Comment évolue le moral des ménages en août 2025 ?
Découvrez l'indice de confiance des ménages en août 2025, son impact sur le pouvoir d'achat et les tendances durables.

Un cran plus bas. En août 2025, la boussole du moral des ménages fléchit et renvoie un signal que les entreprises ne peuvent ignorer. Ce léger recul, après plusieurs mois d’accalmie, intervient alors que les arbitrages budgétaires s’annoncent serrés et que les anticipations de prix se retendent. La demande intérieure pourrait s’en ressentir, avec des effets directs sur le chiffre d’affaires et les plans d’investissement.
Moral des ménages en retrait en août 2025 : la barre des 87 points et ses implications
L’indicateur synthétique de confiance des ménages s’établit à 87 points en août 2025, contre 88 en juillet. Il s’agit du niveau le plus faible depuis octobre 2023, bien en dessous de sa moyenne de longue période fixée à 100 (Insee).
Cette inflexion met fin à une séquence de trois mois de stabilité. Elle confirme une réalité déjà perceptible dans les comportements d’achats et d’épargne : le ressenti des ménages sur la situation économique reste fragile. Dans la pratique, un indice inférieur à 100 traduit un pessimisme plus répandu que l’optimisme, ce qui a tendance à brider les achats discrétionnaires et à favoriser la constitution d’épargne de précaution.
La composante prospectives sur le niveau de vie se détériore. Le solde d’opinion sur l’amélioration attendue du niveau de vie en France recule à -64 en août, après -62 en juillet.
Ce niveau reste très éloigné de sa moyenne historique à -28. Les ménages évoquent des pressions accumulées sur le pouvoir d’achat et une visibilité limitée sur la conjoncture européenne. Pour les directions financières, c’est un signal de prudence pour la fin d’année.
Lire et utiliser l’indice de confiance des ménages
L’indice de confiance agrège des soldes d’opinion sur la situation financière, le chômage, les prix, l’épargne et le niveau de vie. Quelques points-clés pour décideurs :
- Seuil 100 : moyenne de long terme. En dessous, le pessimisme domine.
- Chocs prix : la composante prix réagit vite aux coûts de l’énergie et des matières premières.
- Transmission : une baisse persistante précède souvent un ralentissement de la consommation des ménages.
Pour faciliter le pilotage, voici les repères chiffrés du moment et leur évolution récente :
Inflation et pouvoir d’achat : tensions sur les anticipations, prudence sur les prix
Le regard des ménages sur l’évolution future des prix se tend. Le solde d’opinion relatif à une accélération des prix grimpe à -25 en août, après -30 en juillet. C’est un plus haut depuis mars 2023 et au-dessus de la moyenne de long terme fixée à -32, ce qui témoigne d’une crainte accrue d’un regain d’inflation.
Dans le même temps, l’inflation effective reste modérée mais non nulle : 2,3 % en glissement annuel en juillet 2025, portée notamment par les composantes énergie et matières premières (Insee). Même si la normalisation monétaire en zone euro se poursuit, la composante énergétique reste volatile. Pour les entreprises, l’enjeu est double : maintenir des prix psychologiques de marché tout en préservant les marges.
Cette sensibilité aux prix pèse surtout sur les segments discrétionnaires et les biens durables. Les ménages arbitrent davantage, selon leurs contraintes de budget, au profit de postes incompressibles. Les enseignes positionnées sur la valeur d’usage, la réparabilité et la seconde main tirent mieux leur épingle du jeu que celles reposant sur la rotation rapide des collections.
Un solde négatif n’implique pas que la majorité anticipe une forte hausse des prix, mais qu’il y a plus de réponses “hausse” que “baisse”, à un degré pondéré par l’Insee. Passer de -30 à -25 signifie que l’équilibre perçu se déplace vers davantage de hausses attendues.
Conséquences directes :
- Indexations contractuelles plus difficiles à renégocier à la baisse.
- Budgets marketing à recentrer sur la valeur perçue et la différenciation hors prix.
- Gestion de stock plus agile pour limiter les démarques si la demande fléchit.
Emploi et chômage : perceptions en dégradation, vigilance sur les recrutements
Les ménages anticipent une dégradation du marché du travail. Le solde des perspectives de chômage progresse à 56 en août, très au-dessus de sa moyenne de long terme fixée à 33. Ce niveau traduit une attente d’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi, ce qui alimente la prudence dans les projets des ménages.
Sur le terrain, les statistiques confirment un environnement moins favorable qu’en 2024. Le taux de chômage au sens du BIT atteint 7,4 % au deuxième trimestre 2025, avec une hausse plus marquée chez les jeunes.
Parallèlement, les inscriptions à France Travail progressent, en lien avec un ralentissement de la croissance et une demande intérieure sous pression. Pour les directions des ressources humaines, la tentation de geler certaines embauches se renforce, au risque de freiner l’innovation.
Repères marché du travail à mi-année 2025
Points d’attention pour comités exécutifs et DRH :
- Jeunes actifs plus exposés aux contrats courts et à la cyclicité sectorielle.
- Inadéquation des compétences persistante sur des métiers en tension, malgré le repli de la demande.
- Cycle d’embauche rallongé et clauses d’essai plus fréquentes pour gérer l’incertitude.
Secteurs sous tension et poches de résistance
Les enquêtes de conjoncture pointent une décélération de l’activité dans les services et le commerce au cœur de l’été, tandis que l’industrie reste atone après un premier semestre de stagnation. Les activités innovantes, en particulier dans la tech et le numérique, ont mieux résisté en 2024 avec des créations nettes d’emplois, mais la dynamique de 2025 est davantage contrainte par la raréfaction des capitaux et l’ajustement des valorisations.
Le pilotage de la masse salariale devient un exercice d’équilibriste : préservation des compétences clés, montée en gamme des profils data et RSE, et optimisation du temps de travail pour soutenir la productivité sans dégrader l’engagement.
Le taux de chômage BIT est une mesure statistique harmonisée, calculée à partir d’enquêtes auprès des ménages. Les données de France Travail reflètent des inscriptions administratives, sensibles aux changements de règles et aux politiques d’accompagnement.
Pour piloter vos effectifs :
- Suivez le BIT pour la tendance macro.
- Utilisez France Travail pour capter les mouvements à court terme et l’accès aux viviers.
- Combinez avec vos propres indicateurs d’attractivité (taux d’acceptation, délai de recrutement).
Budget 2026 et climat politique : les arbitrages fiscaux qui pèsent sur les anticipations
Le volet politique n’est pas neutre. François Bayrou a sollicité un vote de confiance à l’Assemblée nationale sur les orientations de la future loi de finances 2026, selon plusieurs médias datés du 26 août 2025. Cette démarche intervient alors que le gouvernement vise à sécuriser un budget sous tension, avec un déficit public projeté à 5,1 % du PIB en 2025.
Dans les cercles économiques, circulent plusieurs pistes d’ajustement pour redresser la trajectoire : évolutions de TVA, possibles ajustements de la fiscalité des entreprises, meilleure maîtrise des dépenses publiques. Toute modification sur l’impôt sur les sociétés doit être appréciée à l’aune d’un taux déjà stabilisé à 25 % depuis 2022.
L’environnement politique nourrit un supplément d’incertitude. Les ménages pourraient renforcer leur épargne de précaution. Côté corporates, la prime de risque exigée par les investisseurs peut remonter, renchérissant le coût du capital et ralentissant les projets d’expansion.
Loi de finances 2026 : points de vigilance pour les directions financières
Trois chantiers à suivre de près, avec simulations ex ante :
- Crédits d’impôt à l’innovation : les PME innovantes peuvent encore mobiliser des leviers, notamment via le crédit d’impôt innovation, plafonné à 400 000 euros de dépenses éligibles par an, pour amortir une partie du risque de R et D.
- Impôt sur les sociétés : la stabilité à 25 % est un repère. Une hausse, même marginale, réduirait l’attractivité relative des projets à TRI limité.
- TVA sectorielle : une modification de taux pourrait déplacer la demande et renchérir le ticket moyen. Anticiper l’effet prix sur l’élasticité.
Demande intérieure en berne : impacts sectoriels, financement et plans d’action
Les signaux conjoncturels publiés par le ministère de l’Économie pointent une stagnation de la production industrielle au premier semestre 2025, sur fond de consommation atone. L’ajustement en cours risque de se prolonger si le moral des ménages reste sous sa moyenne, ce qui plaide pour un pilotage fin des volumes et des assortiments dans le commerce et l’industrie.
France invest : décrue des tours de table early-stage
Les acteurs de l’écosystème confirment un reset des valorisations et un tempo d’investissement plus lent. Les montants investis en capital-risque ont reculé d’environ 15 % au premier trimestre 2025, selon des rapports sectoriels diffusés par France Invest. Les startups en phase d’amorçage et de série A font face à des durées de levée plus longues et à des exigences accrues en matière de traction commerciale.
Pour les dirigeants, la réponse passe par un plan de cash robuste : allonger la piste de trésorerie, renégocier les postes non stratégiques et concentrer l’investissement sur les axes de différenciation clairs. Bpifrance et les réseaux bancaires demeurent actifs, mais plus sélectifs, sur les projets à forte intensité R et D et visibilité marché.
Retail et biens durables : arbitrages consommateurs et élasticité prix
Le repli de confiance se traduit par des arbitrages en faveur de la valeur sûre, des produits d’entrée de gamme et des offres packagées. Les biens durables subissent des reports d’achat, sauf lorsque des incitations prix ou service viennent inverser le calcul économique du foyer, par exemple via l’extension de garantie, la mensualisation ou la remise conditionnée au recyclage.
Les enseignes qui maintiennent des prix “seuil” sur quelques références phares protègent mieux le trafic. L’innovation utile, visible en rayon et accompagnée d’un discours sobre, conserve sa capacité à déclencher l’acte d’achat, surtout lorsque le bénéfice est mesurable dans le temps (économie d’énergie, longévité).
Pour sécuriser le compte de résultat à court terme et investir utilement :
- Pricing et mix : segmenter finement l’élasticité, sanctuariser les prix d’appel, travailler le mix pour préserver la marge.
- Besoin en fonds de roulement : durcir le pilotage du stock et de la facturation, activer les programmes d’affacturage sans recourse.
- Énergie et intrants : couvrir une partie des besoins via des hedges tactiques, contractualiser des clauses d’indexation claires.
- Capex : hiérarchiser selon les retours tangibles à 12-24 mois et les externalités réglementaires (décarbonation, conformité).
Dans l’industrie, l’atonie des volumes et les à-coups de prix imposent une discipline sur les coûts unitaires et le rendement des lignes. Les plans d’excellence opérationnelle, couplés à la maintenance prédictive et à la réduction des pertes matières, offrent des gains rapides. Dans les services, la productivité se joue dans le taux de charge, l’automatisation des tâches répétitives et la tarification à la valeur.
Enfin, l’axe social ne doit pas être sacrifié. Les organisations qui durcissent trop les conditions à l’embauche risquent d’aggraver leurs tensions de compétences au rebond. Le bon équilibre consiste à sécuriser les talents clés tout en flexibilisant la périphérie du dispositif via la sous-traitance et les missions ciblées.
Cap sur la confiance : garder la main sur les fondamentaux
Le signal de l’été est clair : la confiance se tasse, les anticipations de prix se tendent et l’emploi inquiète davantage les ménages. Cet ensemble pousse à la prudence, sans condamner l’initiative. À court terme, le pilotage de la trésorerie et des prix, la gestion serrée du BFR et l’investissement dans l’innovation utile permettent de traverser la zone de turbulences.
Sur le plan public, les choix budgétaires à venir devront préserver la capacité d’investissement des entreprises, tout en rétablissant la crédibilité des comptes. C’est à ce prix que la confiance pourra s’ancrer de nouveau et que la demande intérieure retrouvera de l’allant.
Un léger repli de confiance en août 2025, des anticipations d’inflation plus vives et des doutes sur l’emploi invitent les entreprises à un pilotage précis de leurs marges, de leur trésorerie et de leurs priorités d’investissement, en attendant des signaux politiques et budgétaires plus stabilisés.