Indices européens en hausse malgré une incertitude américaine
Analyse du CAC 40 et des tensions politiques, impactant les décisions des investisseurs sur les marchés européens.

+0,19 % pour le CAC 40 et clôture positive des grands indices européens : mardi 30 septembre 2025 s’achève sur une note de prudence constructive. Les opérateurs ont arbitré entre une salve de chiffres macroéconomiques et l’éventualité d’une fermeture partielle des services fédéraux américains à minuit, tout en privilégiant une remontée graduelle du risque sur actions.
Mini chronologie d’une séance balisée par les données
La dynamique de la journée s’est construite par paliers, au gré des nouvelles macro et microéconomiques, tandis que le risque politique américain se faisait plus lourd à mesure que l’échéance approchait.
- Matinée, Europe : prises de positions modérées après la publication d’estimations d’inflation en Allemagne et en France indiquant une accélération. Les secteurs domestiques résilients soutiennent les indices.
- Milieu de journée : remontée supérieure à la moyenne des composantes industrielles au sein du Stoxx 600, dans un environnement où les investisseurs anticipent une BCE stable à court terme.
- Après-midi, États-Unis : l’enquête JOLTS fait état d’une hausse des offres d’emploi en août mais d’un reflux des embauches. Les marchés de taux intègrent un peu plus la probabilité d’un assouplissement monétaire dès octobre.
- Fin de séance, Europe : la perspective d’un shutdown américain tend à contenir les prises de risque, sans effacer les gains acquis en matinée.
Dans les faits, la stabilité des indices reflète davantage une construction de positions tactiques qu’une prise de pari directionnelle. À ce stade, la hiérarchie sectorielle reste sensible aux ajustements des matières premières et aux annonces de résultats ou de produits.
Politique monétaire : messages croisés de la FED et de la BCE
Les investisseurs ont intégré le risque opérationnel d’un arrêt partiel de l’administration américaine, susceptible de retarder la diffusion de statistiques clés utilisées par la FED, notamment le rapport sur l’emploi prévu vendredi. Dans ce climat, la lecture des signaux des banques centrales a pesé lourd dans les arbitrages de fin de trimestre.
Aux États-Unis, Susan Collins, présidente de la FED de Boston, a indiqué qu’un assouplissement monétaire supplémentaire pourrait être approprié cette année si le ralentissement de l’inflation se confirme. En Europe, les données préliminaires d’inflation en Allemagne et en France pointent vers une accélération.
Cette dynamique ne remet pas en cause, à ce stade, l’hypothèse d’une pause prolongée des taux par la BCE. Christine Lagarde a par ailleurs déclaré que les risques d’inflation restent contenus, malgré une économie de la zone euro jugée résiliente face aux droits de douane américains.
Un arrêt partiel des services fédéraux peut suspendre la publication de certaines données officielles si les agences statistiques ne sont plus financées. Pour la FED, la visibilité sur la trajectoire de l’emploi et des salaires se réduit, ce qui peut favoriser une approche plus accommodante à court terme.
Les marchés intègrent alors plus de volatilité, surtout autour des échéances de réunions monétaires, et privilégient les secteurs défensifs. Du côté des entreprises françaises, les équipes de trésorerie sont invitées à garder une marge de sécurité sur la liquidité interbancaire et à réévaluer les couvertures de change si la diffusion des statistiques est perturbée.
Valeurs en vue : santé dynamique, énergie en retrait, distribution sous pression
La sélectivité s’est accentuée dans les portefeuilles européens, avec des écarts notables entre secteurs et titres.
- Valneva s’est distinguée par une forte poussée, +8,2 %, en tête du SBF 120, portée par des résultats positifs pour le vaccin Ixchiq contre le chikungunya. Le mouvement confirme l’appétit des marchés pour les valeurs santé présentant des catalyseurs produits tangibles.
- TotalEnergies recule de 2,4 %, pénalisée par le fléchissement des cours du brut. Le mouvement est symétrique à Londres pour BP (-2,04 %), preuve d’un facteur commun sectoriel lié aux prix de l’énergie.
- À Londres, ASOS cède 4,7 % après un avertissement sur ses résultats annuels, lié à une demande atone des consommateurs. L’ajustement signale une fragilité persistante des acteurs de la distribution non alimentaire sur le Vieux Continent.
Pour mémoire, ces mouvements de titres s’inscrivent dans un repositionnement plus large des investisseurs qui, en fin de trimestre, arbitrent entre la visibilité microéconomique et les vents contraires macrofinanciers.
Devises, taux et matières premières : le triptyque qui a guidé la séance
Le compartiment taux a joué un rôle d’amortisseur, alors que les flux de couverture se sont intensifiés en vue de l’échéance budgétaire américaine.
- Obligations d’État européennes : le rendement du Bund 10 ans clôture à 2,7117 % et celui du 2 ans à 2,0207 %, en légère baisse sur le mois.
- Trésors américains : le 10 ans recule d’1 pb à 4,1309 % et le 2 ans de 3,3 pb à 3,6001 %. L’appétit pour les actifs refuges progresse, en anticipation d’une possible paralysie temporaire de l’administration.
- Devises : le dollar fléchit contre la plupart des monnaies majeures, -0,04 % face à un panier de référence, tandis que l’euro grappille +0,04 % autour de 1,1730 dollar. L’argument défensif profite davantage aux dettes souveraines qu’au billet vert.
- Pétrole : le Brent recule de 1,25 % à 67,12 dollars et le WTI cède 0,9 % à 62,89 dollars, en lien avec l’attente d’une production OPEP+ plus élevée et la reprise des exportations irakiennes.
- Métaux précieux : l’or approche un record à 3 871,45 dollars l’once et termine à 3 840,19 dollars, porté par sa fonction de valeur refuge au cœur de l’incertitude politique américaine.
Un repli d’1 à 3 pb sur les maturités souveraines américaines traduit souvent un flux acheteur prudent, non pas un changement de régime, mais un ajustement de couverture sur des horizons courts. En Europe, la détente très limitée des Bunds en fin de mois suggère que le scénario de pause prolongée de la BCE demeure l’hypothèse centrale. Pour les trésoriers d’entreprises, l’intérêt pratique réside dans la fenêtre de refinancement qui s’ouvre quand la courbe se calme, même temporairement.
Wall Street en repli à la clôture européenne
Au moment où l’Europe fermait ses portes, les indices new-yorkais évoluaient légèrement dans le rouge, lestés par la nervosité liée au dossier budgétaire fédéral. Le Dow Jones reculait de 0,32 %, le S&P 500 de 0,15 % et le Nasdaq Composite de 0,19 %.
Le mouvement, mesuré, reste cohérent avec une fin de trimestre focalisée sur la liquidité et la gestion du risque évènementiel. Les volumes se sont concentrés sur les grandes capitalisations, avec un biais défensif dans l’allocation.
Sur le terrain, la hiérarchie intra-sectorielle reste gouvernée par la sensibilité aux taux et par la visibilité sur le cycle. Les secteurs de croissance rentable et les dossiers de santé portés par des catalyseurs régulatoires conservent un avantage relatif, tandis que l’énergie se normalise avec la détente du brut.
Mouvements macro du jour à surveiller
Trois signaux macro ont rythmé les flux de la séance et guideront les premières heures de cotation demain.
- JOLTS : offres d’emploi en hausse en août, embauches en baisse, ce qui renforce les paris d’assouplissement en octobre.
- Europe : ventes au détail en Allemagne en repli inattendu en août, et PIB britannique T3 confirmé en ralentissement.
- États-Unis : confiance des consommateurs en baisse plus forte que prévu, selon le Conference Board.
Pour les directions financières en France : conséquences et points d’action
Au-delà de la séance, l’enjeu pour les entreprises consiste à transformer ces signaux en décisions opérationnelles. Voici les principales implications pour les directions financières, les trésoreries et les comités d’investissement.
- Gestion du risque de liquidité : la détente très modeste des taux cœur invite à caler les fenêtres de refinancement court terme sur la première quinzaine d’octobre, avant toute reprise de volatilité liée aux publications retardées.
- Couvertures de change : avec un euro autour de 1,1730 dollar, réévaluer les stratégies de collars pour les entreprises exportatrices, en particulier celles facturant en dollars avec des délais d’encaissement supérieurs à 60 jours.
- Politique matières premières : la baisse du Brent à 67,12 dollars offre une opportunité tactique de reconstituer des couvertures partielle sur H1 2026 pour les industriels énergivores, tout en gardant une flexibilité sur les volumes.
- Allocation d’actifs interne : rééquilibrer les poches actions vers des valeurs de santé avec catalyseurs, tout en réduisant l’exposition aux segments consommation discrétionnaire les plus sensibles aux avertissements, à l’image du cas ASOS.
- Veille réglementaire et monétaire : scénariser un retard de données macro aux États-Unis et simuler l’impact sur les coûts de financement de la dette indexée, en intégrant un pivot de la FED si la visibilité se détériore.
Dans les faits, l’environnement actuel favorise une approche par scénarios plutôt que par conviction unique. Les comités ALM gagneront à mettre à jour leurs stress tests sur la courbe euro et dollar, avec une attention à la corrélation croisée actions-taux dans un contexte de risque politique exogène.
Lecture économique : faits établis et interprétation de marché
Faits établis. Les indices européens ont signé des hausses limitées mais réelles. En macro, JOLTS a montré un marché du travail américain plus dispersé avec des postes vacants en hausse et des embauches en retrait. En Europe, les ventes au détail allemandes ont déçu, et la dynamique du PIB britannique au troisième trimestre reste affaiblie. Côté banques centrales, Susan Collins a ouvert la porte à un assouplissement additionnel cette année si l’inflation décélère, tandis que la BCE maintient la perspective d’une pause prolongée malgré une inflation préliminaire en accélération en Allemagne et en France.
Interprétation. La légère baisse des rendements souverains, le reflux modéré du dollar et la forte tenue de l’or traduisent un mix risque caractérisé par la prudence.
Le scénario de base reste celui d’une croissance ralentie mais résiliente en Europe, susceptible d’ancrer les taux à des niveaux compatibles avec une création de valeur pour les entreprises bien positionnées sur la chaîne des coûts. À ce stade, le marché privilégie les histoires micro avec catalyseurs visibles, à l’image de Valneva, et sanctionne les segments où la sensibilité au cycle reste élevée.
Un signal plus qu’un cap : ce que révèle la fin de mois
La dernière séance de septembre envoie un message nuancé : l’appétit pour le risque n’a pas disparu, mais il se fait conditionnel et sélectif. Tant que l’incertitude budgétaire américaine persistera, les allocations resteront tactiques et opportunistes, avec une recherche de convexité dans la construction des portefeuilles.
En attendant la prochaine salve de données officielles, la bourse européenne privilégie la précision des dossiers plutôt que l’amplitude des paris.
Indices européens dans le vert, malgré l’ombre d’un shutdown américain
La séance s’est terminée par des progressions modestes mais généralisées. À Paris, le CAC 40 gagne 0,19 % à 7 895,94 points.
À Francfort, le DAX avance de 0,57 % et à Londres le FTSE 100 prend 0,54 %. Les indices paneuropéens confirment la tendance : EuroStoxx 50 +0,38 %, FTSEurofirst 300 +0,46 % et Stoxx 600 +0,47 %. Sur des horizons plus longs, le CAC 40 s’adjuge 2,49 % en septembre et 3 % au troisième trimestre, tandis que le Stoxx 600 progresse de 1,45 % sur le mois et 3,10 % sur le trimestre (sources de marché, 30 septembre 2025).
À retenir côté business
La photographie de fin de séance met en lumière une hausse maîtrisée sur les places européennes, portée par la tech et certaines valeurs industrielles, mais freinée par l’énergie.
- CAC 40 : +0,19 % à 7 895,94 points.
- DAX : +0,57 %.
- FTSE 100 : +0,54 %.
- EuroStoxx 50 : +0,38 %.
- Stoxx 600 : +0,47 %.
- Performance de septembre : CAC 40 +2,49 %, Stoxx 600 +1,45 %.
- Performance T3 : CAC 40 +3 %, Stoxx 600 +3,10 %.