Analyse des performances du groupe Catering International & Services pour le premier semestre 2025
Découvrez comment CIS a maintenu sa croissance au S1 2025, les enjeux des devises et l'impact géographique sur ses performances.

Le premier semestre 2025 de CIS s’inscrit dans une trajectoire de croissance solide, confirmée par un chiffre d’affaires à taux de change constant en hausse de 19,8% et un effet devises nettement atténué.
La dynamique est tirée par l’Afrique et l’Eurasie, tandis que l’Amérique recule. Décryptage pédagogique des moteurs de performance, des risques à surveiller et des leviers d’amélioration concrets pour la suite de l’exercice.
Accélération semestrielle et ralentissement maîtrisé au 2e trimestre
La lecture du semestre révèle une double réalité. D’un côté, la performance globale reste élevée, avec un chiffre d’affaires publié de 236,5 M€ contre 199,5 M€ un an plus tôt, soit +18,6%, et une croissance à taux de change constant de +19,8% pour 238,9 M€. De l’autre, la croissance se normalise au deuxième trimestre, passant de +28,5% à TCC au T1 à +12,3% au T2.
Séquentiellement, le T2 2025 progresse à taux de change constant par rapport au T1 (121,4 M€ contre 117,5 M€, soit +3,3%), alors que les données publiées sont quasi stables (118,0 M€ contre 118,5 M€). L’écart tient principalement aux devises, lesquelles pèsent encore mais beaucoup moins qu’en 2024.
Cette configuration, croissance toujours solide mais moins « fulgurante » qu’au T1, est typique d’une année de consolidation lorsque la base de comparaison se durcit et que certaines géographies ralentissent temporairement. Le message clé demeure positif : les volumes progressent et la contribution des contrats majeurs monte en puissance.
Définition : la croissance à taux de change constant isole l’effet purement opérationnel en neutralisant les fluctuations de devises. Elle compare des périodes sur une base de conversion identique.
Interprétation : un écart significatif entre la croissance publiée et celle à TCC signale un effet de change important, favorable ou défavorable. En 2025, l’écart est réduit, ce qui indique une moindre contrainte FX par rapport à 2024.
Effet devises en nette atténuation et lecture du chiffre d’affaires
Le premier semestre 2025 affiche un impact de change de -2,4 M€, contre -13,0 M€ au S1 2024. Autrement dit, le « vent contraire » des devises s’est allégé d’environ 10,6 M€. Rapporté au chiffre d’affaires à TCC de 2025, l’effet négatif représente près de 1,0% des ventes, contre plus de 6% l’an passé si l’on rebase le S1 2024 sur sa valeur hors effet de change.
Deux implications pratiques se dégagent. D’abord, la lecture de la performance sous-jacente est plus directe : la croissance tient aux volumes et à l’exécution des contrats plutôt qu’à un coup de pouce monétaire. Ensuite, la sensibilité du compte de résultat aux devises se réduit, ce qui diminue l’incertitude sur la conversion des ventes en euros.
Au niveau trimestriel, la différence TCC vs publié est plus perceptible au T2 (121,4 M€ à TCC contre 118,0 M€ publié) qu’au T1 (117,5 M€ vs 118,5 M€). Cela confirme que le portefeuille de devises reste hétérogène : certaines monnaies se sont légèrement dépréciées, d’autres ont mieux résisté, et la composition géographique du T2 a probablement accru l’empreinte FX.
Géographie: afrique et eurasie impulsent, amérique en retrait
La répartition au 30 juin 2025 met en évidence un recentrage sur les zones les plus dynamiques. L’Afrique totalise 54,7% des ventes semestrielles à TCC, en progression de 22% sur un an. L’Eurasie pèse 42,0%, en hausse de 32%. L’Amérique chute à 3,3%, en baisse de 49% à TCC, principalement du fait d’arrêts de contrats dans le secteur public au Brésil.
En montants, sur la base de 238,9 M€ à TCC au S1 2025, l’Afrique contribue à environ 130,7 M€, l’Eurasie 100,3 M€ et l’Amérique 7,9 M€. En reconstituant approximativement les niveaux 2024 à TCC par zone, on obtient des ordres de grandeur cohérents avec les variations annoncées : Afrique 107,1 M€, Eurasie 76,0 M€, Amérique 15,5 M€. La contribution à la croissance ressort alors à +23,6 M€ pour l’Afrique, +24,3 M€ pour l’Eurasie, contre -7,6 M€ pour l’Amérique.
Par rapport à 2024, l’Eurasie gagne du poids (42,0% contre 37,7%) tandis que l’Amérique se contracte (3,3% contre 8,5%). L’Afrique progresse légèrement en proportion (54,7% contre 53,8%). La dynamique Eurasie est vraisemblablement portée par des contrats de plus grande taille et une montée en puissance plus rapide des installations.
À retenir sur le mix géographique
1. Dualité de moteurs : Afrique et Eurasie concentrent la quasi-totalité de la croissance.
2. Risque de concentration : le recul de l’Amérique accroît la dépendance aux deux zones phares.
3. Contrats majeurs : la montée en puissance annoncée renforce la visibilité opérationnelle, mais demande une exécution rigoureuse pour préserver les marges.
Lecture opérationnelle: exécution, taille des contrats et discipline commerciale
Le profil du semestre évoque une combinaison de facteurs favorables. D’abord, la capacité d’exécution semble au rendez-vous, comme le suggère la progression à TCC et la hausse séquentielle au T2. Ensuite, la montée en puissance de « certains contrats majeurs » laisse penser que la taille moyenne des projets augmente, ce qui aide à diluer une partie des coûts fixes et logistiques.
La baisse de l’Amérique, liée à des arrêts de contrats publics au Brésil, pose la question de la résilience du portefeuille aux aléas réglementaires et budgétaires. La discipline commerciale doit intégrer des clauses de sortie et des indexations tarifaires adaptées pour réduire le risque financier en cas de rupture anticipée.
Enfin, la diversification géographique mentionnée par la direction constitue un levier pertinent. Elle permet de capter de nouveaux marchés à fort potentiel, tout en lissant la volatilité liée aux spécificités politiques ou monétaires d’une zone donnée. L’enjeu consiste à ouvrir de nouvelles poches de croissance sans dégrader la qualité de l’exécution.
Tableau de bord chiffré et ratios essentiels
Le tableau ci-dessous récapitule les principaux indicateurs disponibles et quelques métriques dérivées, afin d’offrir une lecture rapide et pédagogique des performances.
* Le taux de croissance à TCC de +19,8% appliqué à N-1 ramène à ~199,5 M€.
** Calcul approximatif : -13,0 / (199,5 + 13,0) = -6,1%.
*** Estimations dérivées des taux de croissance à TCC par zone. Arrondis.
Ratios commentés: formules, résultats disponibles et interprétation
Le communiqué ne fournit pas d’information de coûts ni de bilan. Les calculs ci-dessous utilisent exclusivement les données publiées, avec mise en garde lorsque le ratio requiert des agrégats indisponibles. L’objectif est de donner un cadre de lecture structuré et reproductible.
- Croissance à TCC = (CA TCC N - CA TCC N-1) / CA TCC N-1. Résultat: +19,8%. Lecture: forte traction opérationnelle, au-delà de l’effet prix et des devises.
- Effet de change absolu = CA TCC N - CA publié N. Résultat: -2,4 M€. Lecture: l’écart est nettement plus faible qu’en 2024.
- Effet de change en pourcentage = (CA publié N - CA TCC N) / CA TCC N. Résultat: -1,0%. Lecture: faible pénalisation FX sur le semestre.
- Croissance séquentielle TCC (T2 vs T1) = (T2 TCC - T1 TCC) / T1 TCC. Résultat: +3,3%. Lecture: maintien de la dynamique d’un trimestre à l’autre.
- Indice de concentration géographique (HHI) = somme des parts^2. Résultat: 0,48 en 2025 vs 0,44 en 2024. Lecture: légère hausse de la concentration.
- Marge brute = (CA - Coût des ventes) / CA. Résultat: non communiqué. Lecture: attendu en amélioration si l’effet de volume dilue les coûts fixes et si les indexations couvrent l’inflation logistique.
- Marge d’exploitation = EBIT / CA. Résultat: non communiqué. Lecture: potentiellement soutenue par la montée en puissance des contrats majeurs, mais sensible au mix pays et aux coûts de démarrage.
- Rentabilité nette = Résultat net / CA. Résultat: non communiqué. Lecture: dépend en outre de la charge financière, des impôts et de l’exposition aux devises.
- Levier financier = Dette nette / EBITDA. Résultat: non communiqué. Lecture: à surveiller à la publication semestrielle pour valider la capacité d’investissement et les marges de manœuvre M&A.
- Liquidité = Actifs courants / Passifs courants. Résultat: non communiqué. Lecture: critique dans un modèle à forte composante BFR, en particulier avec des clients publics.
Marge brute = (Chiffre d’affaires − Coût des ventes) / Chiffre d’affaires.
Marge d’exploitation = Résultat opérationnel / Chiffre d’affaires.
Rentabilité nette = Résultat net / Chiffre d’affaires.
Levier financier = Dette nette / EBITDA.
Liquidité = Actifs courants / Passifs courants.
Les ratios seront actualisés à la publication des résultats du 17/09/2025.
Comparaison sectorielle et contexte macro opportuns
Le métier de CIS, gestion de bases-vie et services intégrés pour l’énergie, les mines, la construction et les institutions, est corrélé à l’activité des grands projets. En 2025, l’environnement reste porteur dans l’extraction et les infrastructures, soutenu par des investissements de transition énergétique, de sécurité d’approvisionnement et de reconstruction.
Sur le plan sectoriel, les prestataires de services déployés sur sites isolés bénéficient d’une demande résiliente, mais restent exposés aux coûts de logistique et de main-d’œuvre locale. Les leaders qui internalisent la chaîne d’approvisionnement, standardisent les process et digitalisent la supervision de sites parviennent généralement à dégager des marges plus stables malgré les aléas géopolitiques.
La hausse des parts de l’Afrique et de l’Eurasie est cohérente avec la carte des projets en cours, notamment dans l’Oil and Gas, le mining et la construction d’infrastructures. Les flux FX restent cependant un facteur à surveiller, les monnaies africaines et d’Eurasie pouvant se déprécier rapidement face à l’euro lors de chocs politiques ou de matières premières.
Forces et faiblesses: ce que révèlent les chiffres
Forces identifiées:
- Croissance robuste à TCC sur les deux trimestres, avec un T2 encore positif séquentiellement.
- Atténuation de l’effet devises, améliorant la lisibilité des performances sous-jacentes.
- Moteurs géographiques divers avec Afrique et Eurasie en forte hausse, montrant une capacité à gagner des parts sur des marchés porteurs.
- Montée en puissance de contrats majeurs qui peut améliorer l’effet d’échelle et la visibilité du carnet.
Faiblesses et points de vigilance:
- Concentration accrue géographiquement, avec un recul inédit de l’Amérique à 3,3% du mix.
- Risque de churn des contrats publics, illustré par le Brésil. Impose une discipline d’appels d’offres et de clauses contractuelles renforcées.
- Données de marges et de bilan non publiées à ce stade. La soutenabilité de la croissance sera confirmée à la sortie des résultats semestriels.
- Inflation logistique et disponibilité des talents sur site, pouvant peser sur les coûts si l’indexation tarifaire est insuffisante.
Recommandations opérationnelles et stratégiques
- Renforcer l’indexation contractuelle sur l’inflation logistique et salariale locale. Objectif: protéger la marge brute lors des ramp-up et des fluctuations FX.
- Programmation des démarrages par vagues pour optimiser l’utilisation des équipes mobiles et réduire les surcoûts d’installation. KPI: coût de mobilisation par site.
- Hedging pragmatique sur les devises à forte volatilité lorsque la durée des contrats excède 12 à 18 mois. KPI: % de flux couverts et variance FX sur le CA publié.
- Rééquilibrage Amériques avec une stratégie ciblée hors secteur public brésilien, en priorisant les clients privés solvables et des contrats pluriannuels. KPI: part de l’Amérique > 5% à 24 mois.
- Digitalisation des opérations pour réduire les coûts de supervision et améliorer la qualité de service. KPI: OEE opérationnel des bases-vie, NPS résidents.
- Partenariats d’approvisionnement locaux à fort contenu durable pour ancrer les coûts et réduire la sensibilité aux ruptures. KPI: part d’achats locaux certifiés.
- M&A opportuniste et ciblée sur des niches géographiques à rendement élevé. KPI: ROIC à 24 mois au-dessus du WACC + 300 bps.
- Gouvernance du BFR orientée cash avec comités de litiges clients et procédures de relance renforcées. KPI: DSO et taux de créances échues.
Feuille de route 6–12 mois
Q3: sécuriser la qualité d’exécution et l’indexation prix, arbitrer les arbitrages de staffing multi-sites.
Q4: engager des pilotes d’automatisation sur 2 à 3 bases-vie, documenter les gains de productivité.
S1 2026: relancer l’Amérique avec une approche commerciale sélective et des contrats à profil de risque mieux balisé.
Actualités et perspectives: cap sur la diversification et la consolidation
La direction réaffirme sa confiance pour 2025 et anticipe la poursuite de la croissance des filiales dans une année de consolidation. La montée en puissance de certains contrats majeurs devrait soutenir la trajectoire, tout en appelant à une discipline d’exécution accrue pour transformer cette croissance en rentabilité.
Le groupe cible une diversification géographique vers de nouvelles zones à fort potentiel et se dit ouvert à des opportunités de croissance externe alignées avec sa stratégie. Ce double mouvement est cohérent avec le recul de l’Amérique et l’objectif de lisser les risques. Les opérations M&A devront être évaluées au prisme du retour sur capital, de l’intégrabilité opérationnelle et des synergies d’achats.
Au plan ESG, l’ADN de CIS, fondé sur l’intégration locale, la formation et des partenariats responsables, peut devenir un avantage compétitif sur les appels d’offres. Il convient d’outiller cette promesse avec des indicateurs tangibles: taux d’emploi local, baisse des émissions logistiques, score de conformité fournisseurs.
Scénarios 2025: trajectoire des ventes et sensibilité à surveiller
En l’absence de guidance chiffrée, quelques repères illustratifs peuvent aider à cadrer les attentes, sans valeur de prévision ferme.
- Scénario base : réplication de la performance H1 au H2, avec effet devises comparable. Trajectoire compatible avec une progression à deux chiffres sur l’année.
- Scénario prudent : normalisation accélérée au T4 et inertie en Amérique. La croissance annuelle glisse sous la barre du +15% si l’effet de base se durcit.
- Scénario offensif : accélération de l’Eurasie et signature d’un ou deux contrats significatifs en fin d’année. Croissance supérieure à H1 en rythme annualisé, sous réserve d’une exécution sans surcoûts de démarrage.
Principales sensibilités à monitorer: calendrier de ramp-up des nouveaux sites, taux d’indexation contractuelle, accessibilité logistique, mix pays et devises, et régularité des encaissements sur le segment public.
Synthèse et implications pour 2025
CIS livre un premier semestre convaincant: +19,8% à TCC, effet devises en forte atténuation, relais de croissance solides en Afrique et en Eurasie. Le ralentissement relatif du T2 reflète une normalisation plutôt qu’une inflexion. La contraction de l’Amérique, bien que gérable à l’échelle du groupe, rappelle la nécessité d’une diversification active et d’une maîtrise du risque contractuel.
La feuille de route est claire: verrouiller l’exécution et l’indexation, sécuriser le cash, hedger avec discernement, réinvestir sélectivement via M&A ciblée et digitalisation opérationnelle. La publication des résultats semestriels du 17 septembre devra confirmer la traduction en marges de la croissance enregistrée et la trajectoire du bilan. Si ces points sont au rendez-vous, CIS consolidera durablement son statut de consolidateur dans les services intégrés aux bases-vie.
Message final pour les décideurs
Une croissance sous-jacente solide, un risque devises en retrait et des relais géographiques clairs: l’équation 2025 de CIS est favorable si l’exécution transforme l’élan commercial en marges et en cash.