Comment la RSE transforme la reprise d'entreprise en France ?
Découvrez comment la RSE influence les reprises d'entreprises, de la gouvernance à l'impact social en passant par la performance économique.

La reprise d’entreprise change d’ère. Les critères purement financiers ne suffisent plus à convaincre banquiers, cédants et clients. La responsabilité sociétale des entreprises passe au premier plan, et le parcours de Didalyse, reprise par Christophe Lamy, en apporte une démonstration éclairante, distinguée par un Trophée de la RSE lors des Trophées du Repreneuriat du C.R.A. le 26 mars 2025.
Rse et reprises d’entreprises en france : une variable qui pèse sur la valeur et le risque
La RSE s’invite désormais dans toutes les étapes d’une reprise, depuis la lettre d’intention jusqu’au plan d’intégration post-closing. Pour les repreneurs, elle agit comme un révélateur de risques extra-financiers et comme un amplificateur d’avantages compétitifs. Capacité à attirer les talents, continuité opérationnelle, accès aux marchés publics, préférence client : ces dimensions deviennent mesurables et donc négociables.
Le cadre réglementaire accélère ce mouvement. En Europe, la directive CSRD impose la publication de rapports de durabilité standardisés à un nombre inédit d’entreprises, avec un déploiement progressif de 2024 à 2028 selon la taille et la cotation, et un objectif d’assurance indépendante des informations (Commission européenne). En France, la loi PACTE et la loi Climat et Résilience ont renforcé la prise en compte de l’impact social et environnemental dans la stratégie, ainsi que l’intégration de critères environnementaux et sociaux dans la commande publique.
Conséquence directe pour le marché des transmissions : la due diligence s’élargit. Le repreneur ne s’arrête pas aux comptes, aux contrats et aux litiges.
Il passe au crible les émissions de gaz à effet de serre, l’empreinte numérique, la gouvernance, la sécurité des données, la santé et sécurité au travail, l’égalité professionnelle et l’empreinte territoriale. Cette approche réduit l’asymétrie d’information et aligne finance, opérations et compliance.
Pour les entreprises entrant dans le champ CSRD, le repreneur doit vérifier la gouvernance de durabilité, la double matérialité, l’existence d’indicateurs ESRS et la trajectoire de décarbonation. Même hors périmètre CSRD, ces éléments deviennent des attentes de marché. Résultat : la valorisation doit intégrer les investissements de mise en conformité et les gains liés à la réduction des risques non financiers.
Cette mutation ne freine pas l’initiative entrepreneuriale. Elle en redéfinit la méthode. En adoptant une RSE plus structurée, le repreneur convertit des coûts apparents en actifs stratégiques : baisse de l’absentéisme, maîtrise énergétique, sécurisation du SI, fidélisation client, prime de réputation, avantage dans les appels d’offres.
Capital humain et gouvernance : l’angle mort qui décide souvent de la réussite
Dans une reprise, la culture d’entreprise, la qualité du dialogue social et la confiance des parties prenantes peuvent accélérer ou casser un projet. La RSE fournit un cadre pour objectiver ces sujets, là où, auparavant, ils relevaient souvent de l’intuition. Cartographie des risques humains, dispositifs d’écoute, partage de la décision : ces outils pacifient la transition et limitent les pertes de savoir-faire.
Les experts-comptables intègrent désormais ces critères dans leurs analyses, au même titre que la rentabilité et la trésorerie. Ils sont en première ligne pour tester la robustesse des procédures, la conformité RGPD, la sécurité des données, la prévention des risques psychosociaux, ou l’égalité salariale. Sur un dossier de reprise, une gouvernance claire et inclusive vaut souvent plus qu’un point de marge théorique.
Ce que les audits regardent désormais dans une reprise
Les équipes d’audit et d’expertise mobilisées sur une transmission examinent :
- Gouvernance : composition, indépendance, gestion des conflits d’intérêts, rôle des parties prenantes.
- Social : climat interne, absentéisme, égalité professionnelle, formation, sécurité au travail.
- Environnement : énergie, déchets, eau, empreinte numérique et logistique.
- Conformité : RGPD, anticorruption, devoir de vigilance selon la taille, cybersécurité.
- Marché : exigences RSE des clients clés, poids des achats responsables dans les appels d’offres.
Le cas Didalyse illustre cet alignement. En installant dès l’origine une gouvernance participative et des chantiers concrets sur l’empreinte environnementale et l’inclusion, le repreneur a réduit les incertitudes et défini une trajectoire lisible pour toutes les parties prenantes.
Qui est didalyse et pourquoi sa reprise a retenu l’attention du marché
Didalyse est un organisme de formation créé en 1999, positionné sur l’accompagnement des agents de la fonction publique territoriale. L’entreprise opère sur un marché exigeant en matière de qualité pédagogique, de conformité réglementaire et, de plus en plus, de responsabilité sociétale. Ce positionnement implique un haut niveau de structuration des process et une relation de confiance avec les collectivités.
Le 31 juillet 2019, Christophe Lamy reprend Didalyse. L’approche RSE est intégrée dans l’architecture du projet de reprise, avec une ambition au croisement de la performance économique et de l’impact.
Cette stratégie a été reconnue publiquement lors des Trophées du Repreneuriat organisés par le Cédants Repreneurs d’Affaires (C.R.A.), le mercredi 26 mars 2025. À cette occasion, Christophe Lamy reçoit le Trophée de la RSE, remis par Alexandra Sabin-Brasset, présidente du Comité Évaluation et Transmission du Conseil national de l’ordre des experts-comptables.
Didalyse : stratégie et résultats
Pour ancrer la RSE au cœur du modèle, Didalyse a structuré sa gouvernance et ses opérations autour de trois axes : l’humain, l’écologie et le numérique responsable. Au-delà des intentions, l’entreprise a déployé des dispositifs tangibles et mesurables qui transforment la conduite du quotidien, tout en confortant l’image de marque auprès des commanditaires publics et des partenaires.
Sur le plan organisationnel, l’entreprise met en place un comité de direction élargi qui associe des salariés, des formateurs indépendants et des membres extérieurs. Ce fonctionnement favorise la circulation de l’information et enrichit la prise de décision par le regard croisé d’acteurs différents. En parallèle, Didalyse investit dans des améliorations concrètes de son empreinte environnementale et de son infrastructure numérique.
Parallèlement, Didalyse confie certaines prestations à des structures adaptées, notamment pour la numérisation et la destruction d’archives papier, renforçant l’impact social de ses achats. Cette chaîne de décisions traduit une logique cohérente où la RSE n’est pas un supplément d’âme, mais une méthode de pilotage opérationnel.
Décarbonation, sobriété numérique et efficacité des actifs : des choix concrets et mesurables
L’empreinte environnementale d’une entreprise de services se concentre souvent sur la consommation énergétique des bâtiments, le numérique et la mobilité. Didalyse a activé ces trois leviers.
Dès 2021, l’entreprise retient une solution d’inclusion numérique et de sobriété, pour rationaliser ses usages, diminuer les volumes de données et optimiser ses équipements. Ce choix s’accompagne d’un soutien à la décarbonation via des crédits carbone certifiés, destinés à financer des projets à impact.
Les locaux ont été techniquement améliorés par une isolation renforcée, le remplacement des ouvrants et la modernisation du système de chauffage. Ce triptyque réduit les pertes thermiques et stabilise les charges d’exploitation. Autre geste significatif : l’installation d’une imprimante Aquaprint à encres aqueuses, moins énergivore, aux consommables recyclables et sans émissions toxiques.
Pour consolider sa trajectoire bas carbone, Didalyse s’est engagée en septembre 2024 dans le dispositif Diag Décarbon’Action, décliné par Bpifrance en lien avec l’ADEME. L’objectif : mesurer les émissions, prioriser les actions à fort retour sur investissement et structurer une feuille de route réaliste. Cette démarche outille l’entreprise pour dialoguer avec ses financeurs, répondre aux exigences de ses clients publics et anticiper les obligations futures.
Financements mobilisables pour les travaux de sobriété et d’efficacité
En France, la décarbonation des PME peut être soutenue par :
- CEE : primes liées aux certificats d’économies d’énergie pour certaines opérations standardisées.
- ADEME : aides ciblées pour les diagnostics et l’investissement selon les appels en vigueur.
- Bpifrance : accompagnements Diag et prêts verts selon l’éligibilité.
- Collectivités : dispositifs régionaux pour la rénovation énergétique et la mobilité.
Un montage financier combinant ces leviers peut améliorer le TRI des projets et accélérer leur déploiement.
Les crédits carbone ne doivent pas substituer l’effort de réduction à la source. Privilégier des certifications reconnues, vérifier l’additionnalité des projets et la qualité de la mesure, éviter les doubles comptages et publier une politique d’achats de crédits claire. Objectif : aligner compensation et trajectoire de réduction interne, avec transparence et prudence méthodologique.
L’inclusion numérique mentionnée plus haut répond aussi à un enjeu social. Elle vise à éviter que des publics s’éloignent des services de formation pour des raisons d’accès ou d’équipement. L’impact social et la performance environnementale convergent : moins d’impressions, moins de déplacements, meilleure accessibilité, expérience apprenante améliorée.
La rse face aux banques, aux assureurs et aux acheteurs publics : un avantage concurrentiel tangible
Les banques intègrent désormais l’exposition aux risques climatiques et sociaux dans l’analyse globale des entreprises. Un dossier de reprise qui présente une évaluation des risques RSE, une feuille de route climatique crédible et une gouvernance solide, est mieux armé lors du dialogue de crédit. Sans prétendre à une baisse automatique du coût du financement, la structure d’information et la diminution des risques opérationnels facilitent l’accès aux ressources.
Côté commercial, la RSE devient un facteur de préférence. Dans la formation professionnelle, les commanditaires publics et parapublics s’intéressent à la qualité pédagogique, mais aussi au numérique responsable, à l’accessibilité, à la déontologie et à la réduction des impacts. Un fournisseur qui anticipe ces attentes gagne en sécurité commerciale et réduit le risque de rupture de relation pour non-conformité future.
Qualiopi et achats publics : des exigences qui convergent
Pour les organismes de formation, Qualiopi est requis pour l’accès aux financements publics et mutualisés. Si Qualiopi n’est pas un label RSE, sa logique de processus, de mesure et d’amélioration continue se marie avec une démarche RSE structurée.
Côté commande publique, les critères environnementaux et sociaux prennent plus de place dans les consultations. Les acteurs capables de documenter leur performance responsable partent avec un avantage compétitif.
Enfin, l’assurance. La prévention des risques, qu’ils soient cyber, sociaux ou environnementaux, représente un argument solide. Moins d’incidents, moins de sinistres, meilleure continuité, c’est aussi un profil plus lisible pour l’assureur. Là encore, la RSE se traduit en conditions opérationnelles concrètes et non en discours.
Rôle des experts-comptables et du cnoec : de la technique à l’accompagnement stratégique
L’implication d’Alexandra Sabin-Brasset dans la remise du Trophée de la RSE lors des Trophées du Repreneuriat du C.R.A. n’est pas anodine. Elle traduit la montée en puissance des professionnels du chiffre sur les sujets ESG appliqués aux transmissions. L’expertise comptable s’étend à l’analyse de la durabilité, au stress-test des plans d’investissement et à l’évaluation de la cohérence entre stratégie, risques et reporting.
Avec la CSRD, les cabinets d’audit et d’expertise sont sollicités pour fournir une assurance sur les informations de durabilité. Même si toutes les PME non cotées n’y sont pas soumises, le marché tend à exiger des données comparables et fiables. Le repreneur qui anticipe cet alignement aura un coup d’avance sur la structuration de ses indicateurs et sur la crédibilité de ses engagements.
La CSRD prévoit une assurance limitée dans un premier temps, avec une montée en puissance vers une assurance raisonnable à l’horizon de l’implémentation complète. Pour un repreneur, cela signifie qu’il faut préparer tôt les circuits de collecte des données, documenter les méthodes de calcul, tracer les estimations et caler un calendrier d’audit interne, même en l’absence d’obligation directe.
Pour les cédants, cette évolution veut dire que la documentation RSE devient un élément de valorisation, de la même manière qu’un historique de résultats fiables rassure sur la performance financière. Pour les repreneurs, elle ouvre la voie à des conditions de financement mieux argumentées et à une intégration plus fluide des équipes.
Leçons de didalyse pour les repreneurs en 2025 : agenda d’action efficace
Que retenir, très concrètement, du cas Didalyse et de sa distinction au Trophée de la RSE en 2025, au-delà du symbole et de la communication institutionnelle ? Quelques bonnes pratiques se dégagent, transposables à d’autres reprises, notamment dans les services B2B et les secteurs en lien avec la commande publique.
- Installer une gouvernance ouverte dès la phase de transition : associer des profils internes et externes, y compris des indépendants, pour élargir les angles de vue et sécuriser la décision.
- Se doter d’une feuille de route bas carbone réaliste : réaliser un diagnostic type Diag Décarbon’Action, prioriser les actions à ROI court, planifier les investissements lourds, mesurer trimestre après trimestre.
- Traiter l’empreinte numérique comme un chantier d’efficacité : sobriété des données, parc IT éco-conçu, politique d’impression, accessibilité des contenus, cybersécurité.
- Articuler inclusion et performance : partenariats avec le secteur protégé, recrutements ciblés, aménagements de postes, formation continue, attention à la charge de travail.
- Capitaliser sur les standards : ISO 14001 pour l’environnement, ISO 27001 pour la sécurité de l’information selon le niveau d’exposition, ISO 26000 comme boussole RSE, et Qualiopi pour les organismes de formation.
- Documenter pour convaincre : indicateurs factuels, politiques écrites, procédures auditées. Moins de slogans, plus de preuves.
Au final, le sujet n’est pas de cocher des cases. Il s’agit d’ancrer l’entreprise dans une dynamique de progrès qui crée de la valeur durable, sécurise les flux et prépare les prochaines étapes de croissance organique ou externe.
Bpifrance diag décarbon’action : leviers utiles pour les pme
Le Diag Décarbon’Action, mis en œuvre par Bpifrance avec l’ADEME, fournit une boîte à outils opérationnelle aux PME. Pour des structures de taille comparable à Didalyse, il permet de quantifier les émissions, de sélectionner des actions à faible coût marginal et d’installer une gouvernance climat minimale mais robuste. La valeur du dispositif tient à sa simplicité de déploiement et à son ancrage dans le pilotage financier.
L’expérience montre que les premiers gains se logent dans les gestes à effet immédiat : chauffage et isolation, équipements numériques, organisation du travail, déplacements. Le reste vient par strates, avec des arbitrages structurants sur l’immobilier, la logistique ou la chaine d’approvisionnement.
Indicateurs RSE utiles dans un protocole de cession
Sans alourdir le protocole, il est possible d’intégrer :
- Un inventaire des politiques RSE clés (gouvernance, climat, social, éthique).
- Une annexe d’indicateurs simples sur l’énergie, les déplacements, l’égalité professionnelle, l’inclusion.
- Des clauses d’information post-closing pour suivre la feuille de route et sécuriser les parties.
Cette approche facilite l’intégration et réduit les malentendus sur le niveau d’ambition et les moyens alloués.
Pourquoi la distinction du c.r.a. compte pour un repreneur de pme
Être distingué par les Trophées du Repreneuriat n’a pas qu’une valeur symbolique. Pour un repreneur, c’est un signal de qualité professionnelle à destination des financeurs, partenaires et équipes. Lorsqu’il s’agit du Trophée de la RSE, la portée est double : reconnaissance d’une méthode et de résultats tangibles, et point d’appui pour emmener son écosystème vers davantage d’exigence.
La présence d’acteurs du monde comptable et financier à la remise des prix met en lumière une vérité simple : la RSE devient finance. Elle irrigue les décisions d’investissement, influence les conditions de crédit, ralentit ou accélère le développement commercial. Le cas Didalyse illustre cette convergence, du comité de direction élargi jusqu’aux choix de rénovation énergétique.
Un plan RSE crédible repose sur des preuves : factures d’énergie, rapports de maintenance, comptes rendus du comité de direction, contrats avec les structures adaptées, fiches de poste et registres de formation. La traçabilité de ces éléments compte autant que l’ambition affichée. En reprise, elle accélère la confiance entre cédant et repreneur.
Pour les dirigeants qui reprennent un organisme de formation, la dimension éthique est également un différenciant. Il s’agit d’assurer la conformité réglementaire, la qualité du contenu, la protection des données des apprenants et la non-discrimination. Là encore, la RSE apporte un langage commun, des indicateurs, un contrôle interne.
Après le trophée rse, quel élan pour les transmissions entrepreneuriales
La reconnaissance obtenue par Didalyse et Christophe Lamy consacre une tendance lourde. En 2025, la RSE n’est plus un attribut marketing mais un standard professionnel de la reprise réussie. Les bénéfices se voient dans la robustesse opérationnelle, l’attractivité auprès des talents, la stabilité financière et la confiance des partenaires publics comme privés.
Pour l’écosystème des transmissions, l’enjeu est maintenant de diffuser ces méthodes. Structurer les due diligences extra-financières, former les équipes de conseil, documenter les retours sur investissement, partager les outils de diagnostic. La dynamique enclenchée dit une chose simple : en reprise, la performance durable devient la nouvelle norme de crédibilité.
En replaçant la RSE au cœur de la stratégie de reprise, Didalyse montre que la valeur naît autant de la gouvernance et de l’impact que des comptes, et que cette équation, désormais, fait consensus sur le marché.