Les entreprises françaises intensifient leur quête d'accords commerciaux au Kenya
Les entreprises françaises à la recherche d'opportunités d'investissement en Afrique ont tendance à se tourner vers l'ouest du continent.
Les entreprises françaises à la recherche d'opportunités d'investissement en Afrique ont tendance à se tourner vers l'ouest du continent, en raison des liens historiques qui ont vu leurs homologues britanniques fréquenter la région d'Afrique de l'Est. La deuxième plus grande économie de l'Union européenne fait cependant un effort concerté pour approfondir sa présence en Afrique de l'Est, comme en témoigne la visite d'État du président français Emmanuel Macron au Kenya en mars 2019 - la première jamais effectuée par un dirigeant français à Nairobi.
Plus de 100 entreprises françaises se sont établies à Nairobi
Les grandes multinationales françaises opèrent depuis longtemps au Kenya et en Afrique de l'Est, notamment dans les secteurs de la fabrication et de l'énergie.
Le géant pétrolier TotalEnergies est l'un des principaux acteurs du marché kényan, tandis que d'autres, tels que l'entreprise de logistique Bolloré Group, le constructeur automobile Peugeot S.A, NAS Servair et le groupe alimentaire Danone - qui détient 40 % des parts de Brookside Dairies - ont une présence visible et significative sur le marché local.
Des institutions françaises de capital-investissement et de financement du développement, telles que Proparco et Amethis Finance, ont également investi dans des entreprises kenyanes au fil des ans, notamment dans le détaillant Naivas, Kenafric Industries, Equity Group et le fabricant d'or de Kericho, Global Tea.
Au total, plus de 100 entreprises françaises se sont établies à Nairobi, contre 30 il y a dix ans.
Ces incursions en Afrique de l'Est se caractérisent toutefois par des liens plus faibles avec les PME locales, ce qui permettrait idéalement de débloquer de nouveaux capitaux pour les locaux et des opportunités pour les Français.
Renforcer les partenariats entre la France et l'Afrique
La banque publique d'investissement française et l'agence de crédit à l'exportation Bpifrance ont été chargées d'ouvrir de nouveaux liens pour les entreprises du pays dans la région de l'Afrique de l'Est, en offrant des garanties à celles qui établissent de nouveaux canaux commerciaux avec les acheteurs kenyans.
Mourad Choiuqa, directeur régional de Bpifrance pour l'Afrique de l'Est, l'Afrique australe et l'océan Indien, a déclaré au Business Daily que depuis 2015, l'agence finance des transactions entre des entreprises françaises et étrangères, d'un million d'euros pour les entreprises privées à cinq millions pour les acteurs du secteur public.
"C'est un pont financier que nous essayons de jeter entre les entreprises françaises et étrangères pour renforcer les partenariats entre la France et l'Afrique. Pour le moment, c'est quelque chose que nous faisons beaucoup en Afrique de l'Ouest pour des raisons historiques, car c'est là que l'on trouve le plus d'entreprises françaises en partenariat avec des entreprises locales", a-t-il déclaré.
Explorer un marché au potentiel certain
De telles initiatives ouvriraient également des opportunités pour les entreprises kényanes qui cherchent à exporter des marchandises vers la France, ce qui contribuerait à réduire davantage le déficit commercial en baisse avec le pays européen.
L'année dernière, le Kenya a exporté des marchandises d'une valeur de 9,72 milliards de shillings vers la France, contre des importations de 22,5 milliards de shillings, selon les données du Bureau national des statistiques du Kenya (KNBS). Cela a permis de réduire le déficit commercial à 12,8 milliards de shillings, contre 19,1 milliards de shillings cinq ans plus tôt, lorsque les exportations s'élevaient à 7,7 milliards de shillings et les importations à 12,8 milliards.
Cela aiderait également la France à combler l'écart avec les autres principaux partenaires commerciaux européens du Kenya en termes de volumes.
Cibler un plus grand nombre de secteurs
Pour débloquer ces milliards d'échanges et d'investissements, M. Choiuqa affirme qu'il faudra une augmentation significative des investissements des entreprises françaises au Kenya, en ciblant un plus grand nombre de secteurs tels que les TIC, l'agroalimentaire, la santé et les services financiers.
Il ajoute que Bpifrance a également cherché à promouvoir un réseau permettant aux entreprises d'interagir, par le biais de missions commerciales qui permettent aux délégations locales de conclure des accords privés directement avec les entreprises françaises.
En octobre 2020, l'agence a accueilli en France le forum d'affaires Inno Generation 2020, auquel a participé le président Uhuru Kenyatta. Il a rassemblé jusqu'à 60 000 entrepreneurs français pour explorer les opportunités d'investissement à l'étranger.
Dans le domaine de l'investissement dans le secteur public, les entreprises françaises s'intéressent à des projets dans le secteur des transports, notamment par le biais du modèle de partenariat public-privé (PPP).
Trois accords bilatéraux déjà signés
Lors de la visite de M. Kenyatta en France en 2020, les deux gouvernements ont signé trois accords bilatéraux, le principal étant l'accord de PPP pour la construction de l'autoroute Nairobi-Nakuru-Mau Summit signé entre la National Highways Authority du Kenya et la société d'infrastructure française Vinci Concessions.
D'autres accords ont été conclus pour le développement de la ligne ferroviaire reliant le quartier central des affaires de Nairobi à l'aéroport international Jomo Kenyatta et la ligne de transport d'électricité de 400 kV Menengai-Rongai.