La CCI Bayonne analyse la santé économique locale
Découvrez le baromètre 2025 de la CCI Bayonne sur l'économie régionale, entre prudence des PME et dynamisme sectoriel.

À Bayonne, la CCI Bayonne Pays Basque a livré le 9 octobre 2025 une photographie très attendue de l’économie locale. Message central : la conjoncture manque d’élan, mais le tissu entrepreneurial reste debout. Entre ralentissement des ventes, hausse des coûts et prudence sur l’investissement, l’heure est à la sélectivité stratégique pour les PME basques.
Baromètre CCI Bayonne Pays Basque : signaux mitigés pour S1 2025
Présenté par André Garreta, le baromètre semestriel s’appuie sur une enquête réalisée en juillet 2025 auprès de 214 entreprises du territoire. Bilan du premier semestre : 50 % des dirigeants déclarent un chiffre d’affaires stable et 22 % une progression, contre 29 % en 2024 à la même période. Cette inflexion confirme un tassement du cycle d’activité local.
Les freins cités par les répondants dessinent un trépied désormais bien installé : demande affaiblie, inflation toujours sensible, charges sociales et fiscales lourdes. Pour la CCI, l’ensemble crée une compression des marges et des arbitrages défavorables à l’investissement. Le diagnostic d’André Garreta est sans détour : la région manque de dynamisme, même si la base productive résiste.
S1 2025 au Pays basque : repères à retenir
Les éléments saillants rapportés par la CCI :
- 50 % des entreprises avec un CA stable sur S1 2025.
- 22 % des entreprises en croissance, contre 29 % un an plus tôt.
- Freins identifiés : demande insuffisante, inflation persistante, charges sociales et fiscales.
L’édition dévoilée le 9 octobre 2025 repose sur une enquête réalisée en juillet 2025 auprès de 214 entreprises du Pays basque. Elle est semestrielle et mobilise les dirigeants sur leurs résultats passés et leurs anticipations. Le périmètre sectoriel est large, mais la CCI n’a pas détaillé la ventilation par secteur dans la publication orale. Les tendances mentionnées sont globales.
Secteurs en contrastes : construction en retrait, industrie en avance
La photographie sectorielle révèle des écarts marqués. La construction subit un trou d’air, dans la lignée d’une demande ralentie et de coûts de chantier élevés. Le commerce de centre-ville pâtit d’un pouvoir d’achat cabré, avec un report vers des gammes plus accessibles. Le tourisme affiche des performances en deçà des attentes, pénalisé par des arbitrages budgétaires des ménages.
À l’inverse, deux moteurs tranchent avec ce tableau : l’industrie, qui progresse de 13 % en chiffre d’affaires au premier semestre 2025, et les services, en hausse de 8 %. Ces résultats confirment une résilience de l’appareil productif local et de l’économie de services, même si les tensions sur les coûts demeurent.
Agour : stratégie et résultats
Peio Etxeleku, premier vice-président de la CCI et PDG du groupe Agour, observe une évolution nette des comportements d’achat : préférence pour des produits plus abordables et renforcement de l’épargne. Ces signaux affectent les volumes de vente, notamment dans l’agroalimentaire. Agour illustre toutefois une stratégie d’adaptation par la qualité : le groupe a annoncé 80 % de sa production de fromages certifiée bio en 2025, renforçant son positionnement durable.
Commerce de détail en centre-ville : arbitrages des ménages
Le recul du panier moyen en boutique physique, observé par la CCI, tient à la montée de l’épargne et à une recherche de prix plus bas. Les enseignes qui tirent leur épingle du jeu travaillent soit le premier prix, soit la valeur d’usage, avec une promesse claire sur le rapport qualité-prix. La concurrence d’enseignes périphériques et du e-commerce complique la donne.
Marché du travail au Pays basque : stabilité du chômage, pression sur l’emploi
La CCI mesure un taux de chômage stable à 5,8 % au Pays basque. Pourtant, le nombre de demandeurs d’emploi a progressé de 4,8 % en juin 2025 par rapport à juin 2024. Ce duo statistique traduit une détérioration des flux d’entrée-sortie sur le marché du travail, avec des recrutements ralentis et davantage de frictions.
À l’échelle nationale, le chômage en France métropolitaine est autour de 7,4 %, selon les dernières publications de l’INSEE en septembre 2025. Localement, les entreprises affichent une prudence renforcée sur les embauches, en attendant des signaux plus clairs sur la demande et la stabilité réglementaire.
Le taux de chômage est une proportion rapportée à la population active, alors que le nombre de demandeurs d’emploi vient des inscriptions administratives. On peut donc observer un taux stable avec une hausse des demandeurs si la population active évolue ou si les sorties vers l’emploi se raréfient. C’est la configuration décrite par la CCI au Pays basque.
Investissements gelés et risque politique perçu par les dirigeants
Capex au ralenti. Seules 17 % des entreprises interrogées envisagent d’investir au second semestre 2025.
Un plancher rarement atteint ces dernières années, reflet d’une aversion accrue au risque. André Garreta relie cette prudence à la conjoncture politique instable, après la démission récente du Premier ministre, la plus courte de la Ve République. Dans ce climat, beaucoup de dirigeants reportent les projets non indispensables.
Ce diagnostic converge avec la dégradation du moral entrepreneurial relevée par la presse spécialisée locale, qui évoque une érosion de la confiance des chefs d’entreprise dans un environnement politique jugé incertain. À court terme, la clé est la visibilité : sans horizon politique stabilisé, la trajectoire d’investissement reste bridée.
Facteurs de prudence cités par les dirigeants
- Instabilité politique et attente de visibilité réglementaire.
- Inflation encore ressentie dans les intrants et les coûts fixes.
- Demande atone et arbitrages consommateurs vers le bas de gamme.
- Charges sociales et fiscales perçues comme un frein à la compétitivité.
Lecture macro : projections Banque de France et indicateurs nationaux
La directrice de l’antenne économique de la Banque de France à Bayonne, Marie-Anne Kozlowski, a livré les projections nationales. Pour la fin d’année, la Banque de France revoit la dynamique légèrement à la hausse : 0,7 % de croissance attendue sur le second semestre 2025, soit +0,1 point de mieux que la précédente estimation (Banque de France, 15 septembre 2025). La trajectoire anticipée se prolonge avec 0,9 % en 2026 et 1,1 % en 2027.
Côté prix, la Banque de France anticipe une inflation à 1,8 % en 2025, en retrait par rapport à 2,5 % en 2024, ce qui appuierait à terme la demande des ménages. L’INSEE relève justement un taux d’épargne des ménages élevé, à 17,2 % du revenu disponible, signal d’une consommation bridée mais à potentiel de réactivation lorsque la confiance remontera (INSEE, note de conjoncture du 18 juin 2025).
Le ministère de l’Économie mentionne, par ailleurs, la bonne tenue de la production industrielle au premier trimestre 2025, à +1,2 %, tandis que l’INSEE mesure une hausse de l’IPC de 2,1 % sur un an en août 2025. L’ensemble dessine une France en reprise graduelle, sans emballement, dans laquelle les territoires industriels, dont le Pays basque, peuvent bénéficier d’un cycle porteur si la demande s’affermit.
Une croissance nationale de 0,7 % rehaussée est un signal d’éclaircie. Localement, elle peut se traduire par un réamorçage de la demande et un peu plus de visibilité de trésorerie. À court terme, l’effet est surtout psychologique : une perception de stabilité encourage les arbitrages d’investissement différés, notamment dans l’industrie et les services.
Immobilier et compétitivité transfrontalière : variables d’ajustement locales
Le rapport du 8 octobre 2025 sur le marché immobilier au Pays basque signale un palier des prix à Anglet, une baisse à Biarritz et une progression à Bayonne. Les marges de négociation atteignent des niveaux record dans les Pyrénées-Atlantiques. Pour les entreprises, ces mouvements modifient les équations d’implantation et les bilans, notamment via les loyers et garanties exigées.
La compétitivité frontalière pèse aussi dans les choix de localisation. Un rapport de la Direction Générale du Trésor souligne que les charges sociales représentent environ 40 % du salaire brut en France, contre 30 % en Espagne. Pour les sociétés bicéphales entre Pays basque nord et sud, l’écart peut influencer la structure de coûts et les décisions d’embauche.
Immobilier d’entreprise : points de friction au Pays basque
- Anglet : prix stables, opportunités de négociation sur les surfaces secondaires.
- Biarritz : repli des valeurs, repositionnement des actifs non prime.
- Bayonne : prix en progression, liquidité plus soutenue.
- Pyrénées-Atlantiques : marges de négociation au plus haut, impact sur valorisation et financement.
Éléments comparatifs cités dans le rapport du Trésor : charges sociales autour de 40 % du salaire brut en France contre 30 % en Espagne. Les entreprises implantées des deux côtés de la frontière doivent calibrer leurs coûts salariaux, leurs rémunérations nettes et leurs cotisations en conséquence.
Gouvernance économique locale : leviers CCI et France 2030
La CCI Bayonne Pays Basque encourage les démarches d’innovation et de mise à niveau productive. L’institution promeut notamment les financements mobilisables au titre de France 2030, un plan de 54 milliards d’euros fléchés vers l’innovation et la transition écologique d’ici 2027. Dans un cycle de demande hésitant, ces leviers publics sont un soutien concret aux investissements de transformation.
Sur le terrain, l’action de la CCI vise aussi à dynamiser l’entrepreneuriat. Son président, André Garreta, élu en 2016, met l’accent sur l’accompagnement des projets technologiques. À noter, l’annonce en 2024 d’un fonds d’investissement régional de 20 millions d’euros pour soutenir les jeunes pousses et les PME innovantes.
CCI Bayonne Pays Basque : mission et ancrage
Interlocuteur privilégié des entreprises, la CCI apporte conseil, mise en relation et appui à l’export. Elle mesure la conjoncture via ses baromètres et diffuse des alertes sectorielles. En période de ralentissement, sa capacité à mutualiser les informations et à orienter vers les aides est déterminante pour éviter les sous-investissements prolongés.
France 2030 : opportunités pour l’industrie et les services
La consolidation des chaînes de valeur industrielles et l’adoption d’outils numériques dans les services constituent deux axes d’accès aux dispositifs France 2030. Les entreprises du Pays basque peuvent y trouver des cofinancements pour des projets de transition écologique, de montée en gamme ou de digitalisation, avec des effets d’entraînement sur la productivité et la résilience.
- Cartographier les projets éligibles France 2030 et les besoins en CAPEX ou OPEX liés à la transition.
- Renseigner les critères d’éligibilité par filière avec la CCI et identifier les guichets prioritaires.
- Calendrieriser les dépôts de dossiers pour aligner obtention des aides et fenêtres d’investissement S2 2025-S1 2026.
Peio Etxeleku : lecture terrain de la demande
Le dirigeant d’Agour rappelle que les ménages privilégient l’épargne et les produits plus accessibles. Cette réalité rejoint les constats macro sur l’élévation du taux d’épargne. Pour les PME de l’agroalimentaire et du retail, cela implique de revisiter la construction de gamme, la politique promotionnelle et l’offre locale pour préserver les volumes sans sacrifier la qualité.
Point d’étape pour les dirigeants basques
Le baromètre de la CCI valide une conjoncture prudente, mais pas inerte. Industrie (+13 %) et services (+8 %) jouent les amortisseurs.
La visibilité politique reste le sésame pour relancer les 17 % d’intentions d’investissement recensées. Avec une croissance nationale qui s’améliore à la marge et une inflation plus contenue, la fenêtre d’arbitrages productifs pourrait s’ouvrir dès que la confiance s’installera.
En attendant, les entreprises ont intérêt à mobiliser les dispositifs publics, à piloter finement la structure de coûts et à aligner l’offre sur une demande plus sélective. L’objectif : passer ce cycle avec des fondamentaux renforcés, et être prêt lorsque l’épargne se transformera en consommation.
Cap sur la rigueur d’exécution, en gardant la poudre sèche pour investir au bon moment.