La manufacture de chaussures Boissy, un pilier du secteur de la chaussure en France depuis 1947, traverse une période de turbulences. Installée à Laussonne en Haute-Loire, cette PME spécialisée dans les mocassins confort pour femmes fait face à une baisse significative des commandes, menaçant ainsi l'avenir de ses employés et de son savoir-faire unique.

Un avenir incertain pour Boissy

Les salariés de Boissy sont en alerte. Selon eux, Yves Poitoux, le PDG de l'entreprise, prévoit de déposer un dossier au tribunal de commerce du Puy-en-Velay début octobre. Cette démarche pourrait marquer le début d'une procédure de redressement judiciaire pour l'un des derniers manufacturiers de chaussures en France.

Lors d'une réunion au début du mois, Yves Poitoux a informé les 43 salariés de l'usine de Laussonne et les 15 travailleurs à domicile de la situation critique de l'entreprise. Boissy, qui produit environ 140 000 paires de mocassins par an pour des clients tels que Besson Chaussures, La Halle et Gémo, voit son volume de commandes chuter drastiquement.

Chiffre d'affaires en déclin

Les représentants du personnel décrivent une situation préoccupante. "Le PDG nous a expliqué que les volumes de commandes étaient insuffisants pour que l’entreprise soit viable. Il a donc préféré refuser les rares commandes qu’il avait pour l’an prochain. Ce qui veut dire qu’à partir du 31 octobre, nous n’aurons plus rien à faire", s’alarme Jérémy Dumas, salarié chez Boissy depuis 12 ans et secrétaire non syndiqué au CSE.

Selon Dumas, le chiffre d'affaires de Boissy est passé de 4,8 millions d'euros en 2022 à 3,8 millions cette année, avec des prévisions encore plus basses pour l'année prochaine. Cette baisse significative met en péril la viabilité de l'entreprise.

Un savoir-faire en péril

Yves et Anne Poitoux, qui ont repris Boissy en 2015, avaient déjà sollicité une procédure de sauvegarde en 2021 pour tenter de redresser la situation. Cependant, les difficultés du secteur, illustrées par les placements en redressement judiciaire d'Arche et en liquidation de Chaussexpo cette année, n'ont pas épargné Boissy.

La recherche d'un repreneur semble compliquée dans ce contexte. "Nous ne voulons pas de liquidation directe. Chez Boissy, il y a un vrai savoir-faire. Nous pouvons même envisager un changement d’activité comme cela s’est fait dans le département avec les salariés de Lejaby à Yssingeaux, qui faisaient des sous-vêtements et font désormais de la maroquinerie de luxe", précise Pierre Marsein, secrétaire départemental de la CGT, sollicitée par les salariés.

La procédure de sauvegarde est une mesure juridique permettant à une entreprise en difficulté de suspendre le paiement de ses dettes et de réorganiser ses activités pour éviter la faillite. Elle offre un cadre légal pour négocier avec les créanciers et tenter de redresser la situation financière de l'entreprise.

Les appels à l'aide des syndicats

Le syndicat CGT a récemment interpellé le nouveau Premier ministre dans un courrier, soulignant l'importance de préserver les emplois et le savoir-faire de Boissy. "L’État parle sans cesse de réindustrialiser le pays. Il faudrait commencer par ne pas fermer d’usine", se désole Pierre Marsein.

Les défis du secteur de la chaussure en France

Le secteur de la chaussure en France fait face à de nombreux défis, notamment la concurrence internationale, la hausse des coûts de production et les changements dans les habitudes de consommation. Les entreprises doivent innover et s'adapter pour survivre dans un marché en constante évolution.

Quelles perspectives pour Boissy ?

Alors que Boissy se prépare à une possible procédure de redressement judiciaire, les employés et les syndicats espèrent une solution qui préservera les emplois et le savoir-faire de l'entreprise. La possibilité de diversifier les activités, comme cela a été fait avec succès dans d'autres entreprises du département, pourrait offrir une lueur d'espoir.

Les prochains mois seront cruciaux pour l'avenir de Boissy. Les décisions prises par la direction, les créanciers et les autorités locales détermineront si cette entreprise historique peut surmonter cette crise et continuer à produire des chaussures de qualité en France.

Le sort de Boissy est désormais entre les mains du tribunal de commerce et des acteurs économiques locaux.