Quelles sont les influences des futures sur Wall Street en 2025 ?
Découvrez comment la diplomatie impacte les futures de Wall Street et les indices américains, clé pour les investisseurs en 2025.

Les écrans new-yorkais s’apprêtent à rouvrir dans le rouge ce lundi 18 août 2025, au départ d’une séquence où diplomatie et banques centrales capteront l’attention des investisseurs. L’état d’esprit est prudent, les opérateurs calant déjà leurs scénarios sur les signaux attendus de Jackson Hole et sur une possible avancée des discussions autour de l’Ukraine.
Indices américains en retrait, la contagion gagne les places européennes
Les contrats à terme signalent une ouverture en baisse à Wall Street : Dow Jones -0,17%, S&P 500 -0,14% et Nasdaq -0,14%. Ce ton mesuré se reflète en Europe, où la cote parisienne s’infléchit : CAC 40 -0,73% à 7.865,76 points en milieu de matinée, dans le sillage d’un DAX à -0,32% et d’un FTSE 100 à -0,09%.
Les indices paneuropéens emboîtent le pas : EuroStoxx 50 -0,57%, FTSEurofirst 300 -0,19% et Stoxx 600 -0,18%. Le ressort principal reste l’arbitrage classique avant un rendez-vous de politique monétaire, amplifié par une actualité géopolitique susceptible de renforcer la prime de risque. Les investisseurs français lisent cette ouverture comme un test de résistance sur les valeurs cycliques et financières, traditionnellement sensibles aux variations de taux et au dollar (Reuters, 18 août 2025).
Dans ce cadre, le flux vendeur se concentre sur les compartiments tournés vers l’export et l’industrie, tandis que les valeurs défensives tendent à mieux protéger la performance relative. La relative modération du repli des futures américains traduit toutefois l’idée d’un marché qui joue la prudence, non la panique.
Pourquoi les futures donnent le ton
Les contrats à terme sur indices agrègent la liquidité avant l’ouverture officielle. Ils fonctionnent comme un baromètre de l’appétit pour le risque, influençant souvent la première demi-heure de cotation. En Europe, ils guident les arbitrages des desk actions dès 8h, affectant le bêta des portefeuilles exposés aux États-Unis.
Diplomatie et marchés : la rencontre trump zelensky au centre des risques
Les opérateurs gardent un œil sur une séquence diplomatique à haute intensité. Une rencontre est annoncée ce lundi entre Donald Trump, Volodimir Zelensky et plusieurs dirigeants européens, dont Emmanuel Macron, pour sonder la faisabilité d’un cadre de paix en Ukraine.
Vendredi soir, lors d’une conférence de presse en Alaska, Donald Trump et Vladimir Poutine n’ont dévoilé aucune mesure concrète sur le front ukrainien. La position attribuée au président américain s’alignerait sur l’idée d’un accord global plutôt qu’un cessez-le-feu préalable réclamé par Kyiv, ce qui entretient l’incertitude sur le calendrier et la structure de toute désescalade.
Cette incertitude nourrit un biais de volatilité. Les messages diffusés sur X mettent en avant des scénarios contrastés sur les effets d’un compromis ou d’un statu quo prolongé, sans que ces impressions de marché ne constituent des faits établis. Les actifs risqués réagissent davantage aux contours juridiques et sécuritaires d’un futur accord qu’aux signaux verbaux, souvent ambigus, émis en amont des négociations.
Un accord global redessine les attentes sur les flux énergétiques et les corridors logistiques, avec un effet immédiat sur les spreads de crédit en Europe centrale et orientale. Un cessez-le-feu limité, sans architecture politique, réduit temporairement la volatilité mais laisse la prime de risque géopolitique élevée. Pour les investisseurs parisiens, la différence se traduit par des intensités sectorielles divergentes : énergie, transport maritime et chimie réagissent en premier.
Pour les entreprises françaises, la visibilité sur les coûts d’énergie et les chaînes d’approvisionnement demeure le cœur du sujet. Plus la séquence diplomatique s’allonge, plus les CFO conservent une politique d’investissement sélective, privilégiant capex de maintenance et digitalisation à haut retour plutôt qu’expansion agressive. À court terme, le pricing power l’emporte sur les volumes dans les secteurs peu substituables.
Jackson hole : comptes à rebours pour la fed et lecture des valorisations
Le symposium de Jackson Hole, qui se tiendra du 21 au 23 août 2025, fait figure de pivot stratégique pour la trajectoire des taux américains. Jerome Powell devrait clarifier la balance des risques entre inflation et croissance, à l’heure où les marchés intègrent une probabilité d’environ 85% d’une baisse de 25 points de base le 17 septembre, et envisagent un assouplissement supplémentaire d’ici la fin de l’année.
Dans ce contexte, Mark Matthews (Bank Julius Baer) anticipe trois baisses de taux aux États-Unis sur l’année, avec un ralentissement de la progression du PIB mais sans récession. Si ce scénario prévaut, la prime de risque demandée aux actions pourrait se comprimer légèrement, soutenant les multiples des secteurs de qualité, surtout ceux à visibilité de cash-flow élevée.
Un signal accommodant de la Fed favoriserait la détente de la courbe américaine, en particulier sur le 2-5 ans, avec des répercussions directes sur le coût du capital global. Le dollar resterait toutefois directionnel au gré de la rhétorique de politique monétaire et de l’appétit mondial pour les actifs en USD, indicateur que l’on surveille de près pour les valeurs exportatrices du CAC.
Un abaissement de 25 pb modifie le coût des capitaux propres via la composante sans risque, ce qui revalorise mécaniquement des flux futurs dans un DCF. L’effet est concentré sur les actions à duration longue (technologie, santé innovante) et s’émousse pour les secteurs à rotation rapide de capital. La sensibilité la plus forte se rencontre à la frontière entre croissance rentable et valeurs de qualité à levier modéré.
En sens inverse, un ton plus ferme de Jerome Powell face à des pressions salariales persistantes remettrait en jeu le scénario de détente rapide. La volatilité implicite remonterait alors d’un cran, surtout sur les maturités courtes des indices américains, un facteur à intégrer pour les gérants équipés en protections options.
Ce que surveille la cote parisienne à Jackson Hole
Trois angles retiennent l’attention : la granularité du diagnostic inflation côté services, le champ lexical autour des conditions financières et l’éventuelle référence au taux neutre. Chacun de ces points ré-ancre les attentes sur les primes de risque, avec des effets différenciés sur banques, utilities et tech européenne.
Résultats des géants du retail américain : un test sur la demande des ménages
Au-delà des banques centrales, la séquence trimestrielle des distributeurs américains servira de thermomètre pour juger la résilience du consommateur. Walmart, Home Depot et Target figurent au premier rang des publications scrutées par les gérants européens pour calibrer le mix volume prix et la qualité des stocks.
Walmart : stratégie et cadence commerciale
Sur Walmart, l’attention se concentre sur la combinaison drive + e-commerce, les marges du segment alimentaire et la cadence des promotions. Les investisseurs voudront vérifier la qualité des gains de parts de marché hors inflation alimentaire et la discipline sur les coûts logistiques.
Pour les valeurs françaises liées à la distribution alimentaire ou aux MDD, un message robuste de Walmart renforcerait l’idée que les arbitrages des ménages se pérennisent vers le value for money, un environnement favorable aux acteurs à chaîne d’approvisionnement optimisée.
Home depot : signal sur le cycle de l’amélioration de l’habitat
Home Depot fournira une lecture des dépenses d’amélioration de l’habitat aux États-Unis, utiles pour jauger la santé de l’investissement résidentiel. Les métriques clés : panier moyen, visites comparables, et mix pro versus particulier.
Un fléchissement contenu confirmerait que l’ajustement du marché immobilier pèse davantage sur les volumes que sur la valeur, avec des implications pour les producteurs européens de matériaux qui exportent vers l’Amérique du Nord.
Target : arbitrages de gamme et inflation perçue
Chez Target, le marché cherchera une normalisation du niveau de stocks et la preuve d’une maîtrise des démarques après des périodes de sur-stockage. La dynamique des catégories non alimentaires, plus cycliques, donnera un signal utile pour les secteurs européens de la décoration, du petit équipement et de l’habillement.
En agrégé, un message de résilience, même atténuée, conforterait l’angle d’une désinflation maîtrisée accompagnée d’une croissance molle mais positive, un scénario fréquemment jugé favorable aux marges des grandes capitalisations mondiales.
Sélection de valeurs européennes : santé en vedette, finance sous pression
Les mouvements sectoriels de la matinée illustrent l’importance des catalyseurs idiosyncratiques en période d’attente macro. Le secteur pharmaceutique bénéficie d’un flux acheteur ciblé, tandis que certaines valeurs bancaires subissent des ajustements de recommandations.
Valneva : feu vert canadien et potentiel de portefeuille
Le titre Valneva gagne 2,97% après l’approbation au Canada de son vaccin contre le chikungunya pour les personnes de 12 ans et plus. Pour l’écosystème français des biotech, l’événement consacre la capacité à amener des produits sur des marchés réglementés exigeants, avec un profil de revenus progressivement plus lisible à l’export.
Au-delà de l’impact immédiat sur le cours, ce type de jalon réglementaire soutient les discussions partenariales et les conditions de financement, y compris pour les acteurs français disposant d’alliances industrielles ou de plateformes technologiques valorisables hors d’Europe.
Commerzbank : l’effet d’un abaissement de recommandation
À l’opposé, Commerzbank recule de 3,22% après un abaissement de recommandation de Deutsche Bank à conserver contre achat. Dans un marché focalisé sur les taux et la qualité d’actif, ce type d’ajustement pèse mécaniquement sur le compartiment bancaire, où la sensibilité aux spreads et aux volumes de prêts reste élevée.
Pour les banques françaises, l’épisode rappelle que la surperformance tient autant à la lecture des marges d’intérêt nettes qu’à la perception du coût du risque. Un environnement de taux réalistes mais en détente favorise les acteurs capables d’accroître leurs revenus de commissions tout en stabilisant leur base de coûts.
Leçon de marché pour Paris
Quand les catalyseurs macro dominent, les flux se reportent vers les titres avec actualité propre : approbations réglementaires, M&A, changements de guidance. C’est un terrain favorable aux stock pickers, mais il exige discipline et sélectivité sur la liquidité.
Taux en repli, dollar ferme et pétrole en légère reprise : le triptyque du jour
Le compartiment obligataire envoie un signal de détente. Le rendement des Treasuries 10 ans cède 3,3 points de base à 4,2946%, tandis que le 2 ans recule de 1,9 pb à 3,7399%. En zone euro, le Bund 10 ans perd 2,6 pb à 2,7532% et le 2 ans baisse de 0,8 pb à 1,9620% (Reuters, 18 août 2025).
Ce glissement des taux longs tend à soutenir les multiples de valorisation des secteurs de croissance, sans effacer l’impact d’un dollar plus fort sur les comptes des exportateurs européens. Le billet vert progresse d’environ 0,16% face à un panier de devises de référence, tandis que l’euro se traite à 1,1677 dollar, en recul de 0,17% sur la séance.
Sur l’énergie, le Brent se redresse de 0,43% à 66,13 dollars le baril et le WTI gagne 0,57% à 63,16 dollars après une phase initiale de repli. Le marché pétrolier réagit à la fois aux perspectives de demande liées à la croissance mondiale et aux signaux géopolitiques, les États-Unis n’ayant pas durci la pression sur les exportations russes après l’échange Trump Poutine.
Pour les actions françaises, la combinaison taux plus bas plus dollar ferme est ambivalente. Elle renforce la thématique qualité à duration longue, mais pèse sur la traduction comptable des revenus hors euro, selon l’intensité de couverture de change des émetteurs.
Sur des niveaux de taux déjà stabilisés, une variation de 3 à 5 pb sur le 10 ans US peut suffire à réancrer les courbes de valorisation intra-journalières. Le message clé : ce n’est pas la direction seule qui compte, mais le contexte de liquidité et la synchronisation avec les devises et le pétrole.
Sensibilités sectorielles sur le CAC 40
Gagnants potentiels avec taux en baisse : luxe à forte duration, santé à pipeline avancé, technologie. Surveillance accrue : banques en cas d’aplatissement prononcé de la courbe, industriels exportateurs si le dollar reste fort. La réaction dépend aussi du positionnement préalable des investisseurs.
Cadre d’analyse pour les investisseurs français avant l’ouverture américaine
À l’approche du signal de Wall Street, trois fils conducteurs structurent la séance : l’horizon diplomatique autour de l’Ukraine, la mécanique d’attente avant Jackson Hole, et la lecture micro des publications américaines de la semaine. Chacun de ces axes agit comme une couche de volatilité distincte, additive ou compensatrice selon les cas.
La gestion tactique du risque domine. Les portefeuilles conservent des couvertures de delta sur indices américains, parfois calibrées sur la période Fed, tandis que les expositions sectorielles s’ajustent à la marge. Les flux factoriels montrent un regain pour qualité et low volatility, avec une sélectivité accrue sur les cycliques.
En matière de flux, l’absence de catalyseur définitif avant Jackson Hole justifie une architecture prudente : levier modéré, cash disponible pour accompagner une éventuelle inflexion de message, et préférences pour des dossiers avec catalyseur propre. La cote parisienne valide ce positionnement en début de semaine, en attendant une lecture plus claire de la Fed.
En filigrane, le marché obligataire fournit le référentiel de valorisation. La poursuite d’une détente graduelle des taux fait baisser le coût du capital, mais l’écueil d’un dollar durablement ferme demeure pour les groupes les plus exposés aux marchés nord-américains. Cette ambivalence explique la dispersion accrue des performances au sein même des secteurs.
Côté énergie, une stabilisation du Brent autour de ses niveaux du jour, si elle se confirmait, neutraliserait pour l’instant le risque d’un choc pétrolier. La reflation par les matières premières n’est pas le scénario central des investisseurs, qui surveillent davantage la demande finale que l’offre.
Dans ce contexte, la session américaine matérialisera l’arbitrage entre prudence pré Jackson Hole et opportunisme sur dossiers idiosyncratiques. Pour la cote parisienne, c’est surtout la qualité des guidances qui fera la différence, davantage que la seule direction des indices.
Repères opérationnels avant la cloche : que faire de l’information du jour
Pour les équipes buy-side comme sell-side à Paris, l’enjeu est de transformer le flux d’informations en décisions disciplinées. Premièrement, ne pas sur-interpréter les titres autour de la séquence diplomatique : l’impact de marché dépendra de la matérialité d’un éventuel document de travail, pas des prises de parole préalables.
Deuxièmement, garder un cadrage clair des sensibilités de portefeuille à la combinaison taux dollar pétrole. La journée apporte un marquage utile sur ces trois axes, mais la trajectoire ne sera lisible qu’après Jackson Hole. Enfin, sur la micro, se positionner pour capter un beta idiosyncratique via des catalyseurs identifiés, à l’image des dossiers de santé et d’innovations réglementaires.
Au total, l’ouverture en baisse attendue à Wall Street n’envoie pas un signal de rupture, mais plutôt celui d’une respiration de marché dans l’attente d’un événement majeur de politique monétaire. La conséquence la plus visible ce matin se lit sur la hiérarchie sectorielle européenne et la prime accordée aux valeurs porteuses d’un agenda propre.
La journée sera rythmée par la digestion de ces marqueurs et par les ajustements de position encore modestes. Les investisseurs français devront privilégier les contextes de visibilité et la qualité d’exécution, tout en gardant la flexibilité nécessaire pour réagir aux inflexions venues des États-Unis au fil de la semaine.
Feuille de route des investisseurs français pour une semaine à risques maîtrisés
Les signaux convergent vers une semaine à la fois chargée et lisible : la Fed pourrait apporter une confirmation ou une nuance au scénario d’assouplissement attendu, pendant que la diplomatie teste la faisabilité d’un cadre de paix. Entre-temps, l’économie réelle américaine donnera le ton via les grands distributeurs.
Le cap pragmatique reste inchangé : discipline, sélectivité et flexibilité. La correction mesurée de l’ouverture n’est pas une fin en soi, mais l’amorce d’une séquence d’informations dont la cohérence sera jugée d’ici vendredi. Les décisions solides sont celles qui alignent profils de risque et catalyseurs tangibles, sans céder aux narratifs à court souffle.
Wall Street attendue en repli, l’Europe sous pression contenue, et une semaine arbitrée entre diplomatie et politique monétaire : la grille de lecture demeure celle d’un marché qui préfère la précision des faits à la rumeur, et qui rémunère la qualité de l’exécution plus que les promesses.