Depuis juin, la France réduit pas à pas son déficit extérieur. En août 2025, le solde commercial s’établit à -5,8 Md€, sous l’effet d’exportations en légère hausse et d’importations quasi inchangées. L’enchaînement de trois mois d’amélioration dessine un mouvement solide, encore modéré, mais lisible pour les directions financières qui pilotent leurs carnets à l’export et la facture énergétique.

Août 2025 : déficit ramené à 5,8 Md€ et troisième mois de redressement

Les Douanes font état d’un déficit commercial de 5,8 Md€ en août 2025, contre 6,5 Md€ en juillet. Le rebond des ventes à l’étranger est mesuré mais réel.

Les exportations s’élèvent à 51,8 Md€, soit +0,3 Md€ sur un mois. Côté achats, les importations restent stables à 57,6 Md€. La mécanique est donc classique pour un mois de redressement du solde : dynamisme export et importations contenues (source chiffrée essentielle : Douanes).

Cette amélioration prolonge la décrue engagée plus tôt dans l’été. Juin et juillet avaient déjà apporté un gain mensuel d’environ 0,5 Md€ chacun. La série positive se confirme, même si le niveau absolu du déficit reste significatif. Pour l’industrie et les services exportateurs, le signal est encourageant sur la demande adressée, notamment pour les biens d’investissement.

Chiffres clés d’août 2025 à retenir

Les indicateurs opérationnels qui comptent pour la direction financière et commerciale :

  • Solde commercial : -5,8 Md€.
  • Exportations : 51,8 Md€, soit +0,3 Md€ sur un mois.
  • Importations : 57,6 Md€, stables.
  • Troisième mois consécutif de réduction du déficit.

Lecture par produits : énergie, biens d’investissement, consommation et intermédiaires

Le profil sectoriel explique la quasi-totalité de la variation mensuelle. L’énergie progresse, les biens d’investissement confirment, la consommation stagne et les biens intermédiaires se tassent. Pour les groupes industriels, ces mouvements appellent des calibrages fins sur l’approvisionnement et les plans d’export.

Énergie : correction de 200 M€

Le solde énergétique s’améliore de 200 M€. La combinaison d’exportations en hausse et d’importations en repli dans ce compartiment réduit mécaniquement le déficit global. Pour les acheteurs, ce signal est cohérent avec une facture énergétique moins tendue à court terme, sans préjuger des variations de prix qui resteront pilotées par des déterminants mondiaux.

Biens d’investissement : soutien de 100 M€

La balance des biens d’investissement gagne 100 M€. Plusieurs filières industrielles orientées exportation en bénéficient. Ce point est notable car ces segments portent des effets multiplicateurs sur la chaîne de valeur et sur l’emploi qualifié. Il conforte les plans de production pour le second semestre, tout en invitant à rester vigilant sur les coûts d’entrée.

Biens de consommation : statu quo

La balance des biens de consommation demeure stable. Ce plateau reflète une demande finale sans grande inflexion sur le mois. Les acteurs de la distribution et de la grande consommation y verront un environnement d’exécution prévisible, avec un besoin de différenciation commerciale plus que de volume.

Biens intermédiaires : repli limité

La balance des biens intermédiaires recule de 100 M€. L’explication renvoie à des fluctuations d’approvisionnement qui impactent les intrants. Côté entreprises, l’équation appelle un pilotage des stocks et des délais fournisseurs, afin d’éviter une répercussion trop rapide des aléas d’amont sur les marges.

La balance par produits n’est pas un indicateur de performance d’une filière, mais une photographie nette des échanges à un instant T. Une amélioration peut venir d’exportations plus fortes ou d’importations moindres, voire des deux. L’analyse utile pour l’entreprise consiste à isoler le moteur réel du mouvement avant d’ajuster production, prix et achats.

Comparaison sur un mois et lecture CVS-CJO : ce que disent les indicateurs

Le mois de juillet 2025 affichait un déficit de 6,5 Md€, pour des importations de 57,7 Md€ et des exportations de 51,2 Md€ selon une publication du ministère des Finances datée du 5 septembre 2025. L’écart avec août représente ainsi +0,7 Md€ de redressement. Côté rythme, les volumes exportés endossent l’essentiel de la progression.

En données corrigées des variations saisonnières et des effets calendaires, le déficit s’établit à 5,53 Md€ en août, après 5,74 Md€ en juillet, d’après des chiffres relayés le 7 octobre 2025 par Boursorama. La presse économique, notamment Le Figaro à la même date, évoque un troisième mois consécutif de repli du déficit appuyé par la hausse des exportations et la stabilité des importations. Cette double lecture bruts et CVS-CJO converge donc vers la même tendance.

Juillet vs août : le différentiel qui compte

Le cœur de l’amélioration réside dans la montée des exportations de +0,3 Md€ conjuguée à des importations quasi figées. Les directions commerciales peuvent y voir un élément favorable pour le calibrage de fin d’année, sans considérer pour autant que l’effet volume soit acquis trimestre après trimestre.

Lecture CVS-CJO : que vaut l’écart

Le différentiel entre la série brute et l’agrégat CVS-CJO, bien que limité, sert à filtrer les effets calendaires et saisonniers. Pour les analystes, l’objectif est d’isoler la tendance sous-jacente. Mécaniquement, l’amélioration légère en CVS-CJO confirme que le mouvement n’est pas uniquement lié aux aléas mensuels.

La série CVS-CJO est utile pour la planification budgétaire et les revues trimestrielles. Elle permet d’éviter les conclusions hâtives sur un pic ou un creux ponctuel. Pour un comité d’investissement, l’agrégat facilite l’évaluation de la tendance réelle de demande à l’export, donc la priorisation des capex et du besoin en fonds de roulement.

Repères 2024 et trajectoire 2025 : où en est la compétitivité française

Sur l’ensemble de 2024, le solde de la balance commerciale en biens a atteint -79,5 Md€, selon des statistiques publiées par l’INSEE le 31 juillet 2025. Ces chiffres sont fondés sur les déclarations de la DGDDI et couvrent les échanges FAB-FAB, y compris le matériel militaire (source chiffrée essentielle : INSEE, 31 juillet 2025).

Le redressement progressif observé en 2025 s’appuie sur une série de petits gains mensuels, dont les +0,5 Md€ de juin et de juillet. Ce rythme, certes modeste, est cohérent avec l’amélioration des exportations de biens d’investissement et l’accalmie partielle sur l’énergie. Les entreprises intensives en importations intermédiaires devront toutefois tenir compte du recul de leur balance de 100 M€ en août, signe d’une chaîne d’approvisionnement encore heurtée.

Le champ FAB-FAB retient la valeur des biens au départ et à l’arrivée, sans seuil déclaratif minimal. Il intègre le matériel militaire. Pour l’entreprise, cela signifie que les grands contrats export industriels et d’armement sont pris en compte à due proportion, ce qui peut lisser ou amplifier les inflexions mensuelles selon le calendrier de livraison.

Depuis 1999, des ajustements spécifiques existent pour tenir compte des opérations liées à la base spatiale de Kourou. Ces corrections visent à améliorer la cohérence des séries dans le temps. Point d’attention pour l’analyste : la comparaison longue période nécessite d’intégrer cette particularité pour éviter des biais d’interprétation.

Repères utiles pour un comité de direction

Ce que les directions peuvent acter pour la suite de l’exercice :

  1. Tendance confirmée de réduction du déficit sur trois mois consécutifs.
  2. Énergie en amélioration qui allège la facture importée.
  3. Biens d’investissement en soutien côté export, à consolider par les plans commerciaux.
  4. Intermédiaires en repli qui impose de surveiller les délais et le coût des intrants.

Impacts pour les entreprises : export, achats et couverture de change

Le rétrécissement du déficit, même graduel, appelle des décisions pragmatiques pour les équipes finances et opérations. Les indicateurs d’août confortent des stratégies d’exportation actives sur les biens d’investissement, tout en recommandant une discipline ferme côté approvisionnements intermédiaires.

Exportations : monter en gamme et sécuriser la demande

Pour convertir l’embellie en volumes durables, les directions commerciales ont intérêt à sécuriser les dossiers clients à cycles longs. L’enjeu est double : verrouiller les jalons contractuels et protéger les marges face aux devises et aux coûts logistiques. Une politique d’assurance-crédit calibrée par pays peut également renforcer la soutenabilité des carnets.

Achats et supply chain : lisser la volatilité des intrants

Avec un repli de la balance des intermédiaires, les directions achats ont une fenêtre pour renégocier certaines conditions, à commencer par les délais et les indexations. La priorité opérationnelle porte sur la résilience des fournisseurs et la réduction du lead time, afin d’amortir d’éventuels à-coups sur les volumes d’export.

Couverture de change et énergie : protéger la marge brute

Le léger mieux sur l’énergie ne préjuge pas des prochains mois. Un mix de couvertures progressif sur les achats indexés énergie, combiné à une gestion active des positions de change, contribue à stabiliser la marge brute. L’objectif est d’éviter qu’une inversion de tendance ne neutralise l’effet positif de l’export.

Points de vigilance à court terme pour les CFO

  1. Suivi hebdomadaire des prix de l’énergie et des coûts logistiques.
  2. Scénarios de change et impacts sur les pipelines commerciaux.
  3. Capex priorisés sur les lignes à forte traction export.
  4. Contrats d’approvisionnement avec clauses de flexibilité sur les intermédiaires.

Commerce agroalimentaire en tension : un contrepoids à surveiller

Le tableau d’ensemble reste durablement tiré par l’industrie et l’énergie, mais tous les compartiments ne progressent pas. Le commerce agricole français bascule, selon Juste Milieu le 30 septembre 2025, dans une zone déficitaire pour la première fois en un demi-siècle.

Les importations de certains produits, comme le cacao et le café, augmentent tandis que les exportations fléchissent. Ces dynamiques peuvent peser sur les filières agroexportatrices.

Ce diagnostic sectoriel n’invalide pas l’amélioration d’août, mais il nuance la portée macroéconomique du rebond. Les dirigeants du secteur agroalimentaire auront intérêt à travailler les écarts de compétitivité par gamme de produits, en particulier sur les chaînes d’approvisionnement exposées aux aléas climatiques et aux tensions géopolitiques.

Biens intermédiaires et agriculture : effets de ciseaux possibles

Le recul de la balance des biens intermédiaires conjugué aux fragilités agricoles ouvre un risque d’effet de ciseaux pour certains transformateurs agroalimentaires. En pratique, cela implique une vigilance accrue sur l’indexation des contrats et sur la sécurisation des origines d’approvisionnement, afin de limiter l’érosion des marges lorsque les prix en amont se détendent moins vite que les prix de vente.

Sans chiffrage additionnel, trois leviers opérationnels se détachent pour les industriels :

  • Diversification des origines pour réduire le risque géopolitique et climatique.
  • Clauses de re-négociation indexées sur des paniers de matières premières.
  • Contrats logistiques modulables pour absorber des congestions temporaires.

Lecture réglementaire et statistique : ce que les dirigeants doivent retenir

Les données mensuelles des Douanes sont publiées et commentées en tendance. Elles intègrent des spécificités techniques, notamment les ajustements relatifs à Kourou depuis 1999, ainsi que le champ FAB-FAB qui inclut le matériel militaire. L’INSEE publie par ailleurs des séries structurantes qui couvrent les échanges de biens sans seuil déclaratif, assurant une information homogène pour le pilotage économique.

Dans ce cadre, les entreprises disposent d’un socle robuste pour caler leurs hypothèses de fin d’année. Deux éléments ressortent : le rôle moteur des exportations pour améliorer le solde et la sensibilité de la facture importée aux mouvements de l’énergie et des intrants intermédiaires. La hiérarchisation des risques, plus que la recherche d’un grand coup conjoncturel, devient la clé d’une exécution réussie.

Pour un suivi fiable du solde :

  • Séries CVS-CJO pour mesurer la tendance réelle.
  • Balances par produits pour identifier les moteurs du mois.
  • Prix de l’énergie et fret comme variables de sensibilité.
  • Publications INSEE et DGDDI pour l’alignement méthodologique.

Cap macro-économique : un signal, pas un point d’arrivée

Le mois d’août 2025 envoie un signal constructif. La réduction du déficit à 5,8 Md€ confirme une dynamique portée par les exportations, tandis que l’énergie apporte un répit bienvenu. Pour que le mouvement s’installe, il faudra valider la trajectoire sur l’automne, avec une attention particulière aux biens intermédiaires et aux filières agricoles.

Au plan stratégique, le message demeure clair pour les entreprises : accélérer sur les biens d’investissement, maîtriser le coût des intrants et calibrer les couvertures. C’est à ces conditions que l’amélioration du solde commercial pourra devenir une tendance durable plutôt qu’un simple sursaut estival.

La montée en puissance export doit désormais prouver sa résilience au-delà de l’été.