Impact de la conformité sur les revenus des établissements financiers en Europe
Découvrez comment la conformité financière pèse sur les revenus des institutions européennes et les défis à relever.

+5 à 10 % du chiffre d’affaires absorbés par la conformité: c’est la réalité budgétaire que les établissements financiers en Europe doivent désormais piloter, tout en accelerant les paiements instantanés et l’adoption d’un portefeuille numérique paneuropéen. Dans cette bascule stratégique, la sécurité et l’inclusion ne sont plus des variables d’ajustement mais des exigences d’usage.
Paiements instantanés, portefeuille européen et nouvelles pratiques de règlement
Le marché européen des paiements franchit un cap. Paiements instantanés, expérimentation d’un portefeuille numérique européen, recours aux paiements échelonnés et réflexion sur les stablecoins dessinent un nouvel équilibre: davantage de rapidité, mais sans compromis sur la fiabilité.
Ce mouvement n’est pas seulement technologique. Il est politique et économique. La diversification des solutions, à l’initiative aussi bien d’acteurs publics que de fintechs, nourrit une ambition claire: renforcer la souveraineté européenne des paiements en réduisant les dépendances et en homogénéisant les standards. Dans cette recomposition, la valeur se joue sur trois axes indissociables:
- Confiance: protection du consommateur, authentification renforcée, lutte antifraude.
- Interopérabilité: normes communes, compatibilité des interfaces, orchestration multi-schémas.
- Expérience: immédiateté, taux d’acceptation, simplicité d’usage sur tous les canaux.
Les données de terrain rappellent que la sécurité reste le premier critère d’adhésion des utilisateurs lors d’un paiement. Pour convertir cette attente en adoption durable, les acteurs doivent conjuguer architecture robuste, pédagogie et résilience opérationnelle.
Ce que recouvre le portefeuille numérique européen
Le portefeuille numérique européen vise à regrouper, dans une application sécurisée, identité, justificatifs et moyens de paiement. Objectif: fluidifier l’authentification et les transactions en ligne, réduire la fraude et faciliter la portabilité des services au-delà des frontières nationales. La clé de voûte: la confiance numérique et l’acceptation par les commerçants.
Conformité financière: levier opérationnel pour des alliances bancaires et fintechs
Longtemps perçue comme un frein à l’innovation, la conformité est devenue un avantage compétitif pour qui sait l’industrialiser. Les fintechs apportent l’agilité produit et la rapidité d’exécution.
Les banques, elles, maîtrisent l’appétit réglementaire, la gestion des risques et les mécanismes de contrôle. Résultat: des partenariats mieux calibrés, structurés autour de modèles Banking-as-a-Service qui intègrent nativement les paiements dans les parcours clients.
Dans la zone EMEA, le coût de la conformité est évalué à 5 à 10 % des revenus pour les institutions financières, ce qui renforce l’intérêt d’une mutualisation des briques KYC, LCB-FT, scoring fraude et sanction screening (LexisNexis, 2024). L’industrialisation passe par:
- Des API sûres et documentées: intégrations rapides, mise à jour continue, traçabilité des flux.
- Une gouvernance data qui aligne sécurité, qualité et minimisation des données.
- Des contrôles automatisés pour l’onboarding, l’authentification forte et le monitoring transactionnel.
- Une orchestration des paiements pour optimiser le taux d’acceptation et contourner les pannes en temps réel.
Cette approche n’est pas cosmétique. Elle conditionne la soutenabilité économique de l’investissement réglementaire et la capacité à déployer des paiements instantanés à l’échelle européenne sans dégrader la marge ni le risque.
Dsp2, psd3 et psr: cap sur l’interopérabilité et l’acceptation
La DSP2, en vigueur depuis 2018, a imposé une sécurisation accrue des paiements et ouvert la voie à l’Open Banking. En France, l’authentification forte est obligatoire pour l’e-commerce depuis 2021 et s’impose comme un pivot de la réduction de la fraude carte, y compris via 3DS2 et les exemptions contrôlées. L’étape suivante prend forme avec la PSD3 et le Règlement sur les services de paiement (PSR), appelés à moderniser la supervision et à renforcer l’harmonisation technique.
Les analyses publiées en 2025 décrivent une année charnière pour les systèmes de paiement européens, portée par le couple PSD3 et PSR et la généralisation d’ISO 20022 dans les chaînes de paiement. L’enjeu opérationnel: améliorer les taux d’acceptation, limiter les coûts de rejet, et assurer la compatibilité des messages entre banques et prestataires de services de paiement, y compris sur l’instantané.
PSD3 clarifie le périmètre des acteurs et les obligations de supervision, tandis que le PSR, d’application directe, vise l’harmonisation technique et la lutte contre la fraude. Concrètement: chaînes de responsabilité mieux définies, transparence renforcée sur les frais, obligations accrues sur l’authentification et l’accès aux données, et interopérabilité plus robuste pour l’instant payment.
Trois éléments sont déterminants: la qualité du moteur de règles pour l’application des exemptions, la capacité à proposer des parcours SCA sans rupture (app + biométrie + web), et la surveillance en continu des tentatives de fraude afin d’ajuster le niveau de friction. Les marchands performants pilotent ces paramètres au jour le jour.
Feuille de route conformité pour 2025
- Cartographier les parcours de paiement et les points de SCA pour réduire la friction sans perdre en sécurité.
- Accélérer la migration ISO 20022 afin d’aligner messages, contrôles et reporting.
- Préparer l’harmonisation PSD3 et PSR: responsabilité, gestion des litiges, transparence des frais.
- Industrialiser l’orchestration multi-PSP pour sécuriser les taux d’acceptation en instantané.
Cybersécurité et continuité: nis2 élargit le périmètre des obligations
La directive NIS2, applicable via les transpositions nationales depuis 2024, impose des standards élevés en matière de cybersécurité: chiffrement, gestion des vulnérabilités, plans de continuité d’activité et procédures de signalement d’incident. Les établissements essentiels et importants doivent démontrer une gouvernance de la sécurité à la hauteur des risques, sous peine de sanctions.
Cette montée en exigences s’articule avec une intégration bancaire européenne plus marquée. Des analyses spécialisées soulignent que la souveraineté réglementaire nationale se trouve davantage encadrée par les règles communes, tandis que l’Autorité européenne contre le blanchiment (AMLA) amorce une supervision unifiée à partir de juillet 2025. Les acteurs doivent donc coordonner leur conformité cybersécurité avec leurs obligations LCB-FT et leur stratégie de paiements.
Trois priorités opérationnelles se détachent: 1) classification et protection des actifs critiques de paiement, 2) capacité de détection et de réponse aux incidents couvrant les PSP et fournisseurs tiers, 3) preuves d’audit et de tests réguliers: red team, gestion des failles, plans de reprise. Les chaînes de sous-traitance doivent être auditées et contractuellement sécurisées.
Inclusion et durabilité: des solutions concrètes qui montent en puissance
Au-delà des textes, la collaboration banques et fintechs produit des réponses tangibles à deux priorités publiques: l’inclusion bancaire et la transition écologique. En France, plus d’un million de personnes fragiles bénéficient d’une offre spécifique plafonnée en frais pour limiter les incidents et accompagner les usages, ce qui place la protection des publics vulnérables au cœur des priorités.
Du côté des nouveaux usages, plusieurs initiatives structurent un terrain d’expérimentation à grande échelle, avec une attention particulière à la transparence et à l’impact:
Skipr et betterway: mobilité durable et paiement fléché
Les acteurs de la mobilité émettent des cartes de paiement dédiées pour orienter les dépenses vers des solutions de transport bas carbone et respecter les politiques RH. L’intérêt pour l’entreprise: pilotage des budgets, conformité aux règles d’éligibilité, et données mieux qualifiées pour le reporting RSE.
Lumo: financement participatif des énergies renouvelables
Spécialisée dans le financement des projets d’énergie verte, Lumo illustre la capacité des plateformes à aligner l’épargne des particuliers avec la transition énergétique. Les processus de KYC et la traçabilité des flux y sont centraux afin de concilier simplicité d’investissement et exigences LCB-FT.
Money walkie, banxup et bling: éducation financière et contrôle parental
Pour les jeunes, des solutions de paiement avec contrôle parental favorisent une autonomie encadrée: activation ou non du sans contact, plafonds personnalisés, notifications en temps réel. Au-delà de l’outil, ces offres contribuent à structurer l’apprentissage budgétaire et à réduire le risque d’incident dès les premiers usages.
Inclusion: leviers activables par les établissements financiers
- Parcours d’entrée simplifiés pour les publics fragiles, avec accompagnement proactif et plafonnement tarifaire.
- Outils pédagogiques intégrés dans les apps: alertes, simulateurs et suivis d’objectifs.
- Cartes fléchées pour les dépenses spécifiques: mobilité, alimentation, énergie.
- Interopérabilité avec les services sociaux et les collectivités: versement et contrôle facilités.
Souveraineté des paiements: standardisation et contrôle des actifs stratégiques
La souveraineté n’est pas un slogan, c’est une architecture économique et juridique. En matière de paiements, elle repose sur la capacité à développer des infrastructures interopérables, à fort niveau de sécurité, et sur une gouvernance européenne cohérente.
Les débats autour de l’intégration bancaire montrent une tension: préserver l’agilité locale tout en renforçant les cadres communs. Les textes en cours de déploiement font converger les pratiques.
La France, à travers ses dispositifs de contrôle des investissements étrangers, protège ses secteurs stratégiques, parmi lesquels les paiements et la sécurité des données financières. L’objectif est clair: sécuriser les technologies critiques, préserver la compétitivité des acteurs domestiques, et maintenir la capacité d’orientation du capital dans les infrastructures de paiement.
Sur le plan technique, l’extension d’ISO 20022 dans les messages de paiement soutient la standardisation du traitement et du reporting. Les bénéfices business sont immédiats: données enrichies pour la lutte contre la fraude, meilleure réconciliation, et facilitation des contrôles réglementaires. À l’horizon 2025, cette standardisation est appelée à accélérer l’adoption de l’instantané et à fluidifier les coopérations banque-fintech.
1) Infrastructures temps réel: instant payment, routage intelligent, disponibilité 24h/24 et 7j/7. 2) Couche conformité partagée: KYC, LCB-FT, sanctions, preuve d’audit. 3) Expérience unifiée: authentification forte frugale, support multi-canaux, gestion fluide des litiges. Les trois couches doivent évoluer de concert pour éviter les goulets d’étranglement.
2025, consolider la confiance au rythme de l’innovation
La trajectoire est tracée: paiements instantanés, standardisation par ISO 20022, et montée en puissance d’un cadre PSD3-PSR, le tout sous contrainte NIS2 et supervision anti-blanchiment renforcée. L’équation gagnante marie robustesse réglementaire, interopérabilité et accès équitable aux services. Les établissements qui articulent ces dimensions sans sacrifier l’expérience client devraient capter la valeur.
En France comme en Europe, la clé sera d’aligner les investissements technologiques et la gouvernance de la conformité avec les besoins concrets des utilisateurs: simplicité, contrôle et sécurité. C’est à ce prix que l’écosystème ancrera une souveraineté des paiements durable et lisible.
La sécurité n’est pas un coût, c’est un actif: c’est elle qui autorise l’innovation à l’échelle.