Le gouvernement français va annoncer les détails de son projet de nationalisation complète d'Électricité de France (EDF), ce qui lui donnera un plus grand contrôle sur le plus grand exploitant d'énergie nucléaire d'Europe, alors que la société est aux prises avec une crise énergétique.

Le rachat d'EDF par l'État français

Le ministère des Finances a déclaré la semaine dernière qu'il clarifierait son projet de prendre le contrôle total d'EDF, dont il détient déjà 84 % des parts, au plus tard mardi matin, heure locale. Les analystes s'attendent à ce que le gouvernement annonce un prix et un calendrier pour une offre publique de rachat des actionnaires minoritaires. Les actions d'EDF, qui ont été suspendues la semaine dernière dans l'attente de la déclaration du gouvernement, reprendront leur cotation mardi.

Le retour d'EDF dans le giron de l'État donnerait au gouvernement une plus grande liberté pour restructurer le groupe criblé de dettes qui gère les centrales nucléaires du pays. EDF est aux prises avec des pannes imprévues de son parc nucléaire, des retards et des dépassements de coûts dans la construction de nouveaux réacteurs, et des plafonds tarifaires imposés par le gouvernement pour protéger les consommateurs français de la flambée des prix de l'électricité.

Une aggravation de la crise du groupe causée par la guerre en Ukraine

Alors que l'Europe s'efforce de trouver des sources d'approvisionnement en gaz alternatives à la Russie, la France a déclaré que la nationalisation d'EDF renforcerait la sécurité de ses réserves énergétiques. Au début du mois, l'Allemagne a décidé de renflouer Uniper, son importateur de gaz russe en difficulté.

La France, qui devrait normalement exporter de l'électricité à cette période de l'année, importe actuellement de l'Espagne, de la Suisse, de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne, et la pénurie d'approvisionnement risque de s'aggraver au cours de l'hiver nordique.

L'État prêt à délivrer une prime de 30% par action

Il y a quelques jours, le gouvernement parisien était sur le point de payer jusqu'à 10 milliards d'euros (15 milliards de dollars australiens) pour acheter les 16 % de parts du groupe qu'il ne possède pas encore, après avoir inclus l'achat d'obligations convertibles et une prime qu'il devrait offrir aux actionnaires minoritaires.

Cela se traduirait par un prix de rachat de près de 13 euros par action, soit une prime de 30 % par rapport aux cours actuels du marché, mais une perte importante pour les actionnaires de longue date, le groupe ayant été coté en 2005 à 33 euros par action.

L'État souhaitait agir rapidement et lancerait probablement une offre volontaire sur le marché plutôt que de faire passer un projet de loi de nationalisation au Parlement, dans le but de conclure l'opération en octobre-novembre.

« La nationalisation est finalement le seul moyen de sauver l'entreprise et de garantir la production d'électricité », a déclaré Ingo Speich, responsable du développement durable et de la gouvernance d'entreprise chez Deka Investment, qui détient une petite participation dans EDF.

L'action EDF a clôturé à 10,2250 euros le 11 juillet, dernier jour de cotation avant sa suspension.