SoftwareOne et Crayon : naissance d’un leader mondial du cloud et du logiciel
SoftwareOne finalise son OPA sur Crayon et crée un groupe mondial de 13 000 collaborateurs dans 70 pays, renforçant son offre cloud et IA.
Dans un mouvement qui suscite un intérêt croissant dans la sphère économique, SoftwareOne et Crayon finalisent leur rapprochement afin de constituer l’un des plus puissants regroupements mondiaux dans les domaines du logiciel et du cloud. Annoncée officiellement pour la première fois en début d’année 2025, cette offre publique d’achat (OPA) volontaire recommandée fait aujourd’hui passer le nombre de collaborateurs à plus de 13 000 dans plus de 70 pays. L’objectif ? Accroître la capacité d’innovation, renforcer la présence internationale et stimuler la valeur ajoutée pour les entreprises clientes.
Une jonction stratégique au cœur d’un secteur en ébullition
Alors que la transformation numérique se généralise, selon diverses études de cabinets spécialisés, le marché des solutions logicielles et cloud connaît une croissance exponentielle. La décision de SoftwareOne (SIX : SWON) d’intégrer Crayon en son giron répond à ce contexte où les grands groupes technologiques cherchent à consolider leurs offres. Le 3 juillet 2025 sera une date clé : la négociation des actions de SoftwareOne sur Euronext Oslo Børs débutera sous le symbole SWON, après la complétion de cette cotation secondaire.
Pour l’instant, l’ensemble des opérations converge vers un nouveau modèle hybride, visant à couvrir toutes les dimensions du cloud – public, privé et souverain – tout en assurant un service complet autour des licences logicielles. Parmi les moteurs de cette fusion, on retrouve le positionnement de plus en plus prévalent de l’IA au cœur de l’informatique d’entreprise, un domaine dans lequel les deux entreprises entendent accélérer leurs efforts.
Bon à savoir sur les OPA volontaires recommandées
Une offre publique d’achat (OPA) volontaire recommandée se réalise lorsque l’organe de direction de la société cible appuie le projet d’acquisition. Dans ce cas, elle va plus vite et s’avère moins conflictuelle car elle reçoit le soutien du conseil d’administration, qui encourage les actionnaires à apporter leurs titres.
Au fil des dernières années, la consolidation est devenue un levier majeur pour faire face à la concurrence internationale sur le marché des logiciels. Les transactions d’envergure se multiplient, dans un environnement marqué par la nécessité d’adresser aussi bien des grands comptes que des PME. La fusion des expertises apportée par l’union de SoftwareOne et Crayon reflète cette tendance, à la fois pour renforcer la pertinence technologique et acquérir une plus grande maîtrise de chaque maillon de la chaîne de valeur logicielle.
Regard sur l’évolution du marché et analyse sectorielle
Au croisement de la finance, de l’économie et du droit des affaires, plusieurs mécanismes structurent la réalisation d’opérations d’une telle ampleur. Dans le cadre français, l’Autorité des marchés financiers (AMF) veille à la régulation de ces offres, bien que la cotation de SoftwareOne et Crayon s’effectue principalement en dehors de la France. Néanmoins, la communauté d’investisseurs et de clients hexagonaux porte aussi un fort intérêt à l’évolution d’un groupe susceptible de faciliter davantage l’expansion sur le plan local.
La stratégie de rachat de Crayon par SoftwareOne est motivée par une complémentarité géographique notable : Crayon étant historiquement très présent en Europe du Nord et en Amérique, alors que SoftwareOne se distingue par une large couverture européenne et internationale, notamment en Amérique latine. La convergence des deux catalogues de solutions forme par ailleurs un pilier essentiel : services de conseil, mise à disposition de licences, déploiement d’infrastructures cloud et accompagnement sur la durée, incluant monitoring et optimisation des coûts.
Les “hyperscalers” sont des fournisseurs de services cloud de grande envergure, comme Microsoft Azure, Amazon Web Services (AWS) ou Google Cloud. Ils offrent des ressources virtuellement illimitées, adaptées aux forts trafics ou aux besoins massifs d'analyse de données.
D’un point de vue financier, la finalisation de l’opération est le fruit d’une préparation rigoureuse amorcée dès le début de l’année 2025. L’ensemble a atteint un chiffre d’affaires annuel combiné avoisinant 1,6 milliard de CHF, selon les estimations officielles, un volume significatif dans ce segment d’activité. Les synergies envisagées reposent avant tout sur l’optimisation des coûts liés à la gestion des licences, sur la création d’offres communes pour l’IA et la cybersécurité, ainsi que sur le déploiement d’architectures multi-cloud plus robustes.
Nouvelle identité unifiée et marque capitalisée sur SoftwareOne
Le choix de préserver le nom SoftwareOne pour l’ensemble de la structure combinée s’explique par la notoriété historique de la marque dans le monde des services cloud et de la gestion de licences. Toutefois, l’ADN de Crayon n’est pas pour autant effacé : durant une période transitoire, la marque Crayon reste utilisée pour assurer la reconnexion auprès des clients et le déroulement fluide des contrats en cours. L’objectif est d’intégrer progressivement cette culture d’accompagnement client qui a fait la réputation de Crayon auprès de grands éditeurs comme Microsoft.
SoftwareOne, né en Suisse, jouit déjà d’une forte présence dans plus de 60 pays et emploie environ 9 000 personnes, tandis que Crayon, basé à Oslo, compte plus de 4 000 collaborateurs dans 45 pays. En fédérant leurs équipes, l’effectif dépasse désormais les 13 000 salariés et couvre plus de 70 zones géographiques. Cette évolution se double d’une politique RH visant à aligner les carrières et les formations, afin d’harmoniser l’expertise technique et la connaissance des besoins locaux. La perspective de générer de l’innovation conjuguée à l’apport d’idées nouvelles s’avère par conséquent un sérieux catalyseur pour conquérir de nouveaux segments de marché.
Zoom sur la marque Crayon
Crayon, fondé en Norvège, s’est forgé une solide réputation en proposant un accompagnement complet sur les licences logicielles et en développant des solutions de pointe dans les domaines de l’IA et des services cloud. Son focus sur la gestion de la complexité liée aux contrats logiciel a séduit nombre d’entreprises, qui y trouvent les moyens d’optimiser leurs coûts et leur usage.
Au niveau commercial, la puissance de la marque SoftwareOne est reconnue et s’accompagne d’un large portefeuille de partenariats avec des éditeurs reconnus dans le monde entier. L’addition des forces, combinée à l’agilité de Crayon, renforce cette présence et soutient les ambitions des deux entreprises dans la distribution de services haut de gamme.
Intégration : gouvernance, management et priorités
Avec l’annonce officielle du rapprochement, le processus d’intégration prend corps dès à présent. Les comités de pilotage des deux sociétés ont élaboré une structure de gouvernance commune, matérialisée par la nomination d’un nouveau Conseil d’Administration avec à sa tête les deux Co-CEO, Raphael Erb et Melissa Mulholland. Ils entendent orchestrer la mise en place d’un modèle opérationnel unifié, en respectant une feuille de route qui englobe :
- Convergence organisationnelle : réunir et réorganiser les équipes autour de fonctions clés (stratégie, marketing, ressources humaines, finance, etc.).
- Harmonisation de l’offre : regrouper et clarifier les propositions de services pour couvrir l’ensemble du spectre logiciel et cloud, de manière homogène sur tous les marchés.
- Intégration des SI : fusionner les systèmes informatiques et bases de données client, tout en assurant une transition fluide et sécurisée.
- Consolidation juridique : adapter les structures légales aux différentes régions, y compris la France, l’Allemagne, la Suisse, ainsi que les Amériques, afin de respecter les réglementations locales.
Regrouper deux catalogues de prestations peut provoquer des chevauchements ou des redondances. L’étape d’harmonisation permet de clarifier la gamme, d’éviter une concurrence interne et de simplifier la communication auprès de la clientèle existante et des prospects.
Les présidents de région ont été désignés pour coordonner le déploiement du nouveau modèle sur chaque marché local. Leurs objectifs incluent la préservation d’une proximité auprès des clients et la poursuite de la trajectoire de croissance entamée par chacun des deux ex-groupes indépendamment. Une attention particulière sera portée à la fidélisation des talents, enjeu majeur dans un secteur si concurrentiel où la disponibilité d’experts certifiés en technologies Cloud, IA ou cybersécurité est cruciale.
Par ailleurs, la participation active de l’ensemble des équipes est fondamentale. Le succès de ce type d’opération repose souvent sur la transparence de la communication interne et la valorisation de la culture d’entreprise. Dans une démarche visant à fédérer dès “Jour 1”, des ateliers de travail conjoints ont été organisés. Ils abordent notamment les méthodes de gestion de projet, l’optimisation des processus d’intégration et la partage d’expertise technique. L’anticipation de ces chantiers, lancés depuis les premiers signaux de la fusion, favorise un passage à l’échelle plus rapide.
Retour des partenaires : Microsoft au premier plan
Dans le monde du logiciel, l’avis de partenaires tels que Microsoft revêt une importance capitale. L’éditeur, représenté par Nicole Dezen, CVP & Chief Partner Officer, a salué la création d’un groupe plus solide. À ses yeux, les deux sociétés forment désormais l’un des plus grands partenaires de Microsoft, en mettant à profit leur expertise approfondie dans la gestion et l’optimisation de solutions Azure, de produits Microsoft 365, ou encore de services plus spécifiques comme la sécurisation des endpoints.
En parallèle, les autres géants de l’industrie du cloud montrent un grand intérêt pour ce rapprochement, puisqu’il pourrait simplifier l’adoption de technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle ou le big data. Plus l’architecture client est maîtrisée par un acteur unique, plus il est aisé de déployer rapidement et à grande échelle des solutions hébergées sur des plateformes comme AWS ou Google Cloud Platform.
Parenthèse : l’impact de la concurrence
Dans le secteur des services cloud, plusieurs groupes internationaux affichent aussi leur volonté de prendre la première place. Parmi eux, des entreprises comme Insight, CDW ou encore Computacenter. Cette union entre SoftwareOne et Crayon rappelle que la taille et la complémentarité demeurent des facteurs décisifs pour convaincre les éditeurs et les clients B2B.
Pour la plupart des fournisseurs de technologies, travailler avec de grands intégrateurs, capables de gérer des relations localisées tout en conservant une vision globale, offre une véritable garantie de succès. Dans ce sens, la montée en puissance du nouvel ensemble formé par SoftwareOne et Crayon apparaît comme un acteur incontournable qui pourra, à terme, façonner les standards du marché.
Vision à moyen terme : l’approfondissement de la proposition de valeur
Sur le marché français, et plus largement européen, l’offre élargie se trouvera particulièrement illustrée dans les projets de modernisation des systèmes d’information, en particulier sur le volet IA. Les sujets d’automatisation et d’analyse prédictive figurent en bonne place dans les feuilles de route des DSI. Par conséquent, la nouvelle entité pourra mettre en avant à la fois l’agilité d’une structure spécialiste du conseil et la solidité de processus éprouvés, fruit de nombreuses années de présence sur le créneau de la gestion des licences.
L’intelligence artificielle couvre un large éventail de domaines : analyse sémantique, robotisation, maintenance préventive, reconnaissance vocale ou encore traitement massif de données. Posséder une expertise reconnue auprès des fournisseurs d’infrastructures traditionnelles (on-premise) et des clouds publics permet de pousser plus loin l’implémentation de ces technologies.
Au-delà de la technologie pure, le volet financier et légal de l’opération souligne l’importance pour les actionnaires de maximiser le retour sur investissement. Les synergies envisagées présentent un potentiel de réduction des doublons administratifs et techniques, améliorant la rentabilité sur le long terme. Toutes ces étapes se déroulent dans un contexte économique cependant sensible à la hausse des taux d’intérêt et à certaines incertitudes géopolitiques. Cependant, les analyses se veulent optimistes : l’expansion du cloud, tirée par l’adoption de nouvelles pratiques de travail (télétravail, flex office, collaborations internationales…), ne cesse de prendre de l’ampleur.
Cette intégration réfléchie reconnaît également la nécessité d’accompagner les TPE et PME françaises dans leur transition numérique. Souvent réticentes face à la complexité de la facturation des licences ou à la gestion des droits d’usage, elles représentent pourtant un gisement de croissance essentiel. Le rôle accru de SoftwareOne, accru par l’apport de la culture nordique de Crayon, pourrait se traduire par une meilleure prise en compte de l’approche locale, en conjuguant proximité et bundle de services adaptés.
Pour aller plus loin : impact sur l’écosystème et perspectives futures
Dans un environnement mondialisé où la transformation numérique semble inéluctable, le fait de disposer d’une expertise croisée sur la fourniture de logiciels en mode Licence, SaaS et Cloud, devient un avantage concurrentiel majeur. Au-delà de la seule fusion des entités, c’est un signal que la compétitivité internationale passe souvent par des regroupements, afin de rester agile tout en ayant l’envergure nécessaire pour traiter avec les plus grands éditeurs et fournisseurs d’infrastructure.
En France, l’intérêt réside dans la contribution potentielle à un marché local plus dynamique et dans la capacité à soutenir les initiatives en matière de cybersécurité et de souveraineté des données. L’agenda européen qui vise à un meilleur contrôle des données critiques – notamment via la législation sur la résilience opérationnelle (DORA) ou sur la régulation de l’IA – entre en résonance avec la recherche de partenaires stratégiques capables de sécuriser et de piloter ces enjeux multiples ouverts par le cloud et les nouvelles formes d’intelligence logicielle.
L’union entre SoftwareOne et Crayon ouvre également des interrogations sur les futurs recrutements. Dans l’ensemble, tout laisse à penser qu’un nombre significatif de spécialistes seront nécessaires pour absorber la charge supplémentaire engendrée par la croissance de la nouvelle entité. À cela s’ajoute l’amélioration de l’employabilité pour les professionnels de l’IT, qui trouveront dans cette nouvelle structure de nombreux terrains d’apprentissage : projets internationaux, infrastructures hybrides et approche sectorielle (bancaire, industrielle, services public, etc.).
Dans un récent communiqué, Nicole Dezen (Microsoft) partageait sa satisfaction quant à la montée en puissance de ce partenaire stratégique, soulignant que les entreprises clientes «pourront dorénavant compter sur une structure plus large, capable d’intervenir à chaque étape de leurs besoins numériques». Cette assertion reflète la crédibilité supplémentaire que procure une organisation mondiale pouvant s’adapter aux spécificités locales. Le marché français, friand d’expertise et de proximité, devrait ainsi en bénéficier.
Tout indique que d’autres alliances ou rachats d’ici la fin de la décennie pourraient également émerger, perpétuant cette dynamique intense de concentration dans le secteur. Les raisons sont multiples : intensification de la compétition, volonté d’élargir son catalogue de solutions, nécessité de s’implanter rapidement sur de nouveaux marchés émergents. Dans cette logique, SoftwareOne et Crayon, devenus un consortium majeur, serviront probablement de référence.
Quid des bénéfices clients ?
Pour un client, passer par une société de services mieux intégrée, c’est gagner en lisibilité (un seul point de contact), en négociant avec un prestataire qui maîtrise l’écosystème de bout en bout, savez-vous qu’il est également bénéfique pour réduire les coûts via des accords-cadres mondiaux ? Cela évite souvent la multiplicité de contrats, de factures et de gestion d’abonnements épars.
Afin de mesurer l’efficacité de cette fusion, de nombreux fournisseurs et analystes observeront les résultats financiers de 2025 et 2026, autant que les évolutions managériales. Les résultats conjugués ne devront pas seulement s’exprimer en termes de chiffre d’affaires ou de rentabilité, mais également de satisfaction client, de renforcement de l’image de marque et de taux de rétention des collaborateurs. Les dirigeants de ce nouvel ensemble s’y sont déjà engagés, conscients que les synergies n’auront de sens que si elles s’inscrivent dans la durée.
Vers la suite : un horizon d’opportunités
Aujourd’hui, l’intégration des deux sociétés est officiellement déclenchée, et le "Jour 1" marque le début d’un travail intensif pour unir de manière cohérente deux forces majeures du marché. La cotation secondaire prévue pour le 3 juillet 2025 sur Euronext Oslo Børs symbolise plus qu’un simple alignement boursier : c’est le signe d’un engagement à se rapprocher des investisseurs internationaux et à consolider un statut de leader mondial.
Les chantiers en cours montrent une volonté claire de muscler les expertises en intelligence artificielle, en gestion multicloud et en commercialisation de solutions SaaS innovantes. Toutefois, l’élément central demeure la capacité à associer évolutions technologiques et proximité humaine, sur un marché où la dimension conseil est autant valorisée que la performance des plateformes.
Ce rapprochement, porté avec conviction par les Co-CEO, incarne l’ambition de créer une organisation ancrée dans l’excellence et la collaboration, prête à accompagner durablement les entreprises, en particulier sur le chemin de la transformation numérique, dans un paysage économique en constante évolution.