Tendances des défaillances d'entreprises pour 2025
Découvrez les prévisions pour 2025 concernant les défaillances d'entreprises en France et leurs implications sur l'économie.

69 000 défaillances attendues en 2025 : le signal est fort, mais la dynamique change. Après deux années de rattrapage brutal, la hausse se tasse. Les entreprises françaises restent sous tension, toutefois l’onde de choc se propage différemment selon la taille, les secteurs et les territoires. Une photographie utile pour dirigeants, investisseurs et conseils, afin d’anticiper les risques opérationnels et juridiques.
Défaillances d'entreprises 2025 : décélération confirmée
L’étude publiée le 23 septembre 2025 par BPCE L’Observatoire anticipe environ 69 000 défaillances d’entreprises sur l’année. La progression serait limitée à +3 % par rapport à 2024, après une intensification rapide les deux années précédentes, estimée à +38 % en 2023 puis +18 % en 2024 (BPCE L’Observatoire, 23 septembre 2025).
Le cumul glissant sur douze mois franchit pour la première fois le seuil des 68 000 et atteint 68 400 en août 2025. Ce passage au-dessus d’un cap symbolique conforte l’idée d’une normalisation par le haut : les volumes restent élevés, mais la pente se réduit, ce qui est cohérent avec l’essoufflement des chocs successifs post-pandémie et inflationnistes mis en avant par plusieurs analyses macroéconomiques sectorielles.
Lecture méthodologique : cumul glissant 12 mois
Le cumul glissant sur 12 mois permet de neutraliser les effets saisonniers et d’apprécier une tendance de fond. Ce mode de lecture évite les biais des à-coups mensuels et offre une trajectoire plus fiable pour le pilotage financier. Lorsque le cumul grimpe tout en ralentissant en rythme de progression, on observe un régime de plafonnement, souvent annonciateur de stabilisation à moyen terme.
Chiffres pivots 2025 à retenir
Les ordres de grandeur clés qui éclairent la trajectoire 2025 :
- 69 000 défaillances attendues sur l’année.
- +3 % par rapport à 2024, après +38 % en 2023 et +18 % en 2024.
- 68 400 défaillances en cumul glissant sur 12 mois à fin août 2025.
En droit français, la statistique des défaillances agrège classiquement les ouvertures de procédures collectives prononcées par les juridictions commerciales : sauvegarde, redressement judiciaire et liquidation judiciaire. Ces situations traduisent une cessation des paiements ou un risque avéré d’insolvabilité, et activent des mécanismes de traitement des difficultés sous contrôle du tribunal.
Taille des entreprises : exacerbation sur les PME et les ETI
La poussée 2025 se concentre sur les structures les plus grandes de l’échantillon. Les PME enregistrent une hausse de 50 % sur un an des défaillances.
Les ETI subissent une accélération plus marquée encore, de l’ordre de +94 %. Cette composante « haut de bilan » de la crise change le profil du risque : plus d’actifs concernés, davantage d’emplois exposés par dossier, et des chaînes de fournisseurs potentiellement fragilisées par ricochet.
Sur le plan économique, ces sursauts peuvent refléter plusieurs mécanismes classiques. Le choc de demande et le renchérissement des coûts mettent davantage à l’épreuve les entités à coûts fixes élevés.
Lorsqu’elles se dégradent, les marges se contractent vite, surtout dans des activités intensives en capital ou avec des contrats longs difficiles à renégocier. Les délais de paiement et la rigidité de certaines charges peuvent aggraver la tension de trésorerie.
PME et ETI : lecture opérationnelle
- Effet taille : plus l’entreprise est grande, plus les ruptures d’approvisionnement, d’énergie ou de demande pèsent sur la trésorerie.
- Contrats et inertie : les hausses de coûts ne se répercutent pas toujours rapidement sur les prix de vente.
- Exposition filières : les secteurs à cycles longs amplifient l’effet de ciseaux entre coûts et prix.
Un effet de latence est fréquent : les ETI amortissent un premier temps les chocs via leurs lignes de financement, la renégociation des contrats et l’optimisation des stocks. Lorsque l’environnement reste dégradé, l’usure des marges et de la trésorerie finit par apparaître dans les statistiques de procédures collectives. Cette mécanique contribue à l’amplification des dossiers ETI observés sur 2025.
Impacts chiffrés sur l’emploi en 2025
Dans le sillage des procédures, environ 253 000 emplois sont considérés comme menacés sur un an. Ce total recule de 9 % par rapport au cumul observé à août 2024. La donnée est ambivalente : elle traduit un risque social élevé, mais confirme aussi une légère détente relative en comparaison de l’année précédente.
Ces volumes ne sont pas mécaniquement proportionnels au nombre de défaillances. La taille des entreprises concernées et la structure de l’emploi par secteur comptent. Une liquidation immédiate a un impact social direct, tandis qu’un redressement peut préserver une partie des postes. La cartographie sectorielle, elle, conditionne la nature des emplois à risque et la rapidité de reclassement.
Comprendre la notion d’« emplois menacés »
La mesure agrège l’effectif des entreprises concernées par une procédure collective sur la période. Le résultat dépend donc de la taille moyenne des dossiers et de la nature de la procédure. Une hausse des défaillances d’ETI peut gonfler la jauge d’emplois menacés même si le nombre total de procédures évolue peu.
En redressement judiciaire, la poursuite d’activité et la recherche d’un plan permettent de préserver des postes. En liquidation judiciaire, l’arrêt rapide de l’activité accroît l’impact social. La sauvegarde cible le traitement précoce des difficultés et vise à éviter la cessation des paiements, avec un effet protecteur potentiel sur l’emploi.
Secteurs et territoires : construction et transports en première ligne
Les secteurs de la construction et des transports ressortent comme les plus touchés dans les projections. Plusieurs médias économiques ont relayé ces constats approfondis, en soulignant la fragilité persistante de ces activités. Les causes évoquées tiennent à l’addition de facteurs opérationnels et de prix, ainsi qu’aux tensions de chaîne logistique.
Sur le plan géographique, des disparités existent. La Guyane figure parmi les départements les plus exposés, pointant un décrochage notable. Cette lecture territoriale mérite d’être suivie dans la durée pour discerner ce qui relève d’une conjoncture locale ou d’un effet plus structurel.
Construction : le frein de la demande et des coûts
Le secteur de la construction conjugue des cycles longs, des arbitrages budgétaires de clients parfois différés et des coûts intermédiaires volatils. Quand la demande devient hésitante, la charge des chantiers en cours et l’équilibre des contrats se tendent, surtout dans les entreprises à marges contraintes. Les ajustements de carnets et les retards de paiement compliquent la gestion du besoin en fonds de roulement.
Transports : chaînes logistiques mises à l’épreuve
Les transports sont sensibles aux imprévus opérationnels, aux coûts d’énergie et aux déséquilibres de flux. Les ruptures, même temporaires, se répercutent directement dans les comptes d’exploitation. Le secteur porte aussi un risque indirect via l’exposition aux retards de paiement des clients industriels et de la distribution.
Lecture territoriale : points de vigilance
Des signaux hétérogènes apparaissent entre départements. Les indicateurs méritent d’être rapprochés de la spécialisation sectorielle locale, du poids des ETI régionales et des dynamiques d’investissement public. En pratique, la vulnérabilité d’un territoire dépend autant de son profil productif que des chocs de demande qui le traversent.
Lectures croisées des sources : BPCE, INSEE, Altares
Plusieurs producteurs documentent le phénomène et leurs résultats se complètent. L’INSEE publie des séries mensuelles par date de jugement sur une longue période, avec un cumul glissant 12 mois pour appréhender les tendances. Ces données donnent de la profondeur historique et un cadre homogène pour les comparaisons dans le temps.
Les chiffres d’Altares pour le deuxième trimestre 2025 font état de 16 600 défaillances, un niveau qui s’inscrit dans la trajectoire globale décrite par l’étude, sans contradiction apparente sur la dynamique d’ensemble (Altares, T2 2025). Cette convergence de tendance renforce la crédibilité d’un scénario 2025 caractérisé par un volume élevé, mais une accélération désormais contenue.
INSEE : séries mensuelles et périmètre
Les séries INSEE couvrent la période 2000 à 2025 et s’attachent à compter les défaillances selon la date de jugement. Le cumul glissant sur un an est utile pour la gouvernance financière et la veille risques.
À noter : des différences de périmètre statistique peuvent exister selon les producteurs. Les comparaisons doivent donc privilégier les déplacements de tendance plutôt que la stricte égalité de niveaux à un instant T.
Les écarts tiennent souvent à la couverture des procédures retenues, aux dates de comptabilisation (dépôt, jugement, publication) et aux corrections saisonnières. En pratique, il est plus robuste de lire la direction du mouvement et la vitesse de variation que d’opposer des niveaux issus de méthodologies distinctes.
Où suivre les indicateurs clés
Pour une veille régulière, les données sont consultables auprès des producteurs institutionnels et des cabinets spécialisés qui publient des bilans trimestriels et annuels. La mise à jour mensuelle et la lecture en cumul 12 mois constituent un bon compromis pour piloter la gestion des risques au niveau d’un groupe ou d’un portefeuille d’entreprises.
Paramètres macroéconomiques en toile de fond
Le ralentissement de la hausse observée en 2025 s’inscrit dans un environnement où les chocs des années récentes se dissipent progressivement. Les tensions inflationnistes et leurs effets sur les coûts se modèrent par endroits, sans retrouver toutefois les repères d’avant-crise. Cette phase intermédiaire produit mécaniquement des signaux mixtes : un volume de défaillances élevé, mais des accélérations qui s’estompent.
Sur le terrain, la situation se lit différemment selon les filières. Les secteurs à cycles longs restent plus vulnérables aux décalages entre coûts et revenus.
Les activités de services fortement indexées sur la demande finale peuvent bénéficier plus vite d’un rétablissement de l’activité. Dans tous les cas, la vigilance sur la qualité des contreparties et l’effet domino dans les chaînes d’approvisionnement demeure un enjeu central pour les directions financières.
Pour apprécier la phase de normalisation, plusieurs repères sont utiles :
- Cumul 12 mois des défaillances au niveau national et sectoriel, pour situer le point haut.
- Part des ETI/PME dans les nouvelles procédures, indicateur d’intensité potentielle sur l’emploi et les chaînes fournisseurs.
- Répartition des procédures entre sauvegardes, redressements et liquidations, pour estimer la préservation d’actifs et de savoir-faire.
2025 sous surveillance : stabilisation en vue, vigilance requise
La photographie 2025 combine deux réalités. D’un côté, un volume attendu de 69 000 défaillances, un cumul glissant porté à 68 400 et des PME/ETI très exposées prouvent que le risque d’insolvabilité reste élevé. De l’autre, la hausse limitée à 3 % et le reflux de 9 % des emplois menacés par rapport à août 2024 suggèrent un palier et une possibilité de stabilisation graduelle.
Pour les acteurs économiques, l’essentiel se joue désormais dans la granularité : secteurs sensibles comme la construction et les transports, territoires à rattrapage difficile, et dossiers de taille plus importante qui comptent davantage socialement. La séquence qui s’ouvre doit viser à consolider les bilans et à surveiller la diffusion du risque au sein des chaînes d’approvisionnement.
Ralentir n’est pas reculer : la courbe s’adoucit, mais l’exigence de pilotage reste maximale.