Patatam, la société tricolore qui collecte, trie et revalorise les invendus textiles pour de grands magasins, a annoncé qu’elle changeait de nom pour devenir Rediv. Elle concrétise également une levée de fonds. D’un montant de 12 millions d’euros, elle doit permettre à la compagnie de booster sa croissance. Patatam cherche également à se développer à l’étranger. Elle envisage de s'implanter en Allemagne et aux États-Unis, où elle proposera des vêtements de seconde main à des partenaires de la distribution alimentaire.

Rediv, le nouveau nom de Patatam

Patatam, le spécialiste de la friperie qui a séduit Auchan ces dernières saisons ainsi que des enseignes comme Kiabi ou le groupe Beaumanoir, change de nom pour devenir Rediv. En proposant différents services aux distributeurs, marques et enseignes, le spécialiste de l'occasion a vu son activité et son volume de vente croître. Une tendance qui ne semble pas s'essouffler, le contexte économique actuel, avec la perspective d'une inflation plus forte, jouant en faveur des produits d'occasion. En cette fin de mois de juin, la société a décidé de se rebaptiser.

« Nous laissons derrière nous le fait que nous étions une marque de consommation », a déclaré Eric Gagnaire, cofondateur de Rediv. « Nous voulons devenir une marque pour les professionnels uniquement. Nous avons choisi le nom Rediv, qui vient du mot latin Redevo, qui signifie revenir à la vie. Et c'est aussi un mot qui se prononce de la même façon dans toutes les langues », a-t-il précisé.

Un tour de table de 12 millions d’euros

L'entreprise, basée à Hastingues dans le sud-ouest de la France, vient par ailleurs de lever 12 millions d'euros auprès des sociétés d'investissement AM Impact, Creas Impact et Quadia. Ce financement lui servira à accélérer sa croissance, notamment à l’étranger, et à augmenter ses capacités de stockage.

Une entreprise en pleine croissance

En France, l'entreprise, qui fournit ses services aux hypermarchés et aux chaînes de magasins, a confirmé un certain nombre de projets intéressants, notamment l'introduction de ses produits dans plus de 300 magasins Kiabi d'ici à la fin 2023. La forte dynamique de l'entreprise se concrétise non seulement en France mais aussi dans toute l'Europe. Si la firme vise 15 millions d'euros cette année, soit un triplement de son chiffre d'affaires, elle prévoit de générer environ 45 millions d'euros en 2023. La direction de Rediv affirme avoir collecté 2,5 millions de vêtements l'an dernier dans plus de 2 000 points de collecte.

La levée de fonds doit permettre à l'entreprise de financer cette croissance, avec cinq millions d'euros alloués à l'équipement des entrepôts. « Nous avions annoncé l'intégration d'un nouvel entrepôt de 14 000 mètres carrés à Cambrai, dont les 40 premiers salariés arriveront bientôt », raconte Eric Gagnaire. « Cette levée de fonds va nous permettre d'installer un Exotec, comme celui que nous avons déjà à Hastings depuis janvier. Cette technologie, développée par une start-up française, nous permet de robotiser notre entrepôt et d'optimiser l'espace. Il n'y a pas de meilleure solution pour les petits produits. Cet Exotec sera deux fois plus grand. Dans le Sud-Ouest de la France, nous avons 300 000 vêtements pour le moment et nous pourrions aller jusqu'à 750 000. L'Exotec de Cambrai pourra produire jusqu'à 1,5 million de pièces. Une autre partie de l'investissement sera utilisée pour créer un catalogue de produits. Nous aurons besoin d'apporter des vêtements dans l’entrepôt », précise-t-il.

Rediv vise l’international

Grâce à ses partenariats avec des groupes d'hypermarchés, l'activité de Rediv se développe en dehors de la France et de la Belgique, ses principaux marchés. Aujourd'hui, l'entreprise est présente en Italie, en Espagne, au Portugal, en Pologne, en Roumanie et en Hongrie, fournissant des vêtements de seconde main aux magasins et lui permettant d'étendre son activité à toute l'Europe, notamment en Europe de l'Est où la demande est forte et les ventes au mètre carré cinq fois plus importantes. Les ventes à l'exportation devraient croître à un rythme plus rapide. 

Grâce à son dernier tour de table, l'entreprise développe des essais pour déployer son expertise en Allemagne et aux États-Unis. Les grands acteurs de la distribution évalueront le potentiel de la marque sur ces deux marchés au cours des prochains mois. « Nous commençons, comme nous l'avons fait avec Auchan, par des tests dans une poignée de magasins, mais étant donné la taille de ces réseaux, les résultats pourraient être très importants », confie le directeur de l'entreprise, qui vise à répondre à la demande sur un segment de marché où il estime avoir très peu de concurrents pour le moment.

« Nous connaissons nos forces. Nous avons du succès sur le marché de masse, avec un volume de vente élevé. Nous regardons aussi ce que Zalando envisage de faire dans ce domaine, mais aujourd'hui, cela reste une marque. Des acteurs comme Faume, Reflaunt et bien sûr Vinted sont positionnés sur un marché plus premium. Et puis il y a des marques qui veulent développer leurs produits d'occasion mais qui ne nous contactent que pour des services logistiques. Nous nous sommes rendu compte que chaque marque a besoin de solutions différentes. Le modèle de Kiabi ne fonctionnerait pas pour Promod. Nous devons adapter chaque coin et système de collecte en fonction de la marque. Notre cœur de métier est la logistique, nos ressources informatiques et les solutions sur mesure », développe-t-il.

Augmenter sa capacité de stockage

Ces perspectives expliquent également l'investissement dans la logistique. D'ici fin 2023, l'entreprise prévoit de disposer d'une capacité de stockage de plus de deux millions de pièces dans ses entrepôts. Deux de ses entrepôts sont dédiés aux partenaires détaillants physiques et son entrepôt de Pau est dédié aux détaillants en ligne, qui traite avec des acteurs tels que ShowroomPrivé ou La Redoute et qui permet à l'entreprise de toucher un public plus jeune.

D'ici la fin de l'année prochaine, Rediv prévoit de compter plus de 600 employés. À moyen terme, la direction prévoit d'ouvrir d'autres sites plus proches des marchés où elle s'implantera, le cofondateur de Rediv soulignant que les banques sont désormais beaucoup plus disposées à investir dans Exotec. L'entreprise pourrait en outre se lancer dans d'autres catégories de produits d'occasion, comme les jouets, les jeux vidéo et les accessoires.