Kovacic sous le leadership de Pascal Rey : un tournant pour l'entreprise
Découvrez comment Pascal Rey, avec le soutien de Bpifrance, transforme Kovacic en Alsace pour renforcer son offre et l'emploi local.

À Ernolsheim-Bruche, Pascal Rey prend le contrôle de Kovacic et imprime sa marque. À 52 ans, l’ancien directeur général de Brunner SAS s’empare d’une PME alsacienne structurée, avec l’appui de Bpifrance et de la SODIV, pour étendre l’offre produits, accélérer vers le Haut-Rhin et consolider l’emploi local. Une transmission capitalistique assumée, qui s’adosse à une stratégie industrielle et commerciale précise.
Reprise de Kovacic par Pascal Rey : périmètre et intentions
La transmission de Kovacic, spécialiste des fermetures de bâtiment fondé en 1965, a été finalisée à l’été 2025. L’opération permet à la société, historiquement ancrée en Alsace, de rester sous pavillon local. Pascal Rey, 52 ans, engage un projet d’entrepreneur-successeur visant à élargir la gamme sur-mesure et à renforcer la couverture commerciale vers le Haut-Rhin, tout en consolidant la clientèle d’artisans.
Contrairement à d’autres acteurs du secteur ayant intégré des groupes étrangers, Kovacic maintient son ancrage régional. La comparaison est éclairante avec Tryba, mentionnée comme reprise par le groupe danois Dovista en 2025, quand Kovacic opte pour une trajectoire d’indépendance contrôlée en Alsace. Un choix stratégique qui vise la réactivité opérationnelle et la préservation du capital industriel local.
Le montage a été soutenu par Bpifrance et SODIV. Sans intervention financière dédiée, le vendeur aurait pu privilégier une cession à un fonds ou un concurrent, au risque de délocaliser des fonctions ou de déformer l’ADN de la marque. Ici, la feuille de route est claire et assumée : plus de sur-mesure, plus d’artisans, plus d’Alsace.
Qui est Kovacic : de 1965 à 2025
Entreprise familiale depuis sa création, Kovacic s’est positionnée au fil des décennies comme un acteur reconnu des fermetures en Alsace. Son site industriel de 7 000 m², son atelier de menuiserie et ses trois showrooms donnent un avantage concurrentiel en proximité client et en qualité perçue. En 2024, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros, avec 49 collaborateurs.
Pascal Rey : parcours et motivations
Avant de s’engager dans la reprise, Pascal Rey était directeur général de Brunner SAS, filiale française d’un groupe allemand de meubles. Il revendique un timing opportun pour passer à l’entrepreneuriat, au service d’une société "structurée et reconnue". L’enjeu consiste à transformer cet héritage en plateforme de croissance à l’échelle régionale, sans diluer l’exigence produit.
Kovacic a 60 ans : un jalon industriel
L’entreprise fêtera ses 60 ans en novembre 2025 à Ernolsheim-Bruche avec des portes ouvertes. Un moment symbolique pour partager la feuille de route avec les clients, les partenaires et les équipes.
Dans une transmission de PME, l’appui public peut intervenir via des quasi-fonds propres, des prêts de développement ou des investissements minoritaires, afin d’équilibrer le levier et de sécuriser le plan d’affaires. Chez Kovacic, Bpifrance s’est mobilisée via France Investissement Régions, en complément de SODIV.
Financements Bpifrance et SODIV : sécurisation de l’emploi local
Le schéma financier validé à l’été 2025 a reposé sur l’articulation de Bpifrance et de SODIV. La logique est double : permettre la transmission capitalistique sans lester l’entreprise d’une dette excessive, et donner à la nouvelle direction les moyens d’un plan produit et commerciaux ciblés.
Les aides publiques aux entreprises représentent un levier stabilisateur dans ces opérations. Elles ont été chiffrées à environ 45 milliards d’euros en 2022, hors mesures Covid et au sens des aides d’État, selon le Ministère de l’Économie (source : Ministère de l’Économie). En parallèle, les aides excluant les exonérations générales sont estimées à 25 milliards d’euros annuels, ce qui outille concrètement les transmissions-reprises et la continuité industrielle.
Sur le terrain, la conséquence la plus tangible concerne l’emploi. Chez Kovacic, l’objectif affiché est la création de jusqu’à huit postes qui viendront s’ajouter aux 49 salariés.
La solidité des carnets, la réactivité logistique et l’extension de l’offre bois doivent alimenter cette trajectoire. À l’échelle du pays, ces mécanismes contribuent au maintien des emplois PME, avec un effet de diffusion sur les bassins d’activité.
Bpifrance et SODIV : rôles distincts, même objectif
Bpifrance intervient via ses outils régionaux pour sécuriser la reprise et lisser le risque financier dans le temps. SODIV, partenaire économique du Grand Est, complète la structuration.
L’ensemble est pensé pour éviter un scénario concurrentiel où un acquéreur externe imposerait une trajectoire court-termiste. Dans la même logique d’outillage du tissu entrepreneurial, France Investissement Régions a mobilisé des enveloppes significatives en 2024 pour des opérations comparables.
Aides publiques : de la macro à l’atelier
La politique de soutien aux entreprises opère sur deux tableaux complémentaires : stabilité macroéconomique et financement micro. Les dispositifs nationaux et régionaux permettent d’absorber le choc de la transmission, éviter une rupture industrielle et soutenir la montée en compétence des équipes. Chez Kovacic, l’effet attendu se mesure en emplois, qualité produit et capacité d’innovation.
Cap commercial sur le Haut-Rhin et les artisans
Le développement prioritaire se concentre sur le Haut-Rhin, zone à fort potentiel où Kovacic est déjà visible via un showroom à Colmar. Le cœur de cible s’élargit aux artisans, aujourd’hui environ 10 % de la clientèle de la société, historiquement portée par les particuliers. Le parti pris consiste à transformer un modèle B2C robuste en une offre mixte B2C-B2B, tirée par la réactivité permise par des stocks dimensionnés et un maillage commercial resserré.
Cette accélération s’inscrit dans un environnement contrasté pour le bâtiment. Le chiffre d’affaires du bâtiment a été estimé à 5,2 milliards d’euros dans le Grand Est en 2024, avec une croissance qualifiée de modérée.
Les incertitudes politiques et géopolitiques pèsent sur l’investissement, tandis que la demande de rénovation énergétique soutient les segments liés à l’isolation. L’actualité régionale reflète ces tensions, à l’image d’une manifestation de la FDSEA 68 à Colmar en septembre 2025 dénonçant la concurrence déloyale et la complexité normative, signe des pressions ressenties dans l’écosystème économique local.
Dans ce paysage, les fermetures conservent un statut de bien essentiel, tant pour la performance thermique que pour le confort de vie. Kovacic mise sur la robustesse produit et l’agilité industrielle pour capter la demande et stabiliser la visibilité des carnets sur le Haut-Rhin.
Kovacic : sites, showrooms et stocks
- Site industriel de 7 000 m² à Ernolsheim-Bruche, incluant un atelier de menuiserie.
- Trois showrooms en Alsace : Ernolsheim-Bruche, Haguenau, Colmar.
- Stocks renforcés pour réduire délais et soutenir la filière artisanale.
En Alsace, de nombreuses communes intègrent des exigences ABF qui privilégient le bois pour respecter les prescriptions architecturales. Kovacic capitalise sur son expérience historique et ses équipements pour étendre le bois aux fenêtres et portes, au-delà des volets. Objectif : conformité patrimoniale et rendement énergétique sans compromis esthétique.
Élargissement de l’offre sur-mesure en bois, PVC et aluminium
Le plan produit orchestré par Pascal Rey privilégie un élargissement sélectif plutôt qu’une dispersion. Le trépied PVC, aluminium et bois est consolidé, avec une extension significative du bois aux menuiseries et fermetures, en complément des volets déjà au catalogue. Pour soutenir ce déplacement de mix, une partie des équipes est formée à la maîtrise de la pose sur ces nouvelles gammes.
Ce choix résulte d’un arbitrage clair : ne pas s’éparpiller vers des produits connexes (portails, pergolas) mais concentrer l’investissement sur les points forts industriels, commerciaux et logistiques. Un positionnement assumé, en cohérence avec l’historique de la marque.
D’ailleurs, Kovacic rappelle sa spécialisation en fermetures depuis 1965 et son ancrage à Ernolsheim-Bruche. Les tendances de marché viennent conforter la démarche, avec une progression du marché des menuiseries bois et aluminium de 3,5 % en 2024, tirée par la rénovation énergétique, et une hausse du nombre d’entreprises du bâtiment de 2 % dans le Haut-Rhin entre 2023 et 2024.
Kovacic : stratégie produits et formation
- Extension bois sur fenêtres et portes pour répondre aux prescriptions patrimoniales et à la demande isolante.
- Maintien PVC et aluminium avec renforcement des lignes sur-mesure.
- Plan de formation ciblé sur les équipes de pose et le conseil technique en showroom.
Sur la clientèle, l’objectif est d’élever la part des artisans au-delà des 10 % actuels, par un discours produit adapté et des délais maîtrisés. Le secteur des fermetures en France, évalué à 8 milliards d’euros en 2024, reste porteur malgré les aléas, soutenu par les ambitions d’isolation et la valeur patrimoniale des logements.
RSE et bilan carbone : feuille de route opérationnelle
La nouvelle gouvernance a engagé le premier diagnostic carbone de Kovacic. L’objectif est d’établir une baseline d’émissions et de définir des axes d’amélioration réalistes, du sourcing à la logistique, en passant par les procédés de fabrication et la fin de vie des produits. Cette démarche s’inscrit dans une politique RSE plus large, menée en coordination avec Bpifrance, et aligne l’entreprise avec les objectifs nationaux de neutralité carbone 2050.
En Alsace, l’industrie représente environ 15 % des émissions régionales. Kovacic prépare une série de chantiers opérationnels : réduction des déchets, amélioration de l’efficacité énergétique des installations et optimisation des flux. L’accompagnement des anciens dirigeants dans la phase de transmission a contribué à préserver les valeurs d’entreprise tout en structurant cette montée en maturité environnementale.
Bilan carbone : quatre questions clés
- Périmètre Scopes 1, 2, 3 : quels postes dominants pour une menuiserie sur-mesure.
- Matériaux : bois vs aluminium vs PVC, arbitrages d’empreinte et durabilité.
- Process : sobriété énergétique et valorisation des chutes en atelier.
- Logistique : optimisation des tournées et densification des commandes.
Digitalisation et calendrier 2026 : paiements et commandes en ligne
Un programme de digitalisation est prévu pour 2026. Il couvrira la prise de commande et les paiements afin d’augmenter la fiabilité des flux et de simplifier le parcours client, en particulier pour les artisans.
Des audits menés avec Bpifrance ont identifié des gisements d’efficacité sur la chaîne commerciale et l’après-vente. À court terme, l’entreprise déploie une communication renforcée en parallèle de ses portes ouvertes de novembre 2025.
L’amélioration des interfaces et des process cible des indicateurs simples : temps de cycle commande-livraison, taux de transformation et service après-vente. L’investissement numérique ne se substitue pas à l’atout industriel, il vient l’augmenter. La logique d’ensemble reste de tenir les délais, stabiliser la qualité perçue et sécuriser un flux d’affaires récurrent avec des entreprises locales.
Gouvernance et transmission : accompagnement des anciens dirigeants
Pour préserver l’ADN de Kovacic, la passation s’effectue avec un accompagnement des anciens dirigeants. Cette phase est décisive pour transférer les savoir-faire, sécuriser les relations avec les fournisseurs et stabiliser les équipes. Elle soutient aussi la mise en place des chantiers RSE et des outils digitaux, piliers du plan de transformation.
Trois repères pour le suivi de performance : 1) évolution du mix matériaux bois-PVC-aluminium et son impact marge, 2) taux de service et délais, 3) proportion du chiffre d’affaires réalisée avec les artisans versus particuliers. Ces indicateurs donnent une lecture fiable de la traction commerciale et de la robustesse industrielle.
Cap 2026 : ancrage alsacien et discipline d’exécution
La trajectoire est assumée : capitaliser sur un outil local performant, étendre l’offre bois, gagner du terrain auprès des artisans du Haut-Rhin et déployer des outils numériques en 2026. Avec un CA de 12 millions d’euros en 2024 et des ambitions calibrées, la direction vise 15 millions d’euros à l’horizon 2026, sur la base des tendances sectorielles observées. Le taux de chômage dans le bâtiment en Alsace se situait à 6,8 % en 2024, un contexte qui renforce l’intérêt d’une croissance organique et créatrice d’emplois.
L’appui des mécanismes publics, dont France Investissement Régions, a été décisif pour sécuriser la transmission et préserver l’identité alsacienne. L’exécution comptera autant que la vision : formation, logistique, pilotage RSE et service client seront les ressorts de la réussite. La promesse tient désormais à la capacité de Kovacic à transformer ces leviers en croissance durable.