Le groupe IS muscle ses compétences avec l’acquisition de Cybernetix Compiègne
L’Institut de Soudure rachète Cybernetix Compiègne et renforce ses essais mécaniques et contrôles non destructifs. Un virage stratégique en vue.
![Le groupe Institut de Soudure acquiert Cybernetix Compiègne](https://media.infonet.fr/institut-de-soudure-acquisition-cybernetix-compiegne-67883268b3757.png)
Propulser ses expertises vers de nouveaux sommets, voilà en substance l’ambition affichée par le groupe Institut de Soudure, basé à Villepinte, qui vient de mettre la main sur les activités de Cybernetix Compiègne (ex-filiale de Technip Energies).
Avec près de 1 200 collaborateurs, un chiffre d’affaires de 101,91 millions d’euros en 2023 et de multiples implantations en France, l’Institut de Soudure entend ainsi diversifier davantage ses compétences en matière de contrôles non destructifs et d’essais mécaniques, confortant son statut d’acteur national de référence dans ces domaines.
(source : Communiqué de Presse IS Groupe)
Une acquisition pour muscler le savoir-faire en ingénierie des contrôles
L’achat des activités de Cybernetix Compiègne, dans l’Oise, renforce considérablement les prestations de l’Institut de Soudure. Ce nouveau périmètre couvre notamment les essais mécaniques (hautes températures, fortes pressions, essais cryogéniques…) et l’ingénierie des contrôles non destructifs. Le site compiégnois, qui réunit dix collaborateurs, a généré 1,6 million d’euros de chiffre d’affaires en 2023, dont 75 % proviennent de services liés aux tests mécaniques. Il s’agit donc d’un apport stratégique pour le groupe qui souhaite accélérer sur ces segments de marché.
Selon Antoine Legros, président de l’Institut de Soudure, cette alliance facilite l’élargissement de l’offre proposée aux industriels de divers secteurs. Elle apporte également une expertise supplémentaire pour sécuriser les infrastructures, améliorer la fiabilité des process et anticiper les enjeux de maintenance dans un contexte où la maîtrise des risques industriels devient plus cruciale que jamais.
On appelle contrôles non destructifs (CND) l’ensemble des techniques d’inspection qui évaluent l’intégrité d’un matériau, d’une pièce ou d’une structure sans l’altérer. Les méthodes courantes incluent l’ultrason, la radiographie, le ressuage et la magnétoscopie. Elles jouent un rôle essentiel pour détecter les défauts (fissures, porosités, etc.) avant qu’ils ne deviennent critiques.
Cette acquisition, pilotée au sein de la direction Ingénierie Expertise (DIE) de l’Institut de Soudure, renforce la palette de solutions offertes en matière de R&D, de prototypage de bancs d’essais et d’instrumentation.
Le tout s’articule désormais autour de laboratoires performants dédiés à l’analyse de matériaux sous forte contrainte (métaux complexes, composites et polymères spéciaux). L’idée est de répondre aux nouveaux défis technologiques rencontrés dans l’énergie, l’aéronautique, l’automobile ou la construction.
Qui est l’Institut de Soudure ? Genèse d’un expert de l’assemblage
Avec une histoire vieille de plus de 120 ans, l’Institut de Soudure s’est forgé une identité de référence dans le domaine du soudage et de l’assemblage. Historiquement focalisé sur la formation et la maîtrise des techniques de soudure, le groupe a su progressivement étendre son champ de compétences : inspection, contrôles avancés, certification et ingénierie des matériaux.
Présent dans de multiples secteurs (pétrole et gaz, chimie, énergie, ferroviaire, construction, nucléaire, etc.), l’Institut de Soudure s’est donné pour mission d’accompagner les industriels sur les problématiques de fiabilité et de sûreté. Avec un réseau de 38 implantations, dont 31 en France, il dispose d’un maillage local solide pour répondre au plus près aux besoins. Son positionnement vise à couvrir l’ensemble du cycle de vie d’une installation, de la conception à la maintenance, avec une volonté d’innovation continue.
Bon à savoir : identité de la société
Dénomination : INSTITUT DE SOUDURE INDUSTRIE (ISI), SAS
Date de création : 09/12/1997
Capital social : 8,12 M€
SIREN : 414728964 – SIRET : 41472896400019
Code APE : 7120B (Analyses, essais et inspections techniques)
Convention collective : 3248 (Métallurgie)
Gérant : Antoine Legros (Président de la SAS)
Pour soutenir ses ambitions, l’entreprise table sur six pôles d’activité : Recherche & Expertise, Formation & Enseignement, Inspection, Contrôles, Certification et Solutions.
Chaque pôle est pensé pour interagir avec les autres, assurant des synergies de projets. Face aux enjeux de transitions énergétique et écologique, l’Institut de Soudure prend par ailleurs part à des programmes de recherche appliquée sur de nouveaux matériaux et procédés d’assemblage.
L’établissement de Compiègne : un atout stratégique
L’entité compiégnoise, autrefois rattachée à Technip Energies via la filiale Cybernetix, jouit d’un laboratoire performant. Elle s’est notamment distinguée dans le prototypage de bancs d’essais dédiés à des conditions extrêmes de température ou de pression. Ses activités couvrent aussi la recherche de défaillances potentielles dans des matériaux de haute technicité (composites, polymères spécialisés, métaux soumis à de fortes contraintes).
Les dix collaborateurs basés à Compiègne intègrent dorénavant la direction Ingénierie Expertise (DIE), dirigée par Nicolas Nourrit. Ce renfort permet de mutualiser des expertises et de développer des approches synergiques entre les différents sites du groupe. À travers cette acquisition, l’Institut de Soudure veut également consolider son rayonnement auprès des entreprises régionales, qu’il s’agisse de grands donneurs d’ordre ou de PME en quête de services sur mesure.
Un essai mécanique consiste à solliciter un matériau (traction, flexion, compression) dans des conditions contrôlées pour mesurer ses limites ou sa ductilité. Les essais à haute température ou à très basse température (cryogénique) servent, par exemple, à simuler les environnements extrêmes dans lesquels le matériau sera utilisé (installations offshore, nucléaire, aérospatial…).
Réorganisation et ambitions de croissance
Avec ce mouvement, l’Institut de Soudure entend accroître son leadership en France dans les tests et contrôles de matériaux. Les CND constituent d’ailleurs l’un des éléments phares de sa valeur ajoutée : prévenir les ruptures et défaillances dans des secteurs critiques, tout en limitant les arrêts de production. Les essais mécaniques approfondis (75 % du CA de l’établissement compiégnois) viendront compléter les compétences déjà en place dans l’entité de Villepinte.
« Cette acquisition nous permet de nous développer dans l’ingénierie et de compléter notre offre dans les essais. C’est aussi un levier supplémentaire pour renforcer notre leadership en France dans les activités CND et les essais »
L’objectif est clair : proposer un éventail de services toujours plus large, capitalisant sur les besoins en expertise et en recherche de performance qui traversent l’industrie française.
De plus, le groupe ambitionne de renforcer sa présence à l’international, fort de plus de 120 ans d’expérience et d’un savoir-faire reconnu dans le soudage et la formation. Diverses filiales travaillent déjà sur des projets hors de l’Hexagone, en s’appuyant sur des certifications internationales et sur un solide réseau de partenaires.
Les chiffres clés : performance financière et dynamique opérationnelle
L’Institut de Soudure affiche un chiffre d’affaires global de 101,91 millions d’euros en 2023, contre 97,92 M€ en 2022 et 90,42 M€ en 2021, témoignant d’une croissance régulière. Son résultat net s’établit à 588 950 € en 2023, ce qui représente un taux de marge nette d’environ 0,58 %. Ce dernier marque cependant une baisse en comparaison des 2,16 % de 2022, signe d’investissements conséquents pour soutenir la montée en puissance de nouvelles expertises.
Du côté de l’EBITDA (Excédent Brut d’Exploitation avant amortissements), l’Institut de Soudure enregistre 3,8 M€ en 2023, en légère diminution par rapport à 3,99 M€ en 2022. Cette évolution demeure toutefois cohérente avec une stratégie d’expansion, qui nécessite l’acquisition de nouveaux équipements et l’intégration d’équipes à la pointe de la technologie.
La masse salariale se situe autour de 58,3 M€ en 2023. Les secteurs couverts par le groupe exigent une main-d’œuvre hautement qualifiée : ingénieurs en soudage, inspecteurs spécialisés, formateurs, techniciens de contrôle, etc. Ainsi, même si la rentabilité et le taux de marge brute (62,39 %) sont encore en phase de consolidation, la valeur ajoutée reste importante (49,57 M€ en 2023) et traduit un véritable potentiel de création de richesse à moyen terme.
Sur le plan de la gestion du Besoin en Fonds de Roulement (BFR), on observe un BFR de 28,21 M€ en 2023, contre 17,31 M€ en 2022. Cette hausse résulte notamment de délais de paiement clients allongés (165 jours) en 2023, témoignant des réalités de marché où la négociation des conditions de règlement s’avère parfois complexe. En parallèle, le fonds de roulement s’établit à 12,37 M€ et la trésorerie disponible à 2,29 M€ en 2023.
Analyse : enjeux et perspectives du marché
Avec l’émergence de technologies plus complexes (hydrogène, énergies renouvelables, matériaux composites), les compétences en inspection et en essais se sont diversifiées. Le marché de la maintenance prédictive, dopé par l’essor des capteurs intelligents et de l’IoT (Internet of Things), exige en effet une approche encore plus fine dans l’analyse des données recueillies sur le terrain. Dans ce contexte, l’expertise de l’Institut de Soudure, renforcée par l’acquisition de Cybernetix Compiègne, devrait trouver un terrain favorable à son expansion.
En parallèle, les pressions réglementaires autour de la sécurité industrielle se durcissent, et les entreprises sont invitées à sécuriser leurs équipements pour éviter les accidents ou les interruptions d’activité coûteuses. Les contrôles non destructifs constituent alors un passage obligé. Les industriels de la pétrochimie, du nucléaire, de l’aéronautique ou encore de la construction tablent sur des prestataires qui peuvent attester d’une fiabilité de haut niveau. Cette exigence justifie la course à l’innovation au sein de l’Institut de Soudure, afin de rester en pointe sur ces segments stratégiques.
La consolidation du marché des essais et contrôles est également un moteur de croissance pour l’Institut de Soudure. Plusieurs acteurs régionaux cherchent soit à se rapprocher de groupes plus importants, soit à s’associer pour développer des synergies commerciales et technologiques. L’exemple de Cybernetix Compiègne illustre cette tendance : les petites structures dotées d’un savoir-faire de niche intéressent fortement les grands groupes, désireux de compléter leur éventail de services.
La maintenance prédictive consiste à suivre l’évolution des équipements grâce à des capteurs (température, vibration, corrosion…). L’analyse en temps réel permet d’anticiper les pannes, de minimiser les risques de défaillance et d’optimiser la production. Cette approche innovante se développe rapidement dans l’industrie 4.0.
Focus sur l’expertise en soudage et assemblage
Au-delà des essais et des contrôles, le cœur de métier de l’Institut de Soudure demeure la maîtrise des procédés d’assemblage. Soudage MIG-MAG, TIG, soudage par friction-malaxage ou par faisceau d’électrons : les technologies évoluent et s’adaptent aux nouveaux matériaux mis sur le marché (alliages légers, composites, etc.). Les ingénieurs et techniciens du groupe ont ainsi pour mission de qualifier les procédures pour garantir la solidité des joints soudés dans des conditions parfois extrêmes.
Par ailleurs, le pôle Formation & Enseignement dispense des formations diplômantes et qualifiantes, couvrant un large éventail de techniques de soudure. Grâce à ses partenariats avec des écoles et organismes professionnels, le groupe contribue à l’élévation du niveau de compétence dans des métiers qui peinent parfois à recruter. L’acquisition de l’établissement Cybernetix Compiègne pourrait favoriser l’émergence de programmes de formation dédiés aux essais mécaniques avancés, complétant ainsi le panel de spécialisations déjà proposé.
Sur le long terme, cette transversalité entre la formation, la recherche et les activités commerciales représente un levier puissant de développement. Le partage de retours d’expérience alimente de nouvelles pistes de R&D, qui aboutissent ensuite à des services inédits pour les clients industriels. Ce cycle vertueux consolide la réputation d’excellence du groupe, tant en France qu’à l’international.
Zoom sur la stratégie R&D du groupe
En matière de R&D, l’Institut de Soudure s’appuie sur des laboratoires dédiés, orientés autour de la science des matériaux, de l’ingénierie et de l’évaluation technique. L’objectif est d’anticiper les défis auxquels font face les industriels : conception de pièces plus légères, résistance accrue aux conditions extrêmes, mise en conformité avec des règlements de plus en plus stricts en termes d’émissions et d’impact environnemental.
Les équipes de Villepinte et de Compiègne collaborent déjà sur des sujets émergents : la détection ultraprécise de microfissures, l’emploi de techniques de ressuage plus sélectives, ou encore l’utilisation de capteurs optiques pour mesurer des paramètres multidimensionnels lors des essais. Si les budgets R&D se sont accrus ces dernières années, c’est parce que la direction du groupe considère l’innovation comme une composante stratégique, indispensable pour fidéliser la clientèle et anticiper les mutations sectorielles.
Par exemple, les secteurs du nucléaire ou de l’aéronautique imposent un niveau d’exigence draconien : chaque soudure, chaque matériau doit prouver sa résilience à long terme. Dans ces domaines, l’Institut de Soudure se positionne comme un interlocuteur fiable, capable de concevoir et de mettre en œuvre des campagnes de test complexes. Ainsi, l’expertise accumulée se répercute sur d’autres marchés plus traditionnels, qui bénéficient à leur tour de techniques et méthodologies de pointe.
L’importance du maillage territorial
L’un des points forts de l’Institut de Soudure réside dans la densité de ses implantations : 31 sites en France métropolitaine. Cet ancrage local se révèle essentiel pour répondre à la diversité des demandes régionales, qu’il s’agisse d’acteurs industriels du Nord, d’entreprises aérospatiales en Occitanie, de chantiers navals en Pays de la Loire ou de projets nucléaires dans le Grand Est. Les laboratoires itinérants permettent en outre de réaliser certains contrôles directement sur site, réduisant ainsi les délais et les coûts logistiques.
Avec l’ajout de l’établissement compiégnois, la présence dans le bassin Hauts-de-France s’en trouve renforcée. Cela ouvre des perspectives de collaborations plus étroites avec les universités, les centres de recherche et les clusters industriels de la région. Pour l’Institut de Soudure, cette proximité est le gage d’un accompagnement personnalisé des clients, incluant la création de dispositifs d’essais spécifiques pour des besoins complexes.
La direction générale mise aussi sur la formation sur site : des formateurs et experts peuvent se déplacer pour dispenser des sessions adaptées aux matériaux et aux techniques déjà utilisés dans l’entreprise cliente. Cette flexibilité se traduit souvent par une accélération du transfert de compétences et un renforcement de la compétitivité de l’industrie locale.
Gros plan sur les applications industrielles
Les contrôles non destructifs et les essais mécaniques, cœurs de l’offre de l’Institut de Soudure, trouvent des applications variées : pipelines, coques de navires, ponts, réservoirs sous pression, composants aéronautiques, réacteurs nucléaires… Garantir la sécurité et la longévité de ces infrastructures constitue un enjeu de taille pour les industries concernées, qui doivent composer avec des réglementations de plus en plus complexes et des pressions économiques fortes.
Dans le secteur de l’énergie, l’Institut de Soudure participe à la maintenance et au contrôle d’installations critiques, comme les champs pétroliers offshore ou les terminaux gaziers. Les techniques de CND y sont primordiales pour déceler toute anomalie dès son apparition, réduisant les risques de fuite et de catastrophes environnementales. Les récents travaux sur les pipelines en condition extrême (fortes profondeurs, courants marins, etc.) illustrent parfaitement l’importance de cette expertise.
Dans l’aéronautique, les spécifications requises sont draconiennes. Les pièces subissent des cycles de fatigue importants et doivent résister à des chocs thermiques brusques. Les essais mécaniques, combinés à des simulations numériques, permettent de prédire les défaillances potentielles et d’établir des protocoles de maintenance préventive. L’enjeu est de garantir la sécurité des passagers tout en optimisant les coûts de maintenance, un équilibre complexe à trouver pour les compagnies aériennes et les constructeurs.
Perspectives : vers une industrie plus sûre et plus innovante
Au terme de cette acquisition stratégique, le groupe Institut de Soudure inscrit sa trajectoire dans un écosystème industriel en quête permanente de fiabilité et de performance. Le renfort des compétences de Cybernetix Compiègne ouvre la voie à de nouvelles collaborations, à la fois dans le domaine de la recherche et de la formation, mais aussi dans les services proposés aux entreprises.
De la pétrochimie à l’aéronautique, de l’énergie au ferroviaire, chaque secteur devrait pouvoir bénéficier d’approches toujours plus pointues en matière de contrôles, d’essais et d’ingénierie. En renforçant son positionnement à l’international, l’Institut de Soudure entend capitaliser sur son image d’expert reconnu pour accompagner des projets d’ampleur mondiale. Les premiers signaux laissent penser que l’intégration des collaborateurs compiégnois, dans la dynamique d’innovation déjà en place, contribuera à développer de nouvelles offres combinant efficacité et sécurité.
Cette opération constitue un jalon important pour l’Institut de Soudure, qui consolide son rôle d’acteur incontournable en France et se donne les moyens d’étendre son rayonnement à l’échelle internationale, tout en restant fidèle à son ADN d’expertise et d’innovation.