Quelle est la signification du nouveau record de l'or ?
Découvrez comment le record de l'or à 3 501,59 USD en septembre 2025 reflète des enjeux économiques et politiques cruciaux.

La ruée vers l’or ne faiblit pas en 2025. L’once a signé un nouveau record absolu à 3 501,59 dollars le 2 septembre, soit environ 2 989,75 euros, symbole d’une inquiétude diffuse et durable sur les marchés. Derrière ce sommet, un trio de moteurs se combine avec force: politique monétaire américaine, incertitudes politiques et tensions judiciaires.
Record battu et chiffres clés: un message clair des marchés
L’or a inscrit un nouveau point haut à 3 501,59 dollars l’once le 2 septembre 2025, dépassant marginalement le précédent seuil d’avril à 3 500,10 dollars. Cette cassure, même ténue, a suffi à relancer les flux vers les fonds et contrats indexés sur le métal jaune, dans un contexte où la visibilité à court terme se réduit.
Converti en euros, ce seuil équivaut à environ 2 989,75 euros, reflet d’un dollar moins ferme et d’un appétit soutenu pour les actifs refuges. La lecture des flux montre une préférence nette pour l’or physique et les produits qui s’y rattachent, malgré des valorisations historiques élevées.
Au-delà de la performance instantanée, le signal est double. D’une part, la prime de sécurité grimpe, ce qui traduit une demande de couverture face aux scénarios extrêmes.
D’autre part, le marché anticipe un environnement de taux réels plus faibles, ce qui favorise mécaniquement l’or. Sur 2025, la progression atteint environ 33% à la date du 2 septembre, confirmant une année atypiquement directionnelle pour un actif réputé contra-cyclique (source: Boursorama et Le Monde, 2 septembre 2025).
Signal de prix à interpréter avec prudence
Un record historique n’implique pas nécessairement une surévaluation. Il peut simplement matérialiser une baisse des taux réels, un dollar plus faible ou un choc de demande pour l’actif refuge. La validité du signal s’apprécie au regard des flux, de la volatilité et des facteurs macro réunis.
Politique monétaire américaine: le ressort principal derrière l’envolée
La Réserve fédérale se réunit les 16 et 17 septembre 2025. Le consensus de marché privilégie une baisse des Fed Funds de 25 points de base. En anticipation, le dollar cède du terrain et les taux réels s’ajustent à la baisse. Deux forces qui, historiquement, propulsent l’or.
La prime de terme sur l’inflation demeure résistante, tandis que l’activité montre des signes d’essoufflement dans certains segments. Résultat: la composante spéculative dans l’or augmente, mais elle reste soutenue par des fondamentaux tangibles. Un métal sans rendement devient plus compétitif dès lors que la rémunération sans risque recule.
L’impact se mesure aussi sur la duration. Les portefeuilles obligataires repondèrent les maturités longues. L’or, non corrélé aux coupons, offre une convexité de crise qui attire les institutionnels en quête de diversification. Cette bascule des allocations crée un plancher sur les prix.
Trois canaux principaux: 1. les taux réels reculent, réduisant le coût d’opportunité de détenir un actif non productif de revenus; 2. le dollar s’affaiblit, ce qui accroît le pouvoir d’achat des acheteurs non américains; 3. la pentification de la courbe et l’incertitude sur la trajectoire de croissance renforcent la demande de couverture, dont l’or est un vecteur central.
Pour les entreprises, l’enjeu est pratique. Les politiques de trésorerie confrontées aux placements monétaires voient leur rendement glisser si la Fed assouplit. Dans ce cadre, certains directeurs financiers positionnent des lignes tactiques sur l’or au sein d’allocations diversifiées, tout en contrôlant strictement le risque de change.
De washington aux tribunaux: politique et justice alimentent la prime de risque
Le climat politique américain s’invite dans l’équation. L’intention exprimée par l’ancien président Donald Trump de remplacer Lisa Cook, gouverneure à la Fed, a réactivé un débat sur la latitude d’intervention de l’exécutif vis-à-vis d’une banque centrale censée rester indépendante. La simple évocation de cette possibilité instille un doute, qui renchérit la prime de risque monétaire.
Au-delà du politique, le judiciaire a jeté un pavé dans la mare. Une cour d’appel fédérale a invalidé une partie des droits de douane mis en place sous l’administration Trump, au motif d’irrégularités. En pratique, cette décision fragilise la lisibilité du cadre commercial, déjà volatile. L’incertitude sur les conditions d’importation-exportation accentue la recherche d’actifs à faible risque juridique.
Pris ensemble, ces éléments nourrissent un climat d’attentisme sur les monnaies et les obligations. L’or en bénéficie comme proxy de stabilité, y compris par effet de portefeuille: lorsque la visibilité politique baisse, la demande de garantie de valeur monte. Cette mécanique est particulièrement visible sur les séances à forte densité médiatique.
Les membres du Board of Governors disposent de mandats longs et échelonnés, conçus pour limiter les interférences politiques directes. Le président et le Congrès ont un rôle de nomination et de confirmation, mais ne pilotent pas les décisions au jour le jour. Tout signal de remise en cause de cet équilibre suffit à accroître la volatilité des anticipations de taux et, par ricochet, le prix de l’or.
Repères de long terme: de 2020 à 2025, une trajectoire transformée
Le mouvement actuel n’est pas un épiphénomène. En janvier 2020, l’once d’or s’échangeait autour de 1 528 dollars. Cinq ans plus tard, le prix a plus que doublé, validant une tendance structurelle. Plusieurs étapes ont jalonné cette ascension, notamment un franchissement des 3 000 dollars dès mars 2025, palier psychologique vite absorbé.
L’année 2024 a, à elle seule, cumulé 48 records de clôture ou intraday, signe d’une dynamique très particulière. Le premier trimestre 2025 en a ajouté environ 15, confirmant que le marché restait en pilotage par les facteurs macro, avec peu de pauses franches. Ce régime de volatilité ascendante a permis des replis limités et des reprises rapides.
En arrière-plan, les achats de précaution se sont renforcés, appuyés par l’impression que la normalisation monétaire resterait incomplète. Les corrections observées lors des reprises de l’inflation surprise ont rapidement été arbitrées, ce qui montre que les investisseurs cherchent à capter l’exposition structurelle à la thématique de la protection de pouvoir d’achat.
Chronologie rapide des jalons récents
Janvier 2020: 1 528 dollars l’once. Mars 2025: passage au-dessus de 3 000 dollars. Avril 2025: record à 3 500,10 dollars. 2 septembre 2025: nouveau sommet à 3 501,59 dollars, soit environ 2 989,75 euros. Cette séquence illustre la solidité de la demande de couverture depuis la pandémie jusqu’aux ajustements monétaires récents.
Comment interpréter un record historique
Un plus haut ne dit pas tout. Ce qui compte, c’est la durabilité. Trois tests sont décisifs: la capacité du marché à défendre le nouveau seuil sur plusieurs séances, la réaction des taux réels et la résistance du prix aux chocs d’actualité contraires. À court terme, la microstructure des carnets d’ordres confirme une présence d’acheteurs en retrait, prête à intervenir sur faiblesse.
Inflation, pce et courbe des taux réels: le trio qui pilote la valorisation
Aux États-Unis, l’indice PCE, thermomètre préféré de la Fed, a progressé en août 2025. Le signal va dans le sens d’une inflation tenace, ce qui complexifie l’arbitrage de politique monétaire. Pour les investisseurs, la clé se trouve dans le différentiel entre inflation attendue et taux nominaux: plus ce différentiel est large, plus l’or se trouve favorisé.
La zone euro affiche, côté prix, une modération relative. En France, les fiches pratiques du ministère de l’Économie rappellent une trajectoire d’inflation plus contenue qu’outre-Atlantique, même si l’attention des marchés des métaux précieux reste focalisée sur les publications américaines qui dictent le tempo de l’or.
La mécanique se lit dans les indicateurs de swap d’inflation et dans les breakevens. Lorsqu’ils se tendent, l’or réagit souvent avant même l’ajustement des courbes de taux. Les desks de trading calibrent alors la convexité, privilégiant des stratégies d’achat sur repli plutôt qu’une chasse aux extensions en sommet, afin de limiter l’empreinte de volatilité.
Le PCE capte plus finement les substitutions de consommation que le CPI. C’est l’indice que surveille prioritairement la Fed pour juger du caractère persistant de l’inflation sous-jacente. En pratique, un PCE de base qui patine au-dessus de la cible accroît la probabilité d’un relâchement graduel des taux plutôt que d’un pivot brutal, ce qui soutient durablement l’or par l’effet taux réels faibles.
Lecture pour les trésoriers d’entreprise
Pour les trésoreries françaises, l’arbitrage consiste à mesurer l’érosion de rendement du monétaire face à des placements réels. Deux axes se dégagent: aligner la duration de placement sur les besoins de BFR pour garder de la flexibilité, et envisager une poche de couverture de pouvoir d’achat, fût-elle modeste, lorsque les taux réels reculent.
Tensions géopolitiques et chaînes d’approvisionnement: l’effet d’amplification
Guerre en Ukraine, crispations au Proche-Orient, frictions commerciales: les dossiers brûlants de 2025 ne se résolvent pas à court terme. Les perturbations qui en découlent se diffusent aux prix des matières premières et à la logistique. Le métal jaune, dont le statut de réserve de valeur se renforce dans ces périodes, capitalise sur ces chocs répétés.
Les services économiques français ont documenté l’effet de ces tensions sur la région eurasiatique et les échanges, avec des répercussions sur les chaînes d’approvisionnement et les prix des intrants. Même si l’or n’est pas un input industriel au sens strict pour la majorité des secteurs, sa fonction de couverture financière en fait un baromètre de l’aversion au risque internationale.
Pour les directions financières, la question n’est pas de spéculer sur les conflits, mais d’en intégrer le coût d’option dans la gestion du risque. Cela signifie chiffrer l’impact de scénarios extrêmes sur le cash-flow et l’accès au crédit, puis doter le portefeuille d’actifs de relais qui, comme l’or, amortissent les chocs de corrélation.
Feuille de route pour les directions financières
- Cartographier les expositions: change dollar, prix des intrants, délais logistiques.
- Tester des stress scénarios intégrant bonds de volatilité et fermetures de marchés.
- Définir une poche de diversification liquide, calibrée sur la tolérance au risque.
- Vérifier l’adéquation des couvertures existantes avec les seuils de covenants bancaires.
Ce que signale l’or aux marchés actions
Un or en ascension corrélé à un dollar en reflux reflète souvent une stabilisation apparente des indices actions, mais avec une fragilité sous-jacente des multiples si les marges ne tiennent pas. Les gérants scrutent alors l’écart de performance entre valeurs de qualité et cycliques, indicateur d’un repositionnement défensif progressif.
Investir en france: fiscalité, garde-fous et pratiques de marché
La montée de l’intérêt pour l’or se vérifie également en France. Les professionnels du négoce rapportent des volumes en hausse, dans un marché où la demande de pièces d’investissement et de lingots se renforce. Rappel utile: l’accès à l’or d’investissement passe par des circuits encadrés et identifiés, afin de maîtriser les risques de qualité et de conformité.
Cadre fiscal: deux régimes à connaître
L’or physique détenu par des particuliers peut être cédé sous deux régimes distincts. Le premier est la taxe sur les métaux précieux, au taux global de 11,5% sur le prix de vente, CRDS incluse. Le second est le régime des plus-values sur biens meubles, avec une imposition de 36,2% sur la plus-value nette, assortie d’un abattement pour durée de détention de 5% par an au-delà de deux ans, aboutissant à une exonération totale après 22 ans.
Le choix dépend de la capacité à justifier le prix et la date d’acquisition. Conserver les factures et documents d’achat n’est pas un détail administratif: c’est l’élément qui rend possible l’option pour l’imposition sur la plus-value au lieu de la taxe forfaitaire sur le prix. Dans le cas d’un marché volatil, la différence d’assiette peut être déterminante.
Fiscalité de l’or physique: synthèse opérationnelle
- Taxe sur les métaux précieux: 11,5% du prix de cession, si absence de justificatifs d’achat détaillés ou choix explicite.
- Régime des plus-values: 36,2% sur la plus-value, avec abattement de 5% par an après 2 ans, exonération après 22 ans.
- La documentation de l’origine et de la traçabilité conditionne l’accès au régime le plus favorable.
Points de vigilance amf en 2025
L’Autorité des marchés financiers a multiplié les mises en garde sur les arnaques aux métaux précieux. Les signaux d’alerte typiques: promesses de rendement garanti, démarchage agressif, entreprises non autorisées, absence de documentation sur la provenance. Les investisseurs particuliers et dirigeants de PME doivent systématiquement vérifier les statuts des intermédiaires et la conformité des supports proposés.
Sur les produits adossés à l’or papier, la transparence sur la détention, la méthode de valorisation et la liquidité est essentielle. Un produit indiciel cloisonné mal géré peut générer un écart à l’indice plus élevé que prévu en période de stress. Lisez les prospectus et privilégiez des structures reconnues, avec des mécanismes d’audit indépendants.
Or physique: pas de risque d’émetteur, mais coûts de stockage et de sécurité. ETF adossé à l’or: transparence, liquidité quotidienne, frais de gestion, et nécessité de vérifier la détention allouée. Produits structurés: exposition à l’or via options, risque d’émetteur, comportement asymétrique. L’arbitrage se fait en fonction de l’horizon, de la gouvernance interne et des contraintes de bilan.
Ce que racontent les chiffres: inflation, politique et sécurité juridique
Le rebond de l’or ne se réduit pas à un effet de mode. Il reflète un faisceau cohérent d’éléments: inflation américaine collante, perspectives d’assouplissement monétaire, tensions géopolitiques récurrentes et incertitudes judiciaires sur le commerce. L’ensemble pousse les investisseurs à privilégier la robustesse bilancielle et la protection contre la dépréciation monétaire.
En France, les documents publics de référence en 2025 mettent en lumière des défis macro et budgétaires bien réels, avec des trajectoires de finances publiques ajustées et une vigilance renouvelée sur les chocs externes. Les directions financières intègrent désormais l’or parmi les variables de gestion du risque, moins pour faire un pari, plus pour équilibrer un portefeuille soumis à des corrélations changeantes.
Sur le terrain des anticipations, la réunion de la Fed des 16 et 17 septembre tient lieu de test grandeur nature. Une baisse de 25 points de base renforcerait l’argumentaire haussier. Un statu quo prolongerait la volatilité. Dans les deux cas, la prime de sécurité reste élevée tant que la trajectoire d’inflation et l’équilibre institutionnel américains ne convergent pas vers un scénario stable.
Cap sur la fin d’année 2025: trois repères à surveiller
À l’approche du dernier trimestre, trois balises guideront la suite: la décision de la Fed et sa communication de septembre, la séquence des indicateurs d’inflation américains, et l’évolution des tensions géopolitiques. À chaque publication clé, la prime de risque se recalibre, avec un effet direct sur le métal jaune.
L’or a franchi un nouveau seuil symbolique en 2025, porté par des forces monétaires, politiques et géopolitiques qui ne s’éteindront pas rapidement, et il s’impose plus que jamais comme instrument de stabilité dans les allocations.