Depuis juin, 3D Groupe s’est organisé puis a frappé vite. En septembre 2024, le jeune groupe bretillien a repris Techlys, spécialiste du désamiantage installé à Saint-Herblain. En quelques mois, l’entreprise fondée en 2009 a changé d’échelle, renforçant ses effectifs, ses revenus et son ancrage dans le Grand Ouest. Les chantiers et les obligations réglementaires suivent la même trajectoire ascendante.

Chronologie et portée du rachat techlys par 3d groupe

Le rapprochement s’est déroulé en deux temps. 3D Groupe est constitué en juin 2024 à Vitré, en Ille-et-Vilaine, puis annonce en septembre 2024 l’acquisition de Techlys, PME nantaise reconnue dans le retrait d’amiante, le déplombage et la dépollution. L’objectif est clair : étoffer une offre multi-métiers dans la prévention et la remédiation des risques sur bâtiments, avec un maillage du Grand Ouest renforcé.

Cette opération poursuit une logique d’intégration verticale et géographique. 3D Groupe apporte un socle commercial et des moyens mutualisés. Techlys apporte des équipes qualifiées, des procédures éprouvées et des références chantiers sur les marchés publics et privés. L’ensemble crée un périmètre cohérent autour de la gestion des polluants du bâti, du diagnostic à l’exécution, avec une capacité d’intervention étendue.

La transmission s’est opérée avec l’accompagnement d’Acticam, structure de conseil en M&A du Crédit Agricole, au bénéfice du cédant Stéphane Leblanc, fondateur de Techlys. Ce type de mandat sécurise la valorisation, la structuration juridique et la passation managériale, point sensible dans un métier soumis à certifications et habilitations individuelles.

Le rachat se traduit déjà dans les chiffres. Techlys emploie désormais 21 salariés pour 3,2 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 15 salariés et 2 millions d’euros avant l’opération.

3D Groupe fédère 35 salariés pour 5 millions d’euros de revenus, installant un socle régional solide et un portefeuille de chantiers élargi (Le Journal des Entreprises). Cette montée en puissance valide la thèse industrielle du regroupement.

Techlys : stratégie et résultats

Fondée en 2009, Techlys s’est spécialisée dans le désamiantage, le déplombage et la dépollution sur sites occupés et en milieux contraints. Son modèle repose sur des équipes formées au sous-section 3 et 4, la maîtrise des plans de retrait, et une logistique de déchets dangereux contrôlée. L’intégration dans 3D Groupe a manifestement accéléré le flux d’affaires et la capacité d’exécution, avec une croissance d’activité de 20 % en 2024, puis une trajectoire attendue de +20 % supplémentaires d’ici 2026, portée par la demande et la densification territoriale (Agence API).

Ce qu’il faut retenir des chiffres clé

Des métriques qui cadrent la nouvelle dimension de Techlys au sein de 3D Groupe :

  • Septembre 2024 : annonce de l’acquisition.
  • 21 salariés chez Techlys post-reprise, contre 15 avant.
  • 3,2 millions d’euros de chiffre d’affaires pour Techlys après intégration.
  • 35 salariés et 5 millions d’euros de revenus pour 3D Groupe à date.
  • +20 % d’activité en 2024, dynamique visée à horizon 2026.

Maillage régional : ouverture à betton et plan à vingt-quatre mois

Pour se rapprocher des marchés cibles et limiter les temps d’accès aux chantiers, Techlys ouvre un site à Betton, en Ille-et-Vilaine. Cette implantation consolide l’axe Saint-Herblain Vitré, fluidifie la logistique équipement-déchets, et facilite les astreintes. L’entreprise cible une meilleure réactivité sur les zones urbaines de Rennes et ses alentours, plus un accès optimisé aux grands axes vers la Normandie et la Manche.

Le plan de développement ne s’arrête pas là. Deux ouvertures supplémentaires sont envisagées sous 24 mois, avec des hypothèses de localisation en Normandie et en Pays de la Loire. Au-delà de la proximité commerciale, ce maillage maximise l’accès aux plates-formes de stockage et aux filières de traitement des déchets amiantés, enjeu logistique et réglementaire majeur pour tenir délais et marges.

Le modèle économique d’une agence repose sur le dimensionnement des équipes SS3, l’ordonnancement des chantiers, la disponibilité des unités mobiles de confinement et la planification des prélèvements et contrôles. L’ouverture de Betton répond précisément à ces contraintes opérationnelles, tout en soutenant un objectif d’emplois locaux autour des métiers de la déconstruction propre et de la dépollution.

Exemple avec vitré communauté

Les collectivités représentent un levier de marché structurant. En février 2024, Vitré Communauté a voté une subvention afin de faciliter des opérations de retrait d’amiante à La Guerche-de-Bretagne. Ce type de décision illustre la sensibilité locale à la dépollution et la capacité des EPCI à enclencher ou accélérer des projets complexes, notamment dans les équipements publics, le logement collectif ou les bâtiments tertiaires.

La création d’un point d’appui à Betton améliore :

  • La productivité des équipes grâce à des trajets plus courts vers Rennes et ses zones périphériques.
  • La gestion des déchets amiantés, avec des flux plus linéaires vers les centres de regroupement et installations autorisées.
  • La qualité de service pour les clients publics et privés, en réduisant les délais d’intervention et en facilitant la coordination multi-sites.

Sur un métier à forte intensité de préparation et de contrôles, chaque minute logistique gagnée se répercute sur la marge et la sécurité.

Cadre légal amiante : obligations, certifications et compétences clés

Le désamiantage est l’un des métiers les plus encadrés du BTP en France. Le Code du travail impose des obligations détaillées sur l’évaluation des risques, la formation, les modes opératoires et la gestion des déchets.

Les opérations de retrait et d’encapsulage relèvent de la sous-section 3, avec plan de retrait, protection collective, suivi individuel d’exposition, contrôles de restitution, et tenue des registres. Les interventions sans retrait mais susceptibles d’émettre des fibres amiante, liées aux travaux de maintenance ou de perçage, relèvent de la sous-section 4 et nécessitent des modes opératoires spécifiques.

Sur le terrain, la compétence se traduit par des équipes habilitées, des encadrants SS3, un plan de retrait précis, des unités de confinement, une ventilation et une filtration adaptées, et des contrôles métrologiques réalisés par des laboratoires accrédités. Côté certification, les acteurs du retrait sont généralement titulaires de la Qualibat 1552, qui atteste de la capacité de l’entreprise à exécuter des travaux de désamiantage selon les exigences en vigueur. L’assurance et la responsabilité du donneur d’ordre imposent d’ailleurs de sélectionner des entreprises certifiées, avec références vérifiables.

À chaque étape, la traçabilité est centrale. Les bordereaux de suivi des déchets amiantés sécurisent le parcours jusqu’au traitement final.

La digitalisation de ces documents via des plateformes dédiées simplifie les contrôles et réduit le risque d’erreurs. Le donneur d’ordre, le maître d’œuvre et l’entreprise doivent pouvoir documenter chaque mouvement de matériaux contenant de l’amiante, de la dépose au stockage ou à l’enfouissement en ISDD.

Certifier 1552 : implications opérationnelles

Obtenir et conserver une certification Qualibat 1552 engage l’entreprise sur des moyens permanents : personnel formé et habilité, procédures actualisées, équipements contrôlés, audit documentaire et in situ, gestion des non-conformités et des actions correctives. Pour un groupe comme 3D Groupe, l’enjeu est de capitaliser sur les référentiels déjà en place chez Techlys et de les homogénéiser à l’échelle du groupe, afin de faciliter la mobilité des équipes et la mutualisation des matériels lourds.

Repérage amiante avant travaux : obligations clés

Le repérage préalable conditionne la sécurité et la conformité :

  1. Champ : le repérage amiante est obligatoire avant toute intervention susceptible de libérer des fibres.
  2. Compétence : opérateur de repérage certifié, procédures conformes et rapport remis au maître d’ouvrage.
  3. Suite : si des MCA sont repérés, choix d’une stratégie SS3 ou SS4, plan de retrait ou mode opératoire, puis contrôles et traçabilité.

La sous-section 3 concerne le retrait ou l’encapsulage, avec plan de retrait, confinement, aspiration, contrôles de restitution, et gestion des déchets amiantés strictement encadrée. La sous-section 4 porte sur des interventions ponctuelles ou de maintenance susceptibles d’émettre des fibres, avec modes opératoires détaillés, mais sans plan de retrait. Les deux régimes exigent une formation dédiée et une surveillance médicale adaptée.

Marché grand ouest : demande soutenue et exemples de commandes publiques

Le Grand Ouest concentre un parc immobilier construit entre les années 1950 et l’interdiction de l’amiante en 1997. Cette tranche temporelle augmente mécaniquement la probabilité de matériaux amiantés dans les bâtiments résidentiels, tertiaires et industriels. Les programmes de réhabilitation énergétique, les opérations de rénovation urbaine et les mises en conformité des établissements recevant du public alimentent une demande régulière pour des entreprises certifiées.

Au-delà de la seule offre privée, les collectivités locales activent des chantiers structurants. La décision prise à Vitré Communauté en février 2024, avec l’octroi d’un soutien financier pour des opérations à La Guerche-de-Bretagne, illustre ce rôle d’entraînement. Pour les opérateurs, ces marchés publics exigent une organisation exemplaire sur la sécurité, la traçabilité et l’exécution en site occupé, mais offrent de la visibilité sur les plannings et l’activité.

À l’échelle nationale, l’obligation de repérage avant travaux et la vigilance accrue des maîtres d’ouvrage sur les risques sanitaires nourrissent le flux d’opérations. Les volumes de déchets amiantés traités restent conséquents, imposant des circuits d’évacuation fiables et des capacités d’enfouissement suivies. Cette équation renforce la valeur des acteurs capables de coordonner diagnostic, retrait et logistique, tout en garantissant des délais maîtrisés.

Techlys : positionnement résidentiel et industriel

Techlys adresse à la fois des chantiers résidentiels de petite et moyenne taille et des sites industriels ou tertiaires plus complexes. Le résidentiel exige une grande finesse d’intervention en milieu occupé, avec un volet rassurant pour les occupants.

L’industriel met l’accent sur la planification, la coactivité et les arrêts de production. Le savoir-faire sur ces deux fronts constitue un avantage concurrentiel, particulièrement dans une région où cohabitent tissu industriel, zones portuaires et patrimoine bâti ancien.

Financements mobilisables pour des travaux de retrait

Le montage financier dépend du statut du bâtiment et du maître d’ouvrage :

  • Collectivités : crédits d’investissement, subventions d’agglomération ou de région, parfois cofinancements ciblés sur la dépollution.
  • Particuliers : aides susceptibles d’être mobilisées dans une rénovation globale via des dispositifs adossés à la performance énergétique et aux conditions de ressources, à vérifier projet par projet.
  • Entreprises : intégration dans des budgets de mise en conformité, appels d’offres ou contrats-cadres multisites pour lisser les coûts et sécuriser les délais.

Le rôle du maître d’œuvre est décisif pour articuler repérage, retrait et calendrier d’exécution dans un budget réaliste.

Leviers d’innovation utiles au désamiantage et à la dépollution

Dans un métier mature, l’innovation se joue dans l’outillage, le numérique et l’organisation. Le déploiement de la traçabilité dématérialisée des déchets dangereux, dont les flux amiantés, contribue à fiabiliser les bordereaux tout en réduisant les délais administratifs. Les contrôles métrologiques gagnent en précision et en réactivité, améliorant la gestion des non-conformités et la restitution des zones.

Sur chantier, l’ergonomie et la sécurité progressent grâce à des unités mobiles de confinement plus performantes, à la mechanisation de certaines étapes répétitives et au recours croissant à la robotique dans des milieux confinés ou dangereux. Les gains se mesurent sur la réduction de l’exposition, la stabilité des délais et la qualité de restitution. L’enjeu pour une PME comme Techlys est d’aligner ces investissements avec un plan de charge compatible et une montée en compétence continue des équipes.

L’écosystème de l’innovation française favorise l’adoption de solutions pertinentes côté acheteurs publics et privés. Le dispositif Je choisis la French Tech vise à doubler les achats auprès des entreprises innovantes d’ici 2027, ce qui peut bénéficier aux technologies appliquées à la dépollution et aux chantiers propres, notamment via l’achat d’équipements, de logiciels de suivi ou de services spécialisés par les maîtres d’ouvrage et exploitants d’infrastructures (Mission French Tech). La promotion 2025 du French Tech Next40/120 met également en lumière des scale-ups greentech et industrytech dont les offres irriguent progressivement les filières du bâtiment et de l’environnement.

Pour Techlys, l’intégration dans 3D Groupe facilite l’absorption de ces innovations. Effets attendus : un reporting homogène à l’échelle du groupe, une standardisation des modes opératoires, et un meilleur pilotage coûts-délais-qualité. À terme, la différenciation se jouera autant sur la maîtrise des référentiels que sur l’adoption rapide d’outils qui sécurisent la preuve de conformité et la relation avec les donneurs d’ordres.

Outils numériques : bsda et preuves de conformité

La digitalisation des BSDA et des pièces de restitution permet d’autoporter les contrôles et d’accélérer la validation des phases chantiers. Intégrés dans les processus qualité, ces outils génèrent un capital preuves utile en cas d’audit, de contentieux ou de transfert d’actifs. Les donneurs d’ordre y gagnent en transparence et en visibilité temps réel sur l’avancement et la traçabilité des flux.

Rejoindre un groupe comme 3D Groupe apporte :

  • Des achats mutualisés d’EPI, consommables et équipements lourds.
  • Un accès facilité à des solutions numériques, audits et formations.
  • Une capacité d’absorption de chantiers plus volumineux et multi-sites.
  • Un cadre qualité harmonisé qui fluidifie les contrôles et la restitution.

Le point de vigilance reste la capacité à préserver la réactivité locale, cœur de la promesse client sur des interventions sensibles.

Cap opérationnel attendu en 2026 pour techlys et ses emplois

L’entreprise a fixé une trajectoire claire : poursuivre la croissance, densifier l’implantation territoriale et créer de l’emploi local. Le site de Betton constitue un jalon concret et d’autres ouvertures sont à l’étude dans un rayon logistique cohérent. La montée à 21 salariés post-acquisition et l’objectif d’une nouvelle marche de +20 % à horizon 2026 donnent la mesure d’un plan à la fois prudent et ambitieux, adossé à des besoins de marché avérés et à une mécanique réglementaire stable.

Pour 3D Groupe, l’intégration de Techlys conforte une stratégie de consolidation régionale par métiers. Les donneurs d’ordre y trouveront un interlocuteur capable de conjuguer proximité, expertise certifiée et visibilité d’exécution. La suite dépendra de la capacité à maintenir la qualité d’intervention tout en étendant le périmètre, un équilibre qui a déjà commencé à produire ses effets positifs sur les comptes et l’emploi.

Dans un secteur où chaque preuve de conformité compte, Techlys et 3D Groupe transforment la contrainte réglementaire en avantage compétitif durable.