielle balisée, Fessenheim confirme sa transition vers une déconstruction méthodique, appelée à faire référence pour le parc français.