3 819,59 dollars l’once : l’or pulvérise un record historique le 29 septembre 2025 et envoie un signal de marché lisible. Entre attentes de baisses de taux de la Fed, dollar plus faible et risque de shutdown fédéral aux États-Unis, le métal jaune s’impose plus que jamais comme thermomètre de l’aversion au risque. Les investisseurs français ajustent déjà leurs allocations.

Record historique de l’or : chiffres clés et séance du 29 septembre 2025

L’or s’est hissé à un nouveau sommet, franchissant pour la première fois la barre des 3 800 dollars l’once. En intraday, le métal a touché 3 819,59 dollars avant de se stabiliser autour de 3 812,49 dollars au comptant. Ce mouvement a été signalé par plusieurs places financières et relayé par les principaux médias économiques le 29 septembre 2025.

Ce palier confirme une tendance lourde déjà perceptible depuis le début de l’année : le cours a bondi de plus de 45 % depuis janvier 2025, alimenté par l’appétit pour les actifs refuges. Les courbes intraday, tout comme les données consolidées des places londoniennes, mettent en évidence une dynamique haussière entretenue par les flux acheteurs.

Au-delà du prix, la volatilité remonte sur la séance, ce qui traduit des arbitrages rapides au gré des anticipations de politique monétaire et des nouvelles politiques en provenance de Washington. Les marchés s’ajustent désormais à une séquence où les annonces de la Réserve fédérale américaine et l’échéance budgétaire fédérale pèsent lourd sur les primes de risque.

Métriques Valeur Évolution
Cours spot or au comptant le 29/09/2025 matin 3 812,49 USD/oz Record historique
Plus haut intraday du 29/09/2025 3 819,59 USD/oz Nouveau pic
Performance depuis janvier 2025 +45 % Accélération
Dollar américain sur la séance -0,2 % Affaiblissement
Probabilité de baisse Fed en octobre 2025 90 % -25 pb anticipés
Probabilité de baisse Fed en décembre 2025 65 % Nouvel assouplissement
Achats des banques centrales au T2 2025 290 tonnes Record trimestriel
Variation moyenne des réserves au S1 2025 +10 % Hausse généralisée

Deux chiffres pivots pour cadrer la séance

1. 3 812,49 USD l’once au comptant, après un pic à 3 819,59 USD. 2. +45 % depuis janvier 2025. Ces niveaux illustrent la combinaison d’un dollar affaibli et d’anticipations de baisses de taux, dans un climat politique américain sous tension.

Taux de la Fed, dollar et risques de shutdown : le triptyque qui propulse le métal

La mécanique est classique mais efficace. D’abord, les anticipations de détente monétaire aux États-Unis allègent le coût d’opportunité de détenir un actif non rémunérateur comme l’or. Le marché price une probabilité de 90 % d’une baisse de 25 points de base en octobre 2025, et de 65 % d’une nouvelle réduction en décembre.

Ensuite, le recul de 0,2 % du dollar renforce la demande des investisseurs hors zone dollar, l’or étant libellé en USD. Le fixing du dollar à Paris reflète des niveaux plus bas cette semaine, ce qui soutient mécaniquement le prix de l’once pour les acheteurs internationaux.

Enfin, le spectre d’un shutdown fédéral aux États-Unis dès le 1er octobre accroît l’incertitude. Un compromis politique de dernière minute reste évoqué, mais les hésitations des négociations budgétaires maintiennent une prime de risque élevée et un biais favorable à l’or. Dans ce contexte, les commentaires d’analystes mettent en avant une cible technique autour de 3 900 dollars à court terme si le dollar reste déprimé et si la Fed confirme l’assouplissement.

L’or ne verse pas de coupon. Quand les taux réels reculent, le manque de rendement relatif devient moins pénalisant, ce qui stimule la demande. Les anticipations de la Fed agissent en amont, via les courbes de taux et le dollar. À court terme, ce canal monétaire est souvent plus déterminant que la demande physique.

La séquence est également lisible sur les flux de couverture. Les investisseurs rebasculent vers des actifs perçus comme anti-fragiles quand l’environnement politique américain devient imprévisible. En période de discussion budgétaire tendue, la corrélation inverse or-dollar tend à se renforcer, et les portefeuilles réallouent rapidement du risque depuis les actifs growth vers les refuges.

Flux vers les ETF et achats des banques centrales : la demande institutionnelle s’accélère

Le mouvement 2025 ne tient pas seulement à la macro. La demande institutionnelle s’intensifie. Les ETF adossés à l’or enregistrent des flux entrants élevés depuis le printemps, avec des records de collecte observés cette année. Ces encours, amplifiés par la hausse du sous-jacent, agissent comme un réservoir d’achats sur repli, stabilisant le prix.

Les banques centrales ont, elles aussi, accru leurs positions. Au deuxième trimestre 2025, les achats auraient atteint environ 290 tonnes, niveau qualifié de record sur la période, tandis que les réserves progressent en moyenne de 10 % au premier semestre 2025. Cet appui des acteurs souverains résulte d’une volonté de diversification vis-à-vis du dollar et d’une recherche d’actifs tangibles.

UBS : lecture de marché et cible

« Avec la Fed prête à réduire davantage les taux au cours des six prochains mois, je pense qu’il devrait y avoir plus de hausse pour le métal jaune, visant un niveau de 3 900 dollars l’once », a déclaré Giovanni Staunovo, analyste chez UBS, dans une interview à Reuters relayée par Boursorama le 29 septembre 2025.

Le discours dominant souligne aussi l’impact des risques géopolitiques et des tractations politiques à Washington, y compris la possibilité d’un accord de dernière minute évoqué autour de la Maison-Blanche, qui entretiennent la volatilité et le biais haussier.

Les ETF/ETC or répliquent le prix de l’once via une détention physique ou des instruments financiers. Trois paramètres influencent la performance en euro : frais de gestion, tracking error et couverture de change. Selon leurs documents, certains produits proposent une couverture EUR/USD, réduisant l’impact des mouvements de devise.

Inflation en France et pouvoir d’achat de l’épargne

En avril 2025, les prix à la consommation progressent de 0,6 % sur un mois et de 0,8 % sur un an, ce qui maintient la question de la préservation du pouvoir d’achat de l’épargne. L’or demeure perçu comme un outil de diversification face à l’érosion monétaire.

Banques et entreprises françaises : impacts marchés, financement et couverture

La nouvelle jambe de hausse de l’or a des répercussions concrètes pour les acteurs français. Sur les marchés, la rotation sectorielle se lit dans la baisse relative de certains segments tech sensibles aux taux de long terme, au bénéfice des valeurs liées aux matières premières et des fonds thématiques adossés aux métaux précieux.

Du côté du financement, un dollar plus faible renchérit moins les importations libellées en USD mais complique l’équation des entreprises exportatrices qui facturent en dollar. Pour elles, la couverture de change devient une ligne de défense indispensable, en particulier dans les secteurs industriels où la chaîne d’approvisionnement est multidevise.

Eramet : exposition indirecte aux cycles de métaux

Les sociétés industrielles françaises positionnées sur les métaux voient leur profil de risque-performances évoluer. Eramet, bien que principalement exposée au nickel et au manganèse, bénéficie d’un environnement de matières premières plus ferme et d’un regain d’intérêt des investisseurs pour les commodités. La progression de l’or agit comme baromètre sectoriel, avec un effet d’entraînement sur certains flux de marché.

Amundi : encours en hausse sur les ETF or en 2025

Les ETF or listés à Paris génèrent davantage de volumes. Les données de marché indiquent une hausse de 15 % des échanges sur les produits aurifères depuis le début 2025, et des encours en progression chez les grands gérants, dont Amundi. Pour les investisseurs institutionnels, l’intérêt tient aussi à la liquidité et à la transparence de ces véhicules par rapport à l’or physique.

Un investisseur en euro peut voir l’or monter en USD mais caper sa performance si l’euro s’apprécie simultanément. Les produits couverts en devise neutralisent ce risque au prix d’un coût de portage et d’un différentiel de taux. Ce choix dépend de l’horizon d’investissement et de la sensibilité au risque de change.

Cadre fiscal en France : arbitrer entre or physique, ETF et comptes-titres

Le cadre fiscal reste un point d’attention majeur. En France, la vente d’or peut être soumise à une taxation forfaitaire d’environ 36,2 % sur la plus-value en intégrant les contributions sociales pour certains dispositifs, avec des abattements en fonction de la durée de détention. La détention via des ETF cotés sur Euronext Paris renvoie au régime des valeurs mobilières, selon la structure de l’instrument choisi.

Pour les investisseurs particuliers comme pour les dirigeants d’entreprise, le choix entre or physique et produits financiers emportant une exposition à l’or implique d’arbitrer coût de conservation, liquidité, fiscalité et contraintes de conformité. Les professionnels rappellent que la mise en portefeuille doit intégrer le statut fiscal de l’investisseur et les règles de déclaration spécifiques aux métaux précieux.

Fiscalité de l’or : points de vigilance pour dirigeants et épargnants

- Or physique et cessions : régime spécifique, avec fiscalité incluant contributions sociales, et abattements possibles selon la durée de détention. - Exposition via ETF : taxation des valeurs mobilières selon la structure juridique du produit. - Déclarations et justificatifs : conserver factures et preuves d’acquisition pour sécuriser le traitement fiscal.

Au-delà de la fiscalité, l’allocation doit tenir compte de la corrélation de l’or avec les autres classes d’actifs. En période de tensions politiques américaines et d’incertitudes de politique monétaire, l’or peut réduire la volatilité globale de portefeuille. Toutefois, il n’est pas un substitut parfait aux obligations souveraines et son comportement varie selon la trajectoire des taux réels.

Signaux de marché à court terme : ce que doivent suivre les dirigeants et investisseurs

Trois éléments pilotent l’équation des semaines à venir. D’abord, la décision de la Fed en octobre et le rythme de l’assouplissement monétaire.

Un quart de point semble largement anticipé. Une communication plus conciliante sur la trajectoire des taux pourrait propulser l’once vers 3 900 dollars, seuil évoqué par plusieurs maisons d’analyse. À l’inverse, un message restrictif raviverait la pression sur les actifs risqués, tout en testant la résilience du niveau des 3 800 dollars.

Deuxième pilier, la séquence budgétaire américaine. En l’absence d’accord, un shutdown dès le 1er octobre augmenterait la demande d’actifs refuges.

Même un compromis de dernière minute ne neutraliserait pas la volatilité, tant l’incertitude sur la gouvernance fiscale américaine reste source de primes de risque. Enfin, la demande institutionnelle demeure un support de fond. Les achats estimés à 290 tonnes au T2 2025 et la hausse de 10 % des réserves de change en or sur le S1 2025 traduisent un repositionnement durable des acteurs souverains vers les actifs tangibles.

  • Pour les trésoriers d’entreprise : surveiller les points d’inflexion des taux réels, l’écart EUR/USD et les conditions de liquidité de marché en cas de nouveau pic intraday.
  • Pour les gérants d’actifs : calibrer l’exposition or en fonction des scénarios Fed et du profil de couverture devise, avec une discipline sur les frais totaux et la tracking error.
  • Pour les entrepreneurs de la tech : envisager des stratégies de financement moins sensibles à la cyclicité des marchés actions lors d’épisodes de stress de volatilité.

Les probabilités de décision monétaire proviennent de la courbe des Fed funds, des contrats futures et des outils de suivi de marché. Elles évoluent en temps réel selon les publications macro, les discours des banquiers centraux et les surprises politiques, et s’expriment souvent en probabilité implicite de variation de 25 pb.

Reste la question de l’inflation et de la croissance. En France, la remontée mensuelle des prix au printemps n’a pas modifié l’idée d’une inflation globalement modérée sur un an, ce qui laisse aux investisseurs un espace pour diversifier sans piloter uniquement par le risque prix. Dans le même temps, l’or, par nature international, sert d’outil de couverture contre des chocs qui dépassent le cadre domestique.

Le cap d’octobre : une fenêtre étroite pour valider ou non la cible des 3 900 dollars

Les prochaines semaines feront office de test pour la durabilité du record. Si la Fed confirme la détente monétaire et si l’épisode budgétaire américain se prolonge, la cible de 3 900 dollars est défendable à court terme. Inversement, un apaisement rapide à Washington associé à un message plus ferme de la banque centrale pourrait enclencher des prises de bénéfices techniques.

Pour les entreprises et investisseurs français, la marche à suivre tient en trois mots : discipline, couverture, diversification. Les multiples de marché changent, mais la logique de portefeuille demeure. Les seuils techniques se franchissent, les fondamentaux se vérifient ou se démentent. L’important sera de garder des marges de manœuvre pour ajuster rapidement les expositions si la donne monétaire évolue.

La route vers 3 900 dollars n’est pas une ligne droite, mais la trajectoire reste, pour l’heure, orientée vers le nord.