+4 % de recul des défaillances en Provence-Alpes-Côte d’Azur au T3 2025 : la photographie régionale tranche avec la poussée nationale. Avec 1 385 procédures collectives sur la période, la région garde la tête froide, quand la France bat un record estival de 14 371 défaillances. En filigrane, deux moteurs locaux se démarquent : Alpes-Maritimes et Bouches-du-Rhône.

PACA amortit le choc : 1 385 procédures au T3 2025

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur enregistre 1 385 procédures collectives au troisième trimestre 2025, soit une baisse de 4 % par rapport à l’été 2024. Dans un environnement où la courbe des défaillances s’infléchit rarement depuis dix-huit mois, cette inflexion constitue un point d’appui notable pour les entreprises locales. La tendance régionale demeure ainsi plus favorable que la trajectoire française, qui se tend à nouveau.

La dynamique tient à deux piliers départementaux. Les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône affichent toutes deux une diminution de plus de 10 % des défaillances au T3 2025, signal d’une résistance locale malgré un climat d’affaires national plus heurté. Les effets combinés de l’activité touristique, d’une base de services étendue et d’un tissu d’innovation actif contribuent à amortir la poussée des cessations.

Les « défaillances » agrègent les procédures collectives ouvertes par les tribunaux : sauvegarde, redressement judiciaire et liquidation judiciaire. Elles éclairent la pression sur les trésoreries et la solvabilité. L’indicateur trimestriel permet une lecture conjoncturelle, à compléter par l’analyse sur 12 mois glissants pour gommer la saisonnalité.

Chiffres-clés T3 2025 : région et national

PACA : 1 385 procédures collectives, soit -4 % sur un an. France : 14 371 défaillances, +5,2 % sur un an, niveau estival le plus élevé depuis 2006 (Altares). Deux départements tractent la région : Alpes-Maritimes et Bouches-du-Rhône avec plus de 10 % de baisse.

Métriques Valeur Évolution
PACA – procédures collectives T3 2025 1 385 -4 %
France – défaillances T3 2025 14 371 +5,2 %
Alpes-Maritimes – défaillances T3 2025 Non communiqué Baisse > 10 %
Bouches-du-Rhône – défaillances T3 2025 Non communiqué Baisse > 10 %

Qui est Altares ?

Altares est un spécialiste de l’intelligence économique qui publie des analyses régulières sur les défaillances d’entreprises et le risque de crédit. Ses séries trimestrielles sont largement utilisées par les directions financières, les réseaux bancaires et les décideurs publics pour suivre la santé du tissu entrepreneurial.

France entière : 14 371 défaillances, un plus haut estival depuis 2006

À l’échelle du pays, l’été 2025 marque un repère statistique. Avec 14 371 défaillances, le volume atteint son niveau estival le plus élevé depuis 2006, en hausse de 5,2 % sur un an (Altares). La remontée, engagée sur 2024, se prolonge, soutenue par la fragilisation des marges et la persistance de tensions sur les coûts.

La photographie s’affine à la lumière des séries consolidées : sur 12 mois glissants, l’INSEE observe la poursuite de la progression des jugements toutes activités confondues, avec une mise à jour disponible à juin 2025 (Insee, juin 2025). La lecture agrégée confirme la pression structurelle et relativise les effets saisonniers liés au calendrier judiciaire.

Sur le terrain, la réduction des marges se matérialise par des fermetures, y compris dans des segments historiquement résilients. Des témoignages recueillis dans la presse rappellent la réalité de l’arbitrage quotidien. « On ne sait pas pourquoi on vient bosser », confiait récemment une commerçante, alors que se profilait la fermeture de son point de vente. Ce ressenti illustre l’effet ciseaux entre coûts et chiffre d’affaires.

Le troisième trimestre agrège généralement des décisions ouvertes avant la trêve judiciaire d’août et des jugements rendus à la reprise. La qualification de « pic estival » renvoie au plus haut observé sur une séquence de juillet à septembre, utile pour comparer les années entre elles, sans chercher à extrapoler la trajectoire annuelle complète.

Alpes-Maritimes et Bouches-du-Rhône : moteurs de la résistance régionale

Dans les Alpes-Maritimes, la contraction des défaillances de plus de 10 % traduit l’appui du tourisme, des services et d’une base d’innovations qui a gagné en densité. La chaîne de valeur, portée par des activités saisonnières et des services à forte valeur ajoutée, a absorbé une partie des chocs de coûts.

Dans les Bouches-du-Rhône, l’inflexion dépasse également 10 %. Les signaux sur l’emploi et l’immobilier économique montrent une situation plus équilibrée : l’emploi salarié y a progressé de 0,2 % au premier trimestre 2025, selon des actualités INSEE de juillet 2025, ce qui a contribué à stabiliser certaines entreprises exposées aux retournements de demande. Les analyses locales mentionnent aussi la sous-occupation de logements, un indicateur urbain qui peut indirectement favoriser des réallocations d’usages, y compris pour des activités tertiaires.

Alpes-Maritimes : tourisme et services stabilisateurs

La baisse à deux chiffres s’explique par une saison touristique soutenue et des services qui créent des effets d’entraînement. Prestige hôtelier, congrès, restauration haut de gamme et services numériques constituent un socle de revenus récurrents pour de nombreuses PME. Leur capacité à capter la demande estivale a amorti les tensions de trésorerie.

Bouches-du-Rhône : emploi salarié en appui

Avec +0,2 % d’emploi salarié au T1 2025 et la dynamique de la métropole, le département consolide ses bases. L’articulation entre logistique, services portuaires, activités tertiaires et équipements culturels soutient l’activité. Les réflexions conjointes entre la métropole et l’INSEE autour des indicateurs d’occupation des espaces nourrissent par ailleurs des arbitrages sur l’immobilier d’entreprise, ce qui peut réduire la vacance dans certaines centralités.

PACA, dans le trio de tête

Au premier semestre 2025, PACA se classe parmi les trois régions les mieux orientées pour l’emploi, avec une évolution trimestrielle de 0,0 %, contre -0,1 % en France métropolitaine. Le capital humain progresse : la part de diplômés du supérieur est passée de 25,9 % en 2011 à 33,7 % en 2022, un atout pour l’innovation et la diffusion des compétences.

La fluidité des surfaces tertiaires et la réversibilité d’usage soutiennent les bilans des exploitants et des propriétaires. Moins de vacance, c’est moins de charges fixes non couvertes et une capacité accrue à négocier les loyers. Les indicateurs de sous-occupation aident à prioriser les interventions publiques et privées.

Secteurs à l’épreuve et poches de résistance

La photographie sectorielle demeure contrastée. Dans le transport routier de marchandises, la progression des défaillances au niveau national reste modérée, de l’ordre de 5,2 %. La région PACA profite ici de son atout géographique : ports, autoroutes et connexions européennes favorisent la continuité d’activité et la visibilité commerciale.

À l’inverse, le commerce de détail et l’hôtellerie-restauration subissent encore une érosion de marges. La hausse des fermetures au cours de l’été 2025 reflète la pression des coûts, notamment sur l’énergie et certains intrants, et des arbitrages de pouvoir d’achat. Les tensions sont moins marquées localement que dans d’autres territoires, mais elles demeurent sensibles pour les acteurs les plus exposés à la saisonnalité.

Transport routier de marchandises : un secteur qui amortit

Le TRM parvient à mieux lisser les chocs, aidé par la demande logistique et la centralité régionale dans les flux Sud-Europe. Les hausses de coûts ne sont pas neutralisées, mais davantage répercutées. La présence d’infrastructures et de grands donneurs d’ordre sécurise partiellement les carnets, limitant l’ampleur des défaillances.

Commerce de détail et hôtellerie-restauration : vigilance maintenue

Les commerces de centre-ville et les indépendants de la restauration restent sur le fil. La saison estivale offre un ballon d’oxygène, mais ne compense pas toujours l’effet ciseaux. Les acteurs qui ont consolidé leur offre, optimisé leurs charges et digitalisé leur relation client traversent mieux la séquence. Les autres voient la pression se maintenir avec une remontée des fermetures constatée pour l’été 2025.

Plusieurs postes compriment les résultats : énergie, matières premières, loyers, frais financiers et salaires. Les secteurs à faible pricing power voient la répercussion des hausses limitée. Les ajustements opèrent alors sur les volumes ou l’emploi, avec un effet retard sur la solvabilité et le recours aux procédures.

Leviers locaux et pistes d’action pour sécuriser le tissu entrepreneurial

La performance relative de PACA s’explique d’abord par un été touristique porteur en 2025, bénéfique aux services et à l’économie présentielle. Elle tient aussi à des initiatives territoriales, comme les travaux menés par la métropole Aix-Marseille-Provence avec l’INSEE sur l’occupation des espaces, qui contribuent à ouvrir des marges de manœuvre immobilières pour les entreprises.

Au plan national, l’INSEE observe une stabilité de l’emploi en PACA au premier trimestre 2025, en contraste avec le léger recul observé en France métropolitaine. Pour consolider cette trajectoire, le renforcement du socle d’innovation et des dispositifs en R&D ressort comme un vecteur de résilience. Le ciblage sectoriel, l’optimisation des coûts immobiliers et la formation continue complètent la panoplie.

Finances d’entreprise : anticiper la procédure collective

Pour éviter l’effet de seuil, la surveillance précoce des signaux de liquidité reste déterminante. Le recours aux outils du droit des entreprises en difficulté ne doit pas être perçu comme une fin de parcours, mais comme un cadre de négociation et d’étalement avec les créanciers. Les dispositifs d’alerte et d’appui financier peuvent, s’ils sont mobilisés à temps, préserver la valeur, l’emploi et la continuité opérationnelle.

Ressources utiles pour dirigeants et DAF

Pour affiner l’évaluation des risques sectoriels et géographiques, les dirigeants peuvent s’appuyer sur :

  • Les séries sur 12 mois glissants et les fiches régionales de l’INSEE, pour une lecture hors saisonnalité.
  • Les rapports trimestriels d’Altares, qui détaillent les défaillances par secteur et par taille d’entreprise.
  • Le questionnaire INSEE sur les services permettant de remonter des besoins opérationnels, annoncé avec une durée estimée de 6 minutes pour la contribution.

La sauvegarde intervient avant la cessation des paiements, pour préparer le redressement. Le redressement judiciaire vise la poursuite de l’activité sous contrôle du tribunal avec un plan à l’issue. La liquidation judiciaire met fin à l’activité quand la sauvegarde de l’entreprise n’est plus possible. Les arbitrages précoces déterminent l’issue et le taux de récupération des créanciers.

Ce que cette divergence régionale dit de la fin 2025

La France aborde la fin d’année avec un socle de défaillances élevé et des marges globalement sous pression. Les signaux de court terme restent guidés par les coûts d’exploitation et l’atterrissage de la demande. Altares anticipe une poursuite de la hausse au niveau national si les tensions persistent, en particulier sur l’inflation et l’énergie.

À l’échelle de PACA, la séquence estivale 2025 valide une résilience portée par les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône. Consolider cette avance nécessitera de renforcer les investissements en R&D et les appuis ciblés aux PME innovantes, tout en prolongant les chantiers immobiliers et logistiques qui fluidifient l’activité. La région n’échappe pas aux vents contraires, mais elle en a montré la capacité d’absorption.