Quel impact de l'acquisition d'Alterfood sur la production ?
Découvrez comment Alterfood renforce sa présence sur le marché bio avec l'acquisition de La Conserverie de Provence en 2025.

Alterfood accélère sa mue industrielle. Avec l’entrée majoritaire au capital de La Conserverie de Provence, l’entreprise parisienne passe d’un modèle essentiellement de marques à un modèle intégrant la production. Une étape structurante pour sécuriser ses approvisionnements bio, gagner en maîtrise qualité et renforcer sa compétitivité prix dans un marché sous tension mais encore porteur sur les segments responsables.
Prise de contrôle d’alterfood chez la conserverie de provence : cap sur l’intégration
L’information a été rendue publique à la mi-août 2025. Alterfood a acquis 70 % de CAPFL, l’atelier historique de transformation de soupes biologiques installé dans les Alpes-de-Haute-Provence. L’entreprise fondée en 2008 par Alexis Vaillant consolide ainsi un mouvement engagé depuis plusieurs années vers l’amont de la chaîne de valeur, avec un objectif clair : intégration verticale et sécurisation de la qualité.
La Conserverie de Provence, connue pour ses recettes de soupes bio et la gamme Marcel Bio, s’appuie sur un sourcing de proximité et une capacité à développer des recettes courtes et traçables. En s’adossant à cette expertise, Alterfood entend accélérer l’innovation produits et fluidifier ses cycles de mise sur le marché.
Cette opération intervient alors que la demande pour des boissons et aliments responsables devient plus exigeante sur la transparence, l’impact environnemental et la lisibilité des ingrédients. Intégrer l’outil de production ouvre la voie à une meilleure maîtrise des coûts, des délais et des contrôles qualité, tout en renforçant les liens avec les producteurs régionaux.
Chiffres clés de l’opération Alterfood CAPFL
Points saillants à retenir sur la transaction et sa portée industrielle.
- Part du capital acquis : 70 % par Alterfood.
- Part minoritaire : 30 % détenus par des partenaires agroalimentaires et agricoles.
- Localisation de l’outil : Alpes-de-Haute-Provence.
- Positionnement produits : soupes et recettes bio, dont la gamme Marcel Bio.
- Objectif stratégique : intégration verticale et maîtrise de la chaîne de production.
Un schéma capitalistique tourné vers les filières locales
La configuration retenue associe Alterfood au capital aux côtés de Sapam Groupe, du Groupe LSDH, de Mas Daussan et de Maison Carle. Ensemble, ces partenaires conservent 30 % de l’entreprise et capitalisent sur l’ancrage agricole régional.
Ce montage répond à une logique de filière. Les acteurs minoritaires sont présents à des maillons clés : sourcing, logistique, transformation et distribution. L’objectif est double : sécuriser la matière première locale et renforcer la traçabilité à l’échelle de la région.
Qui est alterfood et comment l’entreprise se structure
Basée à Paris, Alterfood développe des marques de boissons saines et gourmandes, avec un positionnement éducatif sur le goût, les listes d’ingrédients courtes et l’impact environnemental. L’entreprise cherche à accélérer sa croissance organique et à renforcer sa capacité d’innovation, en s’appuyant désormais sur un outil industriel intégré.
Cette stratégie est cohérente avec la trajectoire d’Alterfood, qui évoquait déjà son ambition de réinvestir l’amont et de doublant son chiffre d’affaires à horizon trois ans, portée par la montée en puissance des offres responsables dans le commerce et la restauration. L’industrialisation vient apporter un levier d’échelle indispensable à cette ambition.
Détenir 70 % du capital permet de piloter les décisions stratégiques, d’orienter les investissements et d’aligner l’outil industriel sur la feuille de route des marques. Les minoritaires restent parties prenantes et garants de l’ancrage filières, tout en partageant les risques et les bénéfices liés à la modernisation.
Synergies industrielles et recettes : un effet de levier pour les marques
La Conserverie de Provence dispose d’un savoir-faire reconnu dans les soupes bio, avec une organisation adaptée aux recettes à forte naturalité, aux temps de cuisson maîtrisés et à la réactivité des séries de production. Pour Alterfood, cet actif industriel est stratégique afin d’itérer plus vite sur les recettes, de tester des formats et d’améliorer le rapport qualité-prix.
Les synergies attendues portent notamment sur :
- Le time-to-market : cycles de développement et de lancement raccourcis.
- La traçabilité : données renforcées sur l’origine et la transformation.
- Le pilotage des coûts : meilleure absorption des coûts fixes et gains logistiques.
- La qualité sensorielle : maintien des goûts et textures malgré une montée en cadence.
La conserverie de provence : positionnement et atouts industriels
Implantée dans un territoire de production fruitière et maraîchère, CAPFL a structuré des partenariats durables avec des producteurs locaux. Son atout principal tient dans sa capacité à industrialiser des recettes courtes tout en restant fidèle à une approche artisanale de l’équilibre gustatif.
Les gammes existantes, dont Marcel Bio, seront un terrain de consolidation, tandis que des extensions de gamme ou des co-manufacturing ciblés sont possibles. L’enjeu consiste à préserver les attributs du bio et de la naturalité, sans compromis sur la sécurité alimentaire.
Bon à savoir sur la montée en charge industrielle
Le passage d’une production artisanale à un volume industriel impose de recalibrer temps de cuisson, viscosité, pH et profils aromatiques. Un pilotage fin des courbes de température et un contrôle métrologique des lignes sont essentiels pour préserver les qualités organoleptiques.
La traçabilité s’appuie sur des numéros de lots, des registres matières et des audits de fournisseurs. En bio, les contrôles portent aussi sur l’absence d’OGM, la gestion des allergènes, les pratiques culturales et les résidus. Un ERP adapté et des procédures de libération de lots sécurisent la conformité.
Gouvernance et conformité : obligations d’une pme non cotée
La transaction s’effectue entre sociétés non cotées. Aucune obligation de communication AMF ne s’impose dès lors qu’il n’y a ni offre publique ni instruments financiers admis sur un marché réglementé. L’information passe classiquement par un communiqué et une notification aux partenaires et financeurs.
Du point de vue du contrôle des concentrations, l’analyse dépend du chiffre d’affaires des parties et des seuils nationaux. Plusieurs opérations agroalimentaires échappent à la notification lorsqu’elles demeurent sous les seuils applicables. Le cadre juridique reste toutefois mobilisable si l’un des paliers est dépassé, notamment en cas d’expansion ultérieure.
Le droit français de la concurrence prévoit une notification à l’Autorité de la concurrence si le chiffre d’affaires cumulé mondial des parties dépasse un seuil et si au moins deux parties franchissent un seuil de chiffre d’affaires en France. Des seuils particuliers existent pour le commerce de détail. Ces règles s’appliquent indépendamment du statut coté ou non coté.
Sur le volet gouvernance, Alterfood prend la main sur la stratégie industrielle et les investissements. Les minoritaires, issus des filières agricoles et de la transformation, conservent une place dans la gouvernance opérationnelle et veillent à l’alignement des cahiers des charges. Cette combinaison majoritaire minoritaire est fréquente dans l’agroalimentaire, car elle sécurise la matière première tout en préservant l’expertise terrain.
Clauses usuelles dans une prise de participation majoritaire
Ce type d’opération s’accompagne souvent de clauses de gouvernance clés : pacte d’actionnaires, droits d’information étendus, comités techniques, mécanismes de liquidité et clauses de non-concurrence. Dans un contexte bio, des engagements qualité et de traçabilité peuvent figurer en annexe des accords pour verrouiller les standards.
Sécurité alimentaire et gestion des rappels produits
Les entreprises du secteur s’appuient sur des plans HACCP, des autocontrôles renforcés et des validations de procédés. En cas d’anomalie, le dispositif public de rappel permet d’informer rapidement les consommateurs et les distributeurs. La bonne tenue documentaire est un facteur clé de maîtrise du risque.
Investissements, qualité et emploi : la feuille de route industrielle
Alterfood annonce un plan de modernisation de l’outil CAPFL. Les priorités portent sur l’augmentation de l’efficacité globale des équipements, la traçabilité temps réel, la documentation qualité digitalisée et le renforcement des contrôles en ligne. L’objectif est d’absorber la croissance des volumes tout en stabilisant la constance organoleptique.
Les investissements attendus se structurent autour de quatre axes :
- Traitement thermique : modernisation des autoclaves et sécurisation des barèmes.
- Remplissage et conditionnement : précision des dosages, contrôle de sertissage et détection d’intrusions.
- Traçabilité numérique : ERP et MES pour suivre les matières, les lots et les performances.
- Qualité et RSE : réduction des pertes matières et des consommations d’eau et d’énergie.
Sur l’emploi, la dynamique locale devrait bénéficier d’un effet d’entraînement lié aux investissements. L’atelier de transformation, ancré en territoire rural, dépend d’un tissu de producteurs, de prestataires logistiques et de fournisseurs d’emballages. La montée en charge peut soutenir des emplois indirects, même si la trajectoire chiffrée dépendra des calendriers d’investissement et des volumes obtenus.
Industrialiser sans dégrader l’adn produit
Le défi consiste à conjuguer montée en cadence et naturalité. Le bio impose une réserve d’ingrédients limitée, des saisonnalités fortes et des cahiers des charges exigeants. Le suivi sensoriel, couplé à des panels internes, permet d’objectiver la constance du goût et d’orienter les réglages de ligne.
OGE machine, taux de rebut par lot, consommations spécifiques d’énergie et d’eau, délais de libération qualité, taux de non-conformité fournisseurs, efficience des changements de format. Ces indicateurs, suivis mensuellement, guident l’optimisation des process et la hiérarchisation des investissements.
Mécanique économique : marges, coûts fixes et sécurisation des approvisionnements
Pour une marque, intégrer la production peut générer des gains bruts via l’absorption des coûts fixes et la réduction de marges d’intermédiation. Mais l’équation exige d’atteindre un point mort industriel cohérent avec le portefeuille et la saisonnalité des recettes. CAPFL apporte un outil modulable qui facilite lissage des volumes et diversification de références.
Le levier approvisionnement est déterminant sur des recettes à ingrédients bio. Sécuriser volumes et qualité à la source évite les pics de prix et les ruptures. Avec des partenaires historiques du végétal, l’outil industriel trouve un adossement de filière, condition nécessaire à un pilotage stable des coûts matières.
- Marge produit : dépendance au coût matière, à l’énergie et aux emballages.
- Coûts de non-qualité : poids potentiel sur le compte d’exploitation en cas de rejets.
- Capex et amortissements : visibilité sur 5 à 7 ans selon la nature des équipements.
- Mix produits : arbitrage entre recettes cœur de gamme et innovations à plus forte valeur.
Alterfood : stratégie de marques et effet portefeuille
Alterfood a construit un catalogue centré sur des boissons à ingrédients simples, orientées plaisir et santé. L’adossement à un atelier de recettes salées ouvre des options de cross-catégories, par exemple sur des formats nomades, des bases culinaires ou des soupes prêtes à consommer en distribution et en CHR. La cohérence de marque suppose de conserver des signatures gustatives homogènes et une lecture d’étiquette limpide.
Pilotage RSE d’un site de transformation bio
Priorités typiques : sobriété hydrique, récupération de chaleur, valorisation des coproduits, achats d’emballages allégés, audits amont et plan de progrès fournisseurs. L’adossement à des filières engagées facilite la mise en place de contrats pluriannuels favorables à la prévisibilité et à la réduction des risques.
Écosystème régional et amont agricole : ancrage et effets filière
Au-delà de l’outil, l’intérêt de cette opération tient à l’ancrage territorial. Un atelier bio implanté en Provence crée un cercle vertueux : débouchés locaux, sécurisation des revenus agricoles, montée en compétence technique sur des matières premières sensibles et valorisation des saisons.
La région est historiquement dynamique sur l’agriculture de qualité et la transformation fine. En consolidant l’outil, Alterfood s’inscrit dans une logique de filières régionales structurées, avec des engagements en volumes et en durées qui offrent de la visibilité aux producteurs.
Capacité de co-développement avec les producteurs
Le co-développement recettes entre l’atelier, les producteurs et la marque accélère l’innovation responsable. Sur des légumes, herbes et fruits variétaux, l’anticipation des rendements et des profils aromatiques permet d’ajuster les recettes au plus près des saisons. C’est un avantage concurrentiel face à des acteurs éloignés de l’amont.
1. Sélection parcellaire et contractualisation pluriannuelle avec critères agronomiques. 2. Contrôles d’entrée et homogénéisation des matières. 3. Stabilisation et conditionnement sous protocoles validés avec analyses microbiologiques et organoleptiques avant mise en marché.
Marché bio en recomposition : arbitrages prix-qualité et rôle des pme
Le marché bio français a connu des phases contrastées, entre forte accélération puis tensions conjoncturelles. Les segments gagnants sont ceux qui apportent de la valeur d’usage et une qualité perçue élevée, avec une promesse lisible. Dans ce contexte, la maîtrise industrielle d’Alterfood peut être un différenciateur pour soutenir le mix et préserver les marges.
La demande se structure autour de trois attentes : naturalité, transparence et prix rationnel. Les PME intégrées, capables d’optimiser leurs coûts tout en gardant un haut niveau de contrôle, sont bien positionnées. L’investissement dans l’outil devient une barrière à l’entrée qui stabilise la compétitivité à moyen terme.
Distribution et formats : où se créent les volumes
La diffusion des soupes bio et des bases culinaires s’opère via GMS, circuits spécialisés et CHR. Le gain de productivité en usine peut autoriser des formats économiques pour la GMS tout en conservant des recettes plus différenciantes pour les réseaux spécialisés. La modularité des lignes est un facteur clé d’allocation intelligente des volumes.
Points de vigilance économiques
Volatilité des coûts d’énergie et d’emballages, disponibilité matière en agriculture bio, élasticité prix en période d’arbitrages de consommation, intensité promotionnelle en GMS. Un pilotage serré du cash et des stocks est crucial pour absorber les variations.
Ce que révèle l’opération sur la stratégie d’alterfood
Le rapprochement avec CAPFL confirme l’ambition d’Alterfood de s’affirmer comme un acteur intégré des boissons et recettes responsables. L’entreprise, portée par la vision d’Alexis Vaillant, mise sur l’assemblage de trois piliers : maîtrise industrielle, filière agricole de proximité, et storytelling de marque axé sur le goût et la transparence.
Cette triangulation est pertinente pour un portefeuille qui doit concilier volumes, différenciation et exigences qualité. La capacité d’Alterfood à orchestrer l’outil, les recettes et les flux d’approvisionnement sera déterminante pour tenir l’objectif de croissance évoqué par la direction et pour stabiliser une performance économique durable.
Relier investissement et promesse consommateur
La crédibilité du bio passe par des preuves concrètes : listes d’ingrédients courtes, origine documentée, contrôles réguliers et une expérience gustative au rendez-vous. En mettant l’usine au cœur de la proposition de valeur, Alterfood renforce le lien entre son discours de marque et la réalité de production.
À terme, l’industrialisation maîtrisée peut aussi ouvrir des opportunités d’export ciblé sur les recettes signatures, si l’outil atteint les standards attendus par les marchés. Le capex ne vaut que s’il accroît la résilience de la supply chain, abaisse le coût complet et améliore la qualité perçue par le consommateur.
À retenir pour l’écosystème agroalimentaire
Cette prise de participation majoritaire illustre une voie désormais privilégiée par les PME de l’agroalimentaire responsable : revenir à l’atelier pour sécuriser approvisionnements et excellence opérationnelle, sans renoncer à l’agilité des marques. L’opération assemble industrie, filières locales et stratégie produit, avec une gouvernance qui associe financiers et acteurs agricoles.
Si la montée en puissance se traduit par une meilleure compétitivité et des recettes fidèles à l’ADN du bio, elle pourrait servir de référence à d’autres entreprises cherchant à conjuguer croissance, proximité et exigence qualité. Le pari est exigeant, mais l’équation est lisible : industrialiser pour tenir sa promesse de marque, tout en renforçant les filières régionales.
En intégrant CAPFL, Alterfood choisit une voie industrielle pour doper innovation, traçabilité et maîtrise des coûts, au service d’un positionnement bio exigeant et d’un ancrage régional assumé.