Au cœur de la Savoie, un projet immobilier d’envergure se dessine pour transformer durablement l’entrée de la ville de Chambéry. Dans cet article, nous vous proposons de découvrir l'initiative inédite portée par le Groupe Giboire et la société Harvey, ainsi que les perspectives économiques, urbaines et environnementales qui l’accompagnent.

Une nouvelle dynamique pour Chambéry

Aux portes du centre de la capitale historique de la Savoie, la ZAC de la Cassine se prépare à accueillir un ensemble architectural de près de 12 000 m². Cette opération, fruit d’une coopération étroite entre le Groupe Giboire – acteur immobilier familial d’envergure – et Harvey – spécialiste de l’hospitalité urbaine –, traduit une volonté commune : proposer un lieu multiple qui intègre espaces de vie, de travail, de formation et de soins.

En optant pour un modèle mixte, les promoteurs aspirent à dynamiser la ville de Chambéry sur le plan économique et social. Écoles, résidences, coworking, terrains sportifs et centres de rééducation dessinent ainsi un écosystème diversifié. Pour la municipalité et les organismes de développement local, ce type d’initiative est l’occasion de créer de nouvelles opportunités d’emploi et d’accueillir de nouvelles populations, notamment des étudiants et des professionnels en quête de cadres de vie flexibles.

Sur le plan financier, les premiers chiffres laissent entrevoir un budget conséquent associé à la construction et aux aménagements innovants. Ce qui retient particulièrement l’attention, c’est le modèle de bail à construction de 80 ans négocié avec Chambéry Grand Lac Économie, illustrant une logique d’occupation et d’exploitation étendue, qui favorise l’inscription du projet dans un horizon pérenne.

Bon à savoir : ZAC et aménagement urbain

Une ZAC (Zone d’Aménagement Concerté) est un périmètre au sein duquel une collectivité publique décide d’intervenir pour réaliser ou faire réaliser l’aménagement et l’équipement des terrains. Les objectifs peuvent être multiples : création d’espaces mixtes, dynamisation d’un quartier ou encore promotion de l’attractivité économique. Pour Chambéry, la ZAC de la Cassine représente un atout majeur pour se réinventer.

Vers un projet urbain multifonctionnel

Ce vaste ensemble immobilier, situé à quelques pas de la gare de Chambéry, ambitionne de repenser la frontière traditionnelle entre vie professionnelle, vie estudiantine et vie personnelle. Au total, près de 12 000 m² seront répartis entre une résidence à vocation hôtelière, un campus de formation moderne, des espaces tertiaires destinés aux entreprises et indépendants, ainsi qu’un centre de rééducation tourné vers les besoins du territoire.

La transversalité des usages se veut la pierre angulaire de ce projet : la même structure accueillera de jeunes étudiants en hôtellerie-restauration, des professionnels en coworking, des patients suivant un programme de rééducation, et des habitants de la résidence. Cette approche illustre une tendance forte du marché immobilier en France : l’hybridation des lieux de vie pour offrir un large éventail de services au sein d’un même périmètre. D’un point de vue économique, cette logique mutualisée implique des coûts d’exploitation partagés, permettant aux différents partenaires de bénéficier d’une synergie commune.

Pour la ville, il ne s’agit pas seulement d’ajouter un nouveau bâtiment : il est question de revitaliser un quartier stratégique tout en anticipant les enjeux de mobilité (accès rapide à la gare), de vie quotidienne (espaces sportifs en toiture, restaurant d’application, etc.) et d’intégration urbaine (création d’une promenade piétonne). En mettant l’accent sur la mixité, le projet entend répondre à la demande grandissante d’espaces modulables, capables de s’adapter aux évolutions rapides des modes de vie et de travail.

En urbanisme, la « mixité » fait référence à la diversité des fonctions et des populations au sein d’un même territoire. Elle englobe des activités résidentielles, commerciales, tertiaires, culturelles et récréatives qui cohabitent dans une zone donnée. Ce principe favorise la vitalité économique, limite les déplacements trop longs et accroît la sécurité grâce à la présence continue d’usagers.

Le campus Harvey : un pôle de formation taillé pour demain

Le volet éducatif, confié à Harvey, se déploiera à travers un campus accueillant 700 étudiants. Mais que signifie concrètement cette ouverture vers des cursus professionnalisants ? Il s’agit d’établir un ensemble de programmes adaptés aux besoins émergents du marché du travail, en particulier dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, de la création audiovisuelle, du numérique et du développement durable.

L’école hôtelière – l’un des pôles phares de ce dispositif – devra offrir une double approche théorique et pratique, notamment via un restaurant d’application permettant aux étudiants de s’exercer en conditions réelles de service. À ce volet gastronomique s’ajoutent de nouvelles formations spécifiquement conçues pour accompagner les entreprises face aux enjeux environnementaux et sociaux (Imagine Campus), ainsi que des programmes consacrés aux métiers de la réalisation et de l’audiovisuel (École du Septième Art), ou encore au coaching sportif (HBX).

Un campus n’est pas seulement un lieu de transmission du savoir : c’est également un moteur économique pour un territoire. Il attire des commerces, des logements étudiants, dynamise la vie culturelle et peut favoriser l’émergence de start-ups issues de la recherche et de l’innovation.

Sur le plan local, cette approche offre une vraie opportunité de rétention des jeunes talents et participe à construire l’image de Chambéry en tant que ville étudiante. À plus long terme, le territoire pourrait tirer profit de l’essaimage entrepreneurial de ces futurs diplômés, consolidant ainsi la croissance régionale. Cette politique s’inscrit également dans la volonté de développer une économie plus circulaire, en tissant des partenariats avec les acteurs locaux (restaurateurs, hôteliers, employeurs potentiels, etc.).

Travailler autrement : LE POD, un coworking d’avant-garde

Outre la formation, le projet intègre une dimension tertiaire avec l’installation d’environ 2 600 m² d’espaces de bureaux, dont 900 m² dédiés au concept LE POD. Cette marque développée par le Groupe Giboire se veut révolutionnaire : elle réunit dans un seul et même lieu des bureaux modulables, des salles de réunion, des zones de détente, des cuisines partagées et une programmation d’événements réguliers.

D’un point de vue économique, le coworking rencontre un succès grandissant en France, notamment pour les TPE, PME et indépendants qui privilégient la flexibilité et la réduction des coûts fixes. Dans un tel environnement, la mutualisation des services (cafétéria, événements de networking, ateliers de bien-être) favorise la création d’un véritable écosystème de compétences. Les porteurs de projets profitent ainsi de synergies nouvelles (partage d’expériences, complémentarité des savoir-faire, accès facilité à des infrastructures modernes).

Bon à savoir : LE POD

Créé par le Groupe Giboire, LE POD se distingue par son approche flexible et sa volonté d’encourager le bien-être au travail. Il propose des équipements de qualité (douches, parkings vélos, ateliers relaxation) et favorise la mixité des professionnels (freelances, créatifs, start-ups, etc.). Ainsi, il devient un vecteur d’innovation où la collaboration est encouragée par la simplicité d’accès aux services.

L’importance stratégique d’un centre de rééducation intégré

Surprenante à première vue, l’idée d’inclure un centre de rééducation dans un projet mixte répond pourtant à un besoin bien identifié. La Savoie est une terre de montagnes, de sports d’hiver et de tourisme : de nombreux accidents se produisent chaque année, nécessitant une prise en charge spécialisée. En s’adossant à la résidence Harvey, ce centre permettra d’héberger sur place les patients tout en leur offrant un accès simplifié aux soins.

La logique d’« hôtel hospitalier » déjà expérimentée ailleurs en France consiste à proposer une offre d’hébergement temporaire non médicalisé, visant à faciliter le parcours du patient avant ou après une hospitalisation. L’objectif est multiple : désengorger les structures de soins classiques, permettre une convalescence encadrée et profiter d’une rééducation de qualité tout en préservant une certaine autonomie.

Pour Chambéry, cette innovation correspond à un nouveau créneau du tourisme de santé, potentiellement attractif pour les stations environnantes. Sur le plan économique, cela peut également générer un impact positif pour les professionnels de la santé et de la rééducation, renforçant la coopération entre acteurs publics et privés. À terme, la présence de ce pôle médical spécialisé pourrait positionner la ville comme un centre de référence pour la traumatologie sportive, favorisant le rayonnement du territoire.

Un engagement environnemental et territorial exemplaire

Dans un contexte d’urgence climatique, la dimension écologique ne peut plus être reléguée au second plan. Le projet s’est donc fixé un objectif ambitieux : obtenir plusieurs certifications telles que NF Habitat HQE, NF HQE Bâtiment Durable et Biodivercity. En parallèle, 50 % de pleine terre seront préservés ou recréés, de manière à rendre possible la renaturation d’un site jadis fortement imperméabilisé.

Concrètement, cette stratégie inclut la création d’espaces verts, de jardins partagés et de cheminements piétons, ainsi qu’une architecture intégrant le bois comme matériau phare. Le choix du bois n’est pas anodin : il réduit l’empreinte carbone de la construction et favorise une esthétique chaleureuse. De plus, la situation géographique du terrain, à proximité directe de la gare, encourage les mobilités douces et les transports en commun, véritable enjeu pour les territoires urbains soucieux d’alléger la pression automobile.

Du point de vue des retombées locales, cette approche environnementale contribue à améliorer la qualité de vie des habitants et futurs résidents. En effet, la présence de zones végétalisées valorise la biodiversité, réduit les îlots de chaleur et promeut une image « verte » en phase avec l’identité montagnarde de la région. Cet engagement pour le développement durable s’inscrit dans une stratégie plus globale, portée par Grand Chambéry et Chambéry-Grand Lac économie, soucieuses de promouvoir une croissance respectueuse de l’environnement.

Le bail à construction : cadre légal et perspectives financières

Un élément clé mérite d’être souligné pour comprendre la stabilité financière et juridique du projet : la signature d’un bail à construction d’une durée de 80 ans, établie le 31 janvier 2025 avec Chambéry Grand Lac Économie. Ce type de contrat, relativement peu commun en France, confère au preneur (ici, les co-promoteurs) la jouissance du terrain et la liberté d’y édifier des bâtiments pendant toute la durée du bail.

D’un point de vue légal, le bail à construction fixe en amont les modalités de répartition des charges, des travaux et des responsabilités en matière d’entretien. Il constitue ainsi un outil intéressant pour les pouvoirs publics qui souhaitent encadrer et sécuriser le développement d’un quartier tout en s’assurant d’un retour sur investissement à terme. Sur le plan financier, ce mécanisme permet également aux promoteurs d’amortir leurs coûts sur le long terme, en cohérence avec la nature de l’opération.

Définition : le bail à construction est un contrat qui octroie au preneur la faculté d’édifier des constructions sur un terrain appartenant au bailleur. En contrepartie, le preneur peut verser un canon (loyer) et doit restituer au bailleur, en fin de bail, les ouvrages construits, sauf stipulations contraires. Cela garantit souvent une cohérence globale dans l’aménagement urbain.

La prochaine étape déterminante sera le dépôt du permis de construire prévu en septembre 2025. Le calendrier envisage un début effectif des travaux en 2026 et une livraison pour 2028. Si les délais sont respectés, Chambéry pourrait profiter dès la fin de la décennie d’un nouveau pôle urbain répondant aux standards contemporains de durabilité et de mixité.

Le Groupe Giboire : un héritage familial centenaire

Le Groupe Giboire est loin d’être un nouvel entrant sur le marché immobilier français. Fort d’un capital entièrement familial et d’un siècle d’existence, ce promoteur est historiquement ancré en Bretagne et dans les Pays de la Loire, avant de s’étendre en Île-de-France à partir de 2017. Les projets du groupe se caractérisent par une approche partenariale : Giboire travaille main dans la main avec les collectivités locales pour cerner les attentes du territoire et y répondre par des solutions immobilières adaptées.

Aujourd’hui, le groupe mène une stratégie d’expansion vers de nouvelles régions, notamment l’Auvergne-Rhône-Alpes et l’arc méditerranéen. S’il se distingue par des circuits de décision courts – caractéristique de l’entreprise familiale –, il mise également sur la qualité architecturale et la durabilité pour fidéliser sa clientèle. Pour Giboire, développer un programme immobilier, c’est d’abord s’engager de manière durable auprès des acteurs locaux, concevoir des espaces où il fait bon vivre et répondre aux défis environnementaux et sociétaux actuels.

Ce projet à Chambéry est, selon ses dirigeants, une première implantation stratégique au cœur des Alpes, avec la volonté de s’implanter de façon pérenne et de créer des passerelles entre les différents métiers de l’immobilier (promotion, exploitation, gestion, etc.). Pour la région, l’arrivée de ce groupe peut signifier l’apport d’une expertise éprouvée, susceptible de consolider la notoriété du territoire sur le plan des grands projets urbains.

Qui est Harvey ? Un nouveau visage de l’hospitalité urbaine

Fondée en 2017, Harvey se définit comme une société à mission centrée sur « l’art de vivre la ville ». Fort d’une quinzaine de résidences en développement, Harvey se spécialise dans la conception de lieux de vie « hybrides, inclusifs et solidaires ». Ce concept innovant, mariant logement, services et convivialité, entend répondre aux besoins variés des citadins d’aujourd’hui : hébergement, loisirs, restauration et sociabilisation.

Harvey se positionne sur un marché qui connaît un essor rapide en France : celui de la cohabitation intergénérationnelle, de l’hôtellerie urbaine revisitant les codes classiques, et des résidences multifonctions. Pour ce projet chambérien, la société prend en charge la gestion de la résidence, qui comportera notamment 215 logements, des espaces sportifs (dojo, terrain multisport en toiture) et un centre de rééducation. En parallèle, la marque s’implique fortement dans l’animation du campus, considérant la formation comme un pilier de la vie urbaine.

Grâce à sa culture de l’hospitalité, Harvey souhaite également valoriser le vivre-ensemble en favorisant des rencontres entre résidents, étudiants et professionnels. Cette vision s’appuie sur une programmation d’événements, de conférences et de moments de partage. L’objectif : créer un « phénomène sociétal » autour du mieux-vivre en ville, une aspiration de plus en plus plébiscitée par les nouvelles générations.

Regards croisés : des déclarations porteuses d’ambition

Plusieurs personnalités publiques et privées ont pris la parole pour souligner l’importance stratégique et l’originalité du projet. Réécrites ci-dessous, leurs déclarations témoignent d’un certain engouement institutionnel, mais aussi des espoirs placés dans cette initiative.

Thierry Repentin, maire de Chambéry et président de Grand Chambéry, salue la venue d’un ensemble immobilier multifonctionnel : « L’ambition des groupes Harvey et Giboire à Chambéry confirme l’attractivité de notre ville et de la ZAC de la Cassine. Ce projet, qui apporte de nouveaux services à la population, s’inscrit parfaitement dans la dynamique de modernisation du quartier. »

Du côté du Groupe Giboire, représenté par François Giboire et Olivier Biancarelli, on insiste sur le « partenariat construit avec les territoires » et l’importance d’une implantation dans un environnement comme Chambéry, propice à l’expérimentation d’usages variés.

Marie-Pierre Montoro-Sadoux, présidente de Chambéry-Grand Lac Économie, évoque la plus-value économique du projet : « En apportant des fonctions nouvelles (campus, coworking, etc.), ce programme contribue à rapprocher Chambéry des grandes métropoles, tout en conservant son identité alpine et son cadre de vie préservé. »

Enfin, David Inquel, président du Groupe Harvey, met en avant l’approche centrée sur le mieux-vivre en ville : « L’idée est de créer un lieu pluriel et responsable, où chacun trouve sa place. Nous voulons faire résonner cette convivialité urbaine à Chambéry, dans un format original et durable. »

Points clés pour la ville et la région

Au-delà du seul projet immobilier, c’est tout un écosystème économique et social qui se dessine. L’arrivée de nouveaux étudiants et la création d’un pôle de formation à vocation professionnelle devraient favoriser le développement de filières locales telles que la restauration, l’hôtellerie, le numérique et la création audiovisuelle. De même, la proposition d’espaces de coworking modernes peut agir comme un aimant pour les entrepreneurs, les travailleurs indépendants ou les start-ups en quête d’un cadre stimulant.

Sur le plan institutionnel, ce type de projet illustre la manière dont les autorités locales, qu’il s’agisse de Grand Chambéry, de Chambéry-Grand Lac Économie ou de la Ville de Chambéry, cherchent à valoriser le foncier disponible. En mettant l’accent sur la mixité des usages, la transition écologique et la création de services adaptés aux attentes contemporaines, ces entités démontrent leur capacité à innover et à fédérer des investisseurs de haut niveau.

La collaboration entre acteurs publics et privés n’est pas toujours chose aisée. Toutefois, dans ce cas précis, elle a permis de définir un cahier des charges clair dès le départ, garantissant une cohérence entre l’offre proposée et les besoins réels du territoire. Cette méthode de travail, si elle se généralise, pourrait inspirer d’autres collectivités confrontées à la nécessité de revitaliser leurs centres urbains ou de réhabiliter des friches industrielles.

Des perspectives ambitieuses pour Chambéry

Ce projet mixte, à la fois ambitieux et ancré dans des exigences environnementales, illustre la capacité de Chambéry à se réinventer. Alors que les travaux devraient débuter en 2026 pour une livraison attendue en 2028, la ville se positionne comme un laboratoire de l’urbanisme de demain : un urbanisme où l’éducation, la santé, le logement et le travail ne font plus qu’un, dans un cadre pensé pour la fluidité et le bien-être.

De nombreuses questions demeurent toutefois : comment assurer la pérennité financière à long terme ? Quelle sera la répercussion sur le marché immobilier local et régional ? Les futurs services répondront-ils à une demande suffisamment soutenue ? La réussite du projet passera certainement par un suivi attentif des besoins du territoire, une concertation permanente avec les partenaires et un pilotage rigoureux des coûts. Néanmoins, la dynamique enclenchée laisse entrevoir un avenir prometteur pour Chambéry, souvent qualifiée de « ville à taille humaine » mais dont l’attractivité croît année après année.

Cet article, à travers l’angle économique et urbanistique, illustre combien la ville de Chambéry et ses partenaires comptent faire de la ZAC de la Cassine un nouveau pôle de référence, réunissant innovation, mixité et durabilité.