Carrefour et Couche-Tard : des discussions sur un possible rachat
Les deux entreprises phares, Carrefour et Couche-Tard, se sont montrées ouvertes à des négociations en vue d’une éventuelle fusion.
Cette semaine, l’idée d’une acquisition de Carrefour par Couche-Tard, le fleuron québécois, était sur toutes les lèvres. Entre inquiétudes et opportunités, la nouvelle a fait grand bruit ! En effet, les deux entreprises ne ferment pas la porte aux discussions pour, à minima, un futur rapprochement.
Le petit s’attaque au gros
Couche-Tard n’a peut-être pas l’ampleur de Carrefour, mais pèse très lourd en Amérique du Nord. En effet, l’entreprise fondée par le québécois Alain Bouchard dans les années 80 est un véritable emblème au Canada. Elle est d’ailleurs valorisée à 30 milliards d’euros, ce qui excède la capitalisation de Carrefour.
Le concept est simple : des boutiques de proximité aux heures d’ouverture quasi sans limite, jumelées à des stations-essences. Ces “dépanneurs”, comme on les appelle de l’autre côté de l’Atlantique, peuplent tous les coins de rue du pays et se sont également exportés aux États-Unis, en Asie et dans certains pays d’Europe scandinave.
Aujourd’hui, c’est au territoire français que Couche-Tard s’intéresse. Et qui de mieux que le géant tricolore de l’alimentation pour une entrée remarquée ? Si on peut être surpris en voyant le petit s’attaquer au gros, cette stratégie fait pourtant partie de l’ADN de l’entreprise canadienne. “Couche-Tard est habituée à grossir par acquisitions mais cela n’a jamais été des fusions de cette taille”, précisent les analystes.
Carrefour sur la liste des prochaines acquisitions de Couche-Tard ?
Au début de la semaine, on a donc appris au travers d’une lettre d’intention que Couche-Tard voulait entreprendre un “rapprochement amical” avec Carrefour. L’entreprise ne prévoit cependant pas de lancer d’offre publique d’achat pour l’instant.
Les deux entreprises ont confirmé que le sujet était bel et bien sur la table et qu’elles ouvraient des discussions préliminaires. La canadienne a même été jusqu’à fixer un prix à hauteur de 20 euros par action. De son côté, Carrefour ne se montre pas fermée du tout, mentionnant “envisager de participer à des opérations de consolidation si les conditions de marché sont réunies”.
Même si les deux fleurons du commerce ont précisé qu’il se pourrait que ces discussions n’aboutissent à rien, l’éventualité d’une absorption de Carrefour en inquiète plus d’un.
Une nouvelle qui divise
La possibilité d’une fusion entre Carrefour et Couche-Tard soulève des questionnements de toutes parts. D’ailleurs, la sphère politique s’est littéralement emparée du sujet, préoccupée du sort du premier employeur privé de France.
En effet, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, a rapidement fait connaître sa position. Il s’inquiète de voir disparaître un “chaînon essentiel dans la sécurité alimentaire des français, et dans la souveraineté alimentaire”. “Il ne s’agit pas de n’importe quelle entreprise, ni de n’importe quel secteur d’activité”, a-t-il renchéri.
La ministre du Travail, Elisabeth Borne, semble partager cet avis. “Je suis favorable à ce qu’il n’y ait pas de remise en cause de l’actionnariat actuel de Carrefour pour qu’il puisse poursuivre sa stratégie”, a-t-elle annoncé.
Enfin, les syndicats ont eux-aussi fait entendre leur voix, inquiets des conséquences pour les employés. “C’est sûrement bon pour les actionnaires, pas forcément pour les salariés. (…) Couche-Tard doit savoir que les salariés ne laisseront pas faire n’importe quoi sur le plan social”, a revendiqué le délégué central CFDT de Carrefour.