L’alliance entre INRAE et Bpifrance, officialisée le 3 juillet 2025, figure parmi les grandes annonces de cet été. Leur objectif : accélérer la naissance de nouvelles entreprises deeptech, dédiées aux transitions agricole, alimentaire et environnementale. Cet accord, inscrit dans le cadre de France 2030 et adossé au Plan Deeptech, s’annonce porteur de changements majeurs pour l’innovation française. L’article qui suit propose un décryptage précis, enrichi par un regard professionnel sur les enjeux économiques, financiers et légaux liés à cette collaboration.

Un engagement commun revu en profondeur

Le partenariat scellé entre INRAE et Bpifrance n’est pas seulement un protocole symbolique : il repose sur une logique de couplage complet des compétences. À la fois organisme de recherche majeur et soutien de l’innovation, INRAE (l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) dispose d’une expérience solide dans la finalisation de projets scientifiques orientés vers l’agronomie, l’alimentation et la préservation de la biodiversité. De son côté, Bpifrance joue un rôle de premier plan en matière de financement des entreprises et d’accompagnement à divers stades de leur développement.

Ce qui séduit particulièrement dans cette alliance, c’est la volonté de bâtir un continuum complet d’accompagnement : depuis la simple idée émergée au fond d’un laboratoire jusqu’à la levée de fonds conséquente qui propulse une jeune pousse sur le chemin de l’industrialisation. Le tout se déploie au sein d’un écosystème multidisciplinaire, mobilisant des compétences à la fois scientifiques, économiques et même légales. Les implications pour la recherche française et l’investissement privé sont considérables, notamment pour favoriser l’émergence de projets deeptech à forte portée sociétale, aptes à bouleverser les paradigmes dans les secteurs agricole et environnemental.

Si cette mobilisation conjointe fait la une de l’actualité, c’est en partie parce que les institutions impliquées n’ont pas fait les choses à moitié : la direction générale déléguée Science & Innovation d’INRAE, la direction générale d’INRAE Transfert, la direction de l’Expertise de Bpifrance et la direction adjointe Deeptech de Bpifrance se sont toutes mises au diapason pour signer une convention de partenariat ambitieuse. L’histoire ne date pas d’hier : divers programmes préparaient déjà le terrain, mais cet acte officiel intègre désormais des objectifs concrets et mesurables destinés à soutenir la croissance francophone dans le secteur hautement stratégique de la deeptech.

Plongée au cœur de la deeptech agricole, alimentaire et environnementale

Le qualificatif deeptech désigne, au sens large, les innovations technologiques qui s’appuient sur des avancées scientifiques de pointe, souvent en rupture radicale avec l’existant. Dans le cas présent, la dynamique concerne principalement les biotechnologies, la robotique appliquée à l’agriculture, la récupération intelligente de ressources, ou encore le déploiement de modèles écoresponsables dans l’industrie agroalimentaire. De fait, on attend de ces nouvelles entreprises qu’elles répondent à des défis majeurs : nourrir durablement une population mondiale croissante, lutter contre le changement climatique et préserver la biodiversité grâce à des solutions novatrices.

Concrètement, les projets deeptech liés à l’agriculture s’orientent souvent vers la génétique végétale ou animale, la conception de matériaux alternatifs (comme les emballages biosourcés) et la robotique agricole. Dans l’agroalimentaire, l’optimisation des procédés de transformation et la création de produits plus sains en sont des exemples. Quant à l’environnement, les pistes abondent :-neutralité carbone, bioremédiation des sols, traitement des eaux usées à l’aide de micro-organismes, etc.

Cette impulsion donnée par l’accord INRAE – Bpifrance n’est pas anodine. Plus qu’une simple opportunité de financement, elle représente un levier pour transformer une preuve de concept en véritable activité économique riche en emplois et en retombées socio-économiques. Les start-ups ainsi promues peuvent contribuer à un essor significatif du green business en France, relevant autant de l’intérêt collectif que de la rentabilité commerciale. Cette articulation fait écho à l’ambition gouvernementale portée par France 2030 : un programme conçu pour stimuler l’innovation et positionner la France à l’avant-garde de la compétition internationale.

En coulisses : l’articulation entre la recherche et l’industrie

Derrière chaque start-up deeptech, se dessine un parcours délicat. Chercheurs, ingénieurs, entrepreneurs : réunir ces expertises prend du temps, surtout quand il s’agit de financer des projets à forte intensité de R&D. L’association entre INRAE et Bpifrance vise à fluidifier ces transitions. La formation des porteurs de projet, la mise à disposition d’infrastructures de pointe, ainsi que la connexion avec des réseaux d’investisseurs spécialisés sont autant de jalons qui permettent d’éviter l’effet « vallée de la mort » (souvent redoutée lors du passage du laboratoire au marché).

Fort de ses 10 000 collaborateurs, dont 8 000 permanents, INRAE œuvre pour que l’excellence scientifique française puisse fructifier sous la forme de solutions qui profiteront concrètement à la société. Le rôle clé d’INRAE Transfert, la filiale dédiée à la valorisation, se manifeste dans l’accompagnement technique, la recherche de licences et la création d’entreprises. Bpifrance, en tant qu’entité chevronnée en matière de prêts, de garanties et d’investissements en fonds propres, se positionne comme un partenaire financier privilégié capable d’offrir un soutien sur mesure à tous les stades de développement.

Plus précisément, des dispositifs comme le programme START And GROw d’INRAE concourent à la détection et à la création de start-ups, tandis que le Challenge InnoTech fait le lien avec des mécanismes de financement opérés par Bpifrance. Ces steps successifs assurent la coordination d’expertises variées, depuis la conception jusqu’à la pré-industrialisation (via des infrastructures telles que TWB, MetaGenoPolis ou Ferments du Futur). Et pour ceux qui souhaitent aller plus loin, un accès privilégié aux services nationaux “Les Deeptech” de Bpifrance (Tandem, Tango, Observatoire deeptech) étoffe encore l’arsenal d’outils au service des futurs champions industriels.

Le terme « deeptech » désigne des innovations reposant sur des découvertes scientifiques approfondies, nécessitant des recherches longues et pluridisciplinaires. Contrairement à la tech « classique » (souvent plus axée sur les services numériques), la deeptech implique un haut degré de complexité scientifique et industrielle.

Le Plan Deeptech et l’initiative France 2030

L’initiative France 2030 figure parmi les politiques publiques majeures pour doper la compétitivité française sur la scène internationale. Elle se décline en plusieurs volets d’actions sectorielles, dont le Plan Deeptech. Opéré par Bpifrance, ce plan accorde une attention particulière à la création d’un environnement favorable au lancement d’innovations disruptives. Il s’agit à la fois de former, d’informer et de financer. L’entrée des acteurs académiques comme INRAE dans cette boucle est stratégiquement indispensable, car ils sont le vivier où naissent les découvertes les plus prometteuses.

Le Plan Deeptech ne se contente pas d’offrir des subventions : il propose un réseau contentieux complet où se conjuguent financements publics, investisseurs privés, incubateurs, accélérateurs et laboratoires. Dans ce maillage, les volets législatifs et juridiques sont cruciaux. La protection de la propriété intellectuelle, les accords de licence et le cadre de la collaboration public-privé exigent une vigilance particulière. Les porteurs de projet ont souvent besoin de clarifier leurs relations contractuelles avec leur organisme d’origine, notamment en matière de propriété industrielle, pour éviter tout contentieux ultérieur. Le partenariat entre INRAE et Bpifrance s’insère dans cet ensemble de mécanismes, en renforçant l’interface entre la sphère académique et le secteur de l’innovation.

En France, le secteur deeptech jouit d’une solide reconnaissance. La volonté affichée est de compter parmi les nations capables de monter, d’ici 2030, un véritable réseau de start-ups championnes sur la scène internationale. Il convient toutefois de rappeler que la deeptech, en tant qu’activité à fort risque et fort potentiel, exige une relation de confiance entre chercheurs, investisseurs et acteurs institutionnels. La convention signée le 3 juillet 2025 vise justement à solidifier ce climat de confiance.

Bon à savoir sur le Plan Deeptech

Objectif global : Booster l’émergence de technologies de rupture en France, avec une enveloppe dédiée d’un milliard d’euros sur plusieurs années. L’accent est mis sur la souveraineté technologique et l’accélération des projets, depuis l’incubation jusqu’à l’industrialisation.

Accompagnement des start-ups : la nouvelle feuille de route

Quelles sont les modalités concrètes de cette feuille de route scellée entre INRAE et Bpifrance ? Tout d’abord, un parcours d’accompagnement global est mis en place. Celui-ci comprend :

  • Détection systématique des innovations prometteuses grâce au programme START And GROw, épaulé par des start-up studios spécialisés.
  • Financements ciblés via des dispositifs INRAE-Bpifrance (BFTE, ADD), facilitant le Challenge InnoTech, véritable passerelle entre la recherche et le marché.
  • Infrastructures de démonstration préindustrielles : accès privilégié à TWB, MetaGenoPolis, Ferments du Futur, ce qui permet de valider rapidement la viabilité technologique d’un projet.
  • Mise en relation avec les fonds d’investissement : la tenue de « revues de portefeuille régulières » pour favoriser la rencontre avec les équipes d’investissement de Bpifrance, sans oublier les business angels et fonds spécialisés.
  • Accès aux services nationaux de Bpifrance dédiés à la deeptech : Tandem (pour trouver un associé), Tango (pour constituer un advisory board) et l’Observatoire deeptech (pour suivre les tendances et évolutions du marché).

Ce canevas, bien ficelé, vient répondre à un besoin souvent exprimé par les chercheurs et entrepreneurs : disposer d’un soutien global, afin d’éviter les ruptures de financement ou de compétences. La dynamique ainsi enclenchée vise donc à renforcer la compétitivité de la France à l’international, tout en préservant la souveraineté de ses découvertes. Cette dimension s’avère cruciale, au regard de la concurrence d’autres régions du globe pour la conquête de l’innovation deeptech.

Les indicateurs à surveiller sont : réduction de l’empreinte carbone, augmentation des rendements agricoles, préservation des sols, capacité à recycler ou valoriser les ressources naturelles, et insertion réussie dans une chaîne de valeur économique. Autant de facteurs qui distinguent la deeptech agricole d’autres types de start-ups.

Les personnalités aux commandes du partenariat

Le 3 juillet 2025, quatre noms ont signé l’accord couvrant tous les aspects scientifiques, financiers et opérationnels. Il s’agit de :

  • Carole Caranta – Directrice générale déléguée Science & Innovation d’INRAE, chargée de traduire les découvertes des laboratoires en projets concrets.
  • Réjane Le Tinevez – Directrice générale d’INRAE Transfert, structure dédiée à la valorisation de la recherche d’INRAE.
  • Sophie Rémont – Directrice de l’Expertise de Bpifrance, garantissant la cohérence des projets avec la mission de financement et d’accompagnement.
  • David Boujo – Directeur adjoint de la Direction Deeptech de Bpifrance, qui orchestre la stratégie visant à promouvoir la deeptech sur l’ensemble du territoire français.

Ces grands acteurs couvrent ainsi un spectre complet de compétences : depuis l’expertise scientifique requise pour détecter les bonnes pistes de recherche, jusqu’à l’expertise financière visant à conseiller et soutenir les start-ups dans leurs stratégies de croissance. Leur objectif commun : passer d’un système de recherche « brillant » mais parfois cloisonné, à une réelle dynamique d’innovation sur le secteur agricole, alimentaire et environnemental.

De par leur position respective, ces signataires aspirent à mettre en avant un secteur capable de générer de nombreux emplois en France, tout en impulsant un essor écologique. Le discours officiel insiste d’ailleurs sur la compréhension des enjeux sociétaux : aujourd’hui, les défis liés à la sécurité alimentaire ou au climat font l’unanimité, et le monde de la recherche se doit d’offrir des solutions concrètes.

Focus sur INRAE Transfert

Rôle principal : Faciliter la transition des résultats de recherche en projets industriels ou entrepreneuriaux. INRAE Transfert travaille avec divers partenaires pour transformer des travaux académiques en produits ou services viables, soutenant ainsi le rayonnement de la France dans les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation.

Les volets financiers : plus qu’un simple investissement

Sur le plan financier, Bpifrance opère comme un véritable catalyseur. Elle peut apporter des fonds propres, garantir des prêts, et mobiliser des véhicules d’investissement divers pour faire croître rapidement des start-ups en phase d’amorçage ou de série A. Les outils Bpifrance couvrent l’ensemble des besoins d’une jeune entreprise, depuis l’offre de crédit jusqu’à l’assurance-export. Le partenariat avec INRAE vient compléter cette panoplie, en garantissant un précieux « deal flow » de projets scientifiques destinés à être transformés en vraies entreprises innovantes.

Au-delà de la mise à disposition de capitaux, il convient d’insister sur l’accompagnement en termes de gouvernance, de management et de stratégies de développement. De nombreux créateurs de start-ups deeptech, issus du milieu académique, ressentent le besoin d’être guidés dans l’apprentissage des règles du marché, de la concurrence internationale et des codes du capital-risque. Bpifrance propose alors un « coaching » sur mesure, réalisé avec l’aide de partenaires privés, de mentors expérimentés et d’experts sectoriels.

Par ailleurs, la signature de cette convention vient renforcer la transparence des processus de valorisation, élément crucial pour lever les barrières à l’entrepreneuriat. Les startups deeptech ont parfois été confrontées à une certaine opacité en matière de propriété intellectuelle ou de répartition des capitaux, ce qui peut freiner les vocations entrepreneuriales. En clarifiant ces points, INRAE et Bpifrance prétendent encourager la création de nouveaux “champions de la transition” qui engendreront des retombées économiques maximales.

Le regard légal et réglementaire : clés de réussite

Dans un contexte évolutif, les aspects légaux et réglementaires demeurent cruciaux. Les technologies disruptives s’inscrivent souvent dans des secteurs sous haute surveillance : agriculture durable, organismes génétiquement modifiés, protection des ressources naturelles, etc. Tandis que la France adopte des réglementations de plus en plus exigeantes, la santé et la sécurité du consommateur, de même que la préservation de la biodiversité, font l’objet d’une attention croissante.

Afin de ne pas décourager l’innovation, la collaboration INRAE – Bpifrance implique la mise en réseau d’experts capables d’orienter chaque projet vers la bonne voie réglementaire. Qu’il s’agisse d’obligations européennes, d’homologations de produits ou d’accords de propriété industrielle entre partenaires, les entreprises deeptech hériteront d’un accompagnement ciblé, en intégrant si besoin des avocats ou juristes spécialisés. Cela permet de maîtriser plus rapidement les risques légaux, souvent jugés complexes par les start-ups technologiques.

De plus, l’implication d’organismes publics comme l’INRAE garantit que le respect de l’intérêt général primera. Agriculteurs, acteurs des industries alimentaires et forestières, institutions de protection environnementale : chacun trouvera sa place au sein d’un modèle de partenariat plus ouvert. C’est, en tout cas, la promesse d’un système de gouvernance partagée, censé favoriser la vitesse d’exécution tout en restant conforme aux règlements.

Lorsque la deeptech s’appuie sur des brevets issus de laboratoires publics, il est essentiel de définir clairement les licences et droits d’exploitation. Les accords doivent sécuriser les inventeurs, les institutions de recherche et les investisseurs, garantissant un cadre légal stable pour le développement du produit.

L’importance de la formation et du réseautage

Driver un projet de recherche vers une entreprise mature requiert de solides compétences managériales, juridiques, marketing et financières, bien souvent extérieures au champ scientifique. Consciente de ce déficit, la convention prévoit un volet formation renforcé pour les porteurs de projets. Grâce au soutien de Bpifrance, des modules pédagogiques spécialisés sont mis à disposition, qu’il s’agisse de sessions d’acculturation à l’entrepreneuriat ou de workshops dédiés au pitch devant des investisseurs.

Outre la formation, le réseautage joue un rôle primordial. L’initiative Tandem de Bpifrance facilite la rencontre entre chercheurs et profils entrepreneurs, parfois issus d’autres secteurs. De même, la solution Tango favorise la construction d’un advisory board, regroupant des experts indépendants, capables de conseiller et d’orienter les jeunes entreprises vers la bonne trajectoire. Ce mécénat de compétences correspond à un besoin réel : à l’échelle mondiale, seulement un faible pourcentage de technologies naissantes parvient à se transformer en business durable sans le soutien d’un vaste écosystème.

En consolidant le volet formation-réseau, INRAE et Bpifrance anticipent déjà la prochaine étape : celle de la maturité industrielle et de l’export. Les innovations liées au vivant et à l’écologie, une fois démontrées sur le marché national, aspirent souvent à s’étendre au marché européen, voire mondial. L’accord s’inscrit dans cette logique, en encourageant un accompagnement sur la durée, et non plus seulement au moment de l’amorçage.

Chiffres clés de Bpifrance

Réseau régional puissant : Plus de 50 implantations en France. Bpifrance agit ainsi au plus près des territoires et des entrepreneurs, facilitant les synergies locales. Elle finance également les start-ups à hauteur de plusieurs milliards d’euros annuels, avec pour objectif de soutenir la recherche et l’innovation sur le long terme.

Retour sur l’historique : l’expérience d’INRAE dans la valorisation

L’INRAE, né de la fusion entre l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) et l’Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture), a hérité d’une longue tradition de collaboration avec des industriels et des organismes publics. Depuis une dizaine d’années, via INRAE Transfert, l’institut multiplie les initiatives visant à transformer les résultats de la recherche en prototypes ou en licences d’exploitation.

Parmi les réussites marquantes, on peut citer diverses technologies d’amélioration variétale qui ont bénéficié à la filière agricole, ou encore la mise au point de procédés de biocontrôle afin de limiter l’usage de produits phytosanitaires. Le parti pris d’INRAE demeure la mise au service de la société d’un patrimoine scientifique vaste et diversifié. Ainsi, l’alliance avec Bpifrance n’est que la continuité d’une démarche déjà amorcée : toucher un public d’investisseurs plus large et structurer le financement à plus long terme pour les découvertes les plus prometteuses.

En renforçant l’interface entre la recherche et le secteur financier, INRAE espère maximiser les débouchés industriels des technologies qu’il développe. De même, Bpifrance, soucieuse de nourrir son pipeline de projets à haute valeur ajoutée, y voit l’occasion de soutenir des start-ups de rupture à la fois compétitives et responsables. Les retombées attendues intègrent non seulement la performance économique, mais aussi le rôle de la France comme leader dans les nouvelles pratiques agricoles et alimentaires.

Des perspectives juridiques et économiques prometteuses

Une coopération public-privé de cette envergure soulève inévitablement des questions autour de la gouvernance et de la traçabilité des capitaux. Néanmoins, la convention signée se veut exemplaire sur ces points : elle prévoit un suivi régulier des avancées, des indicateurs de performance clairs et un degré de transparence propre à rassurer toutes les parties prenantes. Cet engagement redéfinit la manière dont la France envisage la valorisation de la recherche et l’essor des jeunes pousses stratégiques.

Si l’on se projette dans un horizon de 5 à 10 ans, les projets deeptech soutenus par INRAE et Bpifrance pourraient contribuer à la structuration d’une véritable filière industrielle verte, créatrice de nombreux emplois locaux. Des activités comme la production de bio-intrants (alternatives naturelles aux pesticides), la fermentation pour élaborer de nouvelles protéines à usage alimentaire, ou encore l’agriculture de précision (grâce à la robotique et l’IA) cherchent à gagner du terrain sur le marché international. Cela pourrait positionner la France parmi les leaders mondiaux d’une transformation agricole plus durable.

Cette perspective rejoint les ambitions de la transition écologique, largement encouragée par les instances européennes. Les financements alloués à la R&D dans ce domaine sont susceptibles d’augmenter, renforçant encore plus l’attrait du secteur. L’alliance INRAE–Bpifrance pourrait alors servir de modèle pour d’autres partenariats entre la recherche publique et les acteurs privés. C’est pourquoi de nombreux observateurs guettent dès à présent les retours sur expérience qui émergeront de cette convention novatrice.

L’après-signature : anticiper la concrétisation

Dans l’immédiat, l’INRAE et Bpifrance comptent organiser des événements de sensibilisation afin de promouvoir le dispositif auprès des chercheurs, entrepreneurs et étudiants. L’idée est d’identifier rapidement de futurs candidats pour les programmes START And GROw ou Challenge InnoTech, ainsi que pour des incubateurs partenaires. Les porteurs de projets pourront ainsi rencontrer les équipes Bpifrance et INRAE pour évaluer la faisabilité et la cohérence de leurs idées.

Des comités de pilotage sont prévus pour évaluer chaque trimestre l’avancée des projets, vérifier l’adéquation des ressources déployées et identifier d’éventuels freins. Outre la performance technologique, seront aussi examinés différents critères sociaux et environnementaux, en adéquation avec les standards européens permettant d’orienter les financements vers des entreprises réellement durable.

Par ailleurs, l’accélération vers le marché international demeure dans le collimateur, avec le soutien de réseaux diplomatiques, de pôles de compétitivité et de bureaux de représentation commerciale à l’étranger. La vocation de Bpifrance à accompagner les entreprises à l’export se prolonge ici de manière accrue, grâce à l’expertise scientifique d’INRAE, qui confère une légitimité supplémentaire face à des acteurs mondiaux de la transition agroécologique.

Enjeux clés pour les années à venir

Capital humain : Trouver et fidéliser les talents scientifiques et entrepreneurs.
Financement : Sécuriser les fonds nécessaires à la croissance, tout en maîtrisant le risque.
Impact écologique : S’assurer de la contribution réelle au développement durable, condition de plus en plus déterminante pour les consommateurs et les réglementations.

Illuminer le futur : de nouveaux champs de recherche et d’application

Les projets qui verront le jour sous l’égide de cette convention pourraient toucher à des secteurs émergents, comme les biomatériaux (pour remplacer les plastiques), la microbiologie avancée (optimisation des sols et des ferments) ou encore l’intelligence artificielle appliquée à la sélection génétique. Certaines innovations, combinant différents champs scientifiques, ambitionnent même de proposer des approches dites « cross-domain ». Par exemple, la biologie synthétique pourrait être associée à la robotique autonome dans un modèle de ferme du futur.

Cette association entre la puissance de recherche d’INRAE et la solidité financière de Bpifrance distingue la France dans le panorama européen. De fait, l’Hexagone se forge une image de pays innovant et ouvert aux partenariats public-privé. Dans un contexte où la compétition internationale est vive, faire émerger des deeptech capables de s’exporter rapidement devient un enjeu stratégique. Et comme souvent, c’est la synergie des savoir-faire, l’esprit d’équipe et le soutien institutionnel qui permettent de gravir les échelons.

Du côté des agriculteurs et des industriels, on voit déjà poindre des bénéfices tangibles. Les innovations produites permettront de limiter l’épandage de substances chimiques, de scénariser des stratégies de culture plus intelligentes, d’améliorer la performance énergétique des usines de transformation, et de diversifier l’offre alimentaire pour répondre aux exigences de santé publique.

Des lendemains prometteurs

Des propos officiels des signataires, il ressort une volonté inébranlable d’accélérer la concrétisation de découvertes scientifiques qui auraient pu rester dans les tiroirs. Plus largement, cette opération contribue à la transition écologique et économique de la France. Elle illustre la manière dont recherche publique et investissement privé peuvent collaborer au bénéfice de toute la collectivité, sans sacrifier la compétitivité des entreprises.

Aujourd’hui, tous les feux semblent au vert pour que cette convention renforce durablement l’écosystème français de l’innovation deeptech. L’un des principaux défis reste la concurrence mondiale : Amérique du Nord, Asie et certaines nations européennes disposent aussi de solides dispositifs de soutien à la recherche potentiellement concurrentiels. Néanmoins, la consolidation d’un réseau d’établissements publics et de capitaux privés en France constitue un atout indéniable, à la fois pour l’attractivité du pays et pour sa capacité de résilience.

Si cette alliance tient toutes ses promesses, elle pourrait marquer une nouvelle ère dans la valorisation de la recherche française, en faisant de la deeptech l’un des piliers incontournables de la transition agricole, alimentaire et environnementale.