Au fil des mois, le groupe ELO – qui réunit Auchan Retail, New Immo Holding et Oney – a fait couler beaucoup d’encre.

Les résultats annuels 2024, rendus publics fin février 2025, font état d’une amélioration relative au second semestre, mais aussi de défis majeurs, entre recul du résultat net et restructurations de grande ampleur.

Dans cet article, nous analysons ces performances pour mieux saisir les enjeux d’un tel exercice.

Vue d’ensemble : des signaux contrastés

Avant toute chose, rappelons quelques chiffres clés en ce qui concerne le groupe ELO, hors Auchan Hongrie.

  • Revenus : 32 290 M€ en 2024 (31 776 M€ en 2023), soit une hausse de +2,1 % à taux de change constants.
  • Marge commerciale : 7 907 M€ (+2,0 %) avec un taux stable à 24,5 %.
  • EBITDA : 1 224 M€ contre 1 472 M€ en 2023 (-16,8 %).
  • Résultat net : -1 223 M€ (contre -378 M€), dégradé par des dépréciations et charges exceptionnelles.
  • Résultat net ajusté : -92 M€ contre 44 M€ en 2023.
  • Dette financière nette : 2 921 M€ (vs 2 917 M€), ce qui demeure globalement stable.

D’emblée, on observe que le chiffre d’affaires global est porté par les opérations de croissance externe, alors que la profitabilité recule en raison de charges exceptionnelles massives. L’amélioration de la performance au second semestre 2024 apporte cependant une touche plus positive à l’ensemble.

Il s’agit d’acquisitions d’enseignes et de magasins existants (par exemple, 94 magasins issus du groupe Casino en France et 481 anciens magasins Dia au Portugal). Cette stratégie permet d’étoffer rapidement le réseau, souvent plus vite que par des créations ex nihilo.

Analyses financières : principaux ratios et interprétations

L’analyse d’un compte de résultat ou d’un bilan passe nécessairement par le calcul et la contextualisation de certains ratios. Au-delà de leur caractère quantitatif, ces indicateurs fournissent une lecture plus précise de la performance économique.

Marge brute (marge commerciale / chiffre d’affaires)

En 2024, la marge commerciale d’ELO se chiffre à 7 907 M€ pour un CA de 32 290 M€. Le taux de marge brute atteint donc 24,5 %, en légère stabilité par rapport à 2023 (24,6 %).

Cela signifie qu’environ 24,5 % du chiffre d’affaires correspond à la différence entre le CA et le coût d’achat des marchandises vendues. L’enseigne maintient sa marge brute malgré les effets du repositionnement prix en France et le recul des ventes sur certains segments.

Marge d’exploitation (résultat d’exploitation / chiffre d’affaires)

Le résultat d’exploitation ressort à -846 M€. Autrement dit, après prise en compte des charges d’exploitation et des produits, on aboutit à une marge d’exploitation négative, autour de -2,6 % du chiffre d’affaires. En 2023, cette marge était proche de 0 %. La chute est donc notable : elle s’explique en grande partie par des provisions pour restructuration et d’importantes dépréciations d’actifs (près de 541 M€ de dépréciations “non cash”).

Rentabilité nette (résultat net / chiffre d’affaires)

Avec un résultat net de -1 223 M€ pour un CA de 32,29 milliards d’euros, la rentabilité nette s’élève à environ -3,8 %. À titre de comparaison, ce ratio était d’environ -1,2 % en 2023. Autrement dit, pour 1 € de ventes, l’entreprise affiche une perte d’environ 0,038 €. Ce niveau de rentabilité nette souligne l’impact des frais exceptionnels et la pression sur le résultat final.

Ils englobent toutes les charges et dépréciations qui ne relèvent pas de l’activité courante (plans de restructuration, litiges, fermetures de sites, etc.). En 2024, ELO a passé dans ses comptes des dépréciations liées à ses goodwill, des provisions pour des restructurations majeures en France et un litige sur un projet immobilier.

Autres ratios pertinents : dette et LTV

  • Dette financière nette d’ELO à fin 2024 : 2 921 M€ (vs 2 917 M€ en 2023). Cette quasi-stabilité s’explique notamment par les cessions d’actifs immobiliers et l’augmentation de capital dédiée à l’acquisition de magasins ex-Casino.
  • Leverage d’Auchan (dette financière totale / EBITDA) : 2,2x, proche de la moyenne européenne (2,1x selon Barclays). Ce ratio indique que malgré la dégradation des résultats, le poids de la dette reste sous contrôle.
  • Loan-to-Value (LTV) de New Immo Holding : 35,2 % (vs 39,6 % en 2023). Une baisse qui montre une meilleure valorisation relative des actifs immobiliers (3,6 millions de m² de surface commerciale utile) conjuguée à la poursuite d’une politique de rotation d’actifs.

Points forts et faiblesses du groupe ELO

Plusieurs éléments ressortent des comptes 2024, mettant en évidence à la fois des signes de vitalité et des fragilités structurelles.

Analyse SWOT du groupe ELO.

Forces :

  • Solide patrimoine immobilier : entre Auchan et New Immo Holding, la valeur globale des actifs (magasins détenus en propre, sites commerciaux, etc.) dépasse 13 milliards d’euros.
  • Amélioration au second semestre : hors acquisitions, l’EBITDA d’Auchan se stabilise, signe d’un redressement opérationnel dans un contexte pourtant difficile.
  • Capacité de financement : la dette nette demeure contenue, grâce aux cessions d’actifs et à un soutien actionnarial (augmentation de capital de 300 M€).
  • Synergies multiples : la structure ELO favorise la collaboration entre le pôle immobilier (New Immo Holding), la distribution (Auchan) et les services financiers (Oney).

Faiblesses :

  • Résultat net en berne : à -1 223 M€, la rentabilité globale est obérée par des charges exceptionnelles en France, où Auchan subit une concurrence exacerbée.
  • Hausse modeste du chiffre d’affaires organique : hors nouveaux magasins intégrés, le CA d’Auchan Retail est en léger repli à périmètre comparable (-2,8 %).
  • Plan de restructuration lourd : fermetures, dépréciations, coûts sociaux... la France concentre une partie des difficultés.

Comparaison avec l’exercice précédent et le contexte sectoriel

À la même période l’an dernier, ELO connaissait déjà quelques fragilités, mais l’ampleur des pertes reste cette fois plus nette. La flambée des charges exceptionnelles associée à la poursuite des acquisitions pèse lourdement.

D’un autre côté, l’environnement global de la grande distribution est dominé par la pression sur les prix et par une baisse des volumes de produits non-alimentaires, rendant la tâche complexe pour tous les acteurs classiques.

Bon à savoir : L’évolution de la consommation

Les ménages français et européens arbitrent désormais plus souvent leurs dépenses. Les postes considérés comme “non essentiels” — principalement l’équipement, le textile, ou encore certains rayons d’hypermarché — en subissent les conséquences. Les enseignes doivent adapter leurs formats et leurs assortiments pour rester compétitives.

Principales observations par branche d’activité

Auchan Retail : retournement à venir ?

Sur l’année 2024, Auchan Retail (hors Hongrie) enregistre 31 666 M€ de chiffre d’affaires, en progression de +2,1 % (pour rappel, 31 131 M€ en 2023). Cette hausse demeure fortement liée aux acquisitions (magasins ex-Casino et ex-Dia). À périmètre comparable, la variation est négative. Par zone géographique :

  • France : 16 951 M€, +1,3 %, mais -4,7 % à magasins comparables. Les magasins intégrés (ex-Casino) ont élevé la part de marché à 9,5 % en décembre, alors que le parc historique est en décroissance.
  • Espagne/Portugal : 4 611 M€ en Espagne, où les formats plus compacts ont la cote, et 2 138 M€ au Portugal (+23 %), dopé par l’apport de 481 ex-Dia.
  • Pologne/Roumanie : ensemble, 2 831 M€ et 1 548 M€ respectivement. La Roumanie affiche une croissance de +6,3 %. En Pologne, Auchan a ouvert 50 magasins de proximité, mais la concurrence discount reste redoutable.
  • Ukraine/Russie : 2 995 M€, pénalisés par les contextes de guerre. Les deux pays enregistrent une chute de -8,0 % en chiffres bruts, en partie due à des taux de change défavorables.

L’EBITDA d’Auchan a reculé à 877 M€ (vs 1 085 M€). Toutefois, l’entreprise se félicite d’un rebond partiel sur le second semestre. Hors acquisitions, l’EBITDA a progressé de +25 M€ par rapport au premier semestre, grâce à une meilleure maîtrise des coûts et à un début de repositionnement tarifaire en France. Quant à la dette financière nette, elle s’inscrit à -6 M€ (légèrement positive) au 31 décembre 2024, révélant un endettement globalement maîtrisé.

Le distributeur a investi 62 M€ en 2024 dans la baisse des prix sur une large sélection de références. En 2025, de nouvelles réductions sont prévues sur 1 600 produits “phares”. Par ailleurs, Auchan planifie de redimensionner ses hypermarchés (réduction de 280 000 m² d’ici 2028) afin de concentrer l’offre sur des formats plus adaptés à l’évolution des habitudes de consommation.

New Immo Holding : un immobilier résilient

Rassemblant Ceetrus (foncière) et Nhood (services immobiliers), New Immo Holding (NIH) affiche des performances encourageantes. Le chiffre d’affaires 2024 s’établit à 647 M€ (-1,7 % en brut, mais +4,7 % à périmètre comparable). L’EBITDA ressort à 356 M€ (+1,4 % en comparable). Les projets de rotation d’actifs se poursuivent, permettant de descendre le ratio LTV à 35,2 %, tout en valorisant la nature “multi-usage” de plusieurs sites.

Pour l’année 2025, NIH poursuit la rénovation de centres commerciaux et développe des projets de mixité urbaine : logements, bureaux, commerce, loisirs, etc. Cette approche vise à accroître l’attrait des lieux gérés, soutenant la fréquentation et la valeur locative. On note notamment :

  • Un taux de vacance financière maintenu à 4,31 %.
  • Une hausse de fréquentation de +4,5 % en moyenne sur les sites revalorisés.
  • Des loyers en progression de +4,7 % à périmètre équivalent.

Ces chiffres traduisent la stratégie de développement responsable et de durabilité adoptée par Ceetrus et Nhood, qui s’appuie sur une démarche d’impact environnemental et social. Les objectifs à horizon 2040 incluent la neutralité carbone et le développement d’énergies renouvelables sur les sites.

Oney : poursuivre le développement des solutions de paiement

Oney, filiale spécialisée dans les solutions de paiement fractionné et de crédit à la consommation, a vu son produit net bancaire augmenter de +8 % en 2024. Parallèlement, la charge du risque (impayés et provisions) diminue de -26 %, montrant une maîtrise progressive du portefeuille de créances.

Fort du soutien du groupe BPCE (co-actionnaire) et d’ELO, Oney multiplie les partenariats (Sephora, TUI, Air France…) et s’impose comme l’un des leaders en France sur le segment “Buy Now Pay Later”. Il compte également élargir ses offres d’assurance et de sécurité de paiement, un marché en forte expansion avec la digitalisation du commerce.

Recommandations pour améliorer la performance

Si ELO parvient à maintenir un niveau d’endettement acceptable, la dynamique de reprise du second semestre doit être consolidée. Voici quelques axes de progrès :

  1. Accélérer l’adaptation des formats en France. La baisse de la consommation non-alimentaire impose une redéfinition de l’hypermarché, concentré sur un noyau alimentaire fort, associé à des offres spécialisées ou externalisées.
  2. Renforcer la compétitivité prix. L’enjeu pour Auchan est de retrouver une image de distributeur accessible. Les 62 M€ d’investissement dans la baisse des prix constituent une première étape ; il faut garantir sa durabilité.
  3. Développer l’omnicanal. La généralisation du click & collect, du drive piéton et de la livraison rapide est indispensable pour conserver la clientèle urbaine et répondre aux nouveaux modes d’achat.
  4. Poursuivre l’optimisation des coûts. La restructuration en cours, bien que douloureuse, peut améliorer l’efficience, surtout dans un contexte de marges sous pression. Un objectif chiffré de 100 M€ d’économies annuelles d’ici 2027 est affiché pour la France.
  5. Dynamiser l’immobilier mixte. New Immo Holding doit multiplier les projets “multi-usage” (logements, bureaux, commerces, espaces culturels) pour transformer des espaces purement commerciaux en lieux de vie actifs et durables.
  6. Renforcer la croissance externe sélective. Si les acquisitions au Portugal et en France se montrent pertinentes, il convient de rester prudent sur d’éventuelles nouvelles opérations, afin de ne pas alourdir la dette ni disperser les ressources internes.

Pédagogie : quelques notions financières décryptées

Pour comprendre la situation d’ELO sans être expert, voici des définitions souvent mentionnées dans la presse économique.

  • EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization) : indicateur clé pour évaluer la capacité de l’entreprise à générer des bénéfices avant ses charges financières et ses amortissements. Il est souvent perçu comme une mesure de “performance brute”.
  • Free cash-flow : mesure la trésorerie nette générée par l’activité après déduction des investissements. Un free cash-flow positif signifie que l’entreprise dégage une marge de manœuvre financière pour réduire sa dette ou pour investir.
  • Levée de fonds / augmentation de capital : mécanisme par lequel des investisseurs injectent de l’argent dans l’entreprise, en échange de nouveaux titres. Chez ELO, une augmentation de capital de 300 M€ a permis d’absorber les acquisitions.

Rappel sur les dépréciations d’actifs

Une dépréciation d’actif se produit lorsque la valeur comptable d’un actif (fonds commercial, immeuble, marque…) est supérieure à sa valeur de marché estimée. L’écart négatif est alors passé en charges, ce qui diminue d’autant le résultat d’exploitation, mais sans impact direct sur la trésorerie.

Une histoire marquante : du groupe Auchan à ELO

Historiquement, Auchan était la marque emblématique de la famille Mulliez, présente dans la distribution depuis les années 1960. Au fil du temps, la diversification a mené à la création d’entités immobilières (Ceetrus, Nhood) et financières (Oney), entraînant un pilotage plus complexe. En 2019, la logique d’unification s’amorce : la holding ELO émerge alors pour mieux coordonner ces différents pôles.

Ce recentrage s’accompagne d’une volonté de clarifier la structure du groupe. En 2025, de nouvelles réflexions sont annoncées pour séparer le financement d’Auchan Retail de celui de New Immo Holding, marquant une étape de plus vers l’autonomie financière de chaque métier.

Décodage du bilan consolidé au 31 décembre 2024

Le total de l’actif ressort à 20 741 M€ (contre 20 784 M€ fin 2023). L’actif non courant (12 802 M€) comprend notamment les immobilisations corporelles (4 818 M€), l’immobilier de placement (2 851 M€) et les droits d’utilisation (1 636 M€). L’actif courant progresse à 7 939 M€ (+153 M€), dû en partie à l’accroissement des créances clients (521 M€ vs 433 M€).

Au passif, on recense des capitaux propres (part du groupe) à 4 778 M€, en repli (-848 M€) suite à la perte nette. Les dettes financières totales (courantes et non courantes) avoisinent 5,9 milliards d’euros. Les dettes de location IFRS 16 se montent à 1 568 M€, contre 1 099 M€ un an auparavant, conséquence de nouveaux sites loués ou acquis en “leaseback”.

Si ce bilan consolidé témoigne d’une certaine robustesse patrimoniale, la capacité à générer des flux de trésorerie positifs demeure un enjeu crucial pour la suite.

La dynamique au second semestre : signe d’un renouveau ?

La direction de l’entreprise souligne la stabilisation de l’EBITDA au deuxième semestre (hors acquisitions).

L’hypothèse avancée est celle d’un EBITDA Auchan supérieur à 1,6 Md€ à l’horizon 2028, un free cash-flow redevenant positif, et un ratio de levier espéré sous la barre de 1,5x.

Plusieurs facteurs laissent espérer un redressement progressif à moyen terme :

  1. Baisse annoncée de la surface des hypermarchés. Réduire les rayons peu rentables et concentrer l’offre sur le frais, le local et les marques de distributeur.
  2. Programme de modernisation. Sur la période 2024-2028, 750 M€ d’investissements sont prévus, dont 300 M€ pour réaménager les magasins ex-Casino en France.
  3. Mesures sociales. Malgré leur coût initial, elles devraient optimiser l’organisation interne.
  4. Approche multicanale. La digitalisation accélérée (drive, e-commerce, logistique plus agile) peut apporter un complément de croissance, particulièrement en zones urbaines.

L’hypothèse avancée est celle d’un EBITDA Auchan supérieur à 1,6 Md€ à l’horizon 2028, un free cash-flow redevenant positif, et un ratio de levier espéré sous la barre de 1,5x.

Toutefois, le succès de cette stratégie dépendra largement de la conjoncture (pouvoir d’achat, concurrence discount) et de la capacité à exécuter le plan de relance.

New Immo Holding : le moteur immobilier se renforce

Avec 209 sites, soit 3,6 millions de m² de surface utile, New Immo Holding, pilotant Ceetrus et Nhood, confirme sa démarche de mixité urbaine :

  • Création de lieux de vie et de services : intégration de bureaux, logements étudiants, centres culturels.
  • Augmentation de la valeur locative : les loyers progressent à périmètre constant.
  • Accroissement de la fréquentation : +4,5 % sur un an grâce à des espaces repensés.

Cette vision de “foncière à impact” répond à une demande de plus en plus pressante des collectivités locales, soucieuses de réhabiliter les friches commerciales ou industrielles. Le segment immobilier reste un **atout** pour ELO, offrant des perspectives de monétisation si besoin.

Oney : la dynamique du “Buy Now Pay Later”

Oney a choisi de se diversifier vers des solutions financières intégrées : financement, assurances, sécurisation des paiements. L’enjeu est de profiter de la croissance du e-commerce et de la nouvelle vague de consommation à crédit, sans pour autant s’exposer outre mesure au risque d’impayés. Les résultats 2024, avec un produit net bancaire à +8 % et une charge du risque en nette diminution, indiquent que la société maîtrise mieux ses process. Elle reste leader du paiement fractionné en France, devant d’autres fintechs arrivées sur le marché.

Oney veut se positionner comme partenaire majeur du financement de la consommation dans le commerce (magasins et e-commerce). Il s’agit à la fois de développer de nouveaux produits (assurance affinitaires, crédits dédiés aux projets de rénovation énergétique, etc.) et d’étendre la portée géographique (Espagne, Pays-Bas, etc.).

Les chantiers à surveiller pour 2025

Afin d’accompagner le rebond, ELO travaille sur plusieurs fronts :

  1. Refonte des architectures de financement : l’idée est de séparer les dettes d’Auchan Retail de celles de New Immo Holding, pour refléter la réalité de deux métiers différents et faciliter la lecture par les partenaires financiers.
  2. Cessions d’actifs immobiliers : Auchan table sur 1 Md€ de cessions d’ici 2026 pour abaisser encore son endettement et financer la modernisation de ses magasins.
  3. Renforcement des synergies : Nhood et Ceetrus poursuivront l’optimisation des surfaces Auchan, transformant en partie des rayons non rentables en zones de services, de restauration, ou en espaces partagés (co-working, santé…).
  4. Maîtrise de la politique RH : la diminution des effectifs s’accompagne d’actions pour redéployer les compétences clés et préserver la capacité d’innovation en interne.

Ces initiatives s’inscrivent dans un contexte concurrentiel exacerbé et une probable poursuite de la tension sur le pouvoir d’achat des ménages. Les décisions stratégiques prises en 2024 commenceront à produire leurs effets tangibles en 2025-2026.

Perspective globale : quelles conclusions tirer ?

Malgré un exercice 2024 compliqué, ELO a démontré plusieurs signes de robustesse. Les acquisitions ont permis d’accroître la part de marché en France et au Portugal, tandis que la branche immobilière consolide une stratégie de mixité perçue positivement par les investisseurs. Oney conforte son statut de référence dans le paiement fractionné.

La question demeure toutefois de savoir si le groupe pourra accélérer sa restructuration en France, où la concurrence interne (formats discount) et la baisse de la consommation sur le non-alimentaire pèsent lourdement. Les efforts sur la réduction des coûts, la modernisation des magasins et la baisse des prix doivent s’amplifier pour que le redressement se concrétise de manière pérenne.

Focus sur le futur d’Auchan France

Dans un marché saturé, la survie d’Auchan sur l’Hexagone implique de répondre aux exigences de prix, de proximité, et de qualité. Les échecs du passé (mal positionnement, surfaces trop vastes, rayons peu rentables) peuvent être corrigés grâce à un plan ambitieux : redimensionner les hypermarchés, accroître l’offre de produits frais et locaux, tout en investissant dans le digital.

Un regard vers demain

Les prochains mois se révèleront décisifs. Si la trajectoire de reprise, amorcée durant le second semestre 2024, se confirme, ELO retrouvera les leviers nécessaires pour redorer son bilan et dégager un résultat plus équilibré. La diversification des métiers (retail, immobilier, paiement) constitue un socle de stabilité, à condition que chaque entité parvienne à tirer pleinement parti de son marché.

Au final, la capacité d’ELO à renforcer son efficacité opérationnelle et à conduire ses transformations à un rythme soutenu constituera le principal critère de succès dans un univers concurrentiel et économique exigeant.