Les prévisions de croissance allemande redéfinissent la value en Europe
Découvrez comment les prévisions de croissance du PIB allemand en 2025 influencent l'investissement value en Europe et ses perspectives.

+0,2 % attendu en 2025 pour le PIB allemand, +1,3 % en 2026 : le relèvement officiel de Berlin ravive un débat central chez les investisseurs européens. La rotation value en Europe a-t-elle amorcé un cycle durable ou s’agit-il d’un rebond opportuniste sur fond d’ajustements macro et budgétaires outre-Rhin
Value européenne en 2025 : rotation durable ou simple rebond
Après quinze années atypiques dominées par la croissance et les actifs de qualité, la hiérarchie sectorielle européenne se réorganise. Le style value retrouve de la traction, porté par le retour des critères de valorisation, une volatilité rehaussée et des signaux macroéconomiques plus nuancés. Les investisseurs qui s’étaient écartés des valeurs décotées redécouvrent leur attrait, alors que l’écart de valorisation avec la croissance reste conséquent.
Le message venu d’Allemagne joue un rôle catalyseur. Les autorités ont relevé leurs prévisions, tablant désormais sur 0,2 % de croissance en 2025 et 1,3 % en 2026, évitant la stagnation et préparant un redressement progressif de l’activité industrielle et des services (Le Figaro, 8 octobre 2025). Ce cadrage, même modeste, renforce la crédibilité d’une rotation plus structurelle vers la value, alignée sur des fondamentaux qui redeviennent discriminants.
Sur le terrain boursier, la dispersion des multiples entre titres value et titres de croissance demeure élevée. Cela multiplie les angles d’arbitrage pour des gérants actifs capables de déclencher des achats quand la perception du risque est encore dominée par le souvenir de la décennie 2010. Le pivot est moins une histoire de moteurs de performance exogènes que de normalisation des primes de risque et de réappréciation du cycle d’investissement en Europe.
Environnement de taux durablement bas, politiques monétaires très accommodantes, leadership des technologies et des valeurs de qualité sur fond de croissance visible et coûts du capital comprimés. Résultat : les cash-flows lointains ont été survalorisés, quand les bilans cycliques, souvent plus endettés, ont subi une prime de risque supérieure.
Signal allemand et lecture marché
Le rehaussement des prévisions de croissance, même marginal, change l’angle de vue des analystes sell-side sur des secteurs value sensibles au cycle. Dans les modèles, un dixième de point sur le PIB allemand peut suffire à enclencher des révisions de BPA dans l’industrie, les biens d’équipement et certaines financières, ce qui soutient la revalorisation de multiples encore déprimés.
Processus d’investissement en trois étapes : une mécanique pour amortir la volatilité
L’investissement value attire, mais sa volatilité rebute parfois. Pour en atténuer l’impact, un processus rigoureux en trois paliers s’impose : filtrage initial, analyse fondamentale approfondie, puis construction de portefeuille orientée vers la maîtrise du risque plutôt que l’optimisation d’un unique pari.
Étape 1, la sélection : l’objectif est de détecter des anomalies de prix crédibles, en hiérarchisant les catalyseurs potentiels de revalorisation. Étape 2, l’analyse fondamentale : bilan, génération de trésorerie, qualité du management et trajectoires sectorielles sont scrutés pour distinguer la décote rémunératrice de la « value trap ». Étape 3, l’assemblage du portefeuille : la diversification reste clé afin d’éviter les chocs idiosyncratiques.
Architecture du portefeuille. Typiquement, 60 à 100 positions sont retenues afin de lisser les à-coups et de capter plusieurs thèmes de revalorisation simultanés.
Aucun titre ne dépasse 3 % du total, ce qui préserve l’investisseur d’une concentration excessive sur une thèse unique. Cette approche, combinée à une discipline d’achat et de vente, vise un parcours de performance plus fluide sans renoncer au potentiel de rattrapage inhérent à la value.
Ce triptyque n’annule pas le risque, mais il rend les sources de volatilité plus identifiables et, souvent, mieux rémunérées. La clé reste la constance d’exécution à travers les cycles, surtout lorsque le marché peine à différencier contrainte conjoncturelle et inflexion de tendance.
Quatre axes dominent l’étude d’une décote : soutenabilité de la structure financière, visibilité du cash-flow, gouvernance et allocation du capital, catalyseurs datés et vérifiables susceptibles de déclencher la revalorisation. Ces axes aident à trier l’inefficience temporaire du marché d’une détérioration structurelle.
Être contrariant sans se brûler : la clé est le moment d’agir
Le contrarianisme authentique ne consiste pas à rechercher l’actif le plus impopulaire. La différence se joue au timing : acheter lorsque la majorité s’interroge « pourquoi maintenant » plutôt que « pourquoi tout court » implique d’évaluer la fenêtre où la décote est maximale mais les catalyseurs commencent à se matérialiser.
Cette gymnastique demande une expérience de cycle. Elle s’appuie sur la mémoire des précédentes inversions de tendance et sur une évaluation réaliste du temps de réversion de multiples. Les cas les plus probants restent souvent ceux où la perception du risque a saturé, alors que l’entreprise dispose d’un levier opérationnel ou bilanciel sous-estimé.
Electrolux : timing et revalorisation express
Au cœur de la crise financière, en 2009, l’acquisition d’un fabricant d’électroménager pouvait sembler contre-intuitive. Demande atone, ménages déjà bien équipés, perspectives incertaines.
La valorisation a pourtant servi de déclencheur : le cas d’Electrolux, souvent cité par les gérants value, illustre un rattrapage violent, l’action ayant triplé en six mois selon l’expérience relatée. La leçon n’est pas de généraliser, mais de rappeler qu’en phase extrême, les marchés réévaluent vite la prime de risque.
Transposer ce raisonnement en 2025, c’est reconnaître que le marché européen regorge encore de décotes, notamment dans des dossiers cycliques ou financiers pénalisés par des scénarios macro trop conservateurs. La nuance essentielle : sans catalyseurs visibles, la décote peut persister. Avec eux, la trajectoire de revalorisation peut être abrupte.
Le cadre d’intervention comporte trois jalons : acceptation d’un newsflow encore négatif, détection de signaux d’inflexion micro (capex, prix, commandes, désendettement), discipline de désengagement une fois les multiples revenus à leur moyenne historique. La méthode limite l’attrition temporelle tout en captant le cœur du rerating.
Allemagne, relance et commerce extérieur : le signal macro pour l’Europe value
La trajectoire allemande s’éclaircit à la marge mais reste contrastée. D’un côté, Berlin met en œuvre des paquets fiscaux orientés investissement et innovation, avec l’ambition de stimuler l’outil productif et d’attirer des capitaux internationaux. Ces annonces constituent un tailwind potentiel pour plusieurs segments value, en particulier l’industrie de biens d’équipement et certains services aux entreprises.
De l’autre, la balance commerciale s’est dégradée depuis 2019, érodant un excédent historique. Les tensions sur les coûts énergétiques, les chaînes d’approvisionnement et la demande externe ont entamé la position de force à l’export. À court terme, la dynamique de prix et l’adaptation industrielle demeurent déterminantes pour transformer l’effort budgétaire en croissance embarquée.
Par ailleurs, les chiffres annuels du PIB 2025 ont été révisés à la baisse fin août, avant d’être suivis d’un relèvement des prévisions pour 2025 et 2026 début octobre. Le message net pour les investisseurs est double : le point bas paraît franchi, mais le tempo de la reprise reste graduel. Cette combinaison est typiquement favorable au style value, qui s’accommode d’un scénario de normalisation sans euphorie.
Quels secteurs pourraient bénéficier d’un redressement ordonné associé à une politique de relance ciblée
- Industrie et biens d’équipement : effet de levier sur les carnets d’exportation et la modernisation des sites.
- Banques et financières : normalisation du coût du risque et portefeuilles de prêts aux PME en soutien de cycle.
- Énergie et services aux collectivités : capex de transition et tarification plus prévisible.
- Transports et logistique : reconstitution des volumes et gains d’efficience sur les flux intra-UE.
Attention toutefois : la visibilité reste conditionnée à l’exécution des mesures budgétaires, à la trajectoire des coûts énergétiques et à l’appétit mondial pour les biens industriels européens. Le scénario de base demeure celui d’une reprise progressive, suffisamment ferme pour alimenter la revalorisation des décotes mais encore soumise à des aléas externes.
Lecture rapide : ce que dit le commerce extérieur
La perte de parts de marché de l’Allemagne depuis 2019 s’explique par des chocs de coûts et de demande. Pour l’investisseur value, ce diagnostic n’est pas rédhibitoire : il fournit un cadre d’entrée conditionné par des catalyseurs opérationnels vérifiables et des valorisations encore attractives.
Équipe de gestion et discipline comportementale : la constance fait la différence
La pression inhérente à la gestion active augmente en période de volatilité. Une équipe stable et aguerrie aide à traverser ces phases sans sacrifier la méthode d’investissement. S’agissant de la value, le principal piège réside souvent dans les biais comportementaux : extrapolation des mauvaises nouvelles, aversion excessive aux pertes, requalifications hâtives en « value trap ».
Travailler avec des collègues qui ont vécu des cycles comparables favorise la retenue lorsqu’un titre passe temporairement sous pression. La discipline collective limite les décisions de court terme dictées par le flux d’actualités. Cette cohésion s’est révélée déterminante dans la durée, notamment quand le marché délaisse les signaux de valorisation classiques au profit de thèmes à la mode.
L’expérience ne protège pas de tout, mais elle réduit la variance des erreurs de jugement. La force du cadre est d’empêcher la méthode de se dissoudre dans l’émotion lorsque les cours accélèrent dans un sens comme dans l’autre.
Trois garde-fous pragmatiques : distinguer problème conjoncturel et déclin structurel, exiger des catalyseurs plausibles et datables, verrouiller une taille de ligne maximum afin de contenir le risque d’exécution. Ces garde-fous n’éliminent pas le risque, mais réduisent l’asymétrie défavorable.
Cadre ESG, objectifs et risques : ce que l’épargnant doit savoir
Le fonds visé par cet article poursuit un objectif de croissance du capital et de revenu, avec l’ambition de délivrer une performance supérieure au marché actions européen sur un horizon de cinq ans, tout en appliquant des critères ESG. Au moins 80 % des actifs sont investis en actions de sociétés européennes, sans restriction sectorielle ni de capitalisation.
La politique ESG repose sur une double approche : exclusions de certaines activités et biais positif vers des émetteurs mieux notés sur les dimensions environnementales, sociales et de gouvernance, conformément à l’annexe précontractuelle. La durée de détention recommandée est de 5 ans, cohérente avec la nature cyclique de la value.
Principaux risques à considérer :
- Risque actions : la valeur et les revenus des investissements fluctuent à la hausse comme à la baisse, sans garantie d’atteindre l’objectif.
- Risque de change : exposition à des devises variées pouvant impacter négativement la valorisation en euros.
- Risque de liquidité : dans des circonstances exceptionnelles, impossibilité d’évaluer ou de céder les actifs à un prix juste, pouvant entraîner une suspension temporaire des rachats.
- Risque de contrepartie : perte potentielle en cas de défaillance d’une contrepartie.
- Risque ESG : données externes incomplètes ou inexactes susceptibles de conduire à des évaluations ou exclusions inappropriées.
- Risque de détention indirecte : l’investisseur acquiert des parts du fonds, non les actifs sous-jacents.
Avertissement promotionnel : ceci est une communication promotionnelle. Avant toute décision d’investissement, consultez le prospectus et le Document d’Informations Clés.
Les informations sur la gestion des réclamations et les droits des investisseurs sont disponibles en français sur www.mandg.com/investments/professional-investor/fr-fr/complaints-dealing-process. Publié par M&G Luxembourg S.A., 16 boulevard Royal, L-2449 Luxembourg.
Mode d’emploi pour l’épargnant averti
La stratégie value européenne s’apprécie sur 5 ans minimum. Elle convient aux investisseurs acceptant des phases de volatilité en contrepartie d’un potentiel de rerating lié au retour des fondamentaux et à la normalisation du cycle en Europe.
Rééquilibrer le portefeuille mondial : l’Europe mérite sa place
Beaucoup de portefeuilles restent sur-exposés aux États-Unis, un choix gagnant de la précédente décennie. En 2025, la question n’est pas de sortir des États-Unis mais de rééquilibrer. L’Europe présente des caractéristiques complémentaires : entreprises solides, valorisations relatives attractives et cadre politique-économique qui, à défaut d’être euphorique, se normalise.
Les piliers se renforcent graduellement : un système bancaire mieux capitalisé, des marchés domestiques qui regagnent de l’allant et une relocalisation de segments de chaîne de valeur à l’échelle de l’UE. Si les mesures de relance, en Allemagne notamment, s’exécutent avec discipline, l’effet d’entraînement pourrait irriguer des secteurs value longtemps délaissés.
Pour les gérants actifs, l’opportunité tient autant à la diversité des décotes qu’à la capacité de remettre à l’épreuve des dossiers très différents en termes de cycle et de bilans. La récente hausse de l’activité d’arbitrage, avec des achats réalisés lors des phases de stress fin 2024 puis des prises de bénéfices début 2025, illustre une stratégie d’exploitation de la volatilité plutôt que de simple exposition passive.
La rotation en cours ne garantit pas une ligne droite. Les épisodes de correction, comme ceux observés au printemps 2025, restent des moments d’entrée si la thèse fondamentale demeure. La méthode prime : filtrer rapidement l’information, redéployer le capital vers les décotes les plus convaincantes, sécuriser les gains lorsqu’un titre rejoint des niveaux de valorisation jugés pleins.
Trois questions simples guident l’allocation value en Europe : la valorisation intègre-t-elle déjà un scénario macro conservateur, des catalyseurs micro existent-ils à horizon 12-24 mois, la structure du portefeuille reste-t-elle diversifiée pour affronter des chocs idiosyncratiques sans compromettre l’ensemble.
Feuille de route pour un style value exigeant
La décennie 2010 a habitué les épargnants à un leadership de la croissance. 2025 ouvre un chapitre différent : la valorisation redevient centrale et les signaux macro, aussi ténus soient-ils, valent de l’or pour les styles orientés décote. La patience et la méthode restent les meilleures alliées pour profiter d’une rotation qui s’annonce plus structurelle que conjoncturelle.
En pratique, la combinaison d’un processus robuste, d’une équipe aguerrie et d’un univers européen encore riche en inefficiences offre un terrain propice à la génération d’alpha. Le tout avec un garde-fou simple : ne pas confondre décote et fragilité structurelle, et laisser le temps au marché de redécouvrir la valeur des fondamentaux.
Les marchés finissent toujours par récompenser la discipline. À l’investisseur d’en épouser le tempo.