Stagnation du marché automobile en août 2025 : impacts variés
Découvrez les dernières tendances des immatriculations en UE, avec des variations notables selon les motorisations et constructeurs en août 2025.

-0,1 % en août 2025 : c’est la variation des immatriculations de voitures neuves dans l’UE par rapport à août 2024. Ce signal quasi neutre, livré par l’ACEA, masque des écarts de dynamiques entre motorisations et constructeurs. Les huit premiers mois restent en légère progression, mais avec des divergences selon les périmètres statistiques et les familles de véhicules retenues.
Performance opérationnelle en léger recul
Le mois d’août 2025 se solde par un repli marginal de 0,1 % des immatriculations de voitures neuves au sein de l’Union européenne, par rapport à août 2024 (ACEA). Ce chiffre agrège des tendances contradictoires et confirme la perte d’élan estivale d’un marché pourtant revenu sur une trajectoire positive depuis la levée des contraintes logistiques et de composants post-pandémie.
Sur la période janvier à août 2025, l’agrégat européen ressort en hausse modérée, même si l’amplitude exacte varie selon la méthodologie retenue par chaque publication. Cette avance, encore fragile, tient surtout à l’élargissement de la gamme hybride et à l’amélioration des disponibilités, tandis que les motorisations thermiques classiques tirent moins le marché.
Bon à savoir : périmètre UE, Europe élargie et effets de périmètre
Les écarts apparents entre titres de presse proviennent souvent de périmètres distincts :
- UE seule vs UE + AELE + Royaume-Uni.
- Voitures particulières uniquement vs ensemble des véhicules légers.
- Comparaison mensuelle vs cumul annuel, données brutes vs corrigées.
L’ACEA publie la référence consolidée pour l’UE. Les autres lectures s’avèrent utiles si l’on garde en tête leurs champs statistiques.
Les séries brutes soulignent les variations "réelles" observées, sans lissage saisonnier. Pour la France, l’INSEE publie des séries brutes sur les voitures particulières neuves, mises à jour en juillet 2025. Les mois d’été ont des profils atypiques : un mois d’août faible n’implique pas un retournement si le cumul annuel reste orienté à la hausse.
Lecture croisée des sources : pourquoi les chiffres divergent
La presse économique livre des conclusions contrastées pour août 2025. D’un côté, Le Journal des Entreprises reprend les statistiques de l’ACEA et confirme la quasi-stagnation, avec un recul de 0,1 %.
De l’autre, Le Figaro met en avant une progression de 5,3 %, liée à une poussée des ventes d’hybrides sur un périmètre élargi. Enfin, L’Argus évoque une hausse de 4,7 % et cite 791 349 unités livrées en août, portée par les groupes Volkswagen, Stellantis et Renault.
Ces écarts s’expliquent principalement par l’inclusion variable de pays ou de catégories de véhicules, et par des comparaisons qui ne portent pas toutes sur la seule UE. Point de méthode : pour les directions financières, mieux vaut s’aligner sur une référence unique et documentée. L’ACEA reste la source de calibration, les autres publications apportant des éclairages complémentaires utiles sur les segments et les motorisations.
Trois réflexes de lecture :
- Comparer des périmètres strictement identiques (UE vs UE+AELE+Royaume-Uni).
- Vérifier la nature du véhicule suivi (VP uniquement vs VP + VUL).
- Regarder la période de référence et le type de variation (mensuelle, annuelle, cumul YTD).
Ensuite, ajuster les conclusions de performance interne à ces balises pour éviter des décisions fondées sur des numérateurs et dénominateurs différents.
Constructeurs français : trajectoires opposées sur huit mois
Le bilan janvier à août 2025 diverge nettement chez les acteurs français. Les données communiquées indiquent un repli chez Stellantis quand Renault progresse. Ces mouvements reflètent des portefeuilles produits et des tempos d’électrification différents, sur fond de concurrence tarifaire vive avec Tesla et les marques chinoises.
Stellantis : dégradation du volume consolidé en Europe
Sur les huit premiers mois, Stellantis voit ses immatriculations neuves baisser de 7,4 % par rapport à 2024. Plusieurs facteurs se combinent : repositionnements tarifaires dans des segments intermédiaires, transition accélérée vers l’électrique avec des lancements qui ne compensent pas encore les pertes sur le thermique, et arbitrages commerciaux plus sélectifs dans certains canaux de distribution.
La capacité à réaccélérer dépendra de la profondeur de la gamme électrique et hybride rechargeable, mais aussi de l’équilibre prix-volumes à affiner face aux offensives sur les citadines et compactes.
Citroën : pression concurrentielle et effets de cycle produit
Au sein de Stellantis, Citroën décroche de 10,5 % sur janvier-août 2025. La marque subit une concurrence accrue de rivaux asiatiques sur l’entrée et le cœur de gamme. L’attrition du mix essence et diesel, couplée à un cycle de renouvellement de gamme encore en transition, pèse sur le profil de ventes. La reprise dépendra du rafraîchissement produits et de l’ancrage de versions électrifiées compétitives.
Renault : cadence retrouvée grâce à l’hybride et à l’électrique
À l’inverse, le groupe Renault avance de 5,9 % sur la même période. Les offres hybrides et électriques jouent un rôle d’entraînement. Des modèles comme la Clio hybride confortent la progression, tandis que le discours de la direction sur les partenariats pour doper l’électrique, relayé en septembre 2025 par L’Argus, éclaire une stratégie qui combine industrialisation et alliances pour sécuriser volumes et coûts.
Les marchés d’entreprise restent une clé de lecture : le TCO et la valeur résiduelle des véhicules électrifiés structurent les politiques d’achat et expliquent, en partie, la meilleure tenue des hybrides.
Signal pour les directions achats et flottes
Trois implications pratiques à court terme :
- Arbitrage TCO entre hybrides "plein hybride" et électriques à batterie, selon usage et disponibilité de recharge.
- Valeur résiduelle à surveiller sur électriques, avec un marché de l’occasion qui se structure vite.
- Politiques ZFE dans les grandes métropoles : calibrer les renouvellements pour rester éligible aux accès et aux marchés publics.
Motorisations : l’hybride s’impose, l’électrique piétine
En août 2025, la part de marché des véhicules électriques à batterie se stabilise à 15,8 %. Elle progresse moins vite qu’espéré par les autorités et la profession, même si les volumes cumulés restent significatifs. À l’inverse, les hybrides captent 34,7 % des immatriculations, confirmant leur popularité et leur rôle de passerelle technologique.
Les motorisations essence et diesel reculent ensemble, passant de 47,6 % à 37,5 % des ventes sur un an. Ce basculement traduit une redistribution des choix consommateurs vers des technologies électrifiées jugées plus flexibles et moins risquées en conditions réelles. Le bas du spectre de prix reste toutefois déterminant pour l’électrique, où la sensibilité à l’incitation et au coût de financement demeure élevée.
Cette dynamique s’inscrit dans une trajectoire déjà visible : un véhicule sur quatre vendu en 2023 était électrique ou hybride rechargeable en France. Les données publiques indiquent une accélération en 2025, portée par les incitations et l’élargissement de l’offre.
BEV : véhicule 100 % électrique à batterie. Aucun carburant fossile, dépend de la disponibilité de recharge.
HEV : hybride "non rechargeable" qui associe moteur thermique et électrique pour optimiser la consommation.
PHEV : hybride rechargeable avec une batterie plus grande, pouvant rouler en électrique sur de courtes distances. Le bénéfice dépend du taux de recharge réel en usage.
Pour les entreprises, le choix conditionne le TCO : prix d’achat, entretien, fiscalité, énergie et revente.
Les parts mensuelles peuvent être volatiles à cause des immatriculations tactiques, des fins de trimestre ou de la saisonnalité. L’analyse pertinente combine :
- Glissement annuel sur 12 mois pour lisser les à-coups.
- Mix de canaux : particuliers, entreprises, locations longue durée.
- Prix transactionnels et aides, pour isoler l’effet prix des volumes.
Cadre réglementaire UE et signaux politiques en France
La transformation reste pilotée par le calendrier réglementaire. Le Green Deal prévoit l’arrêt des ventes de véhicules thermiques neufs à l’horizon 2035. L’ACEA alerte sur un rythme d’adoption encore en dessous des besoins et plaide pour un soutien renforcé afin d’aligner l’équipement en infrastructures et la demande, à mesure que les objectifs d’émissions se durcissent.
En France, les mesures d’incitation, dont le bonus écologique, soutiennent la diffusion des modèles électriques et hybrides rechargeables. Les statistiques publiques signalent une hausse notable des immatriculations d’électriques neuves au premier semestre 2025. Parallèlement, le ministère en charge du Développement durable publie des séries qui combinent neuf et occasion, et soulignent aussi la percée progressive des utilitaires hybrides dans les usages professionnels.
À court terme, il n’y a pas d’obligation de renouvellement immédiat. Mais chaque cycle d’achat devrait intégrer :
- Des règles d’accès aux métropoles et zones à faibles émissions.
- La disponibilité de bornes et le plan de recharge, sur site et à domicile.
- Des résiduels projetés cohérents avec un marché d’occasion qui se verdit.
La mise en conformité s’obtient moins par un “big bang” que par des vagues successives de renouvellement ciblé.
Projections 2025 et points de vigilance pour les directions financières
Malgré une pause en août, le marché européen des voitures neuves pourrait terminer 2025 en progression de 4 à 5 %, selon des projections sectorielles relayées par la profession. La hiérarchie des motorisations ne change pas : les hybrides dépassent le tiers du marché, l’électrique reste sous la barre des 20 % et proche de 16 %, tandis que le thermique s’érode.
Ce scénario ne va pas sans risques. La guerre des prix reste vive, alimentée par Tesla et par des marques chinoises comme BYD, avec un impact direct sur la valeur résiduelle et l’écoulement du stock. Côté demande, l’élasticité aux incitations demeure élevée. Un ajustement de dispositif ou une évolution des prix de l’énergie peut rapidement changer la donne pour l’électrique, notamment sur les segments B et C.
Sur la chaîne amont, la normalisation de l’approvisionnement et la baisse de certaines matières premières ont amélioré la visibilité. Reste l’équation batterie et logiciel.
Les coûts et la disponibilité des cellules, l’intégration des plateformes dédiées et la maîtrise des architectures électroniques influencent l’équilibre économique des nouveaux modèles. Les entreprises clientes, elles, arbitrent de plus en plus sur des critères combinant coût total d’usage, disponibilité de recharge et valeur à la revente.
Indicateurs à suivre chaque mois pour piloter un parc
- Immatriculations par pays, par motorisation et par canal de vente.
- Parts de marché BEV, HEV, PHEV et profil de remise transactionnelle.
- Prix de l’énergie et disponibilité des bornes publiques et privées.
- Calendrier d’aides nationales et locales, conditions d’éligibilité.
- Valeurs résiduelles observées et spreads entre motorisations.
- Délais de livraison et rotation des stocks chez les distributeurs.
En agrégeant ces signaux de marché, les directions financières et achats peuvent lisser les pics de prix, sécuriser les volumes en amont et aligning les renouvellements sur les fenêtres de subventions, en particulier pour les véhicules utilitaires légers et les flottes commerciales.
État des sources publiques : ce que couvrent les publications
L’architecture statistique en Europe et en France est robuste, mais hétérogène selon les objectifs. L’ACEA fournit le référentiel des immatriculations UE et met en perspective les rythmes d’adoption par motorisation.
L’INSEE, avec ses séries brutes automobiles mises à jour en juillet 2025, éclaire la dynamique française sur un périmètre constant. Le portail du ministère chargé du Développement durable publie, lui, des statistiques qui couvrent les immatriculations neuves et d’occasion, utiles pour suivre la liquidité du marché secondaire et la diffusion des motorisations électrifiées dans l’usage professionnel.
À la lumière de ces matériaux, un constat s’impose : les hybrides portent l’essentiel de la croissance tandis que l’électrique progresse par paliers. Le reflux des thermiques est confirmé, mais son rythme dépend étroitement de la politique de prix des constructeurs et des incitations locales.
Les publications médias sont précieuses pour comprendre les moteurs de court terme et les faits marquants par constructeur. Mais pour piloter des budgets ou formuler des plans d’investissement, il est recommandé de :
- Prendre l’ACEA comme base de comparaison internationale.
- Confronter les chiffres aux séries nationales INSEE et ministérielles.
- Utiliser la presse spécialisée pour qualifier les segments et les lancements.
Cap stratégique pour 2026 et arbitrages à venir
Août 2025 ne change pas la trajectoire de fond : la mutation s’accélère du côté des hybrides, l’électrique marque un temps d’arrêt relatif, et les thermiques reculent. Pour les constructeurs français, Renault capte la dynamique portée par les offres électrifiées, quand Stellantis doit convertir ses lancements à la performance commerciale et corriger le mix dans les canaux sensibles au prix.
Pour les investisseurs et les entreprises, la discipline restera de mise : suivre la granularité des données, caler les renouvellements sur les fenêtres d’aide, diversifier les motorisations en fonction des usages et de l’infrastructure de recharge. La prime ira aux acteurs capables d’optimiser le couple prix-volume et de sécuriser la valeur résiduelle dans un marché toujours plus segmenté.
Un mois stable n’est pas un marché immobile : c’est un rappel que la transition s’écrit par à-coups, au rythme des gammes, des aides et des arbitrages des acheteurs.