Selha Group : une nouvelle impulsion pour l’électronique en France
Grâce à la reprise d’Eolane Valence, Selha Group renforce son maillage industriel et maintient 116 emplois, prouvant sa volonté d’innover en France.

Les toutes dernières évolutions dans le domaine de l’électronique industrielle suscitent un vif intérêt parmi les acteurs économiques. C’est dans ce contexte que Selha Group vient d’annoncer la reprise des activités d’Eolane Valence, validée par le Tribunal de commerce de Paris. Cette nouvelle étape illustre l’ambition d’un groupe familial qui entend jouer un rôle clé dans la filière électronique en France, tout en préservant des compétences stratégiques sur le territoire.
Une reprise validée par la justice commerciale
Le Tribunal de commerce de Paris a rendu sa décision en faveur de l’offre proposée par Selha Group, concrétisant ainsi la reprise d’Eolane Valence. Derrière cette validation légale, on perçoit l’importance stratégique d’assurer la pérennité d’un site industriel reconnu pour ses compétences techniques. En France, le Tribunal de commerce joue un rôle majeur lorsqu’il s’agit de statuer sur le sort d’une entreprise en difficulté ou en redressement. Son intervention garantit un équilibre entre la préservation de l’activité, la protection des emplois et la sauvegarde d’un savoir-faire souvent crucial pour la filière concernée.
Dans le cas présent, la sélection de Selha Group n’a rien d’anodin. Les différents éléments étudiés par la juridiction incluent la solidité financière du repreneur, sa capacité à maintenir la production et à valoriser les équipes. Les impératifs économiques et sociaux convergent alors dans un seul objectif : donner une chance à Eolane Valence de s’inscrire dans une dynamique de croissance plus large, tout en s’adossant à un acteur déjà bien établi sur le marché de l’électronique industrielle.
Cette décision témoigne aussi d’une certaine confiance dans les ambitions de Selha Group. Bien au-delà d’un simple rachat d’actifs, le Tribunal a vraisemblablement considéré la cohérence stratégique du projet, la compatibilité de la culture d’entreprise et le maintien du tissu industriel français. Les repreneurs ont dû présenter un plan de développement détaillé, prenant en compte la transition des salariés, le calendrier d’intégration, ainsi que l’adaptation de l’offre existante aux nouveaux marchés potentiels. Tous ces éléments font de cette transaction un signal fort, aussi bien pour Selha Group que pour l’ensemble du secteur.
Les enjeux industriels et économiques
Au-delà de la dimension juridique, cette reprise reflète de grands enjeux industriels et économiques. La filière électronique, tout particulièrement, subit de fortes pressions : élévation des standards de qualité, accélération des cycles d’innovation, et compétitivité mondiale exacerbée. Face à ces réalités, le renforcement d’une entreprise comme Selha Group participe à la structuration d’un pôle industriel français capable de relever ces défis.
La dimension économique est multiple : d’une part, Selha Group investit dans la pérennisation des compétences du site de Valence. D’autre part, l’intégration de nouveaux marchés — tels que l’énergie, l’industrie et le médical — laisse entrevoir des débouchés plus larges. Puisque la région Auvergne-Rhône-Alpes concentre un nombre considérable d’acteurs industriels, ce rapprochement peut favoriser l’émergence d’écosystèmes innovants. En s’appuyant sur les ressources locales, la nouvelle entité valorise un territoire déjà riche en infrastructures et en savoir-faire.
Les retombées économiques dépassent la simple sphère de l’électronique. Chaque fois qu’une société renforce son implantation régionale, l’emploi local en bénéficie de manière directe ou indirecte. Les fournisseurs, sous-traitants et prestataires de services peuvent y trouver des opportunités nouvelles, ce qui renforce le tissu économique local. De plus, la consolidation d’une filière électronique de pointe contribue à renforcer l’attractivité du pays en matière d’investissements industriels, de recherche et de développement.
Un site historique à Valence : un savoir-faire préservé
Le site de Valence, autrefois rattaché à Eolane, possède une histoire industrielle significative. Au fil des ans, il a acquis une expertise reconnue dans le montage de cartes électroniques, la conception de systèmes complexes et l’assemblage de produits de haute technicité. Il est donc primordial que ce savoir-faire, accumulé depuis plusieurs décennies, ne se perde pas au gré des restructurations.
En reprenant l’activité, Selha Group assure la continuité des compétences développées sur place. Le groupe entend également exploiter les synergies existantes entre Valence et ses autres sites, situés en Normandie (Eu), en Pays de la Loire (Renazé et Cossé-le-Vivien) et au Maroc (Casablanca). Chacun de ces établissements a ses spécialités : conception de cartes électroniques, développement de solutions de puissance, maintenance de produits finis, etc. L’enjeu pour Selha Group est de créer un écosystème harmonieux, où chaque site peut coopérer, partager ses expertises et se renforcer mutuellement.
Cette stratégie de convergence permet d’offrir une gamme de services plus large aux clients. Certaines entreprises recherchent un interlocuteur unique capable de prendre en charge l’ensemble de leurs projets électroniques, du prototypage à la production en série, en passant par les tests qualité. Le site de Valence, grâce à son expérience, pourrait ainsi constituer le maillon indispensable à la réalisation de projets ambitieux. De plus, en préservant 116 emplois, Selha Group contribue à stabiliser la vie économique du bassin valentinois.
Stratégies et perspectives pour Selha Group
La reprise d’Eolane Valence illustre la volonté de Selha Group de conforter sa présence sur le territoire français. Depuis 2004, le groupe a su identifier des opportunités de croissance dans différents domaines : aérospatial, défense, télécommunications, énergie, industrie et médical. Cette diversification sectorielle n’est pas le fruit du hasard : elle témoigne d’une volonté de s’implanter durablement dans des secteurs à forte valeur ajoutée, où l’exigence en matière de qualité et de fiabilité est particulièrement élevée.
Afin de consolider sa position, Selha Group mise sur l’innovation. Les dispositifs électroniques ne cessent d’évoluer, devenant de plus en plus petits, plus puissants et plus connectés. Pour répondre à ces tendances, l’entreprise investit dans des équipements de pointe (lignes de production automatisées, outils de test et de mesure performants, etc.) et mise sur la formation continue de ses salariés. L’idée est de rester à la pointe des technologies émergentes et d’accompagner les clients tout au long du cycle de vie de leurs produits.
Sur un plan plus financier, la taille critique de Selha Group s’élargit grâce à l’ajout du site de Valence. Désormais, la société dépasse les 1 000 collaborateurs et compte cinq implantations. Cette augmentation de capacité et de compétences lui permet de traiter des projets de plus grande envergure. En parallèle, la rentabilité de l’ensemble du groupe peut potentiellement être améliorée par l’optimisation des ressources, la mutualisation des approvisionnements et l’accès à de nouveaux marchés. Par ailleurs, être présent sur plusieurs zones géographiques (France et Maroc) constitue un avantage pour amortir certaines fluctuations économiques ou logistiques.
Focus sur l’électronique en France
Le secteur de l’électronique en France comprend un panel varié d’acteurs, allant des grands groupes internationaux aux PME spécialisées. Longtemps perçue comme un relais de croissance pour l’économie nationale, l’électronique contribue aujourd’hui au développement de technologies cruciales : objets connectés, dispositifs médicaux, systèmes de communication, etc. Dans cette filière, l’exigence de qualité “made in France” revêt une valeur ajoutée qui séduit de nombreux clients, y compris à l’étranger.
Malgré tout, la concurrence avec l’Asie et l’Amérique du Nord reste féroce. La France ne peut rivaliser sur les coûts de production les plus bas, mais elle mise sur l’innovation, la proximité et la réactivité pour se distinguer. Les acteurs comme Selha Group mettent en avant leur capacités de conception, le respect des normes internationales et la personnalisation de la production pour satisfaire des exigences pointues, notamment dans l’aéronautique ou le secteur médical.
Le gouvernement français encourage par ailleurs la relocalisation de certaines activités électroniques. Des aides publiques, des dispositifs fiscaux et des incitations à la formation professionnelle sont mis en place pour soutenir la montée en compétence des industriels. Cette stratégie de souveraineté technologique vise à préserver des chaînes de valeur sensibles et à garantir l’indépendance en composants critiques. L’opération de reprise d’Eolane Valence par Selha Group vient donc illustrer la pertinence de ce choix économique et politique.
En France, le concept de souveraineté technologique met l'accent sur la maîtrise nationale de savoir-faire clés et la capacité à produire localement des composants critiques. L’objectif est de réduire la dépendance vis-à-vis d’approvisionnements extérieurs, tout en stimulant l’emploi et l’innovation interne.
Le rôle du capital humain et la sauvegarde de l’emploi
L’un des points essentiels de cette reprise concerne la préservation de 116 postes. Dans un marché de l’électronique qui requiert des compétences spécifiques, la conservation de ces talents est un atout précieux pour Selha Group. Les équipes en place connaissent parfaitement les procédés de fabrication, les attentes des clients et les normes imposées par les différents secteurs.
En parallèle, Selha Group devra sans doute veiller à intégrer progressivement la culture d’entreprise existante à Valence avec celle de ses autres sites. Cela passe par la mise en place d’outils de communication internes, de formations croisées et de projets collaboratifs. L’objectif est de créer un sentiment d’appartenance commun, tout en valorisant les spécificités locales.
Cette attention portée au capital humain comporte aussi une dimension légale et sociale. Les restructurations, même lorsqu’elles sont dictées par la recherche de synergies, doivent respecter les obligations françaises en matière de droit du travail. Cela inclut la consultation des représentants du personnel, le suivi de la situation de chaque salarié et l’accompagnement des éventuelles mobilités internes. Dans le cas présent, il semble que Selha Group souhaite instaurer un climat de confiance, favorisant une transition la plus fluide possible.
Bon à savoir : l'importance des soft skills
Dans l’industrie électronique, les compétences techniques sont indispensables. Pourtant, les qualités relationnelles et organisationnelles (soft skills) jouent un rôle crucial. La réactivité, la capacité de travail en équipe et l’adaptabilité sont devenues des critères de recrutement et de maintien en poste tout aussi importants que la maîtrise des outils et technologies.
Synergies technologiques et collaboration
Une fois l’intégration réalisée, Selha Group va pouvoir mutualiser diverses expertises. Le site de Valence apporte sa maîtrise dans la gestion d’intégrations complexes et la fabrication de cartes électroniques. Les autres sites, quant à eux, possèdent un savoir-faire complémentaire : conception de prototypes, industrialisation de produits finis, maintenance et réparation de systèmes sensibles.
Cette complémentarité repose sur un échange continu d’informations et de bonnes pratiques. Par exemple, un projet développé en Normandie peut nécessiter l’expertise d’ingénieurs marocains pour être industrialisé, tandis qu’un dispositif conçu à Renazé pourra être finalisé à Valence. De telles synergies génèrent un environnement favorable à l’innovation. Dans un marché où les évolutions sont rapides, la flexibilité et la capacité à réorienter un projet sont des avantages concurrentiels notables.
Le groupe s’efforce également de promouvoir la recherche collaborative. Des partenariats avec des centres de R&D ou des universités peuvent consolider les connaissances de chacun, en particulier dans des domaines émergents comme l’électronique de puissance ou les systèmes embarqués. Par cette approche, Selha Group souhaite non seulement répondre aux besoins actuels de ses clients, mais aussi préparer l’avenir en anticipant les tendances du marché.
L’électronique de puissance traite la conversion, le contrôle et le stockage de l’énergie électrique. Elle est cruciale dans de nombreux secteurs, comme l’automobile électrique ou le ferroviaire. En maîtrisant ces technologies, les industriels peuvent développer des solutions plus performantes, plus fiables et plus économes en énergie.
Les ambitions financières et la croissance du groupe
Au plan financier, Selha Group se distingue par une expansion progressive mais soutenue. Les chiffres annoncés soulignent une trajectoire ascendante, avec un chiffre d’affaires de 130 M€ en 2024, soit une progression de 30 % par rapport à 2023. Les projections pour 2025 tablent sur 160 M€, ce qui démontre une confiance marquée dans la capacité du groupe à développer son portefeuille clients et à approfondir ses partenariats existants.
Cette croissance s’appuie sur plusieurs leviers. D’abord, la conquête de nouveaux marchés, en répondant à des appels d’offres de plus en plus importants et en se positionnant sur des segments porteurs (médical, sécurité, énergie verte, etc.). Ensuite, l’extension géographique. Avec un pied au Maroc, Selha Group bénéficie d’une fenêtre stratégique sur les marchés africains et moyen-orientaux. Enfin, la stratégie d’investissement dans l’outil industriel vise à offrir une production de haute fiabilité, apte à séduire des donneurs d’ordres exigeants.
La réussite à long terme dépendra toutefois de la capacité du groupe à absorber la croissance sans perdre en flexibilité. Les fusions et acquisitions peuvent générer des défis administratifs, informatiques ou humains. Pour transformer ces défis en opportunités, Selha Group devra veiller à préserver une organisation agile, propice à l’innovation. Cela passera par la mise en place d’équipes projet transversales, la standardisation de certains process et l’adaptation continue de ses modèles de production.
Perspectives environnementales et sociétales
Dans l’industrie électronique, les considérations environnementales prennent une importance croissante. De la conception des produits jusqu’à la fin de leur cycle de vie, chaque étape suscite des interrogations sur la consommation énergétique, la gestion des déchets et l’impact sur la biodiversité. Selha Group souhaite clairement s’inscrire dans une démarche responsable, en développant des circuits de production plus vertueux et en adoptant des matériaux moins polluants.
Par ailleurs, la dimension sociétale occupe une place grandissante. Les politiques RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) deviennent un critère de sélection pour certains clients sensibles à la provenance des composants ou aux conditions de travail des salariés. Les groupes industriels, dont Selha Group, sont amenés à mettre en avant leurs bonnes pratiques : réduction de l’empreinte carbone, formation des collaborateurs, inclusion et diversité, etc.
Dans le cadre de la reprise d’Eolane Valence, l’accent pourrait être mis sur la modernisation des procédés de fabrication. L’objectif est non seulement d’améliorer la qualité de la production, mais aussi de diminuer la consommation d’énergie et d’optimiser l’utilisation des ressources. L’exemple de la gestion des déchets électroniques illustre bien ces enjeux : un recyclage adéquat et un traitement contrôlé sont essentiels pour limiter les impacts environnementaux et favoriser l’économie circulaire.
Bon à savoir : l'écoconception
L’écoconception consiste à intégrer les critères environnementaux dès la conception d’un produit. Dans l'électronique, cela peut passer par l'emploi de composants moins énergivores, l’optimisation des assemblages pour faciliter le recyclage, ou encore la réduction des emballages. Cette approche favorise des produits plus durables, tout en répondant à la demande croissante des consommateurs pour des solutions éthiques.
Un nouvel élan pour l’industrie électronique
Au-delà de l’acquisition elle-même, cette opération symbolise un nouvel élan pour le marché français de l’électronique. Les acteurs nationaux cherchent à gagner en visibilité et en compétitivité sur un marché mondialisé. La réussite de Selha Group, renforcée par l’ajout du site de Valence, pourrait inspirer d’autres initiatives de consolidation ou de coopération entre industriels.
L’idée directrice est de constituer des entités suffisamment solides pour affronter la concurrence internationale, tout en préservant l’agilité nécessaire pour innover. L’enjeu dépasse même la seule électronique : la connectivité et l’essor du numérique impactent de nombreux secteurs (santé, transport, automatisation industrielle, etc.). L’avenir de l’industrie française dépendra en partie de sa capacité à concevoir et à produire localement des solutions avancées dans ces domaines.
La reprise d’Eolane Valence par Selha Group témoigne, en définitive, de la volonté de s’appuyer sur des compétences régionales et de donner corps à un projet industriel ambitieux. Porté par des valeurs familiales et un ancrage historique, le groupe affiche un positionnement alliant tradition et modernité. Il offre un exemple concret de la façon dont les acteurs français peuvent préserver leur souveraineté technologique et, par la même occasion, stimuler un tissu économique local souvent fragilisé.
Lorsqu’une entreprise est en redressement ou en liquidation, le Tribunal de commerce peut ouvrir un appel à repreneurs. Les candidatures doivent inclure un plan industriel, social et financier. Le tribunal évalue la pérennité du projet, l’intérêt des salariés et des créanciers, ainsi que l’adéquation entre les moyens proposés et les ambitions affichées.
En fin de compte, cette acquisition démontre qu’une stratégie de croissance maîtrisée et respectueuse des compétences locales peut générer un impact positif sur l’ensemble du secteur de l’électronique en France.