1,2 % en septembre 2025 : l’inflation recule graduellement en France, mais ne s’efface pas. Cet atterrissage, s’il soulage la valorisation des obligations, laisse en suspens la trajectoire des taux et la croissance. Les investisseurs s’ajustent déjà, et privilégient des approches plus souples pour traverser une année rythmée par les secousses géopolitiques, un cadre budgétaire européen resserré et une volatilité persistante.

Inflation maîtrisée mais persistentielle : arbitrages délicats pour les taux en 2025

L’inflexion de la hausse des prix se confirme. L’inflation annuelle ressort à 1,2 % en septembre 2025 et l’INSEE projette 1,8 % en moyenne sur 2025 grâce à la normalisation des prix de l’énergie, quand l’alimentaire et les services restent plus dynamiques (source INSEE, septembre 2025). Cette configuration limite le risque d’un durcissement monétaire immédiat, sans justifier pour autant des baisses de taux rapides.

Côté politique monétaire, les taux directeurs de la BCE sont indiqués autour de 3,75 %. Un niveau jugé restrictif mais stabilisé, alors que les banques centrales doivent simultanément protéger la désinflation et éviter d’étouffer une reprise encore fragile.

La Banque de France signale une croissance modérée, et l’INSEE anticipe un PIB 2025 en hausse de 1,1 %. Les obligations regagnent donc en attrait, mais l’équation reste fine : trop de relâchement ferait ressurgir l’inflation, trop de fermeté pèserait sur l’activité.

Le volet budgétaire ajoute une contrainte. Le cadre réformé de gouvernance économique de l’UE, entré en vigueur en avril 2024, intensifie le suivi des trajectoires d’endettement.

En France, l’AMF rappelle que la dette publique évolue autour de 110 % du PIB, ce qui entretient la sensibilité aux chocs externes. Dans ce contexte, la pente des courbes de taux, les écarts de spreads souverains et la prime de terme deviennent déterminants pour la performance obligataire.

Repères macro 2025 à surveiller

Les investisseurs suivent quatre marqueurs pour calibrer leurs expositions taux et crédit :

  • Inflation sous-jacente versus composantes volatiles, afin d’anticiper la réaction de la BCE.
  • Courbes OAT et spreads souverains en zone euro, sensibles à la gouvernance budgétaire de l’UE.
  • Appétit pour le risque crédit sur les obligations corporate, directement corrélé à la croissance attendue.
  • Indicateurs de chaînes d’approvisionnement, baromètres d’une inflation potentiellement structurelle.

Marché obligataire français : volatilité, dispersion et primes d’opportunité

Le rebond des rendements face aux niveaux d’il y a cinq ans redonne une assise fondamentale aux portefeuilles. Mais la photographie 2025 est contrastée.

Les tensions géopolitiques en Europe de l’Est et au Moyen-Orient fragilisent le commerce transfrontalier et nourrissent des chocs d’offre récurrents. Le ministère de l’Économie souligne que ces facteurs compliquent les échanges et entretiennent une inflation potentiellement plus élevée à moyen terme.

Sur les segments, la dispersion des performances s’est accentuée. D’après des analyses sectorielles, l’écart moyen de performance entre dettes d’État et crédit d’entreprise a frôlé 15 points de pourcentage par an en 2025. Les obligations souveraines françaises restent un socle défensif, avec des OAT autour de 2,8 % en octobre 2025, tandis que les titres corporate exposent davantage aux cycles de marge et au refinancement (données Trésor, octobre 2025).

Il faut y ajouter l’effet des chaînes d’approvisionnement et du ralentissement de la mondialisation, qui accroissent les chocs idiosyncratiques secteur par secteur. L’AMF a d’ailleurs mis en avant en 2025 le risque de liquidité et la vulnérabilité liée au niveau de dette publique, amplifiant la sensibilité du marché aux nouvelles macro et aux re-pricings brusques.

AMF : signalements de risques pour les investisseurs

En 2025, l’AMF rappelle que les épisodes de volatilité rapide peuvent générer des pertes non linéaires sur les stratégies traditionnelles, notamment celles qui suivent des benchmarks rigides. Les risques visés concernent la liquidité en conditions stressées, la rotation des facteurs sur les marchés du crédit et la dépendance à la duration lorsque les courbes se reconfigurent rapidement.

Une gestion benchmarkée cherche à minimiser l’écart de performance vis-à-vis d’un indice de référence. Elle a tendance à porter un bêta de marché élevé, notamment en duration et en crédit.

Une approche à rendement absolu vise un objectif de performance positif quel que soit le sens du marché. Elle peut moduler la duration, neutraliser les expositions directionnelles, exploiter des écarts relatifs et prendre des positions longues et courtes sur différents segments obligataires, avec un pilotage strict du risque.

Pourquoi les stratégies à rendement absolu gagnent du terrain en 2025

Dans un univers de taux stabilisés mais encore élevés, l’alpha provient moins du portage simple que de la capacité à exploiter la dispersion et à protéger le capital lors des chocs. Les stratégies à rendement absolu, non contraintes par un indice, ont l’avantage de réduire le bêta lorsque la visibilité se dégrade, puis de remonter l’exposition quand la prime de risque redevient attractive.

Les leviers sont multiples :

  • Positions longues sur des obligations sous-évaluées, notamment lorsque les spreads intègrent des scénarios trop pessimistes.
  • Positions courtes sur des segments surévalués ou vulnérables à une révision de bénéfices et de cash-flows.
  • Gestion de la duration et des courbes pour amortir les à-coups de politique monétaire.
  • Stratégies relatives intra- et inter-segments, pour monétiser les écarts de valorisation.

Un autre atout tient au pilotage du risque. De nombreuses approches calibrent des objectifs de volatilité et définissent des seuils de pertes maximales. Des méthodologies mentionnent par exemple une tolérance de drawdown de l’ordre de -2,5 % sur 12 mois, utile pour les épargnants prudents, même si chaque fonds applique ses propres paramètres.

Ce positionnement est d’autant plus pertinent que les prévisions 2025 divergent : certains analystes privés évoquent une inflation pouvant remonter jusqu’à 4,2 % en cas de tensions globales, tandis que les projections officielles restent plus modérées. Une gestion absolue, par construction, s’ajuste aux scénarios sans dépendre d’un cadrage directionnel unique.

La mise en place d’une position courte en obligations se fait via des instruments dérivés ou des paniers indiciels. L’objectif est de profiter d’une hausse des rendements ou d’un élargissement de spread. La gestion du risque repose sur des stops, la définition d’un budget de marge et une revue des corrélations pour éviter les effets de levier cachés.

Diversification et préservation du capital : architecture d’un portefeuille agile

Un portefeuille à rendement absolu mixe plusieurs moteurs pour viser une prime régulière au-dessus du taux sans risque tout en lissant la volatilité. Le cœur de l’approche consiste à dissocier les sources de performance, éviter la concentration implicite et utiliser les couvertures au bon moment.

Allocation multi-segments : souverain, corporate, émergents

La construction repose souvent sur un trépied :

  • Souverain pour la liquidité et la protection en stress de marché.
  • Crédit d’entreprise pour capter la prime de risque, avec une granularité par notation et secteur.
  • Obligations émergentes pour diversifier les moteurs macro, sous contraintes strictes de risque.

Cette granularité aide à exploiter la dispersion des rendements et à arbitrer entre portage et positions relatives. Les ajustements tactiques s’opèrent au fil de l’eau, selon la robustesse des marges, les besoins de refinancement et les signaux de politique monétaire.

Vocabulaire obligataire utile

  • Duration : sensibilité du prix d’une obligation aux variations de taux.
  • Spread : écart de rendement entre un titre et une référence jugée sans risque.
  • Prime de terme : rémunération supplémentaire exigée pour porter une duration plus longue.
  • Drawdown : baisse maximale observée sur une période donnée.
  • Gestion relative : stratégie qui mise sur les écarts de valorisation entre actifs proches.

Risque et corrélations : le nerf de la guerre

La robustesse vient de la diversification des facteurs plutôt que de la multiplication des lignes. Les équipes de gestion s’attachent à :

  • Contrôler les corrélations croisées pour éviter les biais cachés.
  • Ajuster la duration cible selon la pente de la courbe et la visibilité sur la BCE.
  • Utiliser des couvertures ponctuelles pour stabiliser la volatilité en phase de stress.

La discipline de risque est d’autant plus nécessaire que la liquidité de marché peut se contracter rapidement lors de chocs géopolitiques ou d’annonces de politique budgétaire. D’où l’intérêt de formats liquides et de mécanismes de rebalancement automatisés.

En régime de volatilité élevée, la capacité à réduire rapidement le bêta puis à le remonter sans contrainte d’indice constitue un avantage décisif. Les stratégies absolues peuvent neutraliser la direction pour se concentrer sur des thèmes de valeur relative, tout en réallouant vers le portage lorsque les primes de risque redeviennent généreuses.

L’approche de BNP Paribas Asset Management : flexibilité, cadre AMF et durabilité

Parmi les acteurs présents, BNP Paribas Asset Management met en avant une stratégie obligataire à rendement absolu, dynamique et non contrainte. L’idée maîtresse : maximiser la diversification et ajuster les expositions en temps réel grâce à l’analyse macroéconomique, notamment lorsque l’inflation française s’établit à 1,2 % en septembre et que la BCE signale des taux directeurs autour de 3,75 %.

La société insiste sur la capacité à tirer parti d’une dispersion annuelle des rendements estimée à 15 points de pourcentage, en combinant positions directionnelles mesurées et arbitrages relatifs. La gestion du risque se veut centrale, avec des objectifs explicites de stabilisation de la volatilité et des mécanismes d’encadrement des pertes.

BNP Paribas Asset Management : stratégie et gouvernance

BNP Paribas Asset Management est agréée par l’AMF sous le numéro GP96002. Le siège social se situe au 1 boulevard Haussmann, 75009 Paris. La société opère sous la forme de SAS, immatriculée au RCS Paris 319 378 832. Dans ses communications, elle rappelle que l’analyse fournie reflète son appréciation au moment de la rédaction et qu’elle peut évoluer.

Sur le plan réglementaire, les documents clés à consulter avant tout investissement restent le prospectus et le document d’information clé (DIC), accessibles via le site bnpparibas-am.com. BNP Paribas Asset Management précise par ailleurs s’inscrire dans une démarche durable, avec le slogan « L’investisseur durable d’un monde qui change », tout en soulignant que tous les produits n’entrent pas dans les périmètres des articles 8 ou 9 du Règlement SFDR 2019/2088.

Avant souscription, les investisseurs doivent consulter la version la plus récente du prospectus et du DIC, disponibles sur le site de la société de gestion. Un résumé des droits des investisseurs est consultable sur la page dédiée. La société peut cesser la commercialisation de ses produits selon la réglementation applicable.

L’AMF et la durabilité : cadre et attentes

En 2025, l’AMF encourage des approches d’investissement adaptatives et la transparence sur la durabilité. Cela implique d’expliciter la manière dont les risques extra-financiers sont intégrés et d’éviter toute ambiguïté sur l’alignement aux articles 8 ou 9 du SFDR. Pour l’investisseur, cet éclairage permet d’évaluer la solidité du processus, au-delà de la seule performance financière.

Clauses de durabilité : les bons réflexes

  1. Vérifier si le fonds relève de l’article 6, 8 ou 9 du SFDR et comprendre les implications sur la sélection d’actifs.
  2. Identifier les indicateurs de durabilité suivis et leur fréquence de publication.
  3. Analyser les mécanismes d’escalade en cas de controverses ou d’écarts ESG.

Paramètres opérationnels 2025 pour l’investisseur obligataire français

Les contraintes macroéconomiques et réglementaires redessinent la pratique quotidienne. Les décideurs en salle des marchés comme les investisseurs institutionnels retiennent plusieurs axes d’action pour 2025 :

  • Lecture fine de l’inflation : distinguer les chocs temporaires des pressions sous-jacentes.
  • Surveillance des coûts de refinancement des entreprises, sensibles aux taux et aux spreads.
  • Suivi du cadre budgétaire de l’UE et de ses effets sur la prime de risque souveraine.
  • Évaluation de la liquidité par segment, clé pour exécuter les rotations de portefeuille.
  • Gestion active des couvertures sur les cycles de publication macro et les événements géopolitiques.

Le taux d’épargne français demeure élevé, reflet d’une prudence structurelle nourrie par les incertitudes géopolitiques. Ce comportement favorise l’essor de véhicules capables de préserver le capital tout en délivrant un surplus de rendement raisonnable, sans dépendre de la seule guérison de l’inflation.

Quelques questions structurantes avant d’allouer :

  • Quel est le budget de risque et comment est-il mesuré au quotidien et au cumul annuel
  • Le fonds dispose-t-il de garde-fous explicites sur la perte maximale
  • Quelle est la capacité du fonds au regard de la liquidité des marchés couverts
  • Quel est l’historique d’exposition nette aux taux et au crédit en différents régimes de marché
  • Comment sont traités les incidents de marché et quelles politiques de communication en cas de stress

Indicateurs à suivre chaque trimestre

  1. Inflation harmonisée et inflation sous-jacente en zone euro, pour le guidage BCE.
  2. Courbe OAT 2-10-30 ans et spreads intra-zone euro.
  3. Indices de conditions financières et volumes de refinancement corporate.
  4. Indices de goulots d’étranglement logistiques et coûts de fret.
  5. Flux de fonds vers obligations d’État et crédit, indicateurs d’appétit au risque.

Cap vers 2026 : ajuster sans tarder la boussole obligataire

Le marché obligataire français aborde la fin 2025 avec des rendements redevenus compétitifs et une volatilité qui n’a pas dit son dernier mot. Les stratégies à rendement absolu s’installent comme une alternative de premier plan aux gestions benchmarkées, en apportant un contrôle du risque et une capacité d’adaptation précieuse lorsque les régimes économiques pivotes.

La clé sera d’aligner le niveau de prise de risque sur des objectifs lisibles, en intégrant l’inflation encore hétérogène selon les composantes, le pilotage prudent de la BCE et les garde-fous budgétaires européens. Les portefeuilles capables d’orchestrer durées, spreads et arbitrages relatifs auront une longueur d’avance.

Le cap se dessine déjà : souplesse, discipline de risque et diversification resteront les alliés des investisseurs dans les douze prochains mois.